Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Bless you d’Ayumi Komura

Titre : Bless You

Auteur : Ayumi Komura

Éditeur vf : Akata (M)

Année de parution vf : 2019-2020

Nombre de tomes vf : 5 (série terminée)

Histoire : Yashiro, un jeune lycéen, déclare son amour à son meilleur ami. Ce dernier préférant les filles, Yashiro prend la fuite avant de se faire renverser par un camion. Dans l’au-delà, un dieu lui propose de le renvoyer sur Terre sous les traits d’une jeune lycéenne afin de conquérir celui qu’il aime. Yashiro accepte mais réalise qu’il a bien du mal à adopter un comportement féminin.

Mon avis :

Tome 1

Je dois avouer que ce titre ne me tentait pas du tout. La promo le vendant comme un titre à tendance LGBT ne me convainquait pas du tout, et ayant lu d’autres titres de l’autrice (J’aime les sushis et Lily la menteuse) dont je m’étais vite lassé, j’avais peur de ne pas du tout aimer. Mais comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je profite de l’opportunité qu’on me fait pour le lire ^^

Tout commence quand le héros Yashiro déclare sa flamme à son meilleur ami, Kenta, et se prend un râteau, en partant il ne fait pas attention et meurt renversé par un camion. Mais la divinité qu’il priait depuis des mois passe par là et décide d’exaucer l’un de ses souhaits : renaître en tant que fille pour conquérir son meilleur ami.

Sur le papier, on se dit : encore une romance lycéenne avec juste un petit twist, bof. Mais en lisant le titre, on réalise que l’autrice, dans ce shojo humoristique, s’amuse avec les clichés sur les garçons et les filles à les tordre et les déconstruire dans tous les sens, à tels point qu’on rigole énormément.

Je ne vais pas mentir au début, j’ai eu du mal avec le fait que le héros gay ou au moins bi veuille se réincarner en fille pour séduire celui qu’il aime. Je trouvais ça beaucoup trop cliché. De plus, j’ai été assez déçue de voir que l’autrice n’expliquait rien sur comment ça pouvait arriver. C’est juste un deus ex machina bateau et on sent bien qu’il ne faut pas lui en demander plus, ni sur comment elle peut introduire une fille de 16 ans comme ça dans leur univers, ni sur comment celui-ci vit, où, avec quels fonds, etc.

Mais quand on accepte cela, on se retrouve avec une héroïne tordante et touchante, qui était autrefois un mec et qui le reste au fond d’elle. Alors oui, elle cherche quand même à séduire et pour ça va vouloir se parer « d’atouts féminins », mais on sent bien vite derrière une belle critique de l’autrice qui semble vouloir dire que c’est en étant soi-même sans artifice qu’on séduit et non l’inverse. J’apprécie donc de retrouver chez Yahisro version fille des traits de Yashiro version garçon. De la même façon, j’ai adoré sa rencontre avec Rin, ex de Kenta, qui elle aussi s’assume totalement et qui a un joli potentiel d’évolution, mais chut je n’en dirai pas plus.

Du côté des dessins, pas de surprise, on reconnait bien le style frais et dynamique de l’autrice qui lui est typique, avec ces petites dents un peu pointues chez certains personnages. Elle passe d’un registre sérieux à un registre comique en deux deux. Certains personnages sont à tomber comme notre chère divinité et sa bestiole, tandis que d’autres sont plutôt banals au premier abord comme l’héroïne. Elle a une gamme assez large de personnages et d’expressions, et commence même à développer plus ses décors qu’autrefois, ce que j’ai apprécié.

Alors que je croyais tomber sur un shojo humoristique bateau, je me suis retrouvée avec un titre plus fin que prévu, qui m’a amusée. Ça m’a plu et j’ai bien ri des clichés sur les filles mais aussi de ceux sur les garçons. J’ai finalement aimé le message qui commence à poindre sur soyez vous-mêmes, ne devenez pas quelqu’un d’autre pour vous faire aimer. Le fait que les personnages soient aussi ambivalent au niveau de leur sexualité, aimant garçon ou fille indépendant de leur sexe mais plutôt pour leur personnalité, m’a vraiment plu, ça me parle. C’est une jolie surprise qui demande juste à se confirmer.

Tome 2

Comme j’ai bien fait de continuer, j’ai juste trouvé ce tome génial ! J’ai vraiment beaucoup aimé ce que l’autrice a su faire des sentiments des différents protagonistes, c’est simple et pourtant culotté à la fois. Ça dynamise aussi énormément le tome, car les révélations qui ont lieu sont pour certaines inattendues, en tout cas pour moi. Le trio qui s’est dessiné : Yashiro, Kenta et Rin, est adorable. Ils me touchent tous chacun à leur façon avec leurs sentiments et l’autrice les creuse très bien. Le message sur le fait d’aimer quelqu’un en dépit de son sexe me plait de plus en plus. J’ai eu une vraie montée d’émotions tout au long du tome. Je suis la première surprise par cela. Je m’attendais à un shojo banal avec un humour lourd et je me retrouve avec un shojo qui sort de l’ordinaire, qui est très sensible et avec un humour qui fait mouche chez moi. Je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler ce tome qui est essentiel au décollage de la série, mais j’ai adoré !

Tome 3

Quel superbe tome ! L’autrice aura bien fait palpiter mon petit coeur. Nous savons désormais que Yashiro est vivant. Kenta sait ce qu’il doit faire qu’il veut qu’il se réveille mais son idée perturbe grandement Yashiro dans le corps de Kagura. Kenta doit donc trouver autre chose.

L’autrice fait le choix de mettre en avant le très beau personnage de Kenta dans ce tome comme l’annonçait la couverture et ce fut un vrai régal à lire. C’est quelqu’un d’extrêmement complexe dans sa façon de considérer ses sentiments et ceux des autres, ce que l’autrice a parfaitement su rendre malgré ses craintes en la matière. J’ai beaucoup aimé la lente compréhension qu’il en vient à avoir de ceux-ci et la démarche faite pour l’amener à ce point clé de sa vie. C’était particulièrement émouvant. Je ne m’attendais vraiment pas à ça en débutant ce titre.

En ce qui concerne les autres volets de l’histoire, j’ai trouvé Kagura/Yashiro très touchant(e) dans ses désirs et sentiments envers Kenta. Il veut être aimé pour lui-même et non parce qu’il porte le visage et le corps d’une femme. C’est compliqué mais raconté avec honnêteté. En parallèle, j’aime toujours autant le personnage de Rin, qui elle aussi, reste fidèle à ses sentiments, allant même jusqu’à rejeter une oeuvre alléchante qu’elle aurait accepté autrefois. Par contre, elle me fait un peu craindre pour la suite quand je vois son insistance aurprès de Kagura, mais l’autrice saura sûrement ne pas tomber dans ce piège.

Bless You continue donc à être une belle surprise. Je me sens remplie d’émotion. Les personnages m’ont beaucoup touchée et je n’ai qu’une envie, les prendre dans mes bras pour les consoler et leur dire que tout ira bien. L’autrice a atteint son but !

Tome 4

Cette série d’Ayumu Komura me réconcilie vraiment avec l’autrice que je trouvais sympa mais trop légère. Ici, elle nous propose vraiment une belle histoire fouillée et complexe où l’amour sous toutes ses formes est mis en avant tout en accordant une grande place à la tolérance. C’est très beau !

Avant-dernier tome de la série, il était temps de faire bouger significativement les choses. Kenta a enfin compris ses sentiments. Il ne lui reste plus qu’à les communiquer à l’élu de son coeur. J’ai trouvé l’autrice très habile ici. Elle joue énormément avec le personnage de Rin pour faire passer les changements des garçons et Rin est vraiment un personnage féminin comme je les adore. Elle est forte et fragile à la fois et surtout elle est hyper tolérante. Pour elle, l’amour ne dépend pas du sexe mais du caractère de la personne. J’ai beaucoup aimé le focus qui est fait sur ce personnage et le garçon qu’elle va rencontrer qui va encore lui donner une autre dimension. L’autrice a très bien développé ce personnage et sait en jouer juste comme il faut pour faire avancer le duo principal.

Pour revenir à celui-ci, j’ai juste adoré Kenta dans ce tome. Il n’hésite plus. Il assume ses sentiments, sans pour autant les imposer à Yashiro. Celui-ci par contre est un peu faiblard en comparaison. Dès qu’il retrouve son corps, il repart dans ses travers de bonne poire et manque de caractère. Tout comme Kenta, ça m’agace qu’il n’assume pas devant les autres, qu’il ait peur, qu’il recule et qu’il cherche encore à se réfugier dans une ancienne relation. Heureusement qu’il se réveille sur la fin sinon j’aurais sérieusement eu envie de lui botter les fesses !

Maintenant après un si beau tome, avec tellement d’émotions du côté des héros, l’attente jusqu’à mars pour la conclusion va être longue…

Tome 5

Ce n’est pas sans une petite larme et une légère boule au ventre que j’ai dit au revoir à Kenta et Yashiro dont j’ai tant aimé suivre la romance et le changement de vie. Ce dernier tome offre une très belle conclusion à un récit qui aura su me toucher comme rarement après un début humoristique qui ne me faisait pas du tout penser que j’aurais droit à ça. A mon sens Ayumi Komura a vraiment passé un cap avec cette série.

Prévenons tout de même le lecteur que ce dernier tome est terriblement court. Quand on le tient en main on le sens bien fin et en prime l’histoire principale n’occupe qu’environ les 2/3 des pages. Tristesse ! Pour autant, je suis obligée d’avouer que tout y est et que je n’ai ressenti aucune frustration. Certes le récit va un peu vite mais l’histoire est bouclée comme elle devait l’être.

Les deux garçons se sont enfin trouvés. Place à une belle romance ouverte entre eux. Petit coming-out rapide au lycée sur un ton qui fait bien rire où l’autrice rappelle quand même que dans un monde réel ça n’aurait peut-être pas été aussi simple même s’il y a de plus en plus de couples gays dans le paysage vu que c’est une norme comme une autre. Petits moments mignons et sexy entre les deux qui veulent désormais explorer leur sexualité. Mais frustration à son comble pour ma part quand ils sont bien trop rapidement coupés dans leur élan. Oui, je le dis, j’aurais aimé voir leur relation s’approfondir un peu plus, avoir droit à plus de pages où on les voit vivre leur relation de couple. C’est mon seul gros bémol ici. Pour le reste, j’ai trouvé original la façon dont l’autrice gère la révélation aux familles des deux et ce qu’elle ajoute avec les deux mamans, c’était inattendu, mais ça permettait d’ouvrir sur la bisexualité et l’amour non genré. On peut aimer un homme à un moment de sa vie et une femme plus tard ou vice verse, car on peut aimer une personne pour ce qu’elle est et non pour son sexe. J’aime cette philosophie et ça fait du bien de la voir normaliser ici. Certains y verront peut-être l’introduction d’un élément de trop ou superficiel dans l’histoire parce que c’est quand même traité et ajouté à la va vite tout à la fin mais personnellement j’ai aimé être ainsi surprise.

Enfin, Ayumi Komura n’oublie d’évoquer notre cher Dieu qui tient la tête d’affiche sur la couverture de ce dernier tome. On découvre enfin son parcours de vie et on est émue de le quitter lui aussi. C’était une belle figure tutélaire et son histoire est également porteuse de belles valeurs, notamment l’importance de l’attachement aux gens hors sentiment amoureux. On peut tenir énormément à quelqu’un sans en être amoureux pour autant ou sans être attiré par lui. Ayumi Komura a vraiment balayé un large spectre des sentiments dans sa série.

Je serai moins enthousiaste en ce qui concerne la petite histoire courte à laquelle on a droit à la fin. Les thématiques font un peu bis répétita mais avec une héroïne un peu trop masculine à mon goût. Pourquoi faut-il forcément affubler l’une des filles d’une aura masculine dans une possible relation lesbienne ? C’est d’un cliché ! Pour le reste, l’histoire est classique dans son déroulé mais mignonne et porteuse d’un beau message : arrêtez d’idéaliser les gens, de les mettre sur un piédestal et allez plutôt leur parler pour être proche d’eux. Par contre, je ne suis pas du tout fan de la mise en page à grand renfort de cases délimitées par des traits noirs très épais. Ça accroche le regard et ça laisse une drôle d’impression, comme si on lisait une histoire parodique ou imaginaire, vu que c’est un code utilisé dans ces cas. Je ne suis pas fan.

C’est donc avec émotion que j’ai refermé ce dernier tome. Connaissant les précédents travaux plutôt humoristiques de l’autrice, je ne pensais pas pouvoir trouver chez elle une histoire aussi fine et touchant un tel sujet. J’ai été plus que ravie de ma découverte. Ne vous laissez pas tromper par le tome 1, poursuivez pour découvrir cette très belle romance tellement touchante avec des héros si humains.

Ma note : 16,5 / 20

8 commentaires sur “Bless you d’Ayumi Komura

    1. J’avais le même souci mais je me suis laissée convaincre et c’est génial ! Par contre, il ne faut vraiment pas s’arrêter au tome 1, le tome 2 change complètement la donne et pour le mieux 😀

      J’aime

Laisser un commentaire