Titre : Jim
Auteur : François Schuiten
Éditeur : Rue de Sèvres
Année de parution : 2023
Nombre de pages : 128
Résumé : Dessiner Jim pour faire le deuil, accepter de le laisser partir, et comprendre tout ce qui s’était joué entre nous.
Mon avis :
Jim est un objet et un projet des plus singuliers, c’est ce qui m’a attirée vers lui, car on a rarement de livre aussi personnel sur la relation entre un maître et son animal de compagnie en BD et que pour les amoureux de animaux comme moi, cela a un charme tout particulier.
Arrêtons-nous un instant sur l’objet livre. Un format atypique proche du A5, un belle couverture texturée très sobre avec un petit bandeau décrivant l’intention et à l’intérieur, sur papier épais, un ensemble de doubles pages en noir en blanc décrivant la relation entre François Schuiten et son chien disparu. Il n’en fallait pas plus pour que l’émotion nous guette.
L’auteur explique très sobrement qu’il s’agit avant tout, ici, d’un projet thérapeutique pour lui. Eh bien, je l’en remercie car il a su transcender cela pour nous offrir une oeuvre universelle. On y suit son cheminement dans le deuil de ce chien qui l’a accompagné sur de longue année, de la douloureuse sensation du manque, en passant par le souvenir omniprésent, l’absence terrible et enfin l’acceptation et la mémoire plus douce grâce aux hommages des amis. Ces étapes, nous pourrions les retrouver dans tous les deuils, alors les évoquer pour un chien permet de relativiser et prendre de la hauteur pour réaliser qu’on n’est pas seul face à ces émotions, peu importe à quel moment de notre vie.
Graphiquement et narrativement, j’ai beaucoup aimé la mise en scène de l’auteur. Je l’ai trouvée douce et pleine de poésie, une poésie mélancolique et douloureuse, mais parfois belle et curative. J’ai beaucoup les jeux d’ombres pour symboliser le manque et la présente absente de Jim. J’ai aimé la fusion qui s’opère entre le texte très simple et les dessins très sobres. Cette présence de l’ombre chinoise de Jim sur chaque double page dans une position différence donne la sensation de le voir bouger et donc de l’avoir encore vivant quand on fait défiler les pages en mode « flip book ».
Certaines pages m’ont bien sûr plus parlé que d’autres. C’est le cas par exemple lorsque Jim regarde par la fenêtre de la voiture avec un regard mélancolique qu’il ne devrait pas avoir, ou quand son maître caresse son canapé avant de réaliser qu’il n’y ait plus. C’est également le cas quand il fait le lien entre le nom de la race de Jim (Flat-coated retriever) et les larmes qu’il verse actuellement, mais aussi quand il se rappelle sa présence à ses pieds quand il travaillait, ou ces nombreuses pages marquant son absence, physiquement avec un bout de lui en moins, une absence dans le lit. Cette alternance entre souvenir et absence m’a souvent bouleversée.
Je m’imagine pas combien cet exercice a pu être complexe pour l’auteur et la force qu’il faut pour surmonter ce moment si intime et pudique. Mais je le remercie d’avoir dépassé cela pour nous offrir une oeuvre pleine d’émotion qui nous va droit au coeur. Je suis plus une femme à chats qu’à chiens et pourtant j’ai partagé ses sentiments dans cette poétique interprétation mélancolique de son deuil en cours que j’ai également vécu avec mes animaux et vis encore quand des souvenirs me reviennent. Bravo pour avoir osé publier un tel OLNI.
(Merci Rue de Sèvres pour toutes ces émotions)
> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Vous ?
Oh que c’est beau ! Et bouleversant ! Je le note. Merci pour la découverte.
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De rien, comme d’habitude Rue de Sèvres fait très bien les choses et oui c’est une belle et bouleversante expérience 💔
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Je l’avais vu passer sur twitter, et je me suis dit que c’était un ouvrage fait pour moi, et tu le confirmes.
À voir maintenant si je le prends pour le travail ou juste pour moi…
Je sens que ça va me faire chialer ça, déjà que dès que je pense au fait que Gary mourra un jour, j’ai les larmes aux yeux (encore que la mortalité de mon chien reste à prouver, car le bougre semble vouloir mettre à l’épreuve sa santé en mangeant absolument toutes les saloperies qu’il trouve, et rien n’a jamais eu le moindre effet sur lui, fort heureusement ^^’)
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Je mise sur l’achat perso car l’objet le mérite mais oui prépare les mouchoirs. Je ne suis pas une femme à chiens et pourtant l’émotion m’a saisie alors je n’imagine pas pour toi !
Lol ce Gary est incroyable, il a sûrement un estomac bionique ! Espérons que ça lui porte chance ^^
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Il a l’air très beau cet album, merci pour cette découverte.
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C’est un plaisir car vraiment quelle émotion en le lisant 🙂
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Ouah! Voilà une chronique passionnée qui donne envie! J’aime ce que fait cet auteur et la proposition de BD à l’air touchante!
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Merci ! J’ai essayé de rendre compte de ce que j’avais ressenti lors de cette très belle lecture, alors si j’y suis parvenue tant mieux !
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Et oui c’est réussi, bravo!
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Il a l’air vraiment émouvant, merci beaucoup pour la découverte !
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Avec grand plaisir, même sans être fan de chiens, j’ai été touchée alors !
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