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Le pays des cerisiers de Fumiyo Kouno

Titre : Le pays des cerisiers

Auteur : Fumiyo Kouno

Editeur vf : Kana (Made In)

Année de parution vf : 2006

Nombre de pages : 103

Histoire : 1955, dix ans se sont écoulés depuis le jour où l’éclair incandescent a fendu le ciel. Dans la ville d’Hiroshima, l’esprit d’une jeune femme est intensément bouleversé. Pour les plus faibles, qu’ont représenté la guerre et la bombe ? L’oeuvre polémique d’une auteure engagée !

Mon avis :

C’est peut-être juste moi mais ce type d’histoire me touche énormément et je ne peux pas rester indifférente. Avec son dessin tout simple et ses histoires qui semblent toutes banales, Fumiyo Kouno fait passer un vrai message de tolérance envers les Hibakusha et de dénonciation envers ceux qui sont restés silencieux avec à ce qui est arrivé au peuple japonais lors des bombardements atomiques. C’est un vrai cri du coeur qu’on entend dans ce court titre et il a touché le mien.

Dans la première histoire, nous suivons, 10 ans après les bombardements, la vie de Minami, une jeune survivante qui a perdu une grande partie de sa famille et qui subit encore les répercussions de cet horrible moment. Minami est courageuse mais elle est encore hantée par les terribles jours qui ont suivi le bombardement initial. C’est le coeur lourd qu’on découvre ses souvenirs et qu’on voit ce qui lui est arrivé. L’auteur sait raconter ces terribles événements avec une froide efficacité, c’est sobre mais on sent le message accusateur qu’il y a derrière et c’est bien normal. Elle a raison de se révolter contre ce qui leur est arrivé. Puis alors qu’on croit que Minami va échapper à ce terrible destin, elle est, elle aussi, rattrapée par son triste destin. J’ai fini ce chapitre ravagée, terriblement triste et en colère face à tant d’injustice.

Dans les deux chapitres qui suivent, nous suivons une toute autre jeune fille, d’abord enfant puis adulte, répondant au nom de Nanami. On se demande un peu au début ce que son histoire vient faire là. On ne voit pas de suite le lien avec l’histoire précédente, mais quand on réalise, on est heurté de plein fouet par le même sentiment d’injustice que je décris au-dessus. Nanami a une vie assez triste. Elle est souvent toute seule, son père travaille, son frère est souvent hospitalisé et sa grand-mère s’occupe de lui, elle a perdu sa mère. Sa seule amie est une jeune fille de bonne famille : Tôko qu’elle va perdre de vue après un déménagement. Elles vont se retrouver des années plus tard après qu’elle ait perdu sa grand-mère et qu’elle soit devenu adulte. Leur rencontre fortuite va les embarquer dans un voyage émouvant sur les traces du passé de la famille de Nanami. Dans ce dernier chapitre, on entend à nouveau le cri déchirant de ces Japonais victimes de la bombe A même des générations plus tard. C’est vraiment révoltant, non seulement de la part des responsables étrangers mais aussi des Japonais eux-mêmes qui ostracisent une part de leur population sous des prétextes fallacieux. Cependant, heureusement, il y a aussi un vrai message d’espoir quand on voit la bienveillance des membres de cette famille et de leurs proches. C’est terriblement émouvant.

J’ai trouvé le message de l’auteure très fort et poignant. J’ai eu la boule au ventre pendant une grande partie de ma lecture. J’ai trouvé la mangaka très douée pour raconter avec force mais douceur cette rude histoire. Son doux dessin convient parfaitement, de même que l’importance qu’elle attribue au quotidien, cela donne une ambiance typiquement japonaise bien loin des clichés habituels. Il faudrait que ce titre passe moins inaperçu et qu’on le remette régulièrement en avant.

Ma note : 18 / 20

4 commentaires sur “Le pays des cerisiers de Fumiyo Kouno

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