Livres - Science-Fiction

Simulacres martiens de Eric Brown

Titre : Simulacres martiens

Auteur : Eric Brown

Éditeur vf : Le Bélial’ (Une heure lumière)

Année de parution : 2022

Nombre de pages : 129

Histoire : Londres, 1907. Dix ans après la reddition terrienne.
Alors que l’humanité vit sous la férule de ses conquérants, Gruvlax-Xenxa-Schmee, vice-ambassadeur de Mars en Grande-Bretagne, vient frapper à la porte du 221b, Baker Street. Il faut dire que l’affaire est d’importance, et quand les maîtres de la Terre vous réclament, se dérober n’est pas une option. Ainsi le docteur Watson et le plus célèbre des enquêteurs humains, Sherlock Holmes, se trouvent-ils propulsés au sein d’une enquête épineuse, dans les méandres désertiques de la Planète Rouge, avec pour compagnon nul autre que l’impétueux professeur Challenger. Leur mission ? Résoudre une énigme improbable et assurer la paix entre les mondes. À moins qu’un terrifiant secret ne se dissimule derrière les intentions prétendument louables des nouveaux seigneurs de la Terre. Car après tout, sur Mars, les apparences peuvent s’avérer trompeuses…

Mon avis :

Quand j’ai envie d’un court texte de SF percutant, je sais que je peux toujours le trouver chez Une Heure Lumière du Bélial et cette novella d’Eric Brown vient encore une fois le confirmer.

Né en 1960 à Haworth, dans le Yorkshire, Eric Brown appartient à cette vague de jeunes talents révélés dans les pages du magazine britannique Interzone au tournant des années 90 — à l’image de Stephen Baxter, Alastair Reynolds ou encore Greg Egan. S’il a publié une vingtaine de romans et près de cent trente nouvelles, seuls deux de ses recueils ont été traduits en France, dont, en 2018, le fix-up Les Ferrailleurs du cosmos, hommage à la SF de l’âge d’or aux éditions du Bélial’.
Eric Brown paye ici son écot aux pères fondateurs du domaine dans un récit jubilatoire haut en couleur, orchestrant la détonante rencontre littéraire du Conan Doyle de Sherlock Holmes et du H.G. Wells de La Guerre des mondes.

Comme le dit la présentation de l’éditeur, Eric Brown nous offre ici un court texte, moins de 130 pages où il s’amuse à faire se rencontrer les univers de Sherlock Holmes et de la Guerre des mondes de Wells. C’est particulièrement réussi. Dès les premières pages, les deux sont parfaitement représentés, des tripodes de l’auteur de SF à l’appartement au 221B Baker Street de l’auteur de polar. On retrouve avec plaisir la dynamique Sherlock-Watson qu’on connaît si on a lu les romans / nouvelles de Conan Doyle, ou encore la charmante Mme Hudson, leur logeuse. Mais leur client est assez inhabituel cette fois puisqu’il s’agit d’un des extraterrestres de Wells. Voilà notre détective plongé dans une enquête qui va l’amener très loin dans la société des tripodes.

Le génie d’Eric Brown ici, c’est d’utiliser tous les éléments connus des deux univers pour les amener encore plus loin et les amener à se pousser l’un l’autre à s’approfondir. Ainsi, l’enquête menée par Holmes et Watson va nous pousser à en apprendre beaucoup plus sur la société des tripodes imaginées au début par Wells puisque nous nous rendrons même sur leur planète après un bref voyage interstellaire où nous découvrirons une population très divisée. Il y a une vraie réflexion, certes classique mais passionnante dans ce contexte, sur la division d’une société entre pacifistes et militaristes, quand une planète et la population de celle-ci sont en danger d’extinction. Et les ressors imaginés par les derniers pour s’imposer sont magistraux et ludiques (d’où le titre ;)).

On retrouvera l’ambiance d’une aventure de Sherlock par la double intrigue proposée avec la principale affichée cachant la vraie et plus profonde derrière mais dont l’enquêteur se doute. On retrouvera un Watson amoureux de l’amour qui fait une rencontre et se montre toujours aussi naïf comparé au génie déductif de son compagnon. On retrouvera aussi un texte plein d’aventures puisque tout démarre à Londres, pour se poursuivre dans l’espace, sur Mars, dans un des ports de leur capitales, un de ses hôtels, ses ruelles, ses laboratoires, puis ses terres plus désertiques. C’est passionnant.

Il arrive plein de choses à nos charmants anglais au cours de ces quelques pages et tout s’enchaîne à un excellent rythme. L’auteur parvenant à associer développement des personnages, bon c’est facile quand on les connaît déjà, développement de l’intrigue et de l’univers qui s’y rattache, le tout dans un parfait équilibre. J’ai vraiment adoré, c’était tel un petit bonbon sucré aux saveurs de l’enfance mais avec un goût nouveau.

Avec les textes courts comme celui-ci, ça passe ou ça casse, pour ma part c’est extrêmement bien passé. J’ai eu l’impression de me retrouver dans un pulp à l’ancienne avec ce mélange détonnant et savoureux entre Sherlock et les Tripodes de Wells. Cela avait certes un petit goût suranné mais c’était drôle et savoureux aussi, avec des réflexions intéressantes sur cette société qu’on découvre et un petit twist bienvenue au milieu qui m’a bien accrochée. Je suis fan de ce genre de petit délice inattendu.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Yuyine, Le Lutin, L’épaule d’Orion, Ombrebones, Syndrome Quickson, Le nocher des livres, Vous ?

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