Livres - Science-Fiction

Célestopol 1922 d’Emmanuel Chastellière

Titre : Célestopol 1922

Auteur : Emmanuel Chastellière

Éditeur : HSN – Homme Sans Nom

Année de parution : 2021

Nombre de pages  : 414

Histoire : 1922.
Une année à la découverte des mirages et des merveilles de la cité sélène, Célestopol.
Une année dans les pas de ses habitants, simples visiteurs parfois célèbres comme Marie Curie ou Howard Carter, humbles ouvriers, voleur volubile, automates au cœur de cuivre ou héritier rebelle de l’empire russe.
Car Célestopol, c’est un bout de l’âme slave, arrachée à la Terre, entre les mains d’un duc au destin défiant le temps.

Mon avis :  

En 2019, je découvrais pour la première fois la plume d’Emmanuel dans son premier recueil de nouvelles consacrées à Célestopol, cette cité lunaire imaginaire à l’univers steampunk vernien et russophile. Il m’aura fallu du temps, il m’aura fallu explorer le reste de sa bibliographie pour y revenir, mais j’y ai replongé avec un immense plaisir.

Ce nouveau recueil, c’est 13 histoires (vive le nombre 13 !) et 1922, année de révolution. Il fallait oser ! L’auteur, comme ses lecteurs, n’a pas pu lâcher l’univers qu’il avait bâti pierre par pierre avec émerveillement dans Célestopol premier du nom, je n’ai donc pas été surprise de le voir y revenir. J’ai même adoré cela et d’autant plus dans le catalogue de l’Homme sans nom qui a permis à l’ouvrage d’avoir une superbe couverture signée Marc Simonetti avec l’une de mes nouvelles préférées comme inspiration.

Ce recueil, c’est donc l’occasion de recroiser avec bonheur la plume si riche et presque onirique, ici, moderne et pourtant surannée, d’Emmanuel dans ces ambiances steampunk que j’affectionne tant. Il reprend et réinvente son univers, ses ambiances, ses personnages dans 13 nouvelles histoires qui se vivent, se croisent, s’échappent et prennent vie. Les amateurs de Célestopol premier du nom seront ravie de retrouver le même genre de péripéties sur Terre et sur la Lune où les lieux et époques changent mais la nature des hommes reste la même. On est ainsi ravie de recroiser Arnrun et Wojtek et le Duc Nikolaï, qui sont à nouveau les personnages fil rouge de ces histoires, mais qui vivent parfois de sacrés chamboulements le temps de cette année folle que l’auteur nous raconte ici.

Il est ainsi question de politique, de droits sociétaux et de la lutte sociale (femmes, automates) qui va avec, d’anciens amours, de couples malheureux ou maudits, et bien sûr d’automates au milieu d’humains. Il y a beaucoup de drames sentimentaux et familiaux dans ce recueil, mais également des histoires plus surprenantes où se mêlent magie et prestidigitation, vol et correcteur de fortune. On croise également des personnages de divers horizons : Europe, Asie, Grand Nord…, ce qui donne un joli melting-pot culturel. C’est ainsi un réel plaisir de croiser des figures connues comme Marie Curie, l’archiduc François-Ferdinand, l’égyptologue Howard Carter et la mystérieuse Anastasia.

Tout cela prend place dans un fort joli décor steampunk aux belles influences magico-technologiques, avec une tension entre les deux entre séparation et rapprochement, symbolisée avec force par le Duc Nikolaï, personnage qui me fascine depuis le départ. Et pour donner encore plus de vie à ce cadre, Emmanuel accorde une belle place à l’art, au spectacle vivant et à la culture au sens large dans le décor de ses histoires avec des noms ayant réellement existé, référencés par l’auteur avec des notes en bas de pages pour les curieux comme moi. J’ai trouvé cela à la fois très immersif et envoûtant. J’ai vraiment eu le sentiment de plonger moi aussi dans le tourbillon artistique, politique et sociétal de cette époque.

Comme le dit le résumé, l’auteur entreprend vraiment de revisiter cette époque si riche du tournant de l’Entre Deux Guerre, époque où les tensions montent, notamment en Russie, patrie de Nikolaï et en Allemagne, son éternelle rivale. C’est une riche toile de fond sur laquelle vont venir se planter les différentes histoires imaginées par l’auteur autour de Célestopol et son Duc. Celles-ci sont parfois très différentes les unes et des autres. Certaines ont laissé leur trace sur moi, comme Memento Mori, avec sa famille à la dérive portée par le regard de ces jeunes enfants, ou encore La Malédiction du Pharaon, qui est une magistrale uchronie sur un Howard Carter allant sur la Lune, sans parler du petit chef d’oeuvre qu’est La fille de l’hiver, qui a également inspiré l’illustrateur ici. D’autres, en revanche, n’ont été qu’une toile de fond pour en arriver là, pour colorer ce monde, et je le regrette un peu, même si sur le moment, ce fut à chaque fois plaisant à lire car l’auteur est à l’aise dans tous les formats, j’ai l’impression.

Mon seul vrai manque dans cette histoire, c’est Célestopol. J’avoue que j’attendais que la ville prenne une place plus prépondérante dans les histoires, quelle prenne vie en fait ! Et j’ai eu l’impression qu’elle était juste là en toile de fond mais que plusieurs de ces histoires auraient pu pareil se passer sur Terre et cela m’a frustrée. J’avais trouvé la ville bien plus mise en avant, telle un personnage à part entière, dans le premier recueil et je pensais qu’il en serait de même ici. Or l’auteur a, un peu, pris le contre-pied en mettant l’humain (au sens large) au centre de son histoire avec ses questions de morale, d’éthique et de société. Ce n’était pas ce que j’attendais mais ce n’était pas déplaisant du tout, loin de là.

Deuxième recueil d’histoires dans l’univers de Célestopol, cette lecture me confirme combien j’aime les univers steampunk mais aussi les récits courts, parfois brillants comme La fille de l’hiver, La Malédiction du Pharaon ou Memonto Mori où en 20, 30, 60 pages l’auteur est capable de complètement nous retourner la tête et le coeur. Avec ces histoires à la fois humaines et philosophiques, Emmanuel nous interroge à nouveau sur notre relation à l’autre, à notre histoire, à nos désirs pour le futur, et c’est passionnant. J’ai adoré repartir sur les traces de Nikolaï et sa Célestopol, et je ne serais pas contre un autre voyage si l’auteur veut bien mettre un peu plus en scène sa ville pour combler mes frustrations >< En attendant, il excelle en uchronie humaine et robotique.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Aelinel, Amanda, CaroLivre, CélineDanaë, Le Chroniqueur, Geekosophe, Just a word, Marie Juliet, Sometimes, Symphonie, Syndrome Quickson, Yuyine, Zina, Zoé, Vous ?

34 commentaires sur “Célestopol 1922 d’Emmanuel Chastellière

  1. J’avais fini par retirer cette série de ma WL quand il a fallu faire du tri à cause du format nouvelles, qui n’est pas vraiment mon préféré, mais tu me donnes envie de l’y remettre ^^

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      1. Alors, techniquement, c’est un « fix-up », parce que justement les nouvelles ont des liens entre elles. 🙂 Je ne connaissais pas ce terme jusqu’à ce que l’éditeur m’en parle.

        Mais je répondais à ducôtédechezcyan, je ne voulais pas dire qu’il y avait une erreur dans la présentation du livre ! 🙂

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      2. Ah ok, je connaissais mais pensais les deux interchangeables. Je note 😉

        T’inquiète je ne l’ai pas mal pris, au contraire j’aime apprendre de nouvelles choses, donc ça m’intéresse ^^

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    1. Je me suis rendu compte après coup que ma réponse était mal tournée, mais justement, je voulais dire que ce n’est pas un recueil de nouvelles selon le principe énoncé. 🙂

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  2. Ah, le steampunk, c’est un genre que j’apprécie tout particulièrement et je suis toujours ravie de découvrir des romans se passant dans cet univers !

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      1. Pour ma part, mais peut-être qu’Emmanuel répondra mieux que moi, je trouve difficile de lire ce recueil sans avoir lu le premier. Ça manque un peu de contexte et décor, ceux-ci étant planté dans le premier ^^!

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      2. Si on parle du premier Célestopol, il est bien disponible en poche lui aussi, mais chez Libretto, pas Folio. 🙂 Je ne sais pas si c’était ça l’interrogation !

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    1. En revanche, je pense, et ce fut le cas de pas mal de monde, qu’on peut commencer par 1922 sans problème. 🙂 En tout cas, on avait construit le recueil dans ce but avec l’éditeur, afin de ne pas se priver d’une partie du lectorat.

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    1. Eh bien, merci beaucoup/d’avance alors ! 🙂

      Si vous aimez les romans historiques, peut-être que mon « Himilce » pourrait vous intéresser aussi, à l’occasion. 🙂

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    2. Dans ce cas n’hésite pas aussi à aller à la rencontre de son tout premier recueil sobrement intitulé Célestopol chez Libretto, je trouve l’ambiance slave encore plus présente ❤

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      1. Ca m’a fait réfléchir ce point de la chronique car j’ai souvent lu le contraire justement, entre les deux tomes, pour le côté décor. Avec 1922, j’ai tenté d’inscrire les histoires davantage sur la Lune ou alors en lien avec les spécificités de la ville. 🙂

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    1. Avec grand plaisir et je t’encourage à regarder la bibliographie d’Emmanuel qui regorge de titres passionnant aussi bien en steampunk comme ici, qu’en roman historique (Himilce) ou fantasy à poudre (l’Empire du Léopard) 😉

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