Livres - Beaux-Livres / Arts·Livres - Fantasy / Fantastique

Histoires de femmes samurai de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe

Titre : Histoires de femmes samurai

Auteurs : Sébastien Perez et Benjamin Lacombe

Éditeur : Oxymore (Métamorphose)

Année de parution : 2023

Nombre de pages : 184

Histoire : Certains sujets hantent toute une vie, c’est le cas pour Benjamin Lacombe et ces « Histoires de femmes samurai » . Tomoe Gozen, la plus célèbre d’entre elles, appartient à une lignée de femmes qui se sont battues, à travers les siècles, pour l’égalité dans une société japonaise masculine très conservatrice.
Leurs histoires n’ayant jamais été contées, Benjamin Lacombe et Sébastien Perez ont décidé de les coécrire à partir d’un immense travail de recherche et de documentation. Fascinantes et émouvantes, les voix de ces femmes héroïques sont mises en lumière par le biais de sublimes illustrations et peintures réalisées à la gouache et à l’huile.

Mon avis :  

Si vous êtes ici, c’est que vous connaissez mon amour pour le Japon et les beaux livres. Avec ce nouvel opus de la collection Métamorphose, Sébastien Perez et Benjamin Lacombe répondent à deux de mes amours, y ajoutant en plus une dimension poétique et féministe poignante.

J’attends régulièrement les nouvelles parutions de ces deux auteurs et artistes de talent, notamment dans cette collection car je sais combien celle-ci est belle et qualitative. L’un ou l’autre ou les deux ont déjà commis dans celle-ci l’adaptation illustrée des Contes Macabres de Poe, d’Alice au pays des merveilles et sa suite de Lewis Carroll, de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, de Carmen de Rossini ou encore des Histoires de fantômes japonais. C’est dire ! Ce sont tous de très beaux objets à dos toilé, pages sur papier glacé, grandes marges, signet et superbes illustrations bien sûr. Impossible pour l’amoureuse de beaux livres que je suis d’y résister.

En plus, dans celui-ci, les auteurs se targuent de nous présenter, comme c’est désormais courant, des figures de l’Histoire oubliées, des femmes qui auraient aimé pouvoir être elles aussi des samouraï comme leurs pères, frères, compagnons. C’est un argument qui me touche forcément, d’autant plus quand le talent et la plume des deux auteurs se mélangent et s’associent ici. Les dessins de Benjamin Lacombe s’allient à merveille au drame des histoires contées par Sébastien Perez, pour offrir un superbe objet où le métal des lames vient se mélangent à celui des larmes et du sang versé. Ainsi les dessins de Benjamin Lacombe se dotent-ils littéralement de cet aspect métallisé grâce à l’encre et aux effets employés par l’auteur, ce qui est superbe !

Ces histoires, souvent dramatiques, sont ainsi accompagnées d’une magnifique mise en page, qui va des premières pages métallisées, aux pages de garde de chaque histoire remplies de petits détails signifiants et japonisant, en passant par l’encre choisie par le texte ou les pleines pages et doubles pages d’illustration venant valoriser et mettre celles-ci en relief, sans parler de celles qui truffent le texte juste en couleurs métallisées, souvent le rouge, le noir et l’argent, pour mieux souligner ce que cela raconte. L’expérience est puissante.

Après un avant-propos introductif, présentant les intentions, la démarche des auteurs est cependant un peu moins claire. Ils mélangent sans qu’on sache réellement ce qui est véridique ou fictif les histoires de huit femmes combattantes et non samouraï comme c’est un peu mentionné de manière racoleuse en couverture. Les récits sont beaux car âpres et douloureux souvent, se déroulant dans des périodes et moments agités, avec des femmes de caractère qui ne se laissent pas faire au sein de cette société patriarcale très restrictive. On apprécie de les voir se lever, prendre les armes, lutter contre les diktats masculin, tracer leur chemin ou simplement prendre leur revanche. Mais il y a aussi une pointe de déception pour ma part car il n’y a aucune bibliographie historique pour étayer leurs propos. Il y a aussi un amalgame entre femme qui combat et figure du samouraï. Il y a aussi, je pense, la projection de leur vision à eux, hommes européens du XXIe siècle, sur ce qu’aurait ambitionné ces femmes et je ne suis pas sûre que cela aurait été le cas, du moins sous les termes qu’on leur prête ici. Oui, des figures de femmes voulant combattre l’ordre établi, participer aux chamboulements historiques, voulant se venger ou se défendre, clairement ça existe, mais voulant pour autant être des samouraï, ça reste grandement à nuancer, je crois.

Les histoires restent belles et poignantes à lire grâce à de beaux portraits de femmes richement illustrés et portés par des ambiances sombres et dramatiques, dignes des contes d’autrefois qu’on nous raconterait. Les histoires évoquent plusieurs époques différentes à travers l’Histoire japonaise et font écho à certaines grandes batailles. Ce sont des femmes de lieux et origines différentes, avec des histoires différentes, de la femme de seigneurs, en passant par la prêtresse, la geisha ou le fantôme. Les longueurs aussi sont différentes et les intentions qu’on leur prête. Ça reste donc une bien jolie lecture fantastique.

Ainsi si le lecteur souhaite lire de belles histoires de femmes ayant envie de prendre les armes dans un décor japonais fantasmé, enjolivé par une belle ambiance dramatiques et des dessins à l’aune de cela, dont la métallité vient refléter la dureté de leur conviction, il sera comblé ici. Si le lecteur cherche une lecture un peu plus historique et sourcée sur un phénomène qu’il a cru acté et présenté ici, il sera peut-être déçu car on est clairement sur de l’histoire fiction et fantasme. Alors oui, c’est beau, oui c’est dramatique, oui ça serre le coeur, mais c’est très incomplet et survolé également…

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vous ?

Ce diaporama nécessite JavaScript.

18 commentaires sur “Histoires de femmes samurai de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe

  1. Il faut vraiment que je le sorte de ma pal. J’aime beaucoup ton avis qui permet de cerner les beaux atouts de ce livre mais également ses limites notamment au niveau historique et des intentions de ces femmes refusant de se plier aux diktats de la société.

    Aimé par 1 personne

  2. Le bémol que tu soulignes ne me surprend pas vraiment, ça me semble assez fréquent lorsque des hommes traitent de ce genre de sujet, le fantasme n’est jamais loin…
    Je reste tentée par cette lecture à cause des illustrations, mais certains points pourraient m’agacer…

    Aimé par 1 personne

    1. C’est surtout des non spécialistes qui s’attaquent à quelque chose de pointu, avec peu de sources et dans une autre langue, le tout sur un pays qui les fascine, alors forcément ^^!
      Mais les illustrations attirent forcément chez lui, on est d’accord 😉

      Aimé par 1 personne

  3. C’est vrai que ces deux artistes offrent de très beaux livres, ils sont sublimes ! Dommage pour le côté historique qui finalement n’a pas tellement de valeur ici mais si on reste sur l’idée d’une œuvre de fiction, l’ensemble a l’air encore une fois vraiment beau à parcourir !

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire