Livres - Jeunesse / Young Adult

Pax Automata d’Ariel Holzl

Titre : Pax Automata

Auteur : Ariel Holzl

Éditeur : L’École des loisirs (Médium +)

Année de parution : 2022

Nombre de pages : 344

Histoire : 1889. L’empereur Napoléon III, grand vainqueur de Sedan, s’apprête à inaugurer l’exposition universelle organisée dans un Paris grouillant d’automates en tout genre. Lors de la parade d’ouverture, Philémon de Fernay, jeune élève de saint-Cyr, a le privilège de piloter le Zéphyr, le nouvel aéronef crée par Clément Ader. Mais tout déraille lorsque l’engin volant s’écrase sur la salle des machines et la pulvérise. Sous les gravats, Philémon découvre alors le corps d’un enfant automate aux traits particulièrement réalistes. Quel fabricant a bien pu enfreindre la loi principale de la Pax automata qui interdit la conception d’automates ressemblant à des humains ? Même Zélie, la romanicielle et mécanographe hors pair, n’a jamais rien vu de pareil ! Plus mystérieux encore…Une fois activé, l’enfant automate est capable de faire exploser n’importe quel mécanisme à proximité. Serait-ce une arme secrète dirigée contre l’Empire ?

Mon avis :

Pour cette deuxième collaboration avec l’Ecole des loisirs, Ariel Holzl, change son fusil d’épaule. Après le post-apo, place au steampunk dans un univers parallèle au Paris saisissant. Aventures et actions sont en revanche toujours au rendez-vous pour notre plus grand plaisir !

Premier gros point fort de ce roman, sa forme. J’ai adoré le livre objet proposé par l’Ecole des loisirs. La couverture, hyper pop, avec ces petits effets de surbrillances est superbe. On la doit au talentueux Léonard Dupond. Merci à lui. Elle donne directement le ton sur l’ambiance à la Blake et Mortimer qu’il y aura dans le texte ensuite. Puis quand on ouvre, nous avons la surprise de trouver dans les couvertures intérieures puis dans le corps du texte des gravures sur cuivre à l’eau forte, ce qui nous plonge encore un peu plus dans l’ambiance.

L’ambiance ou plutôt le décor de l’histoire est un autre gros atout dans la lecture de Pax Automata. L’auteur, qui est désormais un habitué d’une littérature jeunesse riche en aventure, nous offre ici un décor parisien et européen parfaitement dépaysant. En puisant dans notre propre Histoire avec ses figures et événements connus, il a imaginé un monde parallèle bluffant où la Reine Victoria a été détrônée par Ada Lovelace, où des automates sont présents un peu partout dans les capitales européennes et où des aéronefs superbement dessinés volent dans le ciel comme celui sur la couverture. Jouant avec ce cadre, l’auteur mixe steampunk et réalité historique, glissant dans ce Paris parallèle des événements qui ont vraiment eu lieu comme l’Exposition universelle, la tentative d’assassinat de Napoléon III au théâtre ou la Commune. Pour le lecteur averti ces petits clins d’oeil sont jouissifs. Pour le curieux, à l’heure d’internet à un clic, ça donne envie de cherche ce qui relève de l’invention ou de la réalité historique. Moi, je me suis régalée !

J’ai ainsi pris un grand plaisir à me balader dans ce Paris revisité mais reconnaissable, notamment grâce à l’excellente mise en place de l’auteur qui nous immerge totalement dans ce nouveau monde. C’est simple, j’étais dans un mix de steampunk, de Blake et Mortimer et de Balto (autre saga parisienne de l’éditeur). L’aventure fut également au rendez-vous grâce à un jeune héros qui va se retrouver impliqué dans un vaste plan politico-scientifique qui le dépasse autour des figures des automates, qui sont régulés par une Pax Automata pour ne pas devenir un solution de remplacement aux humains, mais dont l’un des puissants souverains européens aimeraient justement bien leur donner une âme.

Entre chamailleries familiales, boutades amicales, rivalités de pilotes à Saint Cyr, virées chez les romaniciels (excellente trouvaille !), fuite dans les rues de Paris, explosions dans des lieux phares et courses poursuites permanentes, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer. Et pourtant, comme on peut le craindre parfois, l’action ne prend pas le pas sur le développement des personnages. L’auteur mène les deux de front avec un certain talent. J’ai beaucoup aimé découvrir le héros, Philémon en fils aîné avec 4 soeurs derrière lui, mais surtout en futur pilote qui refuse de tirer sur des automates car son coeur le lui interdit. C’est ce grand coeur, qui lors d’un incident, va le pousser à sauver un automate pas comme les autres.

Le lecteur est alors pris dans un véritable tourbillon d’aventures qui va l’amener à percer à jour un vaste complot politico-scientifique où les automates et d’autres inventions technologiques sont au coeur. C’était à la fois fascinant, car les automates sont des objets qu’on a peu l’occasion de voir, alors qu’ils sont un peu les ancêtres des robots si chers à la science-fiction, et passionnant car le héros est sans cesse en danger, sans cesse sur le qui-vive. Il va entraîner dans son histoire son meilleur ami Ferdinand, avec qui j’ai aimé les échanges à la façon de deux garçons adolescents, mais également sa rivale de toujours Elisa, qui cache un lourd secret, et avec qui il aura de belles parties de ping pong verbal, ainsi que Zélie, une jeune romanicielle futée et très douée en mécanique, qui apportera un vent de fraîcheur grâce à sa gouaille et son argot si spécifique.

L’histoire n’est donc pas de tout repos et aussi bien les personnages que l’intrigue rendront la lecture fort dynamique. Il y a un vrai jeu de la part de l’auteur avec la langue argotique qu’il propose mais aussi avec ce quasi jeu de piste dans la capitale qu’il va finir par créer nous entraînant dans les lieux les plus célèbres de celle-ci mais aussi dans ses entrailles au gré des aventures. J’ai peut-être juste regretté que les « méchants » de l’histoire restent aussi hypothétiques. Au final, on les voit peu et ils sont plus une menace lointaine, comme un groupe caché, manipulant nos automates qui, étant leurs bras armés, sont ceux qui s’en prennent véritablement à nos héros. J’ai aussi trouvé le final un peu rapide, un peu précipité, comme si tout se bousculé pour rentrer dans le nombre de pages attribués. C’est dommage, je préfère quand on prend le temps de poser les choses. L’auteur y avait bien réussi au début, c’est dommage qu’il ne l’ait pas répété à la fois. Cependant, Ariel Holzl a vraiment su imaginer un univers dépaysant et décapant que j’espère bien retrouver à l’avenir, surtout qu’il laisse une porte ouverte à la dernière page.

Aventure surprenante et tonitruante, Pax Automata est une très jolie proposition de steampunk historique pour la jeunesse. Avec sa plume terriblement efficace et immersive, l’auteur nous embarque dans une aventure philosophique sur la question des automates, prothèses et autres inventions, mais également politique avec ces luttes d’influences des puissants et bien sûr une aventure au sens premier du terme avec cette menace qui plane sur le héros et ses acolytes. Ce fut palpitant à lire, drôle et rocambolesque aussi, avec un très beau travail sur la langue et le décor de cette aventure, grâce à des références historiques soignées et judicieusement glissées. J’espère vraiment que l’auteur nous offrira une autre incursion dans cet univers !

(Merci à l’Ecole des loisirs pour cette lecture et leur confiance renouvelée)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Ombre Bones, Vous ?

17 commentaires sur “Pax Automata d’Ariel Holzl

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