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Le Théâtre des Fleurs d’Isaku Natsume

Titre : Le Théâtre des Fleurs Auteur :  Isaku Natsume Traduction : Margaux Maillac Éditeur vf : Taifu (Yaoi) Année de parution vf : Depuis 2018 Nombre de tomes vf  : 6 (en cours)

RésuméSôgorô et Gensuke sont tous les deux les héritiers de deux des familles les plus prestigieuses du monde du Kabuki. Considérés comme de véritables prodiges de la scène, ces lycéens se vouent une véritable admiration mutuelle. Toutefois, si Sôgorô considère Gensuke comme son seul et unique rival, ce dernier ne souhaite qu’une chose : se retrouver sur les planches avec lui. Un rêve qui est en passe de se réaliser étant donné que les deux acteurs sont appelés à jouer dans la même pièce. Ce coup du sort les rapprochera-t-il ? Leur permettra-t-il de se sublimer ? Désormais, leur destin est entre leurs mains !

Mon avis : Tome 1

Dans les mangas, ce que j’aime aussi, c’est en apprendre plus sur le monde et la culture japonaise. Alors si on peut coupler histoire sympa et découverte de ce pays, ça ne peut que me plaire comme c’est le cas ici avec Le théâtre des fleurs, une gentille romance adolescente entre deux lycéens acteurs de théâtre kabuki, cet art traditionnel japonais.

Isaku Natsume était déjà connue pour ses boys love, plusieurs étaient parus chez nous comme Devil’s Honey, Twinkle Star Dial ou Ameiro Paradox, mais c’était assez classique jusqu’à présent. Ici, son titre bien qu’étant une romance tirant plus vers le shonen-ai au début, est bien plus riche avec la dimension que lui apporte le kabuki et j’en suis ravie.

Avec Le théâtre des fleurs, Isaku Natsume nous plonge en plein dans l’univers très codifié du kabuki, ses pièces phares, ses familles d’acteurs, ses codes dans le jeu, etc. Dès le premier tome, nous avons une véritable introduction pertinente et passionnante qui se mélange à l’histoire qui se noue entre deux jeunes héritiers aux rôles opposés au théâtre, ce qui fait qu’on apprend en s’amusant.

Et on s’amuse bien aux côtés  de Sogoro et Gensuke. Le premier est acteur depuis des années mais ne parvient pas à passer à l’étape suivante, son jeu commence donc à en souffrir et son orgueil aussi. Il est jaloux de Gensuke qui semble avoir le talent et des facilités qu’il n’a pas. Il le considère donc comme son rival. Mais un jour, ils doivent travailler ensemble pour une pièce. Est-ce que cela va le faire changer d’avis ?

L’intrigue est assez classique en soi mais fonctionne très bien, parce qu’on s’amuse de la versatilité de Sogoro, du charisme facile de Gensuke qui l’agace et de leur douce relation chien-chat à sens unique, l’un considérant l’autre comme son rival, tandis que l’autre est plutôt en admiration. Ce décalage est amusant et source de malentendus qui va rendre le récit plus pétillant et leur relation pleine de promesses, surtout avec les nombreux sous-entendu BL que l’autrice introduit. En même temps, avec le kabuki où certains hommes jouent des rôles de femmes, ce qui est le cas de Sogoro, c’est facile d’introduire des sous-entendu de cet ordre et l’autrice ne s’en prive pas.

Avec son dessin très fin, elle rend à merveille la beauté subjuguante du maquillage des acteurs de kabuki, de leurs costumes et de leur prestance sur scène. J’ai vraiment été émerveillée par bien des planches dès qu’ils jouent, on sent tout le raffinement de cet art dans le trait fin de l’autrice. Mais même en dehors de la scène, il est beau et très expressif, à la fois tendre et humoristique parfois. On sent qu’elle maîtrise vraiment son sujet.

Ce premier tome du Théâtre des fleurs est donc une douce et amusante introduction à la fois à la relation naissante entre deux acteurs rivaux et autre chose, mais également à l’univers du kabuki. L’autrice fait d’une pierre deux coups avec un joli coup de crayon et beaucoup d’humour. C’est léger, frais et pétillant à lire.

Tome 2

Après un premier tome plantant le décor de la « rivalité » des héros sur les planches et de ce monde qu’est le théâtre du kabuki, avec le deuxième l’autrice commence à développer la relation potentiellement plus sentimentale de Sogoro et Gensuke et je dis oui !

Toujours avec ce mélange de théâtre et de romance, l’autrice avance tranquillement sur le chemin qu’elle s’est tracé. C’est tendre et amusant de voir les deux garçons se rapprocher à la fois par leur jeu et par leur personne même. L’autrice joue à nouveau sur les malentendus que leur profession peut créer. Ainsi, Sogoro croit que Gensuke s’intéresse à sa personne et il tombe de haut quand il réalise que c’est à lui en tant qu’acteur qu’il s’intéresse. On comprend sa peine.

En mélangeant cadre théâtral, familial et lycéen, l’autrice fait bien le tour de la vie de ces deux garçons, de leurs interactions et de tout ce qui va les faire évoluer aussi bien comme personne que comme acteurs. Elle capture très bien leurs nombreuses incertitudes, celles vis-à-vis de leur jeu, enfin surtout chez Sogoro, mais aussi celles vis-à-vis de leurs sentiments et relations et là ça touche les deux. Elle le fait avec tendresse pour Sogoro, le premier à s’être rendu compte de ses sentiments, et plutôt avec humour pour Gensuke, qui patauge encore, lui. Mais on les voit avancer petit à petit et c’est mignon.

Le théâtre est toujours présent avec ses pièces, ses répétitions, ses rivalités. J’adore en découvrir à chaque fois un peu plus, aller dans les coulisses, découvrir comment cela se monte, comment cela fonctionne, les histoires de famille et de générations d’acteurs. C’est passionnant et toujours rendu par un dessin qui me met des étoiles dans les yeux même s’il y a peut-être un brin moins de scène dans la seconde partie du volume, plus centré sur la romance.

Jolie suite efficace à cette introduction dans le monde du kabuki. Celui-ci est un peu relégué au second-plan dans un volume qui commence axer fortement l’histoire sur une romance potentiellement impossible entre deux héritiers de familles rivales à la Roméo et Juliette, mais c’est toujours un réel plaisir d’évoluer dans cet univers.

Tome 3

Pas de changement dans cette recette gagnante imaginée par Isaku Natsume. Après un premier tome introductif, un deuxième axé sur les sentiments naissants de Sogoro, place à un troisième centré sur Gensuke cette fois. J’aime toujours autant.

C’est tendre et mignon tout plein. Nous sommes dans un schéma de BL assez classique avec un couple de garçons devenus amis dont l’un des deux a développé des sentiments plus vite que l’autre, ce qui pousse ce dernier à s’interroger. Simple mais efficace pour moi, ça fonctionne toujours à merveille.

Mais ici, il y a une dimension supplémentaire apportée par leur passion à tout deux pour le théâtre et il est agréable de les voir s’interroger sur la limite entre leur personne et celui qu’ils sont sur scène, la limite entre l’amour pour l’individu et la fascination pour l’acteur. Ce qui donne lieu à plein de scènes ultra mignonne où l’autrice fait tout pour faire tomber les masques en les aidant dans leurs réflexions. Tout est fait avec tendresse et candeur cependant. On est dans quelque chose de très doux visant à sublimer ces maladroits émois.

L’histoire avance bien cependant et on prend plaisir à voir les héros jouer de plus en plus ensemble, de plus en plus de rôle et mélangeant de plus en plus leur famille respective, un peu comme si on nous préparait à une fusion des deux. Je croise les doigts pour cela. En attendant, la découverte des coulisses du monde du kabuki se poursuit tandis que leur relation évolue tranquillement et l’autrice attache vraiment beaucoup d’attention à la retranscription de cet art.

Tome nous amenant peu à peu avec candeur et tendresse vers plus de sensualité, l’autrice réussit ce passage parfois délicat entre amis et amants, rivaux et amants. C’est amusant et mignon à la fois, tout en restant léger et en nous emmenant plus loin dans le monde du kabuki, qui offre décidément un très joli décor.

Tome 4

Ça y est nos deux anciens rivaux sont en couples et la série peut ainsi continuer à se renouveler avec de nouvelles interrogations portées par cette évolution.

J’ai d’abord été très sensible à la formation de ce couple si maladroit et mignon dont la candeur m’amuse tant. L’autrice montre ici des lycéens conscients des enjeux de leur relation, mais également des ado en proie aux hormones qui pourtant savent se montrer respectueux et attendre que leur partenaire soit prêt. Ils attendent et expérimentent donc ensemble.

Sur scène, grâce à ces sentiments enfin libérés, leur jeu évolue et l’autrice rend à merveille la sensualité naissante de Sogoro, lui qui en manquait tant. C’est un plaisir de les voir ainsi plus proche sur les planches, même si cela aura aussi des conséquences. Il est bien de voir que l’autrice ne va pas non plus faire de leur histoire une gentille bluette déconnectée de tout. Elle aborde le fait que c’est mal vu d’être homosexuel au Japon, surtout quand on est connu. Elle aborde le fait que c’est souvent sujet de scandale donc délicat et à prendre avec des pincettes.

Nous avons donc une double dynamique dans ce tome, celle d’un couple en construction qui prend plaisir à se découvrir et donc les premiers émois sont mignons tout plein, de même que leur urgence à se voir et leur maladresse dans ces cas-là ; mais également celle d’une histoire d’amour vécue comme étant secrète mais très vite comprise par leur entourage qui va essayer de les protéger. Cela semble en plus réveiller certains secrets de famille que j’ai hâte de découvrir.

Mais en attendant, c’est toujours un plaisir de leur voir grandir l’un et l’autre sur scène, ensemble ou séparément. Les scènes se font toujours aussi rares, malgré ce kabuki toujours en toile de fond, mais quand elles sont là, elles sont jouissives surtout avec leur évolution réciproque et leur jeu qui gagne en profondeur. Ils intéressent désormais de plus en plus les hautes sphères et sont donc des talents à suivre. En espérant que l’autrice ne délaisse pas trop ce pan de l’histoire.

Évolution censée et bien pensée de l’histoire, après le tome de la découverte et ceux consacrés à chacun des héros, c’était plaisant d’avoir celui sur la naissance de leur couple. Celui-ci est aussi mignon que je l’attendais et les retombées sur leur jeu ne furent pas occultées. J’attends désormais de voir comment l’autrice vont continuer à développer ce mélange de romance et de notoriété théâtrale traditionnelle avec laquelle l’homosexualité ne fait pas toujours bon ménage.

Tome 5

La romance étant lancée, chouette l’autrice peut se consacrer au jeu d’acteur de nos deux héros. J’en suis ravie !

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, j’aime la romance qui s’est nouée entre Gensuke et Sogoro. C’est charmant, touchant, stimulant même, chacun tirant l’autre vers le haut, chacun soutenant l’autre dans les mauvais moments. Et les deux se montrant assez tactiles quand ils sont l’un avec l’autre malgré la maladresse induite par cette première relation. Ils tâtonnent ensemble mais apprennent ensemble aussi.

Cependant je suis aussi ravie de voir tout le pan ayant trait au kabuki se développer. Ainsi, j’ai aimé voir Gensuke sous pression avec un ancien ami et rival de son grand-père qui le conseille très sévèrement et le déstabilise. J’ai aimé les brèves incursions dans le passé de cette ancienne génération avec des relations assez ambiguës. J’ai aimé voir Sogoro enfin se transcender sur scène et ce grâce à sa relation avec Gensuke qui lui ouvre tout un nouveau panel d’interprétations et donc de rôles. C’est beau à voir surtout magnifié par le trait toujours aussi fin de inspiré de l’autrice.

Elle allie donc enfin dans ce tome douce romance, secret de famille et évolution professionnelle sur les planches. Tout ce que j’aime ! Après le cliffhanger final nous annonce une suite probablement à nouveau axé sur la romance, nos héros ayant un peu une relation interdite à la fois à cause de leur sexe et à cause de leurs familles. Zut.

Tome 6

J’ai déjà fini mon rattrapage avec le dernier tome paru et celui-ci nous laisse cruellement sur notre faim après, comme prévu, un développement des conséquences dramatiques que peut avoir leur couple sur chacun des héros. Le drama commence à peine !

Comme je le craignais, l’autrice laisse à nouveau le kabuki de côté pour mettre au centre de son histoire la romance de Sô et Gensuke percée à jour par leur entourage. Cela permet certes de parler de la réception de l’homosexualité au Japon, de la fangirlisation sur les garçons lors de scènes tout droit sorties de BL, mais ça amène un peu trop de mélodrame à mon goût…

Heureusement que c’est assorti avec beaucoup d’humour et de légère ainsi que des scènes un brin coquines. Ça fait bien passer la pilule comme ça. Je me suis amusée de voir un Gensuke cherchant toutes les situations possibles pour pouvoir remettre le couvert avec Sô. Je me suis amusée de leur jeu de cache cache avec son meilleur ami lors de leur petit voyage de fin d’études et j’ai trouvé trop mignon de les voir ensemble. Les scènes de sexe se déroulent toujours dans une atmosphère coquine et légère à la fois qui m’amuse et me touche car, à part une certaine scène bonus malaisante, ils semblent toujours faire attention aux désirs de l’autre.

Mais bien que très présente, ce n’est pourtant pas la romance qui m’intéresse le plus mais bien plus les conséquences de celle-ci sur leur famille et leur art. J’ai aimé l’intervention des deux proches des héros qui osent mettre les pieds dans le plat, même si franchement entendre de nos jours ce genre de discours fait mal. Mais il y a une réalité sur les famille d’acteurs de kabuki se transmettant les grands noms de génération en génération, ce qui appelle à avoir des enfants. Du coup, je pense voir venir avec ses grands sabots la raison de la brouille des patriarches de nos héros et cette séquence émotion me plaît d’avance.

Entre romance plus pimentée et dramatisation de la relation des héros du fait de sa révélation malencontreuse auprès de certains, la lecture de ce tome a été bien mouvementée. Bien que très classique dans sa forme et son approche, Isaku Natsume nous offre une romance BL lycéenne assez charmante avec un cadre hors lycée bien exploité. J’attends désormais la suite qui tarde un peu à sortir chez nous alors que deux tomes de plus sont disponibles au Japon…

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Amabooks, Lire en bulles, Vous ?

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3 commentaires sur “Le Théâtre des Fleurs d’Isaku Natsume

  1. J’aime beaucoup le titre et cette idée de mélanger art théâtral, surtout dans une forme inconnue en France, et romance même si en fonction des tomes, les deux éléments ne semblent pas développés dans la même proportion. Les débuts de la relation avec ce côté chien-chat à sens unique a tout pour me plaire tout comme la construction du couple…
    Dommage pour le côté un peu dramatique du tome 6, mais ça semble peu de chose par rapport aux atouts de cette série qui me tente bien ! J’espère que tu n’auras pas à attendre trop longtemps la suite…

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