Les derniers Saltimbanque de l’Hiver : L’Appel de la montagne / Pendant que tu dors / Bonjour les enfants du monde

Chaque saison est prétexte à de belles sorties chez cet éditeur discret mais au catalogue riche et solide. J’ai ainsi eu un vrai coup de coeur graphique pour l’expérience de L’Appel de la montagne, j‘ai adoré le contenu scientifique de Pendant que tu dors, qui fait écho à mon travail en classe sur le sujet et bien sûr Bonjour les enfants du monde, trouvera aussi parfaitement sa place avec mes petits élèves. Trois expériences parfaites !

Titre : L’Appel de la montagne

Auteurs : Mona Leu-Leu

Éditeur : Saltimbanque

Année de parution : 2023 *Sorti le 10 mars*

Nombre de pages  : 40

Histoire : A nos montagnes est un récit contemplatif qui met en scène les paysages alpins: ses reliefs et à sa faune.
Un groupe d’amis s’élance hors de leur village au creux de la vallée pour une ascension, avant de se retrouver bloqués dans une tempête. Ils n’ont d’autre choix qu’attendre que les secours puissent venir les chercher.
Au fil des pages on découvre des animaux emblématiques de nos montagnes: marmottes, chamois, lapin, chouette, rapace. Sous leur regard, les personnages évolueront dans la montagne à la fois belle et menaçante.
La narration alterne alors entre le groupe de marcheurs et les différents animaux qui les observent. En montagne, malgré la rudesse de l’environnement, personne n’est jamais seul et cette faune parfois quasi invisible nous livre aujourd’hui un de ses plus beaux récits.
Dans un contexte de réchauffement climatique, un récit alpin fort et poétique !

Mon avis :

Régulièrement, Saltimbanque nous propose des albums à l’expérience graphique singulière et haute en couleur et avec la fin de l’hiver, c’est l’appel de la montagne qui fut le plus fort pour Mona Leu-Leu, une nouvelle autrice chez eux dont le parcours de conceptrice graphique et design se fait beaucoup sentir.

Album qui claque dès qu’on l’ouvre grâce à son choix de palette colorée singulier, L’Appel de la montagne est un très bel objet rien que pour cela. Il emmène son lecteur dans une véritable aventure en pleine montagne, une montagne qu’on ressent à la fois belle, immense, accueillante et impressionnante, une montagne où on peut se sentir seul face à tant de vide apparent mais qui est en fait peuplée de toute une faune et une flore parfaitement rendues ici.

Il y a une certaine majesté dans ces tableaux tout en verticalité, renforcés à la fois par le format tout en hauteur du livre et les jeux de couleurs avec notamment ces aplats horizontaux sur les arbres où les tâches lumineuses sur les versants de la montagne qui conduisent notre regard toujours plus haut. J’ai été totalement enchantée par cette expérience graphique, ce dont je ne suis pas surprise vu le parcours de l’autrice dans le graphisme et le design. On retrouve cette influence de la petite image simple mais percutante et efficace pour rester dans les rétine. J’aime de plus en plus les ponts entre ces univers et la littérature jeunesse.

L’histoire, elle, est un peu plus simple. Elle nous fait suivre une groupe de jeunes aventuriers décidés à gravir ensemble la face de cette montagne. Nous vivons cette ascension avec eux, de la découverte de la forêt enchantée du premier niveau, jusqu’à la dureté d’une ascension qui tourne mal et où les vies sont désormais en jeu. Une petite tension naît ainsi dans cette lecture au milieu pourtant du calme profond que l’on ressent en se plaçant du côté des animaux qui observent tout cela. Cela interpelle. Ne les dérange-t-on pas trop dans leur habitat avec nos activités qui n’ont rien à faire là si ce n’est nous divertir ?

Expérience graphique saisissante et humaine qui interpelle, L’Appel de la montagne porte merveilleusement son nom car on le lisant, cela donne envie de protéger ce lieu mais aussi de le découvrir. L’autrice sait nous fasciner avec elle mais nous en rappelle aussi avec force les dangers et nous rappelle combien celle-ci est sauvage et indomptable. Un superbe moment !

(Merci à Saltimbanque pour cette expérience).

Titre : Pendant que tu dors

Auteurs : Rebecca June et Quim Torres 

Éditeur : Saltimbanque

Année de parution : 2023 *Sorti le 10 mars*

Nombre de pages  : 40

Histoire : Ce livre à la frontière entre album et documentaire nous raconte les bienfaits du sommeil, mêlant textes poétiques et explications scientifiques.
A l’heure du coucher, la douce lumière du crépuscule signale à notre corps qu’il est temps de se reposer. Mais que se passe-t-il quand on dort ? Une équipe de petits travailleurs se met à l’œuvre pour réparer, polir, ranger les souvenirs d’une journée bien remplie. Mais le sommeil a aussi plein d’autres super-pouvoirs ! Il permet de détendre le corps, adoucit l’humeur et aide même à guérir quand on est malade ! A l’extérieur, les animaux nocturnes se réveillent et vont chasser. Le lendemain matin, après une nuit de sommeil, on se réveillera en pleine forme et de bonne humeur !
Des animations (rabats, découpes, flaps) accompagnent le récit et le rendent encore plus ludique.
Grâce à cet ouvrage, le sommeil n’aura plus de secrets pour vous !

Mon avis :  

Suite à la proposition de Cap Sciences Bordeaux de participer à un atelier interactif sur le sommeil, nous avons activement travaillé sur ce thème en classe cette année. Cet lecture à la fois documentaire et poétique vient donc parfaitement clôturer ce cycle pour le plus grand bonheur de mes élèves qui l’ont adopté aussitôt arrivé en classe !

Eux, tout comme moi, avons beaucoup apprécié la simplicité de cet ouvrage fait d’animations ludiques mais aussi un peu désuètes dans leur caractère un brin naïf. En effet, on retrouve des découpages jouant sur les couleurs cachées derrières, quelques rabats savamment placés, des pages découpées qui s’ajoutent aux autres pour faire défiler en simultané différents états. Bref, la base du genre avec efficacité et sobriété, ce qui permet de pleinement apprécié le thème travaillé : le sommeil.

Côté documentaire, l’ouvrage est très complet, simple et accessible. Tout y est abordé, de la part un peu poétique du sommeil à celle plus scientifique de ce qui y conduit et ce que cela produit ou ce qui s’y passe. C’est écrit de manière tout à fait abordable pour des élèves de 8-10 ans qui ont déjà un peu débroussaillé le sujet ou qui sont curieux sur le sujet. C’est joliment imagé avec un dessin simple et naïf qui ne freine pas la compréhension mais l’accompagne avec efficacité.

Il y a aussi une dimension gentiment poétique avec une belle part faite au rêve, mais aussi à la nature et à ce que vivent également les animaux, soumis eux aussi au sommeil. Une dimension que je me plais de plus en plus à découvrir dans les documentaires, eux, qui autrefois pouvait être si austère. Désormais, les auteurs pensent aussi à faire voyager leurs jeunes lecteurs et ce n’est qu’enrichissement pour leur imaginaire. Je salue donc la présence de cette dimension.

Joli documentaire à la fois efficace et poétique, Pendant que tu dors répond joliment aux questions que les enfants pourraient se poser sur ce phénomène phare de leur vie. C’est complet, simple et cela invite joliment à développer l’imaginaire. Un très beau mélange.

Titre : Bonjour, les enfants du monde

Auteur : Karine Daisay

Éditeur : Saltimbanque

Année de parution : 2023 *Sort le 31 mars*

Nombre de pages  : 44

Histoire : Dans cet imagier tout carton, on part à la découverte de 21 enfants du mon entier. Chaque continent est représenté et l’on s’envole pour un tour du mon
Japon, Mali, Groenland, Algérie, Chine, Sénégal, France, Argentine, Costa Rica, Australie, Tahiti (Polynésie française), Viêt-Nam, Inde, Jordanie…: chaque enfant dit bonjour dans sa propre langue, permettant au lecteur de découvrir des langues et les traditions du monde entier!
Sur chaque double page, un portrait en pleine page de l’enfant est accompagné d’un petit texte pour le présenter, ainsi qu’une petite information sur son pays: en Inde, Arun et sa famille se déplacent en tuk tuk, Mana qui habite Tahiti apprend à jouer du ukulélé avec son frère…
Avec des illustrations mêlant dessins et collages, on apprécie la simplicité de cet imagier permettant de faire un tour du monde des différentes cultures.

Mon avis :  

Parler des différences entre les pays, les cultures, est toujours quelque chose d’enrichissant à faire avec les plus jeunes, mais parfois on manque de support. On peut vite tomber dans des albums parlant de racisme alors que ce n’est pas forcément ce dont on veut parler. Ou bien, on a des documentaires très complets mais où on se perd un peu. Ici, avec ce petit objet qui semble conçu pour les tout petits (maternelle), l’autrice propose en fait un objet concis, parfait pour ouvrir les discussions avec des plus grands aussi (6-8 ans).

L’objet se présente en effet comme un petit livre carré, aux épaisses pages cartonnées bien solides, où sur chacune est présentée en vis-à-vis un nouveau visage, de garçon comme de fille, d’un enfant d’un pays différent avec en arrière-plan des caractéristiques de ce pays et un petit texte donnant son nom, le lieu où iel habite et une de ses particularités. Il n’en faut pas plus pour éveiller la curiosité.

Nous passons tour à tour sans réelle logique d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, d’une couleur de peau à l’autre, d’une passion à l’autre. On commence bien sûr par la France pour rendre l’objet plus familier et facilité la compréhension de l’exercice mais va ensuite aussi bien en Suède, qu’à Tahiti, au Groenland, en Irlande ou en Inde. On croise des enfants blonds, bruns, châtains, roux ; des garçons comme des filles ; des cheveux courts, très courts même, comme long ; des cheveux bouclés comme raides, certains avec des perles, d’autres coiffés de chapeaux et couronnes diverses en fonction des cultures. Dans les arrières-plans, côté texte toujours un élément phare : les croissants pour la France, les petits lutins pour la Suède, un doriyaki pour le Japon, un oeil de verre pour la Grèce. Dans les arrières-plans côté image, des éléments de paysages du pays : Etretat pour la France, les poissons multicolores de Tahiti, les citrouilles d’Halloween de l’Irlande, les dragons de Chine, les palmiers de Jordanie, etc. L’autrice a parfaitement su capturer chaque pays avec simplicité à l’aide de quelques éléments clés et c’est génial !

Ce petit objet plein de diversité offre mille possibilités d’explorations, de discussions et je me vois déjà proposer certaines activités auxquelles j’ai pensé en le feuilletant à mes élèves, puisqu’en ce moment nous travaillons sur le globe terrestre et le planisphère. Je suis sûre que ce sera un moment rafraîchissant et ludique que de partir à la découverte du pays de chacun de ses enfants sans a priori aucun mais avec juste la curiosité d’en apprendre toujours plus !

Apprendre dès le plus jeune âge, et continuer ensuite, qu’il existe une multiplicité de cultures et de visages humains de par le monde me semble quelque chose d’essentiel. Et c’est avec ce genre d’ouvrage très simple mais sans a priori et avec une ouverture totale qu’on pourra enseigner cela à nos enfants. Regardons tous ces visages ensemble et discutons de toutes ces cultures différentes pour s’enrichir mutuellement et se donner envie de voyager !