Livres - Science-Fiction

Second Oekumène de John Crossford

Titre : Second Oekumène

Auteur : John Crossford

Éditeur : Critic

Années de parution : 2022-2023

Nombre de tomes : 5 (série terminée)

Histoire : Un fuyard terré aux confins de la Galaxie, un amiral qui tente d’insuffler un nouveau souffle tactique à sa Flotte, un prêtre naïf en mission quasi-inquisitoriale et une très jeune alter aux pouvoirs démesurés. Tous ont le triste privilège de vivre une « époque intéressante », où les rivalités politiques sont exacerbées par la mort prochaine de l’empereur.
Face à l’injustice d’un système foncièrement inégalitaire, le choix s’offre à eux de préserver leur existence personnelle ou d’embrasser une cause plus grande. Mais pour cela, il faut déjà survivre !

Mon avis :

Tome 1 : Régulus

Projet des plus singulier, Second Oekumene est arrivé chez Critic en annonçant directement le programme de parution de cette saga en 5 tomes sur 2 ans, couvertures à la clé et intrigue ficelée ! Cela ne pouvait qu’être pour moi un gage important, j’ai pourtant mis le temps pour la découvrir et il a fallu un concours organisé par Bookenstock pour le voir arriver sur mes étagères mais il n’y est pas resté bien longtemps et découverte faite, je compte bien lire les autres tomes cette année grâce à ce rythme de parution effréné respecté par l’auteur et l’éditeur. Merci à eux !

John Crossford est un auteur qui, comme il le dit, a un pied en France et un dans l’Ouest américain. Il est surtout passionné de SF depuis toujours et a lu nombre de classiques. Cela explique probablement ce sentiment de confort que j’ai eu à la lecteur, ayant l’impression de me retrouver dans les univers chéris de, pèle mêle, Dune, Fondation ou Vance. Avec son écriture, en plus, très cinématographique, la lecture de ce tome 1 m’a plongée dans une aventure où j’avais l’impression d’être un personnage de série télé enchaînant les intrigues. Une sensation que je recommande à tous !

Second Oekumène se présente donc comme une magnifique et addictive série de space opera où nous allons suivre un empire, dont nous avons la carte (j’adore ça !), qui est sur le point de chuter faute de descendant officiel et surtout à cause de la présence autour de rapace aux serres acérées. Mais tout cela, nous allons d’abord le vivre d’assez loin, pris que nous allons être, tour à tour grâce à une narration en plusieurs POV, par les destinées d’autres personnages qui nous semblent lambda au premier abord. Il y a d’abord le pilote de génie un peu rebelle Einar Dahl, puis la jeune fille aux immenses pouvoirs mal maîtrisés Lucy/Anya et enfin le Vatican représenté par un prête un brin naïf et d’autres groupuscules comme une Flotte et son amiral. Tous vont se retrouver face à leur destin et tous vont vivre des aventures de leur côté, qui, comme on le devinait, vont se rejoindre et participer à un vaste canevas en lien avec cet Empire intergalactique qui va mal.

J’ai beaucoup aimé le rythme entraînant de ce premier tome, qui est tout ce que j’attends d’un space opera avec rébellion dans l’espace et sur les planètes, méchant gouverneur de planète, empire oppressif, ordre secret, sujets spéciaux maltraités, etc. C’est on ne peut plus classique dans le genre mais parfaitement exécuté grâce à une écriture fine et percutante, qui sait doser ses effets. L’air de rien, au fil de l’enchaînement des POV, l’auteur tisse un univers riche et gentiment complexe, mais surtout vaste et protéiforme. Il instille de la rébellion, du mystère, des histoires de famille, des questionnements éthiques, et tout s’enchaîne et se goupille à merveille, sans temps mort. 

J‘ai également beaucoup aimé le choix des personnages mis en avant dans ce tome. On sent que l’intrigue en contient de nombreux. Ce n’est jamais facile de tous les suivre et les assimiler. Alors l’auteur a fait le choix astucieux de se concentrer surtout sur deux ici et de laisser les autres en périphérie, un peu dans l’ombre, ces deux groupes de personnages étant déjà bien suffisant pour faire une histoire riche et bien remplie. Ainsi, nous suivons Einar Dahl, pilote de génie, rebelle dans l’âme, qui cache un grand secret. Il va dans un premier temps se rebeller contre le fils du chef de sa planète, prototype du chef d’entreprise véreux, avant d’entrer dans une nouvelle famille et de lutter dans l’ombre, participant à une alliance contre lui, le tout à bord de vaisseau, au milieu de champ d’astéroïdes, etc. Second personnage que nous allons suivre : Lucy/Anya, une jeune alter aux immenses pouvoir, dont nous allons suivre la transformation dans l’horrible centre où elle vit et qui cultive les gens comme elle de la pire des façons. Elle aussi se rebellera et trouvera des gens sur son chemin pour la faire grandir et l’aider dans son entreprise.

A eux deux, il y avait déjà largement de quoi faire une bonne histoire et ce fut le cas. J’ai adoré le côté rebelle de chacun, la rébellion ouverte d’Einar et surtout le milieu où il opérait qui vraiment me faisait voyager. J’ai encore plus aimé le développement autour des pouvoirs alter de Lucy/Anya et tout ce que cela disait sur leur société, ses vices, ses atrocités et ses considérations sur l’humanité. L’auteur glisse ainsi discrètement des réflexions sur le transhumanisme mais aussi sur qu’est-ce qui définit un humain et ce qu’on peut faire à ceux qu’on ne considère pas comme tel. Il parle aussi, ainsi, des évolutions techniques et technologiques de l’humanité, ce qui me plaît énormément, peut-être plus que les banales histoires de trahisons et d’intrigues de palais, même intergalactique, qui tournent autour d’Einar. Mais les deux s’agencent très bien pour former un univers vaste et cohérent où on sent que les prochaines intrigues seront tout aussi passionnante et apporteront petit à petit leur pierre à l’édifice global.

Je regrette peut-être que l’auteur nous ait juste montré en marge d’autres éléments comme ce que trafique le Vatican, ce que mijote celui qui voudrait être calife à la place du calife, ou les mouvements de la Flotte, car je ne suis pas sûre de me rappeler de tous ces éléments, bien trop minces et éparpillés, dans les prochains tomes. Je regrette aussi les nombreuses facilités d’écriture dont il fait preuve, parachutant bien trop souvent des solutions sortant de nulle part à ses héros, décrédibilisant parfois ce qu’ils font et/ou leurs réflexions. C’est en cela que Second Oekumène reste à mes yeux surtout un divertissement, un très bon certes, addictif même, mais qui ne franchit pas la ligne du chef d’oeuvre marquant comme d’autres, mais c’est déjà très bien.

Je remercie donc Dup et Phooka de Book en stock qui m’ont permis cette très agréable découverte. L’aventure ne fait que commencer et j’ai déjà hâte de retrouver nos héros et de découvrir les prochains protagonistes qui viendront les rejoindre dans cette vaste saga de space opera dans un Empire qui se casse la figure. Le concept de nous proposer ainsi une saga terminée dans une programmation tenue sur deux ans avec des couvertures formant un vrai univers graphique est excellent et j’espère que ça donnera l’idée à d’autres éditeurs, car débuter une série en sachant quand sortiront les tomes suivant et jusqu’où ça ira, c’est un vrai confort !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Maki, Le nocher des livres, Caro Livre, Selbon, Kwalis, Vous ?

Couverture Second Oekumène, tome 2 : Orosco

Tome 2 : Orosco

A la recherche depuis un moment d’un roman qui me procurerait les mêmes sensations que dans mes anciens space opera culte, je pense réellement l’avoir trouvé avec cette saga désormais terminée. J’aurais par contre dû me méfier de son titre car qui dit « Oekumène » dit œcuménique et donc religion, or ce n’est clairement pas ma tasse de thé…

Ma lecture de ce deuxième volume a été partagée entre ces deux sentiments : le plaisir de retrouver des sensations de batailles spatiales et conflits politiques comme j’adore et le déplaisir d’avoir des pages et des pages sur des considérations religieuses qui me hérissent… En plus, mon retour dans la série n’a pas été facilité : pas de résumé, pas de glossaire avec présentation des personnages. Dur dur quand la lecture du tome 1 remonte à plusieurs mois car c’est une SF assez fournie. Je me suis donc longtemps laissée porter et je pense que j’ai dû louper pas mal de référence au premier tome à cause de cela.

Heureusement, on prend vite plaisir à suivre les différentes lignes du scénario et en particulier, pour ma part, la rébellion menée Anya et Einar d’un côté et les tentatives de sauvetage des alters par le jeune prêtre O’Connor. Ce furent mes deux trames principales, d’autres s’y rattachent et viennent enrichir cette histoire de révolte contre un pouvoir central lointain oppressif mais ils étaient moins prenants et moins intéressants, peut-être moins incarnés également. J’ai l’impression pour l’instant dans cette saga d’être face à une multitude de noms dont je ne retiens malheureusement que quelques uns tant les autres semblent passer dans le décor de cette fresque.

Le rythme lui fut bon. L’auteur démarre sur les chapeaux de roue avec une énorme découverte d’entrée de jeu en lien avec la mythologie même de la série et ces fameuses arches qui ont parcouru l’espace autrefois pour voir l’humanité essaimer et constituer l’Empire qu’on connaît. J’ai été fascinée par les découvertes faites, qui touchent pile poil un des tropes de SF que j’adore : l’intelligence artificielle. Du coup, j’ai adoré les nouveaux personnages introduits et les possibilités offertes avec eux, surtout qu’ils sont plusieurs et qu’ils sont tous différents les uns des autres. Cela a bien relancé l’histoire. Ensuite, celle-ci s’est parfois un peu enlisée pour moi avec ce conflit entre rebelles, alters, pouvoir central. Il y avait plusieurs points et lieux de tension pas toujours bien soutenus dans la longueur, ce qui a donné des passages à vide lors de la lecture que l’auteur tentait de combler avec de la politique et surtout de la religion. Pas vraiment ma came.

Je reconnais cependant l’élaboration d’un univers riche et complexe où le poids de la religion fait tout. Cette nouvelle société a été bâtie là-dessus et il est dur de s’en défaire pour retrouver quelque chose de plus rationnel, ce qui est en train d’être fait par certains dans la douleur. C’est donc intéressant de ce point de vue de suivre les tensions et débats entre les différents groupes et de voir les changements s’opérer sous nos yeux, notamment dans la connaissance et la fréquentation des alters. Douglas O’Connor est un peu le chantre de ce changement dans l’oeuvre et comme il m’est sympathique, c’est plutôt bien tomber pour faire passer une pilule difficile à avaler sinon.

Il m’a cependant fallu me tourner plus sur les moments « à la Star Wars » pour prendre mon pied. J’ai adoré l’ambiance baroudeur x rebelle qui s’installe peu à peu dans l’oeuvre. Les scènes de combats sont hyper bien faites, on est vraiment plongés dedans, comme dans les chasseurs et autres bombardiers des films. On visualise très bien cela et les sensations sont là, décuplées en plus par la présence de sacrés pilotes et l’aide de certains alters et I.A. Ce sont vraiment les scènes que j’attendais et que j’ai adoré avoir, ça et les coulisses, les préparatifs, les discussions en amont et en aval. On sent qu’on est vraiment à leurs côtés dans cette guerre d’indépendance, de libération.

Malgré quelques difficultés pour suivre du fait du temps de latence entre ma lecture des tomes, j’ai pris un réel plaisir à retomber dans cet univers qui fait vibrer ma corde d’amatrice de space opera classiques. Avec ses intrigues politico-religieuses qui se densifient, j’ai parfois eu du mal, mais j’ai apprécié l’énergie de la Rébellion et j’ai aimé voir les alters s’organiser peu à peu, avec des aides nouvelles et parfois surprenantes. Un petit peu d’aide éditoriale n’aurait pas été de trop cependant : résumé avant de commencer, glossaire…

Tome 3 : Providence

J’ai vu certains lecteurs parler parfois de « SF pop corn » pour ces titres ultradivertissants dont on ne peut s’empêcher de tourner les pages même si le fond est un peu léger. Nous sommes en plein de temps, plus les tomes passent, avec Second Oekumène.

La révolution a été faite, l’Empire est tombé, mais est-ce la fin pour autant ? Loin de là, ce n’est que le début. Et avec ce tome où les personnages font des va-et-viens partout, récupèrent des alliés mais également des ennemis, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie et qu’il ne s’y passe rien. L’auteur nous gratifie au contraire d’une aventure pleine de rebondissements à un rythme soutenu sans pour autant être explosif avec une certaine constance et quelques brefs éclairs d’action bien sentis.

J’ai d’abord eu du mal à re-rentrer dans l’histoire et ses multiples personnages. Il manque vraiment un résumé des tomes précédents et un glossaire des personnages et lieux. Et encore, moi j’ai la chance de lire la saga alors qu’elle est terminée, je n’imagine pas pour ceux qui l’ont suivi en direct. C’est vraiment dommage parce que comme l’auteur nous plonge d’emblée en plein coeur de l’action sans rappel, ça fait perdre de cette immersion vive, que j’imagine il a voulu donner à son entame. La suite ne m’a pas non plus entièrement convaincue pendant longtemps. Le fait de passer d’un groupe de personnages à l’autre me perdait et ne me permettait pas de voir l’ampleur de ce qui était en jeu ou se préparait. Cela manquait à la fois de vie : ça parlait beaucoup mais je n’arrivais pas à visualiser leur vie, notamment à bord des vaisseaux, alors que c’était quelque chose que j’attendais. J’ai vraiment eu de longs moments où j’ai suivi le mouvement en aveugle.

Puis tout s’est décanté arrivé à mi-parcours quand vraiment Anya et son groupe ont pris la main sur les événements et ont été rejoint. Que ce soit la situation des alters, la nouvelle gouvernance à préparer, les alliances, le thème des arches, les systèmes planétaires dissidents ou la scission à Vatican, tout m’a alors passionnée. J’ai trouvé à nouveau en Anya et Einar des personnages très charismatiques. J’ai aimé voir ce qu’ils faisaient pour les alters. J’ai aussi été très intéressée par le système de gouvernance qui se mettait en place et les réflexions purement politique de rédaction de la nouvelle Constitution ou de choix des termes de cette nouvelle vie m’ont fascinée. C’était chouette de voir ce qu’il se passe après la Révolution, après que l’Empire soit tombé, dans un décor où tout n’est pas simple et où les dissensions persistent, notamment sur la question de l’humanité des alters.

L’auteur a vraiment su développer une galerie de concepts qu’on connaît bien en SF mais qui fascinent toujours. J’en veux pour preuve le personnage de Neo, I.A. rebelle et inaboutie, qui part en roue libre, mais qui est justement fascinant pour ça. Il offre un contrepoids fort intéressant aux autres I.A. qui se sont rangées derrière Anya et son groupe. Ils sont l’un des pans extrémistes de cette Révolution, tandis qu’on retrouve le Vatican et les systèmes d’Orbus et Sargasse à l’autre extrémité, ce qui promet un prochain tome des plus agités.

Ayant pris le temps pour se lancer et se mettre en place, ce tome du milieu fait une transition honnête entre le pendant et après Empire, un moment de césure complexe avec beaucoup de choses en germes représentées par plein de groupes et personnages pas toujours des plus évidents à suivre. Heureusement quand l’auteur simplifie et se recentre, cela devient de suite plus passionnant, plus percutant et on retrouve l’attachement aux destinés des héros mais aussi au peuple de cet Oekumène. Epopée interplanétaire pleine de promesse, elle se dévore comme un bon petit blockbuster. J’aurais peut-être aimé des développements plus minutieux de la vie à bord des vaisseaux, des affrontements interplanétaires ou de la vie politique de ces rebelles, mais peut-être aurais-je cela par la suite ? En tout cas, je ne crache pas sur le bon moment que j’ai passé.

Couverture Second Oekumène, tome 4 : Vatican

Tome 4 : Vatican

Depuis le début, je trouve Second Oekumène fort divertissant, fort bien écrit pour ce qui est de l’action et l’aventure, mais également un peu léger du côté de l’univers, ce nouveau volume le confirme avec un schéma à nouveau assez similaire des précédents.

A chaque tome, l’auteur se fait le plaisir de bâtir un scénario sur un branche principale mais de le parasiter ensuite, enfin selon moi, de petites branches annexes avec des intrigues moins développées mais qui prennent une place qui lui manque. Dans ce tome, c’est le cas de l’intrigue à Vatican où Douglas rencontre quelques difficultés, ce qui traîne et traîne en longueur, pendant qu’on nous conte par le menu la nouvelle vie de l’ancien héritier du trône (Alaïs) à l’Académie de pilote, qu’on nous présente une fille rebelle d’industriel ou que des batailles continuent à avoir lieu dans l’espace.

Je ne peux pas dire que ce soit mal écrit. On est en plein dans de la SF pop corn qui se dévore. D’ailleurs les scènes d’action et de bataille donnent l’impression d’y être et j’adore ces petits instants hyper immersifs. Le problème, pour moi du côté de la forme du récit, c’est que les chapitres sont bien trop courts pour réellement imprimer et plonger dans ce qui se passe, qu’on change sans cesse de point de vue entre eux, en plus. Du coup, j’ai le sentiment de papillonner d’un coin à l’autre de l’intrigue sans que celle-ci n’avance des masses. C’est simple, je pense que je pourrais résumer les avancements importants du tome en moins de 10 lignes, c’est dire !

Et pourtant, j’aime beaucoup suivre cet Empire qui s’est effondré et qui tente de trouver une nouvelle forme au milieu de tous les soubresauts qui ont lieu où chacun tente de tirer son épingle du jeu. Je trouve très intéressant la thématique transhumaniste autour des alter, avec cette ségrégation et ce violent racisme qu’ils subissent. Chaque personnage a son identité et on peut ainsi facilement trouver à qui s’attacher, même si après on ronge son frein à le retrouver entre les multiples chapitres sur les autres… On ne peut pas dire que ça ne bouge pas non plus, il y a de l’action, des rebondissements, des retournements, des batailles à gogo, mais c’est souvent des plus brefs. En résumé, c’est un très bon divertissement mais dont la base est un peu trop légère pour moi.

J’ai vraiment eu l’impression, en plus, dans ce tome que l’auteur jouait avec moi, le temps de me faire patienter avant le grand final. Laissant de côté pas mal de pans de l’intrigue principale pour en découvrir des nouveaux, certes enrichissants, comme avec cette fille d’industriel qui révèle l’exploitation folle de sa famille, mais qui n’apporte pas vraiment de l’eau à mon moulin. Il n’y a que la trame à Vatican, qui je trouve, se raccroche vraiment et est donc intéressante à suivre dans un schéma global, car les anciens membres n’ont pas lâché leur doctrine et préparent quelque chose.

Avec une écriture pleine de peps, John Crossford nous offre un divertissant avant-dernier tome mais un tome perturbant où on cherche un peu notre intrigue principale sous les nouveaux petits bonbons pétillants qu’il offre. J’ai trouvé ça très frustrant et c’est l’un des tomes qui m’a le moins plu, mais je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain et je reconnais que l’action est prenante et les thèmes toujours au rendez-vous. J’aurais juste voulu plus qu’un simple divertissement.

Couverture Second Oekumène, tome 5 : Taraël

Tome 5 : Taraël

C’est plutôt en demi-teinte que je termine ma lecture de cette vaste saga de SF où je me suis souvent sentie perdue, pas à cause de la complexité de son univers ou ses idées, mais à cause de la multitude de personnages et de lignes d’intrigues auxquelles je ne parvenais que rarement à me raccrocher et à trouver palpitantes. J’aurais vraiment voulu aimer mais j’ai fini par m’y ennuyer… V.V

J’ai pourtant tenté d’avoir un rythme de lecture plus soutenu que celui de la parution papier pour ne pas laisser trop de temps entre chaque tome, mais ça n’a pas suffit. L’absence de rappel de l’intrigue et d’un glossaire des personnages s’est lourdement fait sentir. D’habitude, je parviens quand même à raccrocher les wagons en cours de lecture, mais à part avec Anya, impossible ici d’y parvenir. C’est le signe que quelque chose ne fonctionnait pas entre moi et l’écriture de cette saga. Et je pense avoir compris : j’ai subi l’intrigue, je ne me suis pas attachée aux personnages et à leur devenir, du coup ils n’ont pas imprimé en moi et je ne m’y suis pas intéressée. CQFD !

Pour autant, c’est un cas très personnel, et je pense que d’autres amateurs de space opera trouveront leur bonheur dans ce dernier tome d’un cycle de révolution visant à remplacer un ancien ordre établi par un nouveau. Il y a un certain plaisir à voir les dernières cartes se jouer dans ce tome et à assister à la chute des derniers bastions tels que l’Eglise ou de riches financiers et entrepreneurs spatiaux. On est vraiment au coeur de l’action à suivre les plans des révolutionnaires qui ont pris la tête du peuple pour aller combattre ces derniers ennemis. On est tour à tour à côté des militaires dans leurs vaisseaux, sur les planètes avec des espions infiltrés ou avec les alters ces humains génétiquement différents, améliorés, à cause des radiations qu’ont mangé leurs ancêtres, sans oublier auprès des I.A. emmenées depuis l’ancienne Terre et réveillée dans ce futur qui tentent de rattraper et canaliser leur « chef » qui a mal tourner. Il y a donc de quoi s’occuper.

L’auteur tente d’avoir une plume immersive pour nous faire vivre au plus prêt ces multiples combats et zones de conflits. Il alterne régulièrement les points de vue pour susciter la curiosité et l’enthousiasme, et afin que chacun y trouve son compte. Hommes et femmes ont à parts également le devant de la scène. Cela se lit tout seul grâce à une présence importante de dialogues souvent bien tournés. Et on varie bien les tons et les ambitions. Ça parle ainsi aussi bien politique économique, politique religieuse, philosophie humaniste ou place de la technologie et des I.A. Il y a vraiment à boire et à manger ici, surtout que cela se concrétise joliment dans un dénouement qui est, pour moi, l’une des pièces maîtresses du tome.

Et même si, j’ai eu du mal pour ma part, et que je me suis pas mal ennuyée face au long réveil de tous ces antagonismes qui peinaient à monter à mon goût, m’attendant à quelque chose de plus explosif, j’ai quand même pris un très vif plaisir à suivre les lignes scénaristiques d’Anya et des Alters, ainsi que de Neo et des I.A. Ce furent vraiment les deux points forts, les deux thématiques qui m’ont passionnée, plus que les guéguerres de pouvoirs qui me rappelaient bien trop certaines dystopies, et les dystopies et moi, ça fait deux xD Non, les questions sur la ségrégation des humains génétiquement modifiés et des I.A, avec leur technologie avancée, je trouvais ça bien plus intéressant, y a pas à dire !

C’est un peu la chronique d’un rendez-vous raté que je vous fais ici. J’avais eu des attentes suite à un premier tome qui offrait des ambitions collant à mes envies d’aventure et de questions transhumanistes. Celles-ci n’ont pas été pleinement satisfaites car l’auteur a fait le choix d’un autre chemin dans lequel je ne me suis pas sentie à l’aise. Cependant, je reconnais que Second Oekumène est un divertissement honnête pour qui affectionne les space opera révolutionnaire aux relents dystopiques, et je serais ravie qu’il trouve son public pour permettre à l’auteur (Bertrand Passegué de son vrai nom) de revenir encore sur le devant de la scène avec un autre univers peut-être plus à mon goût ^^

 

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