Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Blanc d’Asumiko Nakamura

Titre : Blanc

Auteur : Asumiko Nakamura

Traduction : Delphine Desusclade

Éditeur vf : IDP – Hana Collection

Année de parution vf : 2021

Nombre de tomes  : 2 (série terminée)

Résumé : Malgré leur séparation, Kusakabe s’est engagé auprès de Sajô et veille sur la mère malade de celui-ci. C’est peut-être l’occasion pour eux de se réconcilier, mais en est-il encore temps ? Les drames ne sont-ils pas déclencheurs de davantage de crises et d’incompréhension ? Sajô et Kusakabe devront apprendre à faire face aux aléas de la vie d’adulte et abandonner derrière eux ce qu’il reste de leur candeur enfantine, quel qu’en soit le prix.
Voici le final tant attendu pour les héros de Dôkyûsei et leurs amis, un tome plein d’émotion, de rebondissements et de tendresse.

Mon avis :

Tome 1

Avec mon coup de foudre pour l’univers d’Asumiko Nakamura et l’histoire de ses héros Sajô et Kusakabe, je me voyais mal les quitter avec ce grand final dont le jeu des couvertures très épuré m’a de suite séduite. Comme je m’en attendais j’ai eu de l’émotion mais j’ai aussi eu une histoire poignante et actuelle qui m’a fait verser une petite larme à la fin.

J’avais quitté les héros à la fin du lycée sur la promesse de se marier une fois adulte. J’ai donc naïvement cru que Blanc était la suite directe à cela, j’ai ainsi sauté sans le vouloir deux autres tomes : O.B. consacrés à la vie d’étudiants des héros. Oups. Je rattraperai cela ensuite. Pour être honnête, je n’ai ressenti aucun manque à passer directement de l’un à l’autre, c’était comme retrouver les héros des années plus tard avec de nouvelles problématiques.

D’entrée, avec ce premier tome sur deux, l’autrice nous plonge dans une histoire très actuelle, une histoire qui pourrait concerner bien des couples mais qui se complique avec le fait que les héros soient deux hommes dans un pays comme le Japon, qui est le seul parmi les membres du G7 à ne pas avoir adopté le mariage entre personnes du même sexe…

Ce premier tome est donc celui du spleen. Spleen de la séparation de deux garçons vivant loin l’un de l’autre et ayant du mal à trouver le temps de se voir, ayant du mal à échanger tant leurs vies sont différentes. Spleen des doutes dont chacun commence à être empli à force de ne pas échanger sur ce qui les travaille dans leur relation. Spleen dû au fait que leur relation est celle de deux hommes, ce que leurs amis acceptent facilement mais qu’ils ont peur d’afficher en société plus large.

Le ton est donc volontiers mélancolique, dramatique voir tragique avec des héros plein de mal être et de doute qui se rappellent sans cesse les belles années du lycée où ils étaient tout le temps ensemble et qui se demandent où ça a merdé… Le ton est également très doux et intérieur avec chacun qui s’interroge sur lui-même, sur sa vie, ses envies pour plus tard et cette relation longue distance vraiment pas facile à gérer.

L’autrice nous ayant fait fondre pour eux quand ils étaient plus jeunes, on leur pardonne ainsi leurs errements qui pourraient nous donner envie de les secouer et de leur mettre un coup de pied aux fesses tant leurs problèmes vient de leur manque de communication. Elle nous a appris à être touché par ces garçons maladroits qui ne correspondent pas à l’image qu’ils dégagent et qui souffrent eux-mêmes de cette difficulté à parler même s’ils y travaillent. C’est donc touchant de les voir douter, se séparer, souffrir et se questionner. Aucun ne lâche vraiment, c’est ce qui est beau.

En plus, vient s’ajouter à ce drame sentimental, un drame plus personnel, avec la maladie de la mère de Sajô qui revient et progresse. Avec cette femme adorable, on retrouve la question du regard du parent sur un couple homosexuel et celle-ci a exactement la réponse qu’il faut en se montrant si ouverte et accueillante. Elle est la mère et la belle-mère idéale. On ne peut de suite qu’être touchée de la voir ainsi à l’hôpital à continuer à tenter d’aider son fils en faisant comprendre à Kusakabe comment il fonctionne et en partageant avec lui sa douceur maternelle également. Je suis fan de ce personnage !

Les dessins d’Asumiko Nakamura sont toujours aussi superbes. Elle a vraiment un trait terriblement vaporeux, plus de vague, de circonvolution qui me parle terriblement. Elle sait poser l’image qui frappe au bon moment. Elle a des compositions très mode et très arty. Mais elle peut aussi être plus simple et offrir un travail ravageur sur les sentiments des personnages à travers leurs regards qui nous permettent de plonger dans leurs âmes. C’est merveilleux.

Ce court premier tome m’a ramené avec bonheur dans la vie dramatique et compliquée de nos héros où l’autrice s’ingénie à imaginer une histoire moderne et actuel de jeunes un peu perdus dans leur relation à distance, dans leur recherche d’avenir également, qu’ils soient pro ou perso. Son regard doux, bienveillant mais profond nous permet de descendre dans les pensées des personnages pour aller toucher ce qui achoppe et c’est superbe ! C’est émouvant, déstabilisant et pourtant réaliste. Elle me touche.

Tome 2 – FIN –

Après 7 tomes, voilà l’heure de souhaiter bon vent à nos deux héros maladroit et si touchant, qui ont su symboliser un espoir pour bien des couples homosexuels en quête de reconnaissance dans un Japon légalement si réfractaire à leur reconnaissance.

Dans cet ultime volume, avec beaucoup de douceur et de subtilité mais avec force, l’autrice n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat et à nous raconter comment un couple homo ayant envie de se marier peut se retrouver face à un mur mais peut tenter de le contourner pour trouver à son tour de le bonheur.

Séparés mais toujours très amoureux nos héros sont en plein tourment au début de ce tome pourtant ils ne vont pas se laisser abattre et ils vont rester fidèles à eux-même, Sajô à son côté renfermé, Kusakabe à son énorme gentillesse et sa passion pour la musique, le tout cimenté autour de la mère de Sajô, MON personnage préféré ici !

J’ai été profondément touchée par leur histoire familiale et la perte qu’ils vont subir qui sera enfin l’électrochoc nécessaire pour les pousser à assembler les pièces de puzzle qu’ils avaient assemblées seuls de leurs côtés mais qui ne prennent sens qu’une fois ensemble.

Nous allons ainsi assister dans cet ultime volume au parachèvement de leur relation, le tout avec beaucoup d’introspection et de subtilité, mais une belle dose de réalisme. Ayant surmonter les raisons de leur rupture, en se livrant enfin, nos héros passent à la vitesse supérieure : le mariage, celui annoncé et souhaité depuis la fin de leurs années lycée, mais des obstacles sont là.

J’ai aimé voir l’autrice parler avec force des réactions diverses des parents des héros, celle horrible au début du père de Sajô qui m’a choquée et où j’ai aimé la réaction épidermique et violente de ce dernier qui ose défendre ceux qu’il aime, face à ce modèle japonais du père absent et rétrograde, qui n’est jamais avec sa famille et ne pense qu’à son travail. C’est une belle dénonciation mais l’autrice ne s’arrête pas là et offrira plus tard un message bien plus subtile sur lui, sur son chagrin et son évolution. Puis, il y a la famille de Kusakabe, bien plus moderne et ouverte, que j’ai aimé découvrir dans son entièreté avec son histoire et son passif. Je suis fan du père, qui est d’une force tranquille et d’une ouverture pour ce Japon tellement en retard…

Tout cela nous conduit ainsi avec émotion jusqu’à la cérémonie de mariage de nos héros, qui est un moment de pur félicité, où tout est parfait pour ces jeunes hommes qui désiraient tellement ce moment. Certes, on n’est pas sur un mariage traditionnel et officiel, vu qu’impossible au Japon, mais le compromis incluant familles et amis et tellement beau que je pense que c’est amplement suffisant pour eux pour le moment, surtout dans le lieu hautement symbolique choisi. Reste cependant en suspens la reconnaissance légale de leur relation, qui abordée mais laissée de côté faute de solution satisfaisante. L’autrice nous dit bien que beaucoup de couples homo pour être inscrits sur le même livret de famille font adopter l’un d’entre eux par la famille de l’autre ou s’adopte l’un l’autre, mais c’est loin d’être satisfaisant et ce n’est pas normal de devoir en arriver là !

Passant par bien des émotions, cet ultime volet nous offre avec force et douceur à la fois la conclusion déchirante et touchante qu’on attendait. Nos héros auront surmonté bien des épreuves, personnelles, familiales et sociétales pour trouver leur bonheur, ce n’est pas la solution idéale et l’autrice aborde subtilement les problèmes légaux existant encore au Japon à ce sujet, mais c’est un joli pas de côté qui leur permet d’être heureux tels qu’ils le souhaitaient aux yeux de leurs familles et amis. Le coup de coeur est amplement justifié pour moi tant l’autrice aura su au fil des années construire une relation émouvante et crédible avec ces deux jeunes japonais maladroits mais toujours amoureux, donnant l’impression de vraiment les connaître et donnant envie de leur souhaiter tout le bonheur du monde.

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Pommy, Alex, Vous ?

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2 commentaires sur “Blanc d’Asumiko Nakamura

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