La Régulation de Gaëlle Perrin-Guillet

Titre : La Régulation

Auteur : Gaëlle Perrin-Guillet

Éditeur : Outrefleuve

Années de parution : 2024

Nombre de pages  : 224

Histoire : Il n’en restera qu’un.

2300, quelque part dans le monde. Une enclave entourée de murs abrite les survivants d’un cataclysme. Coupés de tout, ils vivent en autarcie dans une société gérée par les DIX, de mystérieux dirigeants que personne ne voit en dehors des écrans tapissant les murs de la ville.

Dès que la surpopulation menace la cité, les DIX annoncent la Régulation : huit régulateurs reçoivent une liste de quatre noms. Quatre personnes à abattre sans se faire tuer à son tour. Car devenir régulateur, c’est savoir que son nom s’est affiché sur la liste d’un adversaire. Une seule règle : tuer ou être tué. Lorsque le jour de la Régulation arrive, la population sait que la chasse a débuté. Et la peur s’installe.

Mon avis :  

Je remercie tout d’abord Outrefleuve d’avoir pensé à moi pour ce texte d’anticipation glaçant et ce bel objet livre à la couverture sobre et très parlante, qui se veut dans la lignée des textes orwelliens vers lesquels j’aimerais revenir. Cependant autant les concepts l’ont très bien fait avec moi, autant je suis restée sur ma faim du côté des développements…

C’était le premier texte de Gaëlle Perrin-Guillet que je lisais et j’ai trouvé sa plume simple et facile à suivre, parfois brutale mais sans jamais en faire trop. Elle a su conjuguer une double inspiration avec ce qui se passait autrefois dans les camps nazi et cette SF engagée qui dénonce des travers sociétaux. C’est juste la mise en forme qui est à revoir, car pour moi le texte était bien trop court et aurait mérité bien plus de développements.

Le démarrage de l’histoire in média res avec l’annonce d’une Régulation, événement ne s’étant pas produit depuis longtemps, fut percutant. J’ai adoré en découvrir les tours cruels et y assister comme si j’y étais dans ce monde futuriste surveillé par des drones et ceux qu’on nomme les Dix. Cependant j’ai vite déchanté. Je n’ai ressenti aucun attachement particulier aux personnages, même celui en fauteuil qui était pourtant une riche idée. J’ai surtout eu l’impression que dès l’annonce faite, la suite s’emballait bien trop vite et qu’on ne prenait pas le temps de développer comme il se doit la révolution en marche pour la rendre crédible et réelle, ni pour poser les révélations folles qui avaient lieu. Tout est allé beaucoup beaucoup trop vite.

Je salue pourtant un intérêt pour les questions de la régulation des naissances, du sort des criminels, du rôles des IA, etc. À chaque fois, ça ne révolutionne pas le genre mais le message est clair et direct ce qui m’a beaucoup plu. J’ai trouvé les raisonnements intéressants et ça m’a donné envie, d’où peut-être ma frustration de ne pas lire plus de pages sur tout ça. Le texte avec ses 200 pages à peine est bien trop court pour tout ce qu’il veut dire et démontrer, et encore l’autrice s’est limitée notamment du côté des relations des personnages qui se limitent au minimum.

Voici donc un texte plein d’ambition qui sait les exprimer mais pas les mener au bout, pour moi. J’avais besoin de plus de temps, plus de développement, plus de psychologie pour créer un lien avec eux. J’ai beaucoup aimé les concepts sur la régulation de la population et des crimes, je suis plus sceptique sur l’aventure qui en découle et nous les présente. Ce fut donc une lecture perspicace mais que j’aurais souhaité plus percutante et qui m’a laissé un goût d’inachevé.

(Merci à Outrefleuve d’avoir pensé à moi pour cette expérience)

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