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Pino, l’I.A. émotionnelle de Takashi Murakami

Titre : Pino, l’I.A. émotionnelle

Auteur : Takashi Murakami

Traduction : Victoria Okada

Éditeur vf : Pika (Graphic)

Années de parution vf :  2024

Nombre de pages vf : 324

RésuméPino est le nom générique du robot humanoïde produit en masse, équipé de l’I.A. « Pino », la première intelligence artificielle au monde à atteindre la singularité technologique. Pino est donc le pionnier des robots réellement pensants, autonomes et dotés d’une intelligence qui dépasse très largement le niveau des êtres humains. Hana travaille dans une entreprise pharmaceutique. Elle collabore à distance avec un Pino qui œuvre dans un laboratoire situé à des centaines de kilomètres. Le petit robot est en charge du bon traitement des animaux utilisés pour tester les nouveaux médicaments de la firme. Seulement, le jour où il apprend que son laboratoire doit être fermé, un changement drastique va s’opérer chez Pino…

Mon avis :

Tout juste découvert cette année, Takashi Murakawa se hisse avec une facilité déconcertante au rang de ces auteurs sociétaux qui savent utiliser la philosophie avec émotion et poésie pour mieux remuer mon petit coeur et le marquer durablement.

J’avais déjà adoré son Chien gardien d’étoiles, découvert au début de l’année grâce à la nouvelle édition de Pika. J’appréhendais cependant un peu de le retrouver dans une nouvelle histoire qui me semblait de trop similaire avec un concept identique déplacé sur les terres de la science-fiction. J’avais bien tort car Pino a su tout autant m’émouvoir en touchant encore d’autres cordes sensibles en moi et avec un héros robot, ce n’était pourtant pas gagné. Chapeau !

Sur le modèle du Chien gardien d’étoiles, Takashi Murakami propose une nouvelle histoire sensible mettant en scène des êtres proches de l’homme. Après le chien, place au robot mais pas n’importe lequel : Pino, une unité à qui on a conféré une intelligence artificielle dans un corps d’enfant pour réaliser toutes sortes de tâches. Et ce petit robot qui semble totalement banal, qu’on nous présente comme réalisant un peu des tâches lambda, on découvre finalement la place qu’il a su gagner dans le coeur des hommes et femmes qu’il aide, ce qui a un effet tout aussi ravageur que le chien du précédent opus de l’auteur.

J’ai beaucoup aimé la narration terriblement simple et efficace de l’auteur qui nous permet d’entrer progressivement dans l’univers fort classique, inspiré de la SF, qu’il a imaginé, dans lequel on se glisse comme en terrain connu. On y fait la connaissance du premier Pino, via la scientifique qui s’occupe de lui à distance, puis de fil en aiguille, on découvre qui sont ces unités Pino, ce qu’ils font un peu partout dans le monde auprès de certaines personnes qu’on prend en exemple, et ce qu’il va advenir d’eux suite à un « dysfonctionnement ».

L’auteur joue encore une fois magnifiquement sur nos émotions. En donnant l’allure d’un robot-enfant à son héros il avait déjà fait une part du chemin mais en lui confiant en plus des tâches et un rôle souvent émouvant, il a parachevé cela. Ainsi découvre-t-on un Pino qui remplace l’enfant perdu d’une femme qui n’a plus toute sa tête, un Pino démineur dans un pays pauvre, un Pino prof particulier, un Pino jardinier ou encore un Pino chargé d’expérience sur les animaux mais qui va apprendre à les aimer. Et c’est bien là que l’auteur est malin. Nous présentant d’abord son robot comme un robot lambda qui fait ce qu’on lui dit, on découvre avec la première unité qu’on suit puis avec le Pino – garde malade, que ceux-ci peuvent être différent de ce qu’on attend d’eux et à partir de là une toute autre histoire s’écrit.

Celle-ci s’inscrit dans une belle tradition de textes de SF où on cherche à réfléchir sur la part d’humanité qu’on pourrait transmettre aux robots à travers des émotions qu’ils développeraient. C’est un sujet fort classique mais quand il est bien traité, il fait mouche à chaque fois. C’est le cas ici car l’auteur y va progressivement et introduit de belles réflexions philosophiques sur l’éternité des robots et la brièveté de la vie des humains pour expliquer la présence ou non de ces sentiments. C’est beau.

J’ai été étrangement très touchée par les histoires de ces Pino. Le premier m’a pris à la gorge avec son rapport aux animaux que pourtant son programme l’oblige à maltraiter pour faire des expériences sur eux. Si vous êtes sensible à la question du bien être animal : attention, des scènes pourraient vous choquer. Mais c’est pleinement le deuxième Pino, Pino-Satoru, qui m’a conquise. Il m’a ému et serré le coeur de par sa relation avec cette maman qui a perdu son fils qu’il fait semblant d’être. Il va développer quelque chose d’unique avec elle et moi, ce côté « aide à la personne » me parle énormément et me touche profondément. Le final le concernant est juste parfait avec une très belle montée en émotion tout du long. J’ai été conquise !

Je n’allais pas hyper confiante vers cette variation sur le même thème que le grand succès de l’auteur. Je ressort totalement conquise et émue par ce que j’ai lu. J’ai aimé la façon dont il s’est réapproprié un classique de la SF : la question des émotions et des I.A. C’était beau, c’était pur, c’était puissant. C’est une fort belle façon de manier la philosophie et de nous faire réfléchir sur nos relations aux autres et ce qu’on souhaite déléguer pour ne pas s’en occuper.

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7 commentaires sur “Pino, l’I.A. émotionnelle de Takashi Murakami

  1. Très tentée et c’est un euphémisme ! La question des IA m’intéresse beaucoup notamment pour les questions philosophiques qu’elle suscite. Et je t’avoue que j’ai une légère tendance à m’attacher émotionnellement aux héros robots, a fortiori quand ils arrivent à prendre une telle place dans le coeur des gens.

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