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Les foudres de l’amour de Yuu Yoshinaga

Titre : Les foudres de l’amour

Auteur : Yuu Yoshinaga

Éditeur vf : Panini (shojo)

Années de parution vf : Depuis 2018-2022

Nombre de tomes vf : 5 (série terminée)

Histoire : Nene Koizumi mène une vie de lycéenne ordinaire, où chaque jour n’est qu’une répétition lassante de la veille. Sa rencontre avec Hajime Sakuraba va briser cette routine… car au premier regard, c’est le coup de foudre ! Cependant, de quatre ans plus âgé, Hajime est déjà un adulte et il ne semble pas partager les sentiments de Nene. La jeune fille va donc tout faire pour se rapprocher de celui qui a mis des couleurs dans sa vie !

Mon avis :

Tome 1

Panini sort pour la première fois en français un titre de Yuu Yoshinaga, une autrice que je suis depuis plusieurs année et dont j’aime bien les récits assez courts et classiques, ainsi que les dessins très doux et fins. On la retrouve ici dans une histoire qui compte trois tomes pour le moment au Japon et où l’on suit une jeune lycéenne naïve mais directe qui a le coup de foudre pour un étudiant, ancien élève de son lycée, d’où le titre peu heureux que l’éditeur français lui a donné…

L’histoire démarre de façon très classique par la rencontre de ce futur couple autour d’un petit chat abandonné. Le premier chapitre permet de vite voir les qualités mais aussi les limites du récit. On sera dans un récit qui n’aura rien d’original mais où la mangaka sait ce qu’elle fait. Le chemin est déjà tracé. Cependant, cela n’enlève rien au plaisir de lecture car on retrouve chez Nene, une héroïne attachante, certes un peu cruche parfois mais très franche et directe, qui n’a pas froid aux yeux, et qui ose dire ce qu’elle ressent. Avec elle, on ne tourne pas autour du pot, ça change. Face à elle, nous avons Hajime, un étudiant un peu blasé, qui joue déjà les adultes alors qu’il n’en est pas encore vraiment un. Du coup, c’est sur l’opposition entre ces deux traits de caractère qui les définissent que va reposer la dynamique de l’histoire avec d’une côté une jeune naïve mais franche et de l’auteur un homme un peu plus âgé qui a perdu cette franchise. Même si je trouve que l’autrice force un peu le trait sur la question de la différence d’âge, j’avoue que l’idée de base me plaît.

En ce qui concerne le développement de l’histoire, je suis un peu plus circonspecte. Le premier chapitre était une bonne exposition avec la rencontre des différents lieux et personnages. Le deuxième permettait d’introduire un peu plus de diversité avec les amis des héros et la découverte d’un pan du passé d’Hajime. Le troisième, lui, faisait avancer un petit peu la romance. Mais les deux derniers chapitres m’ont moins plu parce qu’ils annoncent déjà des rivaux pour chacun des héros : un camarade de classe de Nene et l’ex-d’Hajime. Mais surtout, c’est le retournement final sur la position d’Hajime dans la vie de Nene qui m’a déplu tellement c’est vu et revu. Je pense que l’histoire aurait très bien pu se poursuivre sans ça.

Les foudres de l’amour est donc une romance comme on en a déjà lu des centaines d’autres. Elle tire juste son épingle du jeu par le caractère assez direct de son héroïne qui vient s’opposer à celui plus blasé du héros. Pour le reste, vous n’aurez aucune surprise.

Tome 2

Il fallait s’en douter, le souffle retombe assez vite avec ce tome 2. J’ai beau aimer le trait de l’autrice et le ton de ses histoires. Je ne peux m’empêcher d’avoir l’impression d’avoir déjà lu et relu ce genre de titre et je m’ennuie. Alors oui, c’est mignon de voir qu’Hajime est venu enseigner dans le lycée de Nene et qu’ainsi il la voit sous un autre jour. Mais celle-ci est tellement naïve et déconnectée de la réalité que c’est juste l’occasion pour elle de fantasmer sur un Hajime lycéen… Bof.

Heureusement, l’autrice a dû comprendre qu’il faudrait plus pour garder l’intérêt de ses lecteurs, c’est donc à ce moment-là qu’elle ajoute des rivaux potentiels et là, c’est assez bien joué, parce que les deux sont terriblement sympathiques et à contre courant. Il y a d’abord Ayato, le camarade de classe de Nene, qui sous ses airs de Don Juan est en fait un ado très maladroit avec ses sentiments. Puis, il y a l’ancienne petite amie d’Hajime, Hikari qui est une jeune femme d’une grande douceur et bienveillance. Ce sont donc deux personnages qu’on a presque envie de soutenir.

L’histoire balance donc entre le futur couple qui apprend à se connaître et se rapproche, et l’arrivée d’éléments perturbateurs qui vont sûrement les pousser plus vite dans les bras l’un de l’autre alors qu’ils auraient au contraire dû les freiner. C’est mignon mais rien d’extraordinaire non plus. Heureusement la série sera courte, seulement 5 tomes d’annoncés. Il faut juste espérer que Panini aille jusqu’au bout…

Tome 3

Autre retour que je n’attendais plus chez Panini, Les foudres de l’amour était le premier titre de Yuu Yoshinaga à arriver chez nous et le seul jusqu’à présent malheureusement, alors qu’à l’époque c’était vraiment une autrice qui offrait de jolis petites romances douces et classiques, qui avaient tout pour plaire aux amateurs. Mais merci à Panini de reprendre et terminer cette courte série achevée en 5 tomes désormais.

L’avantage des shojos classiques comme celui-ci, c’est qu’on peut reprendre très facilement en cours de route même des années plus tard. Ainsi, cela n’a pas été difficile de retrouver Néné, cette jeune fille amoureuse de son voisin étudiant, qui se trouve être professeur stagiaire dans son lycée. L’originalité de la série venait du caractère direct de l’héroïne qui n’hésitait pas à foncer en amour et à dire ce qu’elle avait sur le coeur, ce qui évitait les sempiternels quiproquos habituels et les longs chapitres à tourner en rond. Malheureusement, ce n’est pas forcément le cas de l’objet de son affection.

Ce tome est donc consacré à la mise au clair entre les deux héros. Néné a déjà dit ce qu’elle ressentais, mais restait à attendre la réponse d’Hajime qui avait pas mal de choses à régler entre une relation passée pas vraiment terminée et sa position actuelle en tant qu’adulte et prof stagiaire. J’ai apprécié que l’autrice prennent vraiment le temps de clore ces chapitres sans chausse-trappe et autre raccourci. C’était important pour ensuite voir une relation saine entre eux. Hajime est en plus un personnage que j’apprécie, honnête, franc et réfléchi, il contrebalance bien avec Néné. Cependant, cela avance assez lentement entre eux et concrètement il ne s’est pas passé grand-chose en dehors de leurs belles déclarations respectives et de leurs discussions depuis leur balcon respectif. En plus, l’ajout d’un troisième larron pour recréer un triangle amoureux, en plus d’être évident, est pénible tant c’est déjà vu. Je crains que cela n’apporte vraiment pas grand-chose en dehors de rallonger l’histoire pour rien.

J’ai beau avoir été ravie de retrouver la plume et le trait doux et nonchalant de l’autrice, ici aussi, mes goûts commencent vraiment à me porter vers d’autres shojos un peu plus travaillés. Je ne vois pas grand-chose à retenir ici, en dehors de l’héroïne franche et de l’autrice qui laisse le temps à leur relation de se construire sur des bases saines, en affrontant passé et statut social présent, mais c’est bien léger. Alors merci à Panini de terminer pour les lecteurs de la première heure mais je crains fort qu’ils n’en recrutent pas beaucoup de nouveau, tant le titre n’est plus dans l’air du temps.

Tome 4

Je craignais dans ma critique précédente que ce titre ne soit plus vraiment dans l’air du temps avec cette parution en retard de Panini malgré leurs bonnes intentions, mes craintes sont apaisées dans ce nouveau tome grâce à une déconstruction intéressante du mythe du rival et à une construction intéressante du cliché du couple avec une différence d’âge. Ainsi bien que classique dans sa forme, la démarche de Yuu Yoshinaga commence à vraiment me plaire.

Cette autrice, que j’avais remarquée avant même sa parution française, m’était connue pour ses histoires douces et romantiques. J’avais donc été surprise par la fausse dramaturgie du tome précédent et le comportement plus que problématique d’Otokawa, l’ami de Néné tombé amoureux d’elle. J’aurais dû lui faire confiance car l’autrice s’en est servi dans ce tome pour dénoncer certains comportements masculins bien dérangeants. En effet, mine de rien, l’autrice dénonce l’agression subie par Néné, le bafouement de son consentement, ainsi que certains hommes se positionnant en victime. Certes, elle le fait en douceur sans totalement rejeter le couple, montrant également que c’est un apprentissage qu’il doit faire et qu’il devient à la longue conscient de ses erreurs, mais c’est bel et bien présent et cela m’a rassurée.

Dans un second temps, c’est la thématique du couple avec une différence d’âge qu’elle aborde et j’ai été touchée par son discours. J’ai aimé qu’elle montre les difficultés de chacun dans cette relation. Le plus vieux voulant absolument être sérieux aux yeux de sa petite amie plus jeune, quitte à ne pas être lui-même. La plus jeune ne voulant pas être trop gamine à ses yeux et se forçant à aller trop vite parfois. Sauf que là où ça aurait pu être toxique ou maladroit, en faisant le choix du dialogue et de l’honnêteté, l’autrice nous offre un bel échange entre eux et un équilibre qui peu à peu se trouve où chacun ose être lui-même et préserve ainsi la différence qui les caractérise mais sans que ce soit forcément lié à l’âge.

On assiste alors à des scènes adorables où Néné sait se montrer mature pour débusquer le vrai Hajime et où celui-ci montre ses faiblesses et apparaît plus jeune et plus humain, tel qu’il peut l’être avec ses amis. Les scènes romantiques toutes mignonnes s’enchaînent dans un climat doux et respectueux où jamais l’un ne s’impose à l’autre. On fond ainsi devant leur première sortie ensemble, leur premier baiser, la mise en place de leur couple ou les petits moments volés. Des questions évidentes arrivent bien sûr sur le tapis : les copines qui sortent aussi avec des garçons plus âgés et racontent leur première fois, l’avenir qui se profile avec la fin d’un cycle d’étude pour chacun, ou la rencontre des parents pour avoir leur approbation. Tout cela est classique dans les shojo manga romantiques mais vraiment fait avec douceur, bienveillance et compréhension, ce qui rend le titre vraiment agréable à lire.

Yuu Yoshinaga, contrairement à ce que je craignais, nous offre vraiment une romance lycéenne pure et mignonne où les questions de consentement ne sont pas évités, où les difficultés liées à la différence d’âge sont abordées avec sincérité, et surtout où la compréhension mutuelle des deux héros fait plaisir à voir. C’est une belle surprise pour ce shojo anonyme au milieu de tant d’autres.

Tome 5 – Fin

Ce shojo que j’ai parfois décrié pour son classicisme à ses débuts a su me surprendre finalement dans ses ultimes chapitres par des réflexions plus modernes que je l’aurais cru sur la vision du couple au Japon. Une bonne surprise et un joli final.

Dans cet ultime volume, Yuu Yoshinaga fait franchir les dernières étapes à son couple, entre rentre avec les parents, première fois et discussion sur leur avenir tout y passe. Je craignais beaucoup de clichés dans ce moment-là et c’était bien parti pour ça, mais au milieu des clichés habituels de certains shojo lycéens romantiques, l’autrice a également placé quelques réflexions bien senties qui m’ont vraiment plu.

Ainsi la rencontre avec le père de Nene est bien plus cool que prévue et ses parents se montrent ouverts et compréhensifs et non pas trop protecteurs comme parfois. Le père de Nene va même aider Hajime à trouver sa voix. Puis les pensées très (trop ?) fleur bleue de Nene vont vite être remises en perspective car la jeune fille va se secouer et l’être aussi par un Hajime pourtant ultra bienveillant. C’est un joli équilibre. Ainsi leur première fois n’est pas trop maladroitement amenée dans l’ensemble, même si c’est loin d’être le point d’orgue pour moi. J’ai largement préféré la suite où Nene s’interroge sur son avenir, l’avenir de sa relation mais aussi son avenir professionnel. Là aussi, comme elle a une vision très fleur bleue où le mariage et la vie de femme au foyer semblaient être un accomplissement pour elle, j’avais un peu peur, mais l’autrice évite cet écueil. Aussi bien les amis de Nene qu’Hajime ont la tête sur les épaules et lui démontre qu’elle peut exister en dehors de ce type de relation, que ce n’est pas une fin, mais juste une pierre sur le chemin. J’ai aimé cette philosophie.

Cela a ainsi permis de garder une belle fraîcheur au titre grâce à une héroïne forte et indépendante qui est amusante par les bourdes qu’elle commet et touchante par la fragilité dont elle fait preuve parfois. Hajime équilibre bien leur relation par un côté très fort et fiable également, mais surtout très à l’écoute et bienveillant. Il a appris des erreurs de ses relations passées, ce qui lui permet de trouver le bonheur ici. C’est donc une bien jolie relation que nous suivons au fil des ans, une relation équilibrée, une relation qui mûrit, une relation qui s’épanouit et où chacun trouve sa voie. Je n’ai pas été surprise par celle de Nene qui m’a beaucoup plu et que j’aurais aimé voir un peu plus. Et puis, j’ai été étonnée du discours positif et réaliste sur la différence d’âge des héros où l’autrice montre bien qu’à 20 ans ou 24 ans on reste encore un peu un enfant dans sa tête ^^

En gardant sa fraîcheur, Les Foudres de l’amour fut au final une jolie bluette tendre et mignonne où la relation des deux héros a su éviter les écueils du genre pourtant présent sur sa route et proposer une histoire plus solide et moderne que je l’aurais cru.

(Merci à Panini et Sanctuary pour ces lectures.)

3 commentaires sur “Les foudres de l’amour de Yuu Yoshinaga

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