Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Comme une famille de Kai Asou

Titre : Comme une famille

Auteur : Kai Asou

Traduction : Marina Bonzi

Éditeur vf : Shiba Edition

Année de parution vf : Depuis 2024

Nombre de tomes vf : 3 (en cours)

Histoire : Du jour au lendemain, Kinaho voit entrer dans sa vie routinière, Haruhi et Tôma,
les neveux d’Akito, son petit ami. Suite à un tragique accident de voiture, les deux jeunes garçons se retrouvent orphelins et sous la tutelle d’Akito. Ensemble, Kinaho et Akito vont découvrir les joies et difficultés d’une vie de famille.

Mon avis :

 Tome 1

Je connaissais les éditions Shiba pour leurs titres légers et divertissants, quelle bonne surprise de découvrir cette année à leur catalogue un titre plus intime et touchant, ancré dans notre société et abordant le douloureux sujet des enfants perdant leurs parents.

Plutôt connue en France pour ses Boys Love, Amour sincère et Romantic Roommate, Kai Asou a créé la surprise avec ce josei plein de finesse et de pudeur sur le thème d’un jeune couple assez libre de trentenaires qui va accueillir chez lui un adolescent et un enfant de 5 ans venant de perdre leurs parents, les obligeant à composer une nouvelle famille au débotté.

J’ai toujours aimé les histoires de famille et j’avoue que celle-ci a pourtant réussi à me surprendre une nouvelle fois et à m’émouvoir. Kai Asou ne choisit pas la solution de facilité. Elle nous présente d’abord un couple pas comme les autres au Japon, pas mariés, ne vivant pas ensemble, avec la femme qui a un emploi en freelance : elle est écrivaine. C’est assez atypique. Ils sont chacun indépendants et n’ont pas le profil pour accueillir des enfants. Pourtant quand un décès survient dans la famille d’Akito, cela devient comme une évidence et ils vont tout faire pour offrir un foyer à leur mesure aux neveux de celui-ci qui viennent de se retrouver orphelins.

J’ai beaucoup aimé ce côté un peu atypique et donc moderne, avec une femme qui n’est pas le modèle de la parfaite petite japonaise femme au foyer, avec ce compagnon maladroit mais qui fait des efforts pour changer et devenir plus responsable. J’y ai vu le parfait exemple de bien des couples avant et après que les enfants soient arrivés. D’ailleurs l’autrice n’hésite pas à parler de la charge que c’est d’avoir un enfant. Elle montre que ça n’a rien de tout rose, que ça nécessite des sacrifices et que parfois cela pèse. J’ai aimé cette honnêteté et cette sincérité.

Après pour accrocher le lecteur, l’autrice a également très bien joué la carte du kawai. Nous sommes sur un duo de frères des plus adorables qu’on va apprendre à découvrir ici. Le plus jeune, Toma est comme un petit chaton dont on a envie de prendre soin. Il est ultra cute et tout gentil, cherchant toujours à aider malgré son jeune âge. Son grand frère Haruhi est du genre responsable, il prend tout sur ses épaules et ne montre jamais rien, aidant son frère et ses nouveaux « parents ». Ce sont deux petits très gentils dont on a envie de prendre soin.

Mais ce premier tome montre aussi que ce n’est pas tout rose. L’autrice ne cherche pas à en faire des caisses, elle y va même assez subtilement, mais elle montre la brutalité que c’est de perdre ainsi ses parents et d’être déracinés. Elle montre que derrière leur masque de gentillesse se cachent bien des fragilités qui ne demandent qu’à apparaître chez ces garçons bien courageux. Toma a peur quand on arrive en retard pour venir le chercher à l’école, ça lui rappelle la mort de ses parents. Haruhi prend trop sur lui et ne vit pas assez sa vie d’ado, de lycéen. Nulle doute que l’autrice travaillera là-dessus dans les prochains tomes, 5 à ce jour au Japon d’ailleurs.

Pour le moment, c’est le tome de la rencontre, de l’installation, de la prise de marques. On découvre avec eux ce nouveau quotidien : les difficultés pour Kinaho de poursuivre sa routine et son métier comme avant, l’apprentissage du rôle de parents, les formalités, les nouvelles rencontres et obligations. On voit aussi Kinaho découvrir les groupes de mamans, en positif comme négatif, celle-ci ne se laissant pas marcher sur les pieds. Ça me rappelle ce qu’on pu vivre des amies. Après, l’autrice centre quand même pas mal son propos sur Kinaho, j’espère qu’elle élargira ensuite sur Akito, car à part le voir s’occuper de quelques repart, il brille par son absence et Kinaho fait presque tout, ce qui n’est pas normal !

Charmante et poignante histoire d’une rencontre forcée par le destin, j’ai aimé voir cette nouvelle famille de circonstance prendre ses marques avec fébrilité mais bienveillance après un décès tragique. Oscillant entre image moderne et un peu traditionnelle de la famille japonaise, Comme une famille a le potentiel pour devenir une série doudou où j’apprécierai de voir chacun trouver ses marques entre petits garçons adorables mais marqués et adultes au travail pour les aider. J’ai été touchée.

Tome 2

Le premier tome m’avait déjà cueillie, cette suite toute de douceur et de bienveillance mais réaliste achève de me convaincre que j’ai ici la série familiale doudou que j’attendais.

J’ai encore une fois beaucoup aimé suivre le quotidien de cette famille recomposée qui prend ses marques et apprend à se connaître, se définir. Cela se fait à coup de maladie, de petits repas, de moments de rush, de journée portes ouvertes à l’hôpital ou de rencontre d’enfant dans le besoin. C’est à chaque fois doux mais humain et puissant, plein de bienveillance et sans aucun jugement. J’aime beaucoup la modernité du titre.

Le seul petit défaut encore une fois est peut-être que ces enfants sont limites trop parfaits, qu’ils ne se plaignent pas et semblent limite s’adapter trop vite et facilement. Heureusement, il faut que le petit dernier tombe malade pour le voir faire un mini, micro caprice, parce que sa mère lui manque et qu’il a l’impression de l’oublier. Mais c’est tellement touchant, que c’est au final une très belle semaine pleine d’émotion, avec un joli questionnement sur la notion de deuil.

Au-delà de ça, j’apprécie aussi dans ce titre d’en apprendre plus sur la famille japonaise. Je découvre ainsi que lors d’un deuil il y a certains interdits culturels suite au poids du regard de la famille. Je prends aussi plaisir à voir la relation entre les parents et l’école de leurs enfants, ici à travers une journée spéciale « mochi », mais également lorsque des parents amènent leurs enfants malades à l’école. La critique sociétale n’est jamais bien loin et la petite qui vole le devant de la scène dans les dernières pages en est le prochain porte-échanson. Je sens que je vais aimer. Enfin, il commence à y avoir de petits progrès appréciable chez Akito qui met bien plus la main à la pâte. Ça fait du bien de voir un homme prendre peu à peu ses responsabilités et les moments partagés avec les garçons sont mignons tout plein !

Charmante saga familiale actuelle, Comme une famille continue de me surprendre positivement par la qualité des échanges de ces personnages que le destin a réuni malgré eux. C’est tendre, touchant, concret avec des situations de la vie réelles rendu encore plus émouvante et mignonne sous le pinceau de l’autrice. C’est un réel plaisir de passer ces moments de joie et de tristesse parfois à leurs côtés. Les voir prendre leur marque est très joli et réussi.

Tome 3

Encore et toujours avec douceur et bienveillance Asou Kai nous compte les difficultés à être parents, à vivre en famille, et ce sans jugement, juste avec conseil et franchise. On aime !

Elle nous avait laissé en proie à une sacrée difficulté suite à la découverte de la maltraitance de Rina par sa mère qui la négligeait totalement. Comment aborder un sujet aussi délicat et complexe ? Beaucoup l’auraient fait frontalement, pas Asou Kai, qui y va avec beaucoup de précaution et de sensibilité, ce qui m’a plu et touché. J’ai aimé qu’elle ne prennent pas le front la mère de Rina pour lui faire mille et une reproche mais qu’elle joue la carte du conseil et de la bienveillance pour faire évoluer cette femme et réaliser ses carences pour ensuite aider et aimer sa fille qui l’adore. C’était parfait.

L’autrice nous a vraiment offert comme elle l’avait fait précédemment déjà, un récit très humain où la tante de Toma et Haruhi a les bons réflexes : prendre avant tout soin de la petite et ne pas rompre le lien. On est souvent tenté par le tout répressif mais le dialogue et la rééducation sont souvent bien mieux. C’est un vrai et beau message d’espoir que cela envoie ici même si ce n’est pas facile et l’autrice prend vraiment le temps pour le faire, nous offrant des scènes douces et poignantes avec une petite Rina qui ressemble à un oisillon tombé du nuit.

Le seul défaut de ce développement, c’est qu’on aurait tendance à oublier le propos premier de la série : le deuil de Toma et Haruhi et leur nouvelle vie avec leur oncle et tante. Je trouve vraiment dommage qu’on ne s’y intéresse pas plus et qu’on ne nous montre pas les difficultés des garçons à faire leur deuil parce que c’est important ici et qu’on a l’impression que ça passe comme une lettre à la poste. Ce n’est pas très crédible selon moi, ça manque de réalisme. Heureusement les dernières pages nous laissent penser que nous allons y revenir et ce même si je trouve la façon de faire, en utilisant un pseudo mystère, assez maladroite, au moins cela a le mérite de remettre, je l’espère, la série sur les rails.

Émouvante saga familiale qui confirme son talent à traiter de sujet pas évident, Comme une famille s’élargit et ne traite pas que de nos héros en deuil. C’est sa force et sa faiblesse. Elle traite ici merveilleusement de la maltraitance, avec humanité, douceur et bienveillance. Mais elle oublie un peu trop aussi la douleur qu’ils vivent et qui semblent déjà oubliée. Je ne veux pas y croire. J’espère donc que ces jeunes garçons vont se réveiller de leur torpeur et nous offrir le drame humain logique qu’on attend.

4 commentaires sur “Comme une famille de Kai Asou

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