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Otherworld Barbara de Moto Hagio

Titre : Otherworld Barbara

Auteur : Moto Hagio

Editeur us : Fantagraphics Books

Années de parution us : 2016-2017

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Histoire : Une fillette de 9 ans est retrouvée avec le coeur de ses parents dans le ventre après le double suicide de ceux-ci ; un « pilote de rêve » découvre une île fantôme ; une grand-mère en deuil se voit offrir temporairement de retrouver sa jeunesse perdue ; et un excentrique homme d’église détient peut-être les secrets de l’immortalité. Le nouveau thriller de science-fiction de Moto Hagio associe différents éléments paranormaux avec des des personnages crédibles pour créer un mélange complexe et subtile qui nous tient tous en haleine. Otherworld Barbara a gagné le prix Nebula au Japon en 2006 et est présenté ici en deux épais volumes.

Inédit en France

Mes avis :

Tome 1

Ayant adoré découvrir l’univers et surtout le trait de Moto Hagio en français avec son Anthologie, j’ai sauté sur l’occasion de la découvrir dans une oeuvre plus récente même si c’est en anglais. Et en la lisant, je me rends à quel point elle a dû influencer les auteurs actuels. Ce premier tome est extrêmement dense et nous livre une histoire riche, complexe et diablement bien écrite pour tenir le lecteur en haleine.

Tout commence dans un univers onirique qui nous est inconnu où l’on suit trois jeunes enfants qui déambule sur une île un peu mystérieuse régit par ses propres règles. Derrière cette façade de rêve, on sent vite que quelque cloche. Mais dès le chapitre suivant, oubliés les enfants, on retombe dans un Japon contemporain où l’on suit le retour d’un père, « pilote de rêves », Watarai, qui n’a pas vu son fils depuis longtemps et qui voudrait renouer avec lui, mais qui doit allier cela avec son travail vu qu’il est appelé pour aider une jeune fille, Aoba, plongée dans une espèce de coma depuis des années, suite à la mort brutale de ses parents. En visitant ses rêves, on réalise que celle-ci n’est autre que la fillette du premier chapitre et que tout cela va décidément se révéler bien compliqué.

Sur fond de fantastique, de science-fiction, d’horreur et de thriller, Moto Hagio nous livre une histoire très moderne qui revient sur la parentalité, la génétique ou encore la recherche médicale. Elle allie tous ces genres avec beaucoup de brio pour nous pondre une histoire complexe avec de nombreuses ramifications. Tous les personnages qui au prime abord n’ont aucun lien vont s’en découvrir. L’ensemble donne quelque chose de très dense à lire surtout sur plus de 370 pages mais l’histoire est haletante. J’aime beaucoup l’aspect « enquête » de celle-ci, de même que la partie plus intime avec la relation entre ce père absent et son fils complètement perdu.

Les personnages sont aussi complexes que l’histoire. On les découvre sous de nombreuses facettes, notamment grâce à l’alternance entre le monde des rêves et le présent. Le héros qui pourrait sembler simpliste a un lourd passé derrière lui entre sa femme qui l’a abandonné en emmenant son fils, et son métier où il a vu des choses horribles. Son fils pourrait être un ado rebelle si lui aussi n’avaient pas vécu tant de choses dérangeante par le passé et s’il n’essayait pas de s’en sortir à sa façon. Les personnages qui les entourent sont tour à tour mystérieux (le mentor de Watarai), touchants (la grand-mère d’Aoba) et drôles (Lakai, son cousin et Pine), participant à la création d’un univers riche et cohérent.

Les dessins et la composition des planches de Moto Hagio sont splendides ! Je suis vraiment fan de son travail sur les yeux et la chevelure des personnages ainsi que sur leur expressivité incroyable. C’est vif, percutant ou encore émouvant quand il le faut. Je restée un moment à admirer certaines planches surtout que l’édition américaine de Fantagraphics en grand format relié sur un papier de qualité rend bien hommage à tout son talent.

Je ressors donc totalement conquise par le premier tome de ce diptyque mélangeant les genres. Si les tomes n’étaient pas si chers, je sauterais de suite sur le second et dernier mais je vais devoir patienter un peu. En attendant, je conseille ce titre à tous les fans de Reiko Shimizu, de Fuyumi Soryo, de Yumi Tamura, de Naoki Urasawa ou encore de Tezuka.

Tome 2

Six mois plus tard, me revoilà avec la suite et fin de cette terrible histoire. Je suis toujours aussi contente de l’édition américaine de Fantagraphics qui est vraiment de qualité : pages couleurs au début et à l’intérieur, papier de très bonne qualité, lisse et épais, grand format, couverture cartonnée, lettrage et adaptation graphique sans faille. C’est un sans faute !

Graphiquement, c’est aussi toujours aussi beau. Les dessins et la composition des pages sont parfaitement maîtrisés et dans la veine de ce que l’on connait de l’autrice. J’aime beaucoup quand elle s’étale avec un seul dessin sur tout une page sans tenir compte des cases comme si son dessin allait s’échapper et nous rejoindre. Cela participe grandement à l’ambiance fantastique de cette histoire. Les pages couleurs colorisées en teintes pastelles toutes douces, sont très belles aussi. Là aussi, c’est un sans faute.

Quant à l’histoire, elle se poursuit dans la droite ligne du premier tome reprenant là où on l’avait laissée. Comme elle est toujours très intrigante de part les questions qu’elle pose sur les rêves d’Aoba et de Kiriya, elle reste prenante. J’aime beaucoup cette science-fiction matinée de fantastique mélangeant rêve et réalité qui donne un sentiment que ce qui se passe est proche de nous. Cependant, le revers de la médaille, dans ce tome, c’est que très vite, ça devient assez brouillon et qu’on a du mal à voir où veut en venir la mangaka. Le développement de l’histoire devient moins percutant que dans le tome 1. Et surtout, la fin est très brumeuse avec un retournement de situation bien trop facile voire même abscons et je le regrette. J’ai eu un sentiment de trop peu et d’inachevé du coup à la fin de cette histoire, alors que pourtant on a répondu à toutes les questions. C’est juste que je n’en aime pas les réponses, je crois ^^!

De plus, alors qu’on retrouve les mêmes personnages, les mêmes situations, les mêmes interrogations sur la paternité, les liens filiaux, les liens du sang, la génétique, etc, je n’ai pas ressenti autant d’émotions. J’ai trouvé cela beaucoup plus froid voire forcé parfois. Je suis donc un peu déçue aussi sur ce plan. Pourtant l’histoire de Watarai et de son fils est particulièrement bien travaillée, elle a du sens, elle interroge vraiment, mais il me manque le truc en plus.

Je ressors séduite par le travail graphique de Moto Hagio et les thématiques qu’elle a voulu travailler dans ce diptyque mais un peu déçue par la voie qu’elle a choisi d’emprunter à la fin pour son histoire. Je pense que celle-ci aurait pu avoir une toute autre ampleur si elle n’avait pas cherché autant à l’emberlificoter. C’est dommage.

Ma note : 18 / 20

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