Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Blue Sky Complex de Kei Ichikawa

Titre : Blue Sky Complex

Auteur : Kei Ichikawa

Éditeur vf : IDP – Boys Love (Hana Collection)

Années de parution vf :  Depuis 2018

Nombre de tomes vf : 8 (en cours) + Hors Série

Résumé : Tout ce que désire Narasaki, c’est un endroit où lire ses bouquins tranquillement. Son voeu est exaucé lorsqu’un professeur lui demande de travailler à la bibliothèque après les cours mais le hic, c’est qu’il n’est pas seul. Il devra tenir compagnie à Terashima, un délinquant dont la réputation n’est plus à faire au sein de l’établissement. Contre toute attente, les deux jeunes hommes ne prononcent pas un seul mot durant des heures. Au fil des jours, l’étrange ambiance qui règne dans la bibliothèque va intriguer Narasaki, qui va petit à petit s’intéresser à Terashima. Mais les vacances d’été arrivent et, avec elles, la fin de leur surveillance à la bibliothèque. Les deux garçons ne se fréquenteront probablement plus… à moins qu’un des deux ne décide de faire un pas vers l’autre.

Mon avis :

Tome 1

Décidément dans les Boys Love, on aime les parutions lentes sur les séries. Après 10 Dance dont je vous parlais il y a quelques temps qui n’a eu que 6 tomes depuis ses débuts, il en va de même pour Blue Sky Complex débuté en 2013 au Japon et ne comptant que 8 tomes jusqu’à présent. Heureusement, la qualité l’emporte sur la quantité de chapitres parus ! 

Son autrice, Kei Ichikawa était à peine au début de sa carrière quand elle a lancé cette série. Elle venait de se faire découvrir l’année précédente avec son premier titre sorti dans le magazine Libre. Mais auparavant elle avait usé ses guêtres sur la scène amateur en commençant sa carrière dans le cercle de doujinshi Hyakkei.

Dans Blue Sky Complex, elle nous emmène dans des tropes chers aux amateurs de romances lycéennes avec des héros que tout oppose : Narasaki est le prototype du bon élève calme, tandis que Terashima a tout l’air d’être un vrai bagarreur. Mais c’est en passant du temps tranquillement ensemble dans une bibliothèque déserte de leur lycée qu’ils vont faire connaissance, se rapprocher et se rendre compte qu’ils ont peut-être des points communs.

Au début, je me suis dit : « Tiens encore une énième romance sur le même schéma ! ». Mais très vite, je me suis laissée prendre par le rythme tout doux et tranquille de l’autrice qui déconstruit le mythe du voyou. C’était agréable de voir un Terashima qui malgré les apparences s’intéresse à la lecture et ose tester un peu de tout. Ce fut encore plus touchant de le voir galérer avec sa sexualité et d’avoir un chapitre nous contant avec émotion comment il s’est rendu compte de son orientation et comment il a maladroitement géré cela.

J’ai beaucoup aimé la place que l’autrice a accordé au silence dans la relation entre les deux jeunes garçons. C’est adorable de voir combien ils sont mal à l’aise chacun avec l’autre pour des raisons totalement différentes qu’on découvrira au fur et à mesure. Cela a créé d’emblée un climat assez serein et paisible qui a perduré ensuite malgré l’agitation de leurs sentiments respectifs. Certains seront peut-être mal à l’aise face au côté entreprenant de Terashima qui force quelques baiser à Narasaki quand ses sentiments sont trop forts, mais son acceptation tranquille non représentée comme de la maltraitance ou de la soumission ne m’a pas rendu ses scènes désagréables. Je les ai au contraire prises comme des moments où les héros se cherchent.

C’est justement ce que j’ai aimé ici, voir combien chacun est différent de son image et les voir galérer avec les sentiments qui naissent entre eux. D’abord l’autrice focalise sur Narasaki, nous faisant entendre sa voix, découvrir son quotidien épuisant et réaliste de grand frère. Puis elle élargit judicieusement l’intrigue en offrant la parole à Terashima et l’histoire prend alors une autre envergure. C’était émouvant de le voir galérer et ne pas savoir s’y prendre avec Narasaki, ce qui faisait écho aux questions que lui-même se posait sur leur relation et ses sentiments naissant, totalement inconnus pour lui.

Nous allons ainsi suivre la première relation amoureuse d’un couple totalement naïf et maladroit mais foncièrement honnête, ça promet ! 

Un point sur les dessins pour terminer. Ceux-ci ne paie pas de mine au premier coup d’oeil, mais l’autrice évolue au fil des pages et offre de très belles et significatives compositions narratives à défaut d’avoir un dessin marquant. J’ai ainsi apprécié ses jeux de cadrage, ses jeux de regards et ses focus sur certaines parties du corps désirables par les héros, comme les mains. C’est très encourageant pour la suite, sachant les années qui séparent ce premier tome du dernier.

Bluette adolescente portant éminemment bien son titre, Blue Sky Complex annonce en effet une romance qui se révélera complexe pour nos deux héros qui découvrent les sentiments amoureux et la vie de couple. Cette introduction en grande partie silencieuse fut d’une grande richesse et d’une belle douceur. Elle nous confère directement un bel attachement à ces charmants héros maladroits qu’on a envie d’encourager par la suite.

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Les Affamés Vous ?

Tome 2

J’avais laissé nos deux jeunes hommes tout fraîchement en couple, je les retrouve dans les affres des questionnements sur le sexe et la jalousie. C’est toujours aussi frais et touchant.

Kei Ichikawa ne réinvente pas l’eau chaude et pourtant, elle nous propose ici une romance lycéenne juste et touchante entre deux garçons qui découvrent leur sexualité et ont bien des questions qui les tourmentent qu’ils ne sont pas toujours prêts à partager, la gêne y étant pour beaucoup, ce qui est assez touchant à voir d’un point de vue extérieur.

On a eu le temps dans le tome 1 de s’attacher à ces figures un peu caricaturale du délinquant qui n’en est pas un et de l’intello qui n’en est pas moins. C’est donc avec plaisir qu’on les retrouve et les soutient dans l’évolution de leur relation. C’est parfois un peu frustrant et agaçant de les voir patauger autant, tourner en rond, se répéter, tout ça à cause d’un manque de communication. Puis, on se rappelle qu’on n’était pas mieux à leur âge, qu’on avait aussi des craintes, des questions, et qu’on ne partageait pas forcément cela avec notre partenaire par peur ou par gêne. C’est donc assez juste dans le propos.

Ainsi, leur première fois est particulièrement bien représentée ici, tout comme les conséquences de celle-ci. J’ai aimé leur maladresse touchante. J’ai ri et été attendrie par Narasaki et ses recherches. Ça m’a émue de voir Terashima autant perturbé après, lui qui se pensait peut-être un peu frigide ou du moins loin des choses du sexe. J’ai aussi aimé voir Narasaki découvrir les affres de la jalousie, s’en rendre compte et tenter d’agir mais avec tellement de maladresse. Ces deux jeunes hommes apprennent et commettent des erreurs mais jamais ça ne les transforme en garçons insupportables, ils restent doux et gentils au fond.

Leur relation avance donc tranquillement à leur rythme. Chacun finit par peu à peu savoir exprimer ses envies même avec maladresse. Chacun continue surtout de respecter l’autre même si parfois l’un peu dérailler parce que quelque chose ne va pas. J’aime assez le rôle discret que jouent leurs amis et famille, parfois sans le savoir et j’espère qu’ils auront une place plus grande à l’avenir, car nous sommes vraiment dans un récit de construction, pas seulement de relations mais aussi d’individus, alors leur rôle sera nécessaire.

Avec ce deuxième volet, l’autrice entre dans l’intimité de ce jeune nouveau couple qui a encore tellement de choses à apprendre. C’est parfois maladroit, c’est parfois raté, mais c’est souvent beau et touchant, avec des jeunes gens qui découvrent et apprennent la vie à deux, la sexualité et toutes les émotions qui vont autour. On n’a qu’une envie, rester à leur côté et les accompagner dans ces découvertes.

Tome 3

Après un tome consacré à leur rencontre, un tome sur leur première fois, place déjà à celui sur leur avenir après le lycée. Je suis agréablement surprise de voir cette romance sortir du cadre lycéen et je m’en réjouis !

Souvent dans les Boys Love parvenus chez nous, quand l’intrigue tourne autour d’une romance lycéenne, elle en reste là et on voit très peu de chapitres consacrés à l’après. L’autrice fait ici le choix de vraiment suivre ses héros au lycée et après, ce qui me réjouit. Du coup, j’ai pris un plaisir encore plus vif à les voir préparer celui-ci et se questionner dessus comme tout lycéen de leur âge. Ce questionnement pousse en plus l’autrice à faire intervenir les familles de nos héros, qui n’avaient été là qu’un peu en décor jusqu’à présent, et en jouant pleinement leur rôle ici, elles participent grandement à leur évolution, ce qui m’a doublement réjouie.

J’ai donc passé un excellent moment à suivre les hésitations de Narasaki et Terashima qui ont parfaitement intégré leur couple dans leur avenir et qui ne se voient pas l’un sans l’autre même s’ils prendront des voies différentes. On sent l’hésitation de l’un et de l’autre face à la séparation à venir, mais aussi une certaine certitude malgré tout dans la permanence de leurs sentiments, ce qui est très touchant. C’est au final plus leur rapport à leur mère, à tous deux, qui va les questionner et j’ai trouvé charmant que chacun veuille prendre soin de la sienne, ce qui en dit long au passage sur la société très patriarcale du Japon contemporain, encore…

Leur relation désormais vécue comme une évidence est un petit bonbon à déguster. J’adore la façon dont l’autrice représente encore parfois leur jeu du chat et de la souris dans la façon dont ils s’effleurent, se cherchent et finissent par se trouver laissant libre cours à leurs sentiments et désirs. Ils ont gagné une belle proximité et complicité tout en restant fidèle à eux-mêmes, ils se sont juste trouvés en tant que couple et amant. J’ai ri devant le malaise de Terashima né de sa familiarité avec la famille de Narasaki désormais. Je me suis amusée de leur « débauche » au lycée pour célébrer la fin d’une époque. J’ai été touchée par l’acceptation tellement facile de leur relation par la mère de Terashima. A quand une confession à la famille de Narasaki ?

Évoluant avec une belle douceur et surtout un joli travail sur les émotions et les relations humaines, Blue Sky Complex démontre qu’une relation peu être fort simple également du moment qu’on est franc et honnête et qu’on ose se parler. Avec une histoire qui débute au lycée et va désormais se poursuivre après, Kei Ichikawa me comble de plaisir. C’est si rare de franchir ces frontières dans le Boys Love lycéen. Merci à elle !

Tome 4

Je crois que j’aime de plus en plus ce petit couple dont le quotidien est si bien rendu sous le doux trait de Kei Ichikawa qui a quelque chose d’intemporel quand elle suspend le temps pour décrire leur intimité. C’est fin comme un ballet de sentiments.

Ça y est, nos héros sont sortis du lycée et les voici désormais à la fac. Colocataires, ils ont emménagé dans un appart à mi-chemin de leurs facs respectives et partagent aussi un peu le même groupe d’amis. On les retrouve avec ce nouveau quotidien à gérer et découvrir, tout en explorant en parallèle l’évolution de leur relation dans ce nouveau contexte.

C’est superficiel, mais j’ai tout de suite aimé l’évolution physique de chacun que l’autrice a ainsi rendu plus mature, que ce soit avec la coupe de cheveux de Terashima qui affine son visage et le rend plus déterminé, ou la carrure de Chika qui semble le rendre plus grand et imposant. On sent qu’ils ont grandi, pourtant ils sont toujours aussi maladroits. Leur quotidien se rythme des rencontres avec leurs amis et on voit combien c’est compliqué pour eux de savoir la distance à donner à leur relation avec eux. Que dire de leur quotidien, de leur couple… ils ne savent pas trop. Ils n’assument pas encore pleinement celui-ci en public, loin de là, c’est plutôt un secret, du coup ça complique tout.

L’autrice a très bien joué la carte des nouveaux venus dans ce tome, y allant avec précaution et doigté, présentant tour à tour des amis / connaissances de chacun et les incluant dans un cercle plus vaste, malgré le focus évident sur le couple. J’ai ainsi pas mal aimé la venue de celui qui a percé l’oreille de Terashima autrefois, qui va être le moteur de bien des intrigues. Avec lui, on découvre combien Terashima a évolué grâce à Chika, devenant moins sauvage et plus tendre, mais paradoxalement ne guérissant pas de son côté parfois légèrement asocial. Je trouve l’autrice très fine dans son écriture de celui-ci, montrant que quelqu’un de solaire peut aussi avoir une zone d’ombre et ne pas apprécier les autres et l’inconnu au premier abord. J’en avais un peu marre du cliché de la personne réservée forcément taciturne, ici, c’est bien plus riche et complexe, et c’est beau à voir.

Cependant, l’autrice n’évite pas certains écueils et si les amis de Chika et Terashima dans l’ensemble semblent sympas et originaux, elle a eu besoin de faire de Kurisu (le perceur d’oreille) un type étrange, légère obsédé par Terashima et commettant le pire à un moment donné. Elle a beau ensuite essayer de le justifier, j’avoue trouver le pardon bien trop facile et bancal surtout… Du coup, je n’accroche pas.

Heureusement que c’est sauvé par la beauté et la tendresse des sentiments des deux héros qui décidément sont le genre de couple en construction perpétuelle que j’affectionne. Ils se remettent régulièrement en question. L’autrice en nous faisant entendre la voix intérieure de chacun nous permet de voir leurs cheminements et c’est touchant. Ils osent douter, se questionner et interroger, confronter l’autre également. Ils ont beau tâtonner, être maladroit, ils sont assez ouverts et ont trouvé la voie : la communication. Du coup, leur relation fait plaisir à voir, que ce soit dans un quotidien presque platonique ou lorsque le désir s’empare enfin d’eux. J’adore le côté très taquin et joueur mais aussi particulièrement tendre de Terashima qui contraste avec celui qu’il montre en dehors, et je trouve alors le taciturne Chika particulièrement expressif. Kei Ichikawa sublime vraiment ces scènes à chaque fois et ça me touche en plein coeur.

Jolie évolution hors cadre lycéen d’une romance qui y a commencé, Blue Sky Complex n’en fini pas de me séduire et me toucher avec l’histoire pourtant toute simple de deux jeunes adultes amoureux qui tâtonnent dans leur relation et leur vie perso. C’est beau, touchant, lumineux, avec des parts d’ombre bien gérées et des questionnements opportuns, le tout dans une mise en scène parfois épurée du plus bel effet. Un bien beau Boys Love.

Tome 5

Retrouver Natsuki et Chika et leur vie d’étudiant désormais est un réel plaisir tant l’autrice s’ingénie à nous dresser le portrait de deux jeunes touchants, à la tête sur les épaules, rencontrant des problèmes bien raccord avec la société actuelle.

Suivre ces deux jeunes depuis leurs adolescences jusqu’aux prémices de l’âge adulte est un grand plaisir pour moi. J’adore les voir grandir et évoluer, tout en étant aussi proche. Natsuki et Chika, c’est un peu le couple parfait et idéal pour moi. Je me plais ainsi à les retrouver dans leur quotidien d’étudiant entre job de professeur particulier pour l’un, sorties entre potes pour l’autre, jalousie contenue, échanges toujours aussi ouvert et discussions autour de leur relation avec leurs amis. Tout est vraiment dans l’air du temps.

Alors qu’elle met sur leur route des pseudos complications qui auraient pu me faire lever les yeux au ciel, l’autrice astucieusement les enjambe. Que ce soit la petite lycéenne à qui il enseigne qui rêve de sortir avec Chika ou l’aveu de leur relation à leurs amis qui se posent la question, tout semble facile à résoudre par l’honnêteté pour eux et j’adore ça. On n’est jamais dans le mélodrame, mais avec deux amoureux très proches, sûrs de leurs sentiments réciproques et ouverts à la discussion, tout prompt à se confier l’un à l’autre, même si parfois ça prend du temps.

Ici, j’ai aimé qu’ils rendent banal l’aveu de leur relation car c’est ce que ça devrait être. J’ai aimé qu’ils balayent l’idée qu’un couple homosexuel ne puisse être heureux car il ne peut se marier et avoir des enfants comme les hétéros. Les garçons sont sûrs de ce qu’ils veulent : être ensemble et ils le vivent à fond et pourtant avec une grande simplicité. Ce sont donc les petits moments du quotidien qui les rendent les plus heureux et nous aussi, que ce soit préparer un bon petit plat à son compagnon malade, le retrouver pour une balade en amoureux, assister ensemble à un barbecue avec des amis. Rien d’extraordinaire et pourtant, c’est doux et chaleureux, ce qu’on adore !

Chika et Natsuki poursuivent leur route avec simplicité et émotion, dans un quotidien d’étudiant somme toute banal où on prend aussi bien plaisir à les voir amoureux à deux, qu’en relation avec leurs amis dont ils sont de plus en plus proche. C’est un quotidien tranquille mais chaleureux qui met du baume au coeur et fait apprécier aussi des histoires simples et sans chichi comme celle-ci qui pourtant sait traiter de sujets d’importances (coming out, mariage homo, enfants dans un couple…) mais sans dramatiser. J’adore !

Tome 6

Passé et présent, décès et naissance se mêlent dans ce nouveau tome décidément très beau qui commence réellement à hisser cette série parmi mes préférées du genre !

J’aime poursuivre les aventures du quotidien de nos deux jeunes héros à la fac. On les voit très peu aller en cours mais c’est un vrai bonheur de suivre leur vie à côté, d’assister à leurs histoires de couple, de les voir évoluer avec leurs amis, d’aller à la rencontre de leur famille, et de continuer à les entendre s’interroger sur leur relation. Tout cela est écrit avec beaucoup de bienveillance et d’humanité, ce qui rend la série si touchante.

Au coeur de ce nouveau tome, encore et toujours la réception de leur relation auprès des autres et notamment de leurs familles respectives, mais également les relations de leurs amis et en particulier de Towa, le coiffeur du groupe. On découvre le tragique passé de ce dernier avec subtilité et émotion, montrant combien l’autrice sait faire preuve de justesse et retenue pour traiter de sujet sensible et souvent tut dans les mangas. Les tabous, on en voit d’autres dans ce tome, comme celui de la mère de 46 ans de Natsuki qui tombe enceinte après un remariage, la question de la vente de la maison natale de celui-ci, sa relation au souvenir de son père décédé ou encore celle plus habituelle de l’information de leur relation à chacune de leur famille, celle de Chika ne sachant pas encore. Que des sujets qui m’ont intéressée et touchée grâce à la patte de l’autrice.

J’ai été surprise de l’évocation de la mort à plusieurs reprise dans ce tome, en parallèle avec la vie que se construisent les héros et de celle que va donner la mère de Natsuki. C’est assez rare d’en parler et de le faire sans volonté misérabiliste comme ici mais dans le but plutôt de montrer la force de l’homme à continuer à vivre. Bravo. Cette force, on la retrouve dans la puissance des liens des personnages entre eux. Il y a bien sûr Chika et Natsuki qui nous touchent de plus en plus dans cette relation si joliment dépeinte avec beaucoup de tendresse, de confiance, de dialogue mais aussi un zeste de piment et de sexe par moment, mais toujours dans la passion réciproque et partagée. Il y a également leur groupe d’amis que je trouve de mieux en mieux défini et intégré à leur histoire, comme si c’était un tout et non des pièces rapportées comme parfois. Et dans chaque évocation relationnelle, l’autrice est juste, subtile et équilibrée, sachant doser les émotions de chacun et se montrer à la fois pudique et ouverte, n’en dévoilant jamais trop, sachant trouver la bonne distance. C’est rare.

Ainsi, j’ai été très émue à la lecture de ce tome. Émue par ce que je vois de la superbe évolution de la relation de Chika et Natsuki, mais également émue par les découvertes faites sur leurs amis. Nos héros continuent de grandir et de voir leur cercle se renforcer comme leurs sentiments. Normal alors qu’ils prennent la décision d’avancer également en se rapprochant de leurs familles et en sortant de leur petit cocon. Il faudra encore du temps mais on avance pas à pas.

PS / Quel bonheur de retrouver sur la couverture sous la jaquette une autrice qui fait référence à Berserk, Space Brothers ou encore Black Jack !

Blue Sky Complex – Dégradé Blue Indigo

Blue Sky Complex est quand même une série assez soft dans la représentation de la romance de ses deux protagonistes. Les amateurs de scènes un peu pimentée auraient donc pu en souffrir. L’autrice y a pensé et nous livre ici une sorte de panaché des scènes plus hot qui sont absentes de la série.

Même si j’aime la douceur de la série, j’aime aussi voir la manifestation plus charnelle de leur amour. J’ai donc été ravie que l’autrice se prête ici au jeu de nous offrir en quelques sortes les scènes « censurées » si je puis dire de son histoire. Elle nous fait ainsi cadeaux d’un ensemble de chapitres bonus plus ou moins longs où on voit nos héros bien plus entreprenants que dans la série principale, ce qui satisfera les ardeurs de plus d’un lecteur, car la mise en scène, sans être osée, est tout de même plus sexy ici.

Pour autant, l’histoire n’est pas absente, ce que j’ai apprécié. Nous n’avons pas des scènes de sexe juste pour le plaisir de dénuder nos héros, une vraie histoire est présente de manière sous-jacente à chaque fois. On assiste ainsi à leur évolution du lycée à nos jours. On y croise leur empressement, leur maladresse des premières fois, les interrogations sur le futur, leurs sentiments à fleur de peau, de la jalousie au désir brut et soudain. On les retrouve chez Natsuki, au parc d’attractions, à la fac, dans des lieux de rendez-vous et tout cela se mélange pour nous offrir la même ambiance chaleureuse que celle qu’on connaît dans les chapitres habituels de la série. J’adore !

Alors oui, c’est un peu plus anecdotique. Ce sont de brefs instants du quotidien. Ils couchent beaucoup. Mais les sentiments sont toujours là tendres et profonds et représenté avec justesse et finesse par l’autrice. Elle sait célébrer les petits instants d’un quotidien amoureux fait de tendresse et bienveillance. Quand on voit les garçons se prendre dans les bras l’un de l’autre, se reposer l’un sur l’autre, se prendre la main, se caresser les cheveux, tout cela émeut et réchauffe le coeur. C’est adorable.

Rien de bien original dans ce spin-off en mode Dojinshi offrant certaines scènes pimentées manquant à la saga principale, mais la même ambiance tendre et chaleureuse qu’on lui connaît avec le plaisir de retrouver ces héros et de les voir exprimer de manière encore plus concentrée la puissance de leurs émotions et de leur désir. C’est le genre de bonus que j’apprécie énormément.

Tome 7

Dur dur, j’ai maintenant rattrapé la parution japonaise et il me faudra attendre pour poursuivre les aventures quotidiennes de ce si joli couple d’étudiants homosexuels et de leur bande de potes.

Depuis le premier tome Blue Sky Complex a été une révélation, le genre de boys love extrêmement doux et pourtant réaliste où la tendresse se la dispute à l’âpreté et ce tome ne fait que le confirmer avec son focus sur le coming-out involontaire de Chika à son grand frère, une question épineuse pas encore traitée.

La série est surtout réputée pour sa douce ambiance et son cadre de vie où l’on suit le quotidien de ces deux jeunes adultes au sein de leur bande d’amis, leurs études et leur vie de tous les jours. Les chapitres se suivaient et se ressemblaient dans cette bonne humeur avec parfois des tensions autour de leur manque de communication, des défauts de l’un ou de l’autre, ou des histoires de leurs amis, mais c’était assez stable. On n’avait pas encore eu, ou du moins pas depuis un moment, une question qui allait les chambouler à ce point.

Chika et Natsuki se sont bien installés dans leur petit quotidien à deux. Mais l’arrivée d’Alex, que Natsuki considère comme un grand frère va venir les perturber, juste par sa présence, brisant leur cocon involontairement. Et c’est grâce à cette dynamique, que de manière impromptue, Chika va avouer sa relation avec Natsuki à son frère.

Encore une fois, j’ai beaucoup aimé la simplicité du cadre et du déroulement de ce nouveau développement. Il n’y a pas de grands mélodrames juste les petites tensions du quotidien quand on ne communique pas ou qu’on le fait mal. Chika a peur de la réaction de son frère. Il n’ose pas en parler à Natsuki et veut tout gérer. Son frère réfléchit lui de son côté à ce que Chika lui a si longtemps caché, mais Chika prend ça pour du rejet, ne le sachant pas. Beaucoup de sacs de noeuds mais qui vont à nouveau se dénouer de manière lumineuse et seine.

Je suis décidément fan du traitement de l’histoire par Kei Ichikawa qui oeuvre vraiment pour dé-dramatiser ce type d’histoire et juste conter un quotidien réaliste, avec certes ses craintes et ses incompréhensions, mais jamais ses exagérations. Ainsi, les scènes et développements sonnent juste. Ainsi, le couple nous touche par sa sincérité. C’était encore une fois adorable de les voir chercher un peu d’intimité d’abord, puis se cajoler dans leurs moments de doutes et se retrouver avec passion – et suçons ! xD – quand tout va mieux. Je les adore.

Tranquillement, tendrement, Chika et Natsuki continuent de bâtir leur si jolie relation à deux sur des bases saines et solides, avec beaucoup de sincérité. J’ai adoré le développement du tome autour du coming-out involontaire de Chika, ses appréhensions et au final une résolution toute en finesse et amour. Blue Sky Complex contrarie ces BL trop mélodramatiques et offre une histoire simple, douce et apaisante mais non moins réaliste. On adore !

Tome 8

Définitivement mon BL chouchou du moment, avec son tranche de vie tellement doux et touchant, qui pour une fois nous embarque dans la vie de jeunes adultes et leurs petits tracas du quotidien. Rien de flamboyant, ça parle recette et famille, mais c’est justement ce que j’aime.

Avec sa couverture (pas la jaquette, ne pas confondre) qui présente de bonnes petites recettes simples à faire, la série tombe vraiment de plus en plus dans le quotidien, la vie à deux, du couple Chika-Natsuki et j’adore ça. Je trouve ça beau, doux, touchant de les voir avancer pas à pas ensemble et de rester toujours aussi proche, aussi bien ensemble.

L’autrice aborde pourtant un virage important dans ce tome avec le coming-out du couple auprès des parents de Chika, mettant enfin cartes sur table, notamment avec son frère aîné qui avait plutôt mal pris la chose. Mais l’autrice montre aussi que, non malheureusement, ce n’est toujours pas normal d’être homosexuel et que donc ça peut surprendre même sa famille proche, qui a besoin d’un peu de temps pour réaliser. Cela ne part pas d’un mauvais sentiment, ce n’est pas du rejet, c’est juste une surprise à laquelle ils ne s’attendent pas et après tout peut redevenir normal comme ici. J’ai aimé cette honnêteté de l’autrice qui a osé évoquer avec douceur une situation plus complexe que la banale acceptation instantanée parfois hypocrite. Ici au moins, ça discute, ça échange, ça parle à coeur ouvert et ça s’accepte pleinement.

Puis le train train de la vie reprend et l’autrice a l’idée, peut-être un peu moins heureuse, à voir, d’introduire une double situation de potentielle jalousie entre nos héros, avec le retour de la première fois de Chika et un jeune garçon du boulot de Natsuki qui s’intéresse peu à peu à lui. Je ne suis pas fan de ce genre de trouvaille scénaristique qui vient souvent créer des situations artificiellement tendues pour pas grand-chose, alors j’espère que l’autrice ne va pas s’en servir pour nous faire du mélodrame inutile. En attendant, j’aime bien moi l’ex- de Chika qui semble être dans un moment compliqué de sa vie avec une relation qui se termine tristement. Et j’aime bien le petit qui tourne autour de Natsuki et lui rappelle le bagarreur incompris qu’il était avant. Ces personnages ont du potentiel.

Ça m’amène à un autre point que je regrette un peu dans ce tome. On n’entrapercevoit à peine les amis de nos héros et leur vie sentimentale. Pourtant, le petit jeune amoureux du coiffeur est extrêmement touchant et ce dernier, veuf qui ne parvient pas oublier sa femme et à avancer, me touche. Il y a une sensibilité émouvante ici qui ne demande qu’à avoir quelques pages de plus pour pouvoir mieux s’exprimer et nous délivrer une histoire belle et profonde. Allez, on y croit pour la prochaine fois !

Série douce et tendre, Blue Sky Complex nous plonge de plus en plus dans le quotidien banal d’un jeune couple homosexuel à l’aube de la vie d’adulte. C’est beau, c’est tendre, c’est simple. Ça parle de recette de cuisine, de famille, de passé. Ça fait des rencontres, ça soutient ses amis et sa famille. C’est la vie !

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10 commentaires sur “Blue Sky Complex de Kei Ichikawa

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