Livres - Fantasy / Fantastique

 Serviteur des Enfers  d’Aliette de Bodard

Titre : Serviteur des Enfers

Auteur : Aliette de Bodard

Traduction : Laurent Philibert-Caillat

Éditeur vf : Mnémos

Années de parution vf : 2024 (2011 1e édition chez feu Eclipse)

Nombre de pages  : 389

Histoire : Au cœur de la majestueuse Tenochtitlan, capitale de l’empire aztèque, Acatl est un grand prêtre des morts respecté. Son rôle est de s’assurer que les défunts reçoivent les bons rituels et que les rites de passage soient observés pour pénétrer dans le monde des esprits. Mais lorsqu’une ambitieuse prêtresse est retrouvée morte, Acatl va devoir trouver le coupable, pendant que les hauts dignitaires préparent la succession de l’empereur mourant. Au fil de son enquête, Acatl découvre un complot bien plus vaste que la simple mort d’une prêtresse, susceptible de menacer l’avenir de l’empire tout entier.

Mon avis :  

Encensée, je me le rappelle en 2017 sur le site de référence Elbakin, à l’occasion de la sortie de son premier roman chez nous : La chute de la maison aux flèches d’argent, je me rappelle avoir eu très envie de découvrir la plume de l’autrice mais le roman alors ne s’y prêtait pas. Avec Serviteur des enfers, une fantasy au sein de l’empire aztèque, on est bien plus dans quelque chose qui avait tout pour me séduire.

Je remercie donc les filles de Book en Stock qui m’ont permis de gagner ce roman lors de leur Grand prix de l’imaginaire. Grâce à elles, j’ai enfin pu découvrir une autrice française qui se plaît à écrire dans la langue anglaise afin d’être lue par le maximum de gens dans le monde, et qui malheureusement est un peu boudée chez nous alors qu’elle a obtenu de nombreux prix dans la sphère anglo-saxonne. Il serait temps de réparer cela !

Serviteur des enfers est le premier texte de ses Chroniques aztèques. Paru en 2010 en vo, il est également le premier texte de l’autrice et elle a récidivé en 2011 avec deux autres romans dans le même univers : Hartbinger of the Storm et Master of the House of Darts, puis avec quelques nouvelles en 2014. Il s’agit donc d’un univers riche et conséquent si Mnémos qui en a repris la parution chez nous décide de le mener à son terme. Je croise les doigts !

Assez novice dans les univers amérindiens, j’ai été plus que ravie de cette plongée dans une fantasy marquée par la mythologie de ces contrées. Après les romans d’Emmanuel Chastellière, d’ailleurs traducteur de son autre texte chez nous, L’Empire du Léopard et La piste des cendres, je me rends compte que j’aime beaucoup aller sous ces latitudes qui m’offrent vraiment des aventures dépaysantes. Ici, il est question d’une fantasy policière en plus. Nous suivons le prêtre Acalt, grand prêtre des morts, qui doit mener l’enquête sur la mort d’une prêtresse pressentie pour une place bien plus élevée. En partant sur les traces des mystères de sa mort, il n’imaginait pas, et nous non plus, ce qu’il allait trouver.

Écrit de manière très simple et entraînante, cette enquête mélange allègrement magie, mythologie, politique et histoires de famille, une association qui me plaît beaucoup et qui a rendu cette lecture addictive, malgré un rythme peut-être un peu « en-dedans » où j’ai trouvé le final bien trop rapide et précipité après le rythme langoureux qu’avait pris l’enquête. Portée par un héros qui en impose, cette dernière fut très plaisante à suivre car elle m’a permis de plonger dans le quotidien de la cité de Tenochtitlan au Mexique, capitale de l’empire aztèque, que je connaissais fort mal. Grâce à de riches descriptions, mais également quelques recherches personnelles à côté, ce fut passionnant de me glisser dans cette époque reculée, notre XVe siècle, mais de l’autre côté de l’Atlantique. J’ai aimé en apprendre plus sur leurs croyances, leurs coutumes ou juste leur façon de vivre et de mourir. C’était vraiment immersif et ce riche décor fut le gros plus de ma lecture.

J’ai en effet un peu plus de réserves en ce qui concerne l’intrigue. Nous nous retrouvons avec une classique enquête, dans la mode de ce qu’on a actuellement dans les mangas avec Les carnets de l’apothicaire ou Le palais des assassins, où l’on suit une personne introduite dans les hautes sphères tandis qu’elle cherche à percer les mystères de la mort d’une courtisane. Il y a les mêmes mécanismes que l’on voit partout à coup de secret de polichinelle, d’amours contrariés, de progénitures secrètes et tout et tout. En prime, je ne sais pas si c’est moi, mais j’ai vraiment eu le sentiment d’une forme d’anachronisme dans l’esprit de cette enquête et la caractérisation trop moderne pour moi de notre cher enquêteur. J’ai eu tout au long de ma lecture un sentiment de décalage, comme si ça ne faisait pas « assez historique », mais sans pouvoir exactement mettre le doigt dessus. Cela m’a empêchée de pleinement adhérer.

Pourtant, il y avait de quoi accrocher. Une fois qu’Acatl se met en chasse, tout est passé au peigne fin, et l’autrice nous balade d’un suspect à l’autre, d’un témoin et d’un indice à l’autre, le tout dans une atmosphère de secrets et de complots qui pèse. Il y a aussi des créatures invisibles qui s’attaquent aux habitants de la capitale, menaçant tout le monde sans qu’on puisse rien faire, la peur nous guette. L’enquête est joliment entremêlée avec la mythologie et les croyances aztèques ainsi que les pratiques cultuelles et politiques d’alors. C’est classique mais fort bien fait, rendant la lecture prenante et enrichissante, avec une touche de drame toujours appréciable. Cela a beau être une saga en plus, ce tome peu se suffire en lui-même du point de vue de l’enquête, ce qui est un autre atout. Non, ce fut vraiment une bonne et divertissante lecture.

Pour ma seconde incursion dans un univers sud-américain, j’ai vraiment apprécié de suivre une enquête magico-mythologique remplies de drames familiaux avec un détective qui en impose. J’ai beaucoup me retrouver dans l’Empire aztèque du XVe siècle à chercher qui avait tué cette courtisane et surtout qui était derrière ces étranges créatures menaçant toute la ville. L’aventure fut prenante, sourde et entêtante, frissonnante aussi mais avec des mécanismes désormais bien connus et une touche d’anachronisme dans l’attitude du héros et dans l’écriture de l’enquête, qui m’ont empêchée de pleinement succomber. C’est un bon premier roman mais j’espère que les prochains tomes s’ils arrivent jusqu’à nous iront plus loin en matière d’écriture.

(Merci à Book en stock de m’avoir enfin permis de découvrir cette autrice !)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Dup, Cannibal Lecteur, Blackwolf, l’Ours inculte, Vous ?

 

21 commentaires sur “ Serviteur des Enfers  d’Aliette de Bodard

    1. C’est vrai que ça surprend car c’est rare d’avoir ce type de scénario pourtant c’est chouette les enquêtes
      On est ici sur de la divination, réincarnation, magie en lien avec la nature, comme le suggère la mythologie aztèque.

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  1. J’ai entendu parler de cette autrice pour d’autres de ses romans et j’avais renoncé à la lire faute de les trouver facilement en occasion. Peut-être que cette parution va me permettre d’enfin tester sa plume 🙂 Entre le contexte original et cette jolie couverture, ça donne envie en tout cas!

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    1. En cherchant sur LA, je découvre que c’est en fait un des romans que j’avais repérés, mais avec un nouveau titre. Du coup, yapluka!

      Mais c’est un tome 1? Il y a une vrai fin?

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      1. Oui, je vois ça aussi comme un bon signe.

        Merci de confirmer que je n’ai pas besoin de m’inquiéter d’une éventuelle suite 😉 Je l’ai noté dans ma WL, on verra si/quand je mettrai la main sur un exemplaire.

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  2. J’aime beaucoup ce type d’univers pour ma part! C’est le côté enquête policière qui m’avait refroidie, mais finalement le type d’enquête que tu décris me tente bien (tout comme les mécanismes connus pour le coup parce que je n’en ai pas lu tant que ça pour ma part XD)

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