Livres - Fantasy / Fantastique

La Roue du Temps de Robert Jordan

Titre : La Roue du Temps

Auteur : Robert Jordan puis avec Brandon Sanderson (pour les 3 derniers tomes)

Éditeurs vf : Bragelonne pour les intégrales ; autrefois chez Pocket en découpés

Année de parution vf : Depuis 2012 chez Bragelonne

Nombre de tomes vf : 10 intégrales sur 14 chez Bragelonne + Une Préquelle (en cours)

Histoire : La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.
C’est la Nuit de l’Hiver dans la contrée de Deux-Rivières et, en ce soir de fête, l’excitation des villageois est à son comble. C’est alors qu’arrivent trois étrangers comme le jeune Rand et ses amis d’enfance Mat et Perrin n’en avaient jamais vu : une dame noble et fascinante nommée Moiraine, son robuste compagnon et un trouvère.
De quoi leur faire oublier ce cavalier sombre et sinistre aperçu dans les bois, dont la cape ne bougeait pas en plein vent…
Mais, quand une horde de monstres sanguinaires déferle et met le village à feu et à sang, la mystérieuse Moiraine devine qu’ils recherchaient quelqu’un : pour les trois amis l’heure est venue de partir. Car la Roue du Temps interdit aux jeunes gens de flâner trop longtemps sur les routes du destin…

Mon avis :

Tome 1 : L’oeil du monde

La roue du temps fut l’une des séries phares de mon adolescence. Je m’en rappelle en avoir lu chaque demi-tome qui sortait à l’époque (oui, pocket découpait les intégrales en deux…) avec un plaisir non dissimulé et j’attendais la suite des aventures de nos héros avec la même impatience. J’ai vraiment été bercée par les péripéties de Rand, Mat, Perrin et autres Aes Sendaï qui les entouraient. Mais la parution française et moi également n’avons jamais fini la saga. Avec l’intention d’enfin en découvrir la conclusion, j’ai acheté les derniers tomes en anglais, mais impossible de m’y mettre sans tout relire avant.

Avec la rentrée, je me suis donc lancée le défi de relire chaque mois, un tome (version intégral comme dans l’original) de cette saga pour enfin en découvrir la fin. Pour cela, j’ai racheté les débuts dans la nouvelle édition de Bragelonne qui bénéficie d’une nouvelle traduction. Parlons de suite de celle-ci, pour quelqu’un qui a autrefois lu l’ancienne comme moi, il y a forcément des mots et expressions qui vous feront tiquer, vous préfèrerez l’ancienne ou la nouvelle selon vos goûts (l’ancienne pour ma part), mais dans l’ensemble le texte est très agréable à lire et la lecture coule de source, malgré les nombreuses descriptions dont l’auteur aime ponctuer son récit. C’est donc avec un grand plaisir que j’ai retrouvé cet univers, qui n’a pas vieilli d’un pouce pour moi.

Mais de quoi est fait cet univers ? C’est, dans un premier temps, très inspiré du titre phare de Tolkien que nous connaissons tous. On retrouve énormément de thématiques, de personnages, de scènes ou encore des développements qui font penser au Seigneur des Anneaux, mais contrairement à celui-ci, Robert Jordan, lui, a envie de nous embarquer dans une histoire beaucoup plus longue et vaste, le rythme n’est pas donc pas le même, ni les développements. Attendez-vous à vous laisser tranquillement embarquer dans un univers aux ramifications sans cesse plus nombreuses et ce premier tome n’en est que la première pierre.

En effet, s’il est une chose à savoir, c’est Jordan aime prendre son temps. Quand on lit un de ces tomes, on sait que ça va être bourré de descriptions, de la coiffure, en passant par les tenues et autres états d’âmes des personnages, mais également des descriptions des lieux et artefacts qui rendent ceux-ci particulièrement vivants et réalistes à nos yeux et qui permettent une vraie immersion dans son univers.

Celui-ci repose, à la base, sur un concept très manichéen : les forces du Mal, des hommes ayant détourné le Pouvoir Unique masculin, sont enfermées depuis des millénaires dans le Mont Shayol Ghul, tandis que face à eux se tient un groupe de femmes aux puissants pouvoirs : les Aes Sedaïs. Un jour, dans un petit village loin de tout, des sbires des forces du Mal débarquent et ravagent tout. Ils sont à la recherche de trois garçons très particuliers, qui pourtant ont l’air on ne peut plus ordinaires : l’un des bergers, l’autre fils de forgeron et le dernier fils d’un marchand de chevaux. Mais sur place, une Aes Sedaï, Moiraine, était présente avec son Champion (je préfère l’ancien terme « Lige » personnellement ><) et va leur venir en aide.

On va ensuite suivre, le départ de leur village qui va signer le début de leur grande aventure. Ils partent sur les routes pour rejoindre le centre du pouvoir des Aes Sedaï, Tar Valon, afin que ces dernières puissent voir comment les aider. Mais on sent bien que Moiraine leur cache bien des secrets, notamment pourquoi ils les intéressent. Néanmoins, ils partent avec elles, voyages énormément, traversent bien des lieux inédits pour eux, on découvre à travers leurs yeux les différentes terres entourant leur petit village et les grandes villes peuplant cet univers. C’est également l’occasion de faire des rencontres significatives qui va leur permettre, et à nous aussi, de découvrir peu à peu qui ils sont et pourquoi ils intéressent tant tout le monde, leurs poursuivants en tête. Parce que forcément, ce n’est pas juste un petit voyage d’agrément, il y a derrière et autour d’eux tout un tas de méchants qui les cherchent, certains étant des créatures effrayantes, d’autres juste des hommes dévoyés par le Mal.

Certains trouveront peut-être ce cheminement, tout au long de ce premier tome, un peu longuet et je peux le comprendre. Leur voyage prend quand même, dans les 500-600 pages, je pense, si j’enlève le début, mais pour ma part je me suis régalée. J’ai beaucoup aimé découvrir les différents paysages. J’ai aimé les voir grandir au fil des jours. Je me suis amusée de redécouvrir tout plein de petits éléments qui vont tisser la toile de cet univers : les forces politiques, les pouvoirs magiques, les liens entre saidin et saidar, etc. J’ai souri aussi devant les relations qui se nouaient entre les membres du noyau du début ou les ajouts rencontrés en cours de route. C’est vraiment très riche et on ne s’ennuie pas.

Pour conclure, ce premier tome reste quand même une introduction, afin de nous faire deviner qui va prendre de l’importance, pour faire quoi, avec et/ou contre qui. L’aventure est à peine lancée et quand on connait la suite comme moi, on se rend compte que vraiment on n’a encore rien vu pour le moment, que ce n’est qu’un amuse bouche et que le meilleur, le plus palpitant, le plus héroïque, le plus sombre et le plus tortueux est à venir !

Ma note : 16 / 20

Tome 2 : La grande quête

Je sais que c’est peut-être la nostalgie qui parle mais je me suis encore plus régalée que lors de la relecture du tome 1 ici. J’ai eu l’impression que petit à petit l’auteur trouvait son style en dehors de son hommage à Tolkien, qu’il complexifiait son série et jouait très bien des multiples personnages qu’on a déjà rencontrés et des différents pôles occasionnés.

Nous reprenons l’histoire juste après la fin du tome 1 et de l’affrontement de Rand qui lui a révélé ses pouvoirs. Celui-ci refuse d’admettre qu’il pourrait être le Dragon réincarné. Il a peur de sa capacité de canaliser et décide de s’éloigner de tout le monde pour ne pas leur faire du mal. Il en résulte un comportement assez agaçant de sa part et la mise en avant de ce personnage par l’auteur n’arrange rien. Je trouve que Jordan force un peu trop le trait sur son immaturité, son côté têtu et fonceur. Mais heureusement il ne s’arrête pas là, Rand a aussi bon coeur et pour aider ses amis, il va donc se mettre en quête du Cor de Valère et du poignard de Mat qui ont été volé à leur barbe. Il en résulte un tome plein d’aventures, où on va être encore ballotés d’une contrée et d’une ville à une autre, le temps de moments épiques.

J’ai beaucoup aimé la façon dont Jordan a géré son récit. Il a parfaitement su mélanger action et développement de son univers. Les aventures que vivent Rand et ses amis sont passionnantes mais en même temps on découvre de nouveaux pays, de nouvelles coutumes, de nouveaux personnages, de nouveaux pouvoirs, etc. C’est très riche. De plus, il n’y a pas que cette quête dans ce tome l’histoire se tourne aussi beaucoup plus du côté des Aes Sedai que rejoignent Egwene et Nynaeve, ce qui ouvre un pan passionnant de l’histoire. En effet, elles introduisent une dimension de politique et de complot que j’ai adoré, tout en saupoudrant le tout d’une touche de vie en pensionnat à la Poudlard avec ses épreuves et ses personnages détestables. C’était très bon.

Les personnages restent nombreux. On aurait pu croire que ce serait difficile de les suivre mais ce n’est pas le cas. Robert Jordan passe très bien de l’un à l’autre, leur donnant à chacun la part belle, aussi bien les anciens que les nouveaux ou ceux que l’on retrouve. Rand part avec Mat et Perrin aux côtés d’Ingtar et Hurin (clin d’oeil à Tolkien ?) et ces derniers ont leur part dans sa réussite. Egwene et Nynaeve retrouvent Elayne et Min à Tar Valon et ces dernières leur seront très utiles pour se sortir du guêpier où elles vont se fourrer. Quant aux Aes Sedai qu’on rencontre, chacune est plus charismatique que l’autre dans son genre, l’Amyrlin en tête. Il me tarde déjà de plus les retrouver dans les prochaines tomes car si ici l’action prime souvent, la politique n’est jamais bien loin et ça va continuer !

Dans les petites nouveautés, en plus de l’arrivée en force des femmes de Tar Valon, j’ai beaucoup aimé les petites avancées sur Rand et « son passé », ainsi que sur la prophétie du Dragon Réincarné, et le rôle subtil d’une certaine Réprouvée. J’ai trouvé l’utilisation des voies et autres portes passionnante. J’ai adoré découvrir le mode de vie des Seanchans, avec leurs damanes tenues en laisse. Toutes ces petites choses et bien d’autres viennent vraiment enrichir l’univers de la série et lui donner sa couleur propre.

En conclusion, j’ai à nouveau été happée par l’univers de la Roue du temps. Celle-ci tourne plus vite que dans le premier tome et l’aventure nous embarque encore plus. Alliant quête classique, découverte de cultures différentes et politiques Aes Sedai et Daes Dae’mar, le récit devient de plus en plus passionnant et difficile à lâcher. Jordan se détache petit à petit de Tolkien dont il s’est fortement inspiré pour créer son propre univers bien plus complexe dans ce qu’il offre directement aux lecteurs, tout en restant très accessible à la lecture. Je suis fan !

Note : Je reprends mes anciennes éditions Pocket à partir de ce tome même si les intégrales sont découpées et que ça m’oblige à lire plusieurs volumes pour retrouver le découpage original. Je lui préfère largement sa traduction ^^

Ma note : 17 / 20

Tome 3 : Le dragon réincarné

Alors que le dernier tome avait été une lente montée en puissance et que j’avais passé un excellent moment de lecture avec, celui-ci marque un peu le coup, la faute à des choix narratifs qui ne m’ont pas convaincue.

Nous avions laissé Rand alors qu’il venait d’être proclamé Dragon Réincarné et qu’il avait fait montre de ses pouvoirs aux yeux de tous. Mais ce n’est pas aussi facile que ça à assumer. Dans ce tome, il est donc le grand absent, celui dont tout le monde parle mais que presque personne ne voit, pas même les lecteurs. C’est mon grand regret ici. Rand, qui est censé être le héros, fait figure de figurant dans ce troisième volume de l’histoire. On ne voit quasiment rien de ses tourments et il apparait juste brièvement de temps à autres pour se rappeler à nous, le long de son chemin vers Tear où il se rend pour confirmer une nouvelle fois qui il est. Le personnage est totalement oublié et on ne comprend pas bien ce qui le ronge du coup. L’auteur se moque un peu de nous et c’est sans parler de ce final où il expédie tout en moins de 20 pages… Vraiment décevant alors que j’en attendais bien plus.

Heureusement face à lui, et ce fut la force de ce tome, il y a tous les personnages secondaires qui pour le coup ont le champ libre pour se développer et montrer qu’ils ont du ressort. Je vais de suite évacuer ceux qui ne m’ont pas beaucoup plu : il s’agit de Mat et Perrin, les 2 autres Ta’veren, décidément… J’ai trouvé intéressant l’idée de faire de Mat un trèfle à 4 feuilles humains, mais du coup ses aventures perdent en impact et tout est un peu trop facile pour lui. Ça le renforce dans son rôle de branquignole que j’espérais lui voir abandonner. Alors oui, on a quelques lueurs d’espoir dans les derniers chapitres mais ce n’est pas encore suffisant. Trop de légèreté tue le personnage pour l’instant. A l’inverse, c’est le trop grand sérieux de Perrin, qui plombe ce dernier. Là aussi, il y a du potentiel mais ses aventures sont un peu mornes. Sa rencontre avec Faile est horripilante, tout comme l’est la jeune fille et l’évolution bien trop rapide et brusque de leur relation… Je n’accroche pas. Par contre, comme pour Mat, j’aime le don dont on affuble Perrin : voyager dans les « rêves de loups ». C’est plein de promesses. Il reste également un personnage dont j’aime le sérieux même si ici ça joue des tours à la dynamique de l’histoire. Oui, je ne suis jamais contente, mais je trouve que l’auteur a du mal à doser ses personnages masculins.

Du coup, la bonne, que dis-je, l’excellente surprise vient de nos amies Aes Sedai. J’ai été passionnée par les chapitres se déroulant à Tar Valon où l’on suit la punition reçue par les filles, puis leur ascension et enfin la sombre et périlleuse mission qu’on leur confie. C’est passionnant de voir la politique sur la corde raide qui se met en place dans leur école, pour tenter d’endiguer l’Ajah Noire qui est encore belle et bien présente dans l’ombre. J’ai aimé les voir partir en mission et jouer de leurs pouvoirs. Je trouve juste, encore une fois, que l’auteur ne prend pas assez le temps, c’est un comble pour Jordan, pour expliquer comment se développent leurs pouvoirs. Ils ont l’air un peu trop de sortir de nulle part. Ça ne me suffit pas d’entendre à chaque fois que c’est parce qu’elles sont plus puissantes qui quiconque depuis des siècles… Mais au moins avec elles, on a de l’aventure, de la politique, des complots, des pouvoirs, bref on ne s’ennuie pas.

Autre élément très positif de ce tome, c’est le développement de l’univers de la saga. Déjà, on parle des différents objets de pouvoirs de la saga qui permettent de manipuler le saidin et le saidar, c’est fascinant. On apprend également quelques bribes sur l’ancienne ère et ses membres encore en vie mais emprisonnés officiellement. Il y a aussi des informations sur ce que peuvent mijoter les membres de l’Ajah Noire et leur lien avec le Ténébreux. On découvre de nouveaux pouvoirs et de nouveaux coins du monde avec le Tel’aran’rhiod (le monde des rêves) et Tear avec son épée Callandor. Enfin, je garde le meilleur pour la fin, on rencontre enfin des membres du Peuple du dragon et je peux vous dire que je les attendais. Les Aiels sont des individus vraiment différents de ceux qu’on connaissait jusqu’à présent avec une société dont les us et coutumes ainsi que le fonctionnement sont totalement différents des nôtres. J’ai vraiment hâte qu’on les voie plus.

Ainsi, la saga continue à être dans mon top des meilleures que j’ai pu lire en Fantasy épique. Je trouve juste ce tome un peu plus faible que les autres de part le choix de mettre le héros en retrait et de privilégier les personnages autour de lui, puisque ces derniers n’ont pas tous les mêmes intérêts. Du coup, la plupart de leurs aventures font pâle figure face à ce qui se passe chez nos amies à Tar Valon et on ronge un peu notre frein. Mais il y a tant de belles pistes qui sont lancées pour la suite que je ne peux que rester enthousiaste.

Ma note : 15,5 / 20

Tome 4 : Un lever de ténèbres

Il est peu dire que j’attendais ce tome avec impatience. Pourquoi ? Parce qu’on y rencontre enfin la société des Aiels, l’élément fort qui m’avait marqué lors de ma lecture à l’époque et qui était resté le plus dans ma mémoire malgré les années qui ont passé. Ce tome m’a donc fait passé un très beau moment du point de vue de la mythologie de la série mais pas seulement, l’auteur nous y réserve aussi plusieurs surprises dont il a le secret et il n’oublie pas non plus de développer l’ensemble des fils qu’il a jeté dans les précédents tomes pour créer un vaste univers totalement cohérent.

Ce tome 5 de la Roue du temps est le tome le plus épais de la saga parmi ceux sortis en français, malgré tout et surtout malgré les descriptions à rallonge dont l’auteur a le secret, ce fut pourtant l’une de mes meilleures lectures du cycle. Je trouve qu’il a enfin trouvé le bon rythme, le bon rythme pour alterner les aventures de chacun des personnages, le bon rythme pour développer ceux-ci et le bon rythme pour développer son univers.

En effet, dans ce tome, Robert Jordan accorde enfin sa place à chacun. Après un tome 3 avec un Rand assez absent, il est ici au coeur de l’histoire avec sa découverte du peuple Aiel auquel il appartient sans le savoir au début. C’est le début d’une nouvelle quête pour lui et d’un nouveau pan de sa vie. On va donc consacrer une large partie du tome à la découverte de leurs us et coutumes, mais aussi de la place que Rand peut s’attendre à trouver chez eux. Pour autant, l’auteur n’en oublie pas les autres Tav’eren. J’ai trouvé qu’il commençait à donner une vraie carrure à Mat, autre que celle du joyeux farceur et la direction prise pour lui autour des mystères de sa mémoire parcellaire et de sa connaissance de l’Ancienne langue, me plait énormément. Perrin n’est pas en reste, il part lui aussi à l’aventure de son côté, ou plutôt il part sauver ceux de son village natal à la place de Rand qui est trop occupé par son destin, et ainsi il trouve lui-même le sien. C’est assez surprenant de voir ce grand timide se hisser à un tel statut, mais ça lui va plutôt bien au final.

Ce qui m’amène aux points négatifs du tome, parce qu’au milieu de ces plus de 900 pages il en fallait bien… J’ai trouvé qu’une fois qu’on enlevait toutes les descriptions à rallonge, Robert Jordan allait un peu trop vite sur certains aspects. Il utilise vraiment de très grosses ficelles pour que ses personnages s’en sortent. Il les fait ainsi avancer au pas de course après avoir longuement tardé et parfois tourné en rond. Les scènes de bataille sont ainsi bien trop brèves, rapides et faciles. Il y a bien trop de Deus ex machina… je dois le reconnaitre et c’est dommage, ça fait perdre de sa dimension épique à la série. De la même façon, les romances sont très mal écrites ici. On ne croit pas une seconde à celle entre Rand et Elayne, qui sort de nulle part ou presque et est développée bien trop rapidement et superficiellement. Celle de Perrin et Faile est à peine mieux, mais vu le caractère particulièrement pénible de la demoiselle, c’est dur de l’apprécier. Ici aussi, ça va trop vite et certains développement ne sonnent pas juste. Je ne lis définitivement pas le titre pour ça malgré mon goût pour les romances… Et la prochaine qui se dessine n’est guère malheureusement.

Non, si j’ai tant aimé ce tome, c’est pour trois choses : les Aiel, Rand et ses pouvoirs, et les soubresauts à Tar Valon. Le premier point est passionnant. On découvre une toute nouvelle société avec des coutumes complètement différentes des nôtres, où il y a un bel équilibre entre homme et fan, et surtout un passé tragique qui fait rêver. J’ai adoré l’arrivée auprès des Sagettes, la découverte de Rhuidean, la rencontre avec les autres chefs, que de moments magiques ! Concernant Rand, on le voit enfin avancer avec un semblant de plan, il rencontre des Réprouvés qui vont « l’aider » à leur façon à progresser, il utilise des objets de pouvoirs, il se crée une place dans ce nouveau monde. Bref, il bouge et me fait rêver lui aussi par les promesses d’aventure qu’il m’offre. Enfin, les Aes Sedai de Tar Valon ont été la grosse surprise du tome. Je ne m’attendais pas à un tel revirement ou du moins pas si vite et si brusquement, ça offre aussi tout un tas de possibilité d’aventure, de trahison, de revanche, d’étalage de pouvoirs, etc.

Ce tome est vraiment un tournant dans l’histoire, il ouvre plein de portes et en même temps l’auteur parvient à réutiliser tout ce dont il a déjà parlé. On retrouve le Champ d’Edmond. On revoit les Seanchan et leur a’dam. On continue à parler des Réprouvés et de Lews Therin. On fait une incursion à Tar Valon. Les filles continuent à poursuivre l’Ajah Noire. Bref tout ce qui avait été un peu amorcé se développe pour permettre à l’intrigue de prendre encore plus d’ampleur. C’est excellent !

Ma note : 17 / 20

Tome 5 : Les deux du ciel

Cette relecture de la saga phare de mon adolescence n’en finit pas de m’enchanter avec un tome encore une fois bourré d’actionles personnages avancent bien. Robert Jordan ne perd pas le cap et fait sans cesse avancer son histoire, avec peut-être moins de surprises que les dernières fois, mais avec toujours le même esprit retord quand même, ce qui rend la lecture toujours passionnante. Je vais donc essayer de vous en parler sans trop spoiler.

L’intrigue se découpe essentiellement en 3 axes dont 2 qui vont se rejoindre dans ce tome. Le grand absent est par contre Perrin qu’on ne voit pas mais comme ce n’est pas non plus mon personnage préféré, surtout à cause de Faile, il ne m’a pas manqué. A l’inverse, j’ai beaucoup aimé la mise en avant de Mat, la prise d’assurance de Rand et les affaires de nos chères Aes Sedais et Sagettes.

Rand est désormais un Car’a’carn installé à la tête des Aiels, son but est désormais de traquer et éliminer Couladin, le chef Aiel rebelle qui cherche à prendre sa place. On va donc suivre ses préparatifs, sa façon de commander les Aiels, les concessions qu’il va devoir faire, les décisions qu’il va devoir prendre, etc. C’est classique et pourtant passionnant, surtout que viennent s’y mêler beaucoup d’éléments plus personnels tels que ses sentiments naissants pour Aviendha, sa méconnaissance de la société aielle ou encore les souvenirs de Lews Therin qui commencent à venir le hanter. On ne s’ennuie pas un instant en le suivant et Rand grandit vraiment, je trouve, même si sa maîtrise du pouvoir est encore bien trop souvent le fruit du hasard. En attendant, il nous offre deux grands moments dans ce tome : la bataille contre Couladin où on a l’impression d’être sur le terrain avec lui et ses officiers à suivre les différentes manoeuvres (merci Mat !), et l’attaque des Réprouvés avec un duel assez surprenant. Rand et ses amis se débarrassent à nouveau de plusieurs Réprouvés mais Rand est rattrapé par la souillure et ses souvenirs, de plus il est à la tête de plus en plus de cités, ce qui promet vraiment pour la suite.

Face à lui, Robert Jordan nous propose également de suivre Elayne et Nynaeve dans leur combat contre l’Ajah noire. J’ai trouvé que leur intrigue s’embourbait un peu et qu’elles perdaient trop de vue le combat qu’elles devaient mener. Le duo ne fonctionne pas super bien, Elayne étant très agaçante et sachant à merveille réveiller les vieux démons de Nynaeve, ce qui donne envie d’en prendre une pour taper sur l’autre. Cependant, elles voyagent, font des rencontres très intéressantes, développent leurs pouvoirs, notamment en lien avec le Tel’Aran’Rhiod (le monde des rêves). J’ai aimé voir l’intérêt grandissant d’Elayne pour la fabrication et le fonctionnement des objets de pouvoirs, et celui de Nynaeve pour la guérison. J’ai aimé les voir s’affirmer l’une et l’autre et prendre part aux combats. J’ai été plus agacée, une fois de plus par la partie romance et rougissements de jeunes filles que je trouve très mal faits dans la série…

Enfin, reste la troisième partie de l’intrigue qui va rejoindre celle de nos Aes Sedais en herbe, c’est celle de leurs aînées qui ont quitté la Tour suite à la prise de pouvoir d’Elaida. On ne les voit pas beaucoup mais le peu où on les suit, l’intrigue se révèle passionnante, à la fois parce que c’est très politique mais également parce que ce sont des personnages haut en couleurs, à l’image de Siuan et Leane et de leurs aventures avec Gareth Bryne, l’ex de la mère d’Elayne. Tout cela donne un savoureux mélange drôle et sérieux à la fois, qui se complexifie encore quand nos deux jeunes Acceptées reviennent au bercail. On sent vraiment qu’on n’est qu’au tout début de ceci.

Et je n’oublie pas les personnages dont j’ai tu les noms jusqu’à présent mais qui nous offrent encore de beaux moments dans ce tome, même si parfois on a aussi envie de leur crêper le chignon. Pèle-mêle, j’ai beaucoup aimé le rôle d’Aviendha et des autres Sagettes qui n’hésitent pas à tenir la dragée haute aux hommes comme aux Aes Sedais. Je me suis amusée de voir Egwene prendre un tel bec vis-à-vis de ses anciennes camarades. Elle commence à prendre une toute autre stature. J’ai été surprise de voir à l’inverse Moiraine apprendre à se faire plus discrète et moins insistante auprès de Rand. En plus, elle nous livre l’une des grandes surprises du tome ! J’ai été triste pour Lan dans ce tome qui est bien trop effacé. J’ai beaucoup aimé l’arrivée de Brigitte qui apporte du sang neuf et ça m’a fait du bien de retrouver des têtes connues, montrant que le monde est bien petit. Tout cela donne vraiment le sentiment de suivre une petite famille certes hétéroclite mais dont on aime chaque membre justement pour ses particularités.

Franchement l’histoire est vraiment bien rythmée cette fois. Le tome a démarré sans temps mort, nous embarquant d’emblée dans les aventures des uns et des autres. Parfois on passe de longs moments sans revenir à un pan de l’intrigue mais vu que ce qui se passe est passionnant, on ne regrette pas. J’ai aimé qu’on approfondisse le rôle de Rand auprès des Aiels mais aussi en tant que Dragon Réincarné et Car’a’carn. J’ai beaucoup apprécié l’importance prise par le Monde des rêves dans l’intrigue en général, montrant ainsi les différentes possibilités qu’il a à offrir et il y en a. J’ai trouvé qu’en général le développement de l’aspect magique de l’histoire était bien mené, avec un Rand qui commence à basculer, un Mat qui commence à exploiter ce qu’il a gagné et les filles qui gagnent énormément en assurance avant de se prendre un retour de bâton. C’est très astucieux pour garder l’attention du lecteur.

Ainsi, je me suis peut-être encore plus attachée aux personnages dans ce nouveau tome et j’ai été passionnée par leurs aventures aux quatre coins du globe avec en même temps le sentiment d’un certain recentrage bienvenu de l’intrigue. Décidément, j’adore ce qu’a fait Robert Jordan ici !

Ma note : 17 / 20

Tome 6 : Le seigneur du chaos

Lentement mais sûrement, je me rapproche de la parution française, coincée au tome 9 depuis 2 ans. J’aime toujours autant l’univers de La roue du temps qui est d’une belle complexité, complexité de l’intrigue, des personnages mais aussi des émotions. Cependant, je ne peux cacher aussi une certaine lassitude qui a fait jour dans ce tome très très long.

J’ai eu l’impression que les différentes forces passaient leur temps à fourbir leurs armes dans ce sixième opus et du coup qu’on faisait énormément de surplace. Cela a rendu ma lecture de ces mille et quelques pages très très longue et la tentation de sauter certains passages très très puissante.

La majeure partie du tome est consacrée à la politique Aes Sedai. Celles-ci sont bel et bien divisées, c’est un état de fait. Celles de la Tour, toujours dirigées par Elaida ourdi un plan pour s’emparer du pouvoir, mais on les voit très peu. Non, l’auteur se concentre sur celles de Salidar qui ont tout à construire. On y voit longuement Nynaeve et Elayne y évoluer, démontrant tout ce qu’elles ont appris, mais bon sang que c’est long et répétitif. En plus, Elayne est juste impossible. Heureusement, leurs interactions avec Leane et Sian restent piquantes et intéressantes, et surtout un nouveau défi se présente devant elles, qui va les occuper par la suite. Cependant, je trouve ce tome assez statique pour elles. L’animation ne vient que dans la seconde partie avec un coup de chapeau sorti de nulle part concernant le choix de la nouvelle Amyrlin et un prodige non moins surprenant venant de Nynaeve. Mais cela a le mérite de rebattre les cartes.

L’autre gros morceau, c’est bien sûr l’intrigue autour de Rand, qui là aussi est très statique même si on le suit dans ses Voyages d’un lieu de pouvoir à l’autre. Les nombreux jeux de pouvoirs à chaque fois différents selon qu’il soit à Tear, Caemlyn ou Cairhien sont complexes et un peu lassants au final pour le lecteur, surtout au vu du nombre de personnages conséquent et souvent oubliables qu’on croise. C’est la même chose pour les romances du jeune homme. J’en ai rarement vu d’aussi mal écrites. Je ne comprends pas l’attachement de ces femmes pour lui quand on voit le peu de temps passer avec lui avant que leurs sentiments se déclarent. Et par la suite, elles sont toutes, à leur façon, ridicules au possible. La moins pire étant pour moi Aviendha et encore… Tout ça me fait trop souvent lever les yeux au ciel lors de la lecture. Heureusement, petit à petit c’est un autre aspect de Rand qu’on voit prendre le dessus : sa folie. Il entend de plus en plus et de mieux en mieux la voix de Lews Therin, son incarnation passée, ce qui peut faire craindre le pire. Il s’enferre aussi dans son idée de monter une armée d’Asha’man, pendant des Aes Sedai, avec une aide inattendue. Et il réfléchit en plus à un plan, qu’il n’a pas encore dévoilé, contre les Réprouvés en liberté. Ça fait beaucoup pour un seul homme mais c’est palpitant à suivre pour le lecteur qui se demande ce qui relève du génie ou de la folie.

Et pendant ce temps, nos autres Tave’ren sont attirés ou repoussés par lui. J’ai aimé le retour de Perrin dans l’histoire même si j’ai eu du mal à reconnaitre notre ami forgeron dans l’homme dur et sur de lui qu’on retrouve. Je déteste toujours autant sa femme et ses manoeuvres par contre. Mais Perrin est un homme qu’il fait de bon de retrouver. J’aime beaucoup sa faculté de communiquer avec les loups et il fait le lien avec les Deux Rivières. Mat est un peu plus oublié. On le croise certes en tant que commandant de la Main rouge, mais il est aux ordres de Rand et il brille moins. On le retrouve coincé dans une mission dont il ne veut pas avec des personnages insupportables à gérer. Bon courage à lui ! Mais au moins, il m’amuse toujours autant et je place de grands espoirs en lui.

Alors pourquoi ai-je apprécié ce tome malgré toutes mes récriminations ? Parce que même si on fait longtemps du sur place, on développe de plus en plus la folie de Rand, ses pouvoirs, ses ambitions politiques et guerrières. Qu’on voit les Aes Sedai à l’oeuvre dans toute leur grandeur et leur horreur. Qu’il y a une multitude d’intrigues et sous-intrigues pour nous faire patienter et ronger notre frein. Mais surtout parce que le final, les 100 dernières pages environ, envoient du lourd ! Une capture, une course-poursuite, une libération et une bataille haletantes qui m’ont fait retenir mon souffle et qui me font craindre le pire pour la suite ! Alors je pardonne quand même à Robert Jordan de m’avoir un peu ennuyée au cours de cette lecture car je sens bien qu’il a pensé sa série dans la globalité. Certes celle-ci gagnerait à être élaguée mais ça reste vraiment excellent dans l’ensemble.

Ma note : 15,5 / 20

Tome 7 : Une couronne d’épées

Nouveau tome, nouvelles récriminations. J’ai l’impression d’être un peu dans le creux de la vague en ce moment avec cette série que j’affectionne particulièrement mais dont je vois de plus en plus les failles également. Après un tome de surplace où chacun fourbissait ses armes, voici un tome de politique où on se perd un peu au milieu des différents camps et personnages.

Après avoir échappé à la Tour Blanche, Rand a réussi un exploit : obtenir la fidélité de certaines Aes Sedai renégates. Mais il est toujours pris en tenaille entre les Suppôts des Ténèbres et les Seanchaniens, une pression dont il se passerait bien alors qu’il réunit ses forces pour s’attaquer au bastion de Sammael. De leur côté, Elayne et Nynaeve cherchent un moyen de briser l’emprise du Ténébreux sur le climat. Quant à Egwene, elle conduit une armée vers Tar Valon. Voici les trois principaux points de l’intrigue dans ce tome de mi-parcours.

Même s’il fut plus court que le précédent, et remercions Mr Jordan pour ça !, la lecture n’en fut pas toujours passionnante. Comme à chaque fois, le temps de développer plein d’intrigues secondaires on côtoie énormément de personnages dont on ne se rappelle pas toujours l’identité, le camp ou la fonction, tout ça pour n’avoir que les 100 dernières pages où ça se bouge vraiment et encore ici, ce fut vraiment de manière encore plus précipitée que d’habitude…

Dans ce tome, Rand est empêtré dans les intrigues politiques des différents royaumes qu’il a conquis et c’est très compliqué parce que tout essaie de lui péter entre les doigts parce qu’au final il n’avait pas mis de vrais dirigeants à la tête de ces royaumes… Du coup, on le voit plus en « Roi » qui essaie de rétablir son autorité à droite à gauche qu’en manieur du Pouvoir et c’est dommage. Sa folie naissante et son traumatisme après son enlèvement ne sont pas assez exploités, on les pousse trop rapidement sous le tapis. Cependant, j’ai trouvé la dynamique entre lui et Min, bien meilleure, et surtout j’ai aimé le voir interagir avec les Aes Sedai qu’il essaie de mettre au pas, et les Ash’a’man avec lesquels il va essayer de travailler. Je compte beaucoup aussi sur l’arrivée d’un nouveau personnage auprès de Rand sur la fin du tome pour remplacer Moiraine. Tout cela n’est encore qu’esquissé mais c’est prometteur il me semble. La seule victime collatérale là-dedans étant Perrin, qui contait pourtant très bien l’histoire les premiers temps de ce volume, mais qui se voit vite écarté pour on ne sait où et on ne sait combien de temps. Bye bye Perrin. Et bienvenue à Rand et sa Couronne d’épées.

En parallèle, Egwene essaie elle aussi de diriger son clan, les Aes Sedai rebelles de Salidar mais elle se rend compte que cela n’a rien de facile. On suit les premiers pas d’une toute jeune souveraine qui tente de se rebeller contre le carcan qu’on essaie de lui imposer. C’est chouette de la voir défaire les complots des unes, les manigances des autres et imposer sa propre autorité et son propre style. En plus, l’auteur n’en fait pas des tonnes et comme ce n’est pas l’intrigue la plus dynamique, il lui donne juste la part nécessaire, développant au passage en périphéries certaines relations prometteuses elles aussi. Et en parallèle, de la même façon, on suit brièvement Elaida et les difficultés qu’elle rencontre dans son nouveau rôle malgré tout.

Reste ensuite, le gros morceau de l’histoire, celui qui était le riche en péripéties et prometteur en développement de l’univers : les recherches de Nynaeve, Elayne et Mat à Ebou Dar. J’ai été ravie de revoir Mat sur le devant de la scène, c’est un personnage dont j’aime beaucoup la riche personnalité et ici on est à la fois amusé et ébahi par ce qui lui arrive. Les filles, elles, sont assez casse-pieds dans leur manière d’agir mais cela crée une bonne dynamique dans le récit de leurs aventures. J’ai juste trouvé qu’Aviendha était beaucoup trop en retrait, voire complètement oubliée ici, c’est dommage après avoir tant fait pour ce personnage. En attendant avec eux, on en apprend plus sur le Peuple de la mer, on assiste au retour des Seanchans, on découvre le fonctionnement de la ville d’Ebou Dar et certains de ses secrets, et surtout on a un double final haletant de leurs aventures entre le moment où elles trouvent ce qu’elle cherche et celui où Mat repart en ville pour une certaine raison et où tout part en cacahouète. Décidément être Tav’eren peut vraiment se révéler hasardeux. Bonus : Nous assistons au retour de Lan !

Ce 7e tome de la Roue du temps fut encore une très bonne lecture, divertissante et remuante. J’ai moins levé les yeux au ciel à cause des personnalités des principaux personnages. J’ai eu l’impression que l’auteur nous dirigeait vers de nouveaux affrontements dantesques, développant son univers vers de nouvelles directions. Cependant, il y a vraiment trop de personnages ! Surtout que l’auteur en ajoute sans cesse, reléguant certains aux oubliettes ce qui est fort dommage. On s’y perd et c’est malaisant lors de la lecture. Mon édition n’ayant pas d’accompagnement de ce côté-là, ça manque. Alors oui, je suis ravie de voir la politique sur le devant de la scène, de nouvelles batailles et de nouveaux ennemis, un héros qui reprend du poil de la bête et surtout moins de romance nunuche, mais je continue à penser qu’il faudrait condenser un peu tout ça et ne pas toujours répéter le même schéma narratif d’un tome à l’autre 😉

Ma note : 15,5 / 20

Tome 8 : Le chemin des dagues

Je clame mon amour pour cette saga depuis le premier tome, mais il faut parfois enlever ses visières de fans pour avouer qu’un tome nous a déçu, c’est le cas ici. J’attendais de la part de l’auteur qu’il me fournisse un regain d’intérêt ici après le final tonitruant de la dernière fois avec le débarquement des Seanchans. Malheureusement j’ai eu à la place un tome où il ne s’est rien passé…

Depuis longtemps, je sais que Jordan est un auteur qui aime prendre son temps, qui aime les longues descriptions des décors, des personnages, de leurs tenues et ça ne me gênait pas quand à côté on avait une histoire qui devenait de plus en plus complexe et riche avec une action bien dosée. Ici, clairement j’ai cherché l’action. Chaque arc du tome fut dans un premier temps long et avec peu d’intérêt, et même l’accélération finale fut décevante car bâtie encore une fois sur le même schéma que d’habitude ou presque avec un Rand brutalement en danger mais qui sort victorieux. Jordan, réveille-toi !

Revenons maintenant sur chaque pan de l’histoire. Elayne et Nynaeve ont bien récupéré la coupe et s’en serve fort rapidement et facilement (?) pour re-régler le climat. Puis, elles se dirigent enfin vers Caemlyn afin que la première récupère la couronne qui lui est due. C’est un arc scénaristique où l’on parle beaucoup pour bien peu d’effets. Il y a beaucoup de pages qui y sont consacrées pour un résultat minime. Je trouve juste que les filles, chacune de leur côté, ont un peu mûri et s’affirment en tant que femme et Aes Sedai. Du côté de Perrin, il est intéressant de voir qui il croise sur sa route. Dans un premier temps, c’est une rencontre que je trouvais signifiante pour la suite et qui avait des conséquences assez amusantes du fait de la ruse qu’elle sous-tend. Dans un second, celle qui se produit à la fin, est un vrai coup de tonnerre que je n’avais pas vu venir et qui me plait énormément dans ce qu’elle annonce pour la suite. Ça va peut-être enfin secouer ce personnage un peu mollasson. Chez les Aes Sedai près d’Egwene, c’est toujours autant tendu entre les différents « clans » et notre Amyrlin louvoie parfaitement entre eux, se jouant des uns et des autres. J’ai beaucoup aimé sa « prise de pouvoir » et la façon dont elle les met au pas pour se lancer dans la bataille. La figure de Gareth Bryne me plait également de plus en plus, c’est vraiment un homme sage. En tout cas, avec Egwene, nous avons vraiment une politicienne à l’oeuvre !

Contrairement à son ami Rand qui lui file du mauvais coton. C’est le héros de l’histoire mais qu’est-ce qu’il est agaçant. Il s’isole à nouveau. Ceux qui l’entourent nous sont mal connus donc on ne s’attache pas à eux. J’avais espoir de développement d’une relation entre Cadsuane et lui, mais il ne se passe rien. En fait, on suit Rand dans sa guerre pour repousser les Seanchans mais on ne voit rien du tout ! Quelle frustration ! Les batailles sont loin et Jordan ne nous montre rien… A part le moment, où Rand perdu fait encore une bourde en voulant jouer au plus fort. C’est agaçant. Puis vient le retour dans l’un de ses palais où il se fait à nouveau attaquer mais pas par les mêmes que d’habitude, ce qui change un peu la dynamique future. Cependant dans ce tome, il n’aura pas fait grand-chose de neuf et niveau développement du personnage il n’y a pas vraiment d’avancée non plus… Reste quelques petits passages du côté des différents « méchants » qui sont sympathiques pour aussi voir leurs plans et leurs mésaventures mais qui n’apportent pas grand-chose non plus pour le moment à l’intrigue qui reste fort plate.

Alors pourquoi est-ce que je ne note pas plus mal ce tome ? Parce que je me dis que peut-être que tout ça est voulu par Jordan, comme le calme avant la tempête. On sent en effet monter un certain malaise au fil du temps, notamment chez ceux capables de canaliser. Après que les filles aient utilisé la Coupe, on dirait qu’elles ont déréglé quelque chose dans le pouvoir et que ça touche tout le monde, en particulier les hommes. Ainsi on voit de drôles de défaillances chez Rand et ses hommes. Les autres groupes fourbissent aussi un peu leurs armes avant un gros affrontement je l’espère : Egwene se rapproche de la Tour et s’entoure et Elayne récupère son trône. La grande question cependant est : Where is MAT ?? On ne le voit pas une seconde dans ce tome alors que le précédent le laissait dans une position plus qu’inconfortable. Je veux des réponses ! xD

La Roue du temps reste pour moi une lecture indispensable en temps que cycle. Elle est agréable à lire, on se plait à retrouver les personnages et à vivre des aventures avec eux. Ce tome fut juste trop plat pour moi. J’aime qu’il y ait plus d’action et de l’action visible, et qu’on ne soit pas autant dans l’attente qu’ici. J’ai du mal à ronger mon frein ^^!

Ma note : 14 / 20

Tome 9 : Le coeur de l’hiver

Après plusieurs tomes un peu décevants, je m’attendais à nouveau à une lecture mollassonne mais Jordan a su me prendre à contrepied et proposer enfin un tome où il se passe plein de choses et des choses importantes pour l’histoire. Bien sûr, les défauts inhérents à sa façon d’écrire n’ont pas disparu mais ils sont plus supportables ici.

En effet, ce tome 9 nous fait repartir à l’aventure et ce d’entrée de jeu. Il répond également à plusieurs questions que je me posais et commence à résoudre certains problèmes pour faire avancer l’intrigue globale, chouette ! Seul souci comme  souvent, on retrouve des personnages mais on en perd d’autres comme dans un mouvement de balancier implacable. Et surtout, je persiste à trouver que Jordan fuit l’écriture des scènes de batailles, d’affrontements, il les esquisse nous fait saliver mais ne nous les montre jamais réellement et c’est très frustrant. De la même façon, il nous présente les ennemis du héros mais de très loin, au point qu’on ne sait pas vraiment qui ils sont, qu’elles sont vraiment leurs motivations, intentions, etc. Ils ne semblent apparaitre qu’au moment opportun où l’auteur a besoin d’un méchant… Ce sont des faiblesses d’écriture que l’auteur aurait dû résoudre depuis le temps !

Mais à contrario, quel univers encore il nous propose ici. Alors que je pensais qu’on avait à peu près fait le tour de celui-ci, il me démontre encore le contraire avec la place de plus en plus importante des Seanchans qu’on retrouve dans de nombreux arcs se mêlant avec les peuples déjà rencontrés et les personnages importants de l’histoire. Ce tome repose vraiment là-dessus et sur le développement de l’univers magique du récit avec la quête de Rand pour assainir le Saidin et le guérir de sa souillure. Culture et magie, un mélange plus que savoureux pour moi !

On se retrouve ainsi à suivre essentiellement trois arcs dans ce tome : celui de Rand bien sûr, qui va croiser celui d’Elayne, et enfin celui de Mat dont je suis trop contente du retour sur le devant de la scène ! Par contre, exit Perrin & Co. que l’on voit à peine, et Egwene et ses compagnes qui se dirigent vers Tar Valon que l’on entrapercevoit à peine…

Commençons par Elayne. Avec elle, nous avons l’arc politique du moment. Elle est revenu chez elle mais a tout à faire. Elle doit convaincre et affronter des complots visant à la tuer ou la renverser. Elle, qui était si agaçante comme Aes Sedai, se révèle bien plus intéressante et pertinente dans ce rôle. L’auteur a trouvé un bon compromis. Son trio avec Aviendha et Brigitte me plait assez. Et le fait qu’elle soit confrontée à tout plein de peuples et de clans à cause des bouleversements dus à Rand me séduit, cela rend les manoeuvres complexes. Je préfère tout de même la politique version Aes Sedai quand on suit Egwene mais c’est un bon compromis en attendant de la retrouver.

Vient ensuite, toujours avec un peu de politique, l’arc de Mat. Quel plaisir de retrouver celui-ci ! Je le pensais en bien plus mauvaise posture. Il est confronté en direct aux invasions Seanchans là où il se trouve et doit donc manoeuvrer à son tour ou plutôt filouter comme il sait si bien le faire pour se sortir du piège où il est tombé. Jordan va ainsi nous concocter une aventure de fripouilles où Mat va chercher des alliés improbables pour tenter de s’enfuir mais aussi de libérer des gens qui lui sont chers et d’autres qui le mérite selon lui. Sauf que comme souvent avec lui, cela va se révéler plus compliqué et lui jouer bien des tours. Il va en effet tomber nez à nez avec la femme qu’il souhait par-dessus tout éviter. Electricité en perspective pour la suite !

Enfin le gros morceau comme toujours, c’est Rand. Franchement pendant un moment, je ne voyais pas trop ce qu’il mijotait. Il voyageait de droite à gauche, se déplaçant sans cesse, je pensais qu’il voulait ainsi éviter les Ash’a’man qui l’avaient trahi et souhaitaient le tuer. Mais au final, son plan se révèle tout autre et j’ai adoré la surprise. Rand fut un fin tacticien ici. C’était simple mais encore fallait-il y penser. Il s’allie pour cela enfin à Cadsuane – Je l’attendais depuis un moment – et refait confiance à Nynaeve. Je trouve d’ailleurs que leur groupe fonctionne plutôt bien. Le final est génial, on voit enfin hommes et femmes de pouvoir s’allier pour « nettoyer » la magie de tous. Il me tarde de voir les conséquences de tout ça !

Anecdote sur Rand aussi, il a enfin réglé le problème de ses sentiments multiples, en se liant aux 3 femmes de sa vie ! Non franchement, Mr Jordan, je n’aime pas votre façon de mener la enfin les romances du héros… Et en prime, on apprend qu’il faire des enfants (jumeaux et quadruplets !) à au moins deux d’entres elles… Il y avait mieux à faire. Je préfère largement la romance certe classique de Nynaeve et Lan. Mais si j’avais eu le choix, je crois que j’aurais évacué tout ça de l’histoire pour me concentrer sur le reste.

Bref, avec ce 9e tome l’histoire repart de plus belle. La roue continue de tourner et se réoriente. On découvre de plus en plus les Seanchans. Le saidin et la saidar vont peut-être permettre enfin à leurs détenteurs de travailler ensemble. De très belles promesses pour la suite, j’ai hâte !

Ma note : 16 / 20

Tome 10 : Crossroads of Twilight

Ce dixième tome n’est pas encore sorti en intégrale chez Bragelonne mais je devrais pas tarder d’après ce que j’ai entendu dire. En attendant, je suis donc revenue à ma version France Loisirs dont les tomes 19 et 20 correspondent à ce tome. J’en ferai de même pour le tome 11 et après direction la vo. Je ne veux absolument pas faiblir dans la dernière ligne droite de cette lecture intégrale !

Après un tome 9 qui m’avait enthousiasmée dans ce qu’il apportait comme nouveaux rebondissements à l’histoire, me revoilà un peu frustrée avec ce 10e opus, qui n’est pas mauvais à suivre mais se contente de replacer chaque pion avant un grand coup de fouet (du moins, je l’espère !).

Jordan joue avec nous dans ce tome, qu’il ouvre d’abord par un très long prologue, faisant quasiment 10% du nombre de pages totales. On y voit évoluer des seconds couteaux peu connus mais dont le potentiel est effrayant et ce dans chaque camp. On se rend compte alors combien l’univers est dense, complexe et habité. Selon certains sites de fans, il y a plus de 2000 personnages dans la Roue du Temps, je n’en suis pas surprise.

Ensuite, l’auteur s’amuse à nous compter l’histoire de l’ensemble des personnages importants de la saga hors Rand, ces derniers étant totalement ignorant de ce qu’il vient de faire, cela rend leurs différentes intrigues encore plus savoureuses. Car ce tome est avant tout un tome politique. On y suit les aventures d’Elayne et Egwene qui continuent chacune leur campagne pour s’affirmer auprès des leurs, mais également les alliances qu’elles vont être amenées à passer et qui risquent de tout bouleverser. Il en va de même pour Perrin, toujours à la poursuite de sa femme capturée par les Shaidos, ainsi que pour Mat dont la mésaventure semble encore plus trouble. En tout cas, chacun d’eux est confronté à des plans compliqués dont on n’est pas encore prêt de voire la bout, mais qui se révèlent passionnant à suivre. Le seul souci, c’est que cela implique énormément de personnages, notamment du côté d’Elayne et qu’il n’est pas toujours simple de s’y retrouver.

Cependant chacun de ces personnages montre qu’il a tout à fait la capacité d’être un héros à part entière de l’histoire. Egwene est terrible en Amyrline, elle louvoie entre les différents clans, les différents changements qu’elle aimerait faire passer et les complots qui visent à l’isoler et la museler. J’ai plus de mal avec Elayne même si je reconnais qu’elle manoeuvre bien les différentes familles dont elle a besoin pour se faire élire. Cela reste cependant un peu flou pour moi, et je suis plus intéressée par le développement de ses relations avec ses « consoeurs », ainsi que la façon dont elle va gérer les différents peuples/clans autour d’elle : Asha’man, Pourvoyeuses de vent, Seanchans, Aes Sedai, … Du côté des garçons, j’ai peiné à me passionner pour la quête de Perrin jusqu’au dernier moment car c’est juste une course poursuite qui n’aboutit pas. Cependant l’alliance qu’il va tenter de forger avec un ennemi pour combattre un autre ennemi m’interpelle. A l’inverse, j’ai adoré les quelques chapitres qu’on a eu sur Mat, alors que soyons honnête, ça n’avance pas beaucoup. Mais son jeu du chat et de la souris avec La fille des Neuf Lunes est excellent. On sent une grande tension entre eux et chacun essaie de faire preuve d’intelligence pour duper l’autre, dur de voir qui va sortir vainqueur, mais passionnant.

Et en filigrane de tout ça, souvent sans qu’il soit implicitement cité, il y a Rand et ce qu’il a fait avec Nynaeve. On n’en perçoit à peine les conséquences pour l’instant alors que c’est du lourd ! Il n’a pas crié sur les toits ce qu’il a fait, il a d’ailleurs encore du mal à l’assimiler lui-même, on dirait, mais c’est dantesque pour la série et Jordan fait petit à petit monter la sauce l’air de rien en laissant ça de côté, excellent. Même si elles se trompent, celles qui en sont les plus conscientes sont les soeurs autour d’Egwene et il me tarde de voir vraiment ça éclater au grand jour.

Du point de vue de l’univers, pas d’avancée majeure, mais plein de petits éléments savoureux. Egwene s’interroge sur le bâton des serments, le lien des soeurs avec les liges. D’autres soeurs s’interrogent sur le fait de faire d’un Asha’man un lige et vice versa. Il est aussi question de ce qui a eu lieu à Shadar Logoth mais c’est encore un peu flou. On continue aussi à découvrir des particularités du peuple Seanchan. Et il est parfois question des Réprouvés cachés un peu partout dans les hautes sphères essayant d’influer. Cependant, j’ai plus ressenti une espèce de statu quo dans ce tome qu’une franche avancée comme la dernière fois. Je continue à trouver les antagonistes trop en retrait pour vraiment secouer le train train de l’histoire et c’est un peu dommage.

Dans ce dixième tome sur quatorze, Jordan ne bouscule par sa dynamique, on a plutôt l’impression qu’il est en train de roder son moteur avant de le lancer à grande vitesse. Rand a accompli quelque chose d’extraordinaire qu’on n’exploite pas. L’auteur préfère développer ses intrigues politiques et ses alliances, peut-être pour replacer ses pions avant une suite plus haletante et impactante. C’est surprenant alors qu’on pouvait s’attendre à une montée en puissance, même la fin est plus tranquille que d’habitude et continue à rompre avec les sempiternels affrontements expédiés contre les Réprouvés des débuts. C’est chouette aussi d’être surpris ainsi.

Ma note : 15 / 20

 

Tome 11 : Knife of Dreams

Voilà déjà le temps du dernier tome intégralement écrit par Jordan, cela lui donne une saveur toute particulière même si oui, il y a bien une suite et fin écrite par Brandon Sanderson à partir des notes de l’auteur. En tout cas, je ressors plus que ravie de cette lecture qui a su raviver ma passion pour la série après plusieurs tomes un peu plus moyen. La recette ? Des intrigues bien ficelées qui avancent, des associations de personnages bien campées et un schéma moins routinier que d’habitude.

A 4 tomes de la fin, Jordan se réveille enfin de la certaine léthargie dans laquelle il avait plongé sa série au fil des tomes et c’est une fan de la première heure qui le dit 😉 En effet, on était vraiment tombé dans une routine aussi bien dans l’évolution des personnages, dans leurs associations que dans le schéma narratif choisi, qui commence à se craqueler ici.

Première entorse à cette routine, on retrouve chaque pan de l’intrigue à peu près de manière égale cette fois histoire de n’oublier personne et chacun avance dans la direction de la Tarmon Gai’don afin de bien mettre en place les différentes forces et de commencer à créer certaines alliances. On continue même à voir les méchants un peu plus en action que dans les trois quarts de la saga et ça fait un bien fou, tant on avait l’impression parfois que le héros se battait contre des moulins à vent.

Au programme, on a d’abord un Rand toujours en proie avec les conséquences de la purification du Saidin, qui avec Nynaeve et les conseils de Cadsuane, essaie de nouer toujours plus d’alliances pour commencer à se rendre sur le terrain de la dernière bataille. Mais il est cerné par les ennuis, à commencer par Taim qui cherche à prendre son indépendance, ce qui promet ici un développement assez intéressant. Rand continue aussi à avoir du mal à faire face aux voix intérieures de Lews Therin, ce qui pousse les gens à s’interroger sur sa santé. C’est un héros qui continue à chercher à porter le monde sur ses épaules, qui a l’air plus solide qu’avant, mais qu’un rien pourrait faire basculer, ce qui le rend intéressant. Cependant, dans ce tome, encore une fois, ce n’est pas auprès de lui que j’ai passé les meilleurs moments.

Non, je me suis plutôt régalée avec Mat en premier lieu. Celui-ci est sur les routes avec sa promise, la Fille des Neuf Lunes, qui est pourchassée par son propre peuple qui cherche à l’éliminer pour mettre quelqu’un d’autre à sa tête. La relation entre Mat et Tuon comporte tout ce que j’aime de piquant, de répartie et de tension romantique. Ils se cherchent et se tiennent tête en permanence. Pour autant, ce n’est pas pénible à suivre parce qu’ils vivent bien des aventures sur les chemins et surtout Jordan a l’excellente idée au bout d’un moment de nous donner à entendre la voix intérieure de Tuon qui nous manquait tant jusqu’à présent. Le décalage entre sa façon très « seanchan » de considérer les situations et la nôtre rend cela très savoureux. A partir de là, on voit comment elle considère Mat, l’évolution de celui-ci à ses yeux et c’est génial. Vraiment leur duo a été le gros coup de coeur de ma lecture. En prime, son choix final fut audacieux et inattendu mais va bien avec la personnalité de Mat.

Il y a ensuite bien sûr Perrin, qui n’est pas avare en aventure non plus depuis qu’il s’est lancé au secours de sa femme capturée par les Shaidos. Le mélange de leurs deux histoires est très bien vu. Ensemble j’avais du mal avec eux mais séparément j’ai beaucoup aimé. Perrin se montre un bon chef de guerre, près à des alliances difficiles pour atteindre son but. Il est réaliste et la scène de bataille où il intervient est excellente. Faile, elle, se révèle une très bonne maitresse espionne en terrain ennemi. J’ai beaucoup aimé ces passages là et les liens qu’elle a tissés avec certains Aiels. De plus, s’y ajoute par moment avec bonheur les Aes Sedais, l’Ajah Noire ou encore les Seachans et leurs damanes, ce qui est passionnant et complexe.

Enfin, cerise sur le gâteau nous avons droit dans ce tome à une nouvelle intrigue très bien pensée autour de la Tour Blanche et d’Egwene. Capturée, celle-ci est contrainte de retourner là-bas alors qu’elle a été Amyrlin par les rebelles. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, on décide juste de la dégrader et de la faire repartir à zéro tant elle a du potentiel. Elle décide donc de rester là-bas pour détruire la Tour de l’intérieur. C’est passionnant de suivre sa résistance, d’assister aux réunions clandestines qu’elle organise de différentes façons, tout ça pour ronger une institution déjà mal en point. Je regrette juste qu’on voie si peu Elaida, ça aurait offert une belle confrontation. Mais en l’état, c’est l’intrigue que j’ai le plus aimé suivre avec celle de Mat.

Vous l’aurez peut-être remarqué, j’ai laissé de côté Elayne car elle reste un personnage qui m’agace énormément où pour lequel je peine à me passionner. Pourtant, il lui arrive aussi bien des aventures. Elle est désormais enceinte mais n’a toujours pas conquis son trône. Il lui manque encore l’appui de bien des maisons. Elle va en gagner certaines en payant un tribut assez lourd et dramatique et la guerre de succession est définitivement mise en branle, mais ça ne parvient pas à m’intéresser. En plus, Aviendha a été obligée de la quitter alors j’ai encore moins d’intérêt à la suivre… Dommage parce que les événements qu’elle vit et les rebondissements qui ont lieu, eux, sont bien vus et bien mis en scène.

Ce onzième tome offre donc une belle avancée dans l’univers. Chaque groupe de personnages vit des aventures palpitantes bien mises en scène, offrant son lot de disputes, recherches, confrontations et batailles. Ils sont souvent confrontés aux noirceurs de leur monde : politiques et/ou magiques. On entend plus parler de l’Ajah noire qu’avant, on voit plus les Réprouvés et leurs sbires. Avec Mat, on se rappelle l’existence des Eelfinns et des Aelfinns. On reparle aussi pas mal du Pouvoir et de ce qu’on peut faire avec. Ce sont à chaque fois des moments qui donnent envie de s’arrêter dessus mais tout ça est très complexe et ce n’est pas toujours simple de se rappeler qu’on en a déjà entendu parler avant, surtout quand ça remonte à plusieurs tomes…

Pendant cette lecture, j’ai été totalement immergée dans l’univers de la saga et je n’avais pas envie d’en sortir. J’ai beaucoup aimé le développement de l’ensemble des personnages et les nouveaux groupes qui se forment. Mais c’est une lecture complexe qui demande vraiment qu’on ait le temps de s’y consacrer. Le nombre de personnages continue à s’accroitre de manière quasi exponentielle et j’ai parfois été perdue, heureusement que ça ne nuit pas à la compréhension globale de l’intrigue. Jordan a vraiment su créer un univers captivant mais j’aurais parfois aimé qu’il le peuple moins ^^! Sur ces entrefaites, je dis donc au revoir au monsieur et bonjour à Sanderson que je vais très vite retrouver, je l’espère.

Ma note : 17 / 20

Tome 12 : Gathering Storms

Voilà, ce qui devait arriver arriva, me voilà à lire les derniers tomes en vo puisqu’ils n’ont encore jamais été traduits chez nous. J’ai longtemps repoussé par crainte d’être gênée par la langue tant j’ai l’habitude des termes français et surtout par peur de ne pas aimer le changement de voix vu que ces derniers tomes ont été écrits Brandon Sanderson d’après les notes de Jordan après sa mort. Mais je me suis complètement trompée, que ce soit la langue originale qui ne m’a pas du tout gênée et où on retrouve bien les termes qu’on connait (ce qui prouve que la traduction était bonne), ou la prise en main de Sanderson que j’ai beaucoup aimé, mes appréhensions se sont envolées. Que reste-t-il maintenant : un excellent tome où tout s’accélère !

Revenons un instant sur la touche Sanderson qui est vraiment présente ici. Grâce à lui, nous nous retrouvons d’un coup avec une écriture et un rythme bien plus dynamique. On change de siècle en quelques sortes ! Finies les longues, très longues parties centrées sur un personnage et place à une alternance bienvenue pour gérer autant de têtes. Finies les introductions et les chapitres à rallonge, on revient à un format plus court, plus vif et incisif. Finies (ou presque) les trop longues descriptions cassant le rythme, on ne garde que l’essentiel. Du coup, on se retrouve avec un récit bien plus dynamique et agréable à suivre qu’avant, avec en prime un développement de la psyché des personnages plus important, enfin !

Avec Sanderson, nous passons donc à la vitesse supérieure et il était tant à 3 tomes de la fin, avec des personnages à foison éparpillés un peu partout. Pour mettre un peu d’ordre dans tout ça avant le grand final, dans ce tome, l’auteur se concentre donc sur les deux principaux : Rand et Egwene, laissant en retrait (et pour plus tard ?) d’autres comme Mat, Perrin ou bien Aviendha. J’avoue que ce choix ne m’a pas déplu loin de là, car il a permis de montrer à quel point les épreuves traversées les ont changés.

Commençons avec Rand, c’est le héros de la saga et pourtant, j’ai l’impression que c’est au final celui que l’auteur nous a le moins dévoilé et a le moins accompagné dans ses changements. Sauf qu’ici, Sanderson travaille vraiment sur sa relation avec Lews Therin, sa relation aux Aes Sedai, ses traumas, etc. C’est passionnant et tragique à la fois car nous sommes à un moment charnière, celui où il a accompli le plus gros des prophéties et où il lui reste quasiment plus que l’affrontement final. On a donc un Rand sur la corde raide. Il devrait être sûr de lui, mais c’est tout sauf le cas et ses traumas se réveillent bien sûr à ce moment-là. Du coup, il se perd et que ce soit Cadsuane, Min ou Nynaeve qui sont près de lui, aucune ne parvient à trouver le chemin pour l’atteindre, ce qui est assez triste. Pourtant, il avait une belle relation de confiance avec Nynaeve et Min, mais ici la peur l’emporte sur tout, et surtout la décision finale des filles achève de leur faire perdre sa confiance, elles ont fait ce qu’il ne fallait pas après les attaques qu’il avait déjà subi des Réprouvés et des Aes sedai, ce fut la goutte de trop.

Pourtant Rand avance. Après sa dernière attaque, il prend une décision radicale, s’endurcit encore plus, devient un vrai monarque, réfléchit, négocie, se replie, etc. Il connait les prophéties. Il sait ce dont il est capable et parvient même à aller au-delà contre toute attente. Il semble découvrir un nouveau pan du pouvoir dans ce tome, que j’aimerais bien voir creuser par la suite. Mais en s’enfonçant toujours plus loin, que reste-t-il de lui ? Heureusement tout n’est pas que noirceur, dureté et tristesse et le final offre une très belle note d’espoir même s’il reste beaucoup (trop ?) de zones d’ombres autour de ce qu’il doit faire.

Venons-en maintenant à Egwene, certainement mon personnage préféré de ce tome avec Siuan et Gareth Bryne. J’ai juste adoré ce qu’il se passait de son côté. Avec elle, on assiste véritablement à l’ascension d’une dirigeante. Quand on se rappelle l’Egwene jeune et fofolle des débuts et qu’on voit la femme forte et décidée qu’elle est devenue, on ne peut qu’admirer cette évolution. Ici, je vous rappelle, elle avait été capturée et démise de ses fonctions par la Tour blanche. Décidée à réconcilier les deux, elle avait décidé d’y rester, quitte à subir les pires châtiments, pour pouvoir la renverser ou la reconquérir de l’intérieur. On assiste donc à son périple intérieur et c’est assez terrible. On admire sa force de caractère. On tremble devant la folie de ses adversaires. De terribles révélations nous tombent dessus. On assiste à des moments épiques et le final est grandiose. Egwene est devenue une grande monarque à la force de ses bras, de son courage et de son intelligence.

A côté de ça, j’ai beaucoup aimé l’ensemble des personnages secondaires qui l’entourent que ce soit sa relation si particulière avec Silviana, l’amitié que lui porte Siuan ou la bravoure, l’entêtement diront certains, dont fait preuve Gawyn. J’ai été agréablement surprise du retour de ce personnage un peu oublié et même si j’ai envie de lui botter les fesses, je suis curieuse de voir ce qu’il va apporter. Un peu de la même façon, je suis littéralement tombée sous le charme des quelques passages entre Siuan et Gareth Bryne qui forment un magnifique duo. Maintenant je suis très impatiente de voir ce que va apporter cette nouvelle donne !

Dans les personnages oubliés, on peut citer Elayne, qu’on ne voit pas un instant dans ce tome, et j’avoue qu’elle ne m’a pas manqué tant elle m’a insupportée tout au long de la série… On croise brièvement Tuon, mais sans Mat avec elle, je l’ai trouvée bien fade. Quant à ce dernier, on le croise aussi brièvement, mais trop pour que ce soit significatif, et en plus dans un rôle que je n’affectionne pas trop, ce qui est d’autant plus dommage que sa quête autour de Moiraine m’intéresse beaucoup beaucoup. Le dernier ta’veren, Perrin est également à peine entrevu mais on entend parler de lui. Mais leurs liens avec Rand sont toujours là et il annonce bien qu’il aura besoin d’eux. Le prochain tome devrait donc permettre de plus les voir. J’espère d’ailleurs qu’il en sera de même pour Aviendha, qui est enfin devenue une Sagette, mais à qui il reste bien des choses à accomplir, notamment auprès de Rand. J’aimais bien leur duo et je suis triste de ne plus les voir ensemble.

Ainsi, entre développement des personnages, ascension fulgurante des uns, déprime totale des autres, grosses révélations et batailles, guet-apens inattendu et plan longuement ourdi, ce nouveau tome où Sanderson reprend la plume ne laisse pas indifférent. L’action est omniprésente. On craint pour les personnages et on est ravi de leurs évolutions. C’est frais, dynamique et bien plus moderne qu’avant dans l’écriture. J’en redemande ! (Je vais d’ailleurs enchaîner avec les 2 tomes suivants ><)

Ma note : 17,5 / 20

Tome 13 : Towers of Midnight

Deuxième tome écrit par Sanderson que je lis et deuxième vraiment excellent dans l’écriture. On peut dire que ce changement a vraiment fait du bien à la série et lui a donné le coup de fouet nécessaire pour s’achever, parce que comme George R.R. Martin qui galère à finir sa saga culte, je pense que Jordan aurait aussi eu du mal à rassembler tous les fils qu’il avait lancés sans que cela soit indigeste et longuet. Or, Sanderson y parfaitement ici même s’il doit sacrifier au souffle épique qu’il avait sentir dans le tome précédent.

L’avant-dernier tome d’une saga aussi vaste n’est jamais une chose aisée à rédiger, mais je trouve que l’auteur s’en est parfaitement sorti. Pourquoi ? Parce qu’il a réussi dans ce tome copieux, plus de 900 pages en vo, à nous montrer l’ensemble des personnages et à les faire se tourner vers la grande bataille finale, ce que je n’aurais pas cru possible. Pour cela, il a fallu éclipser certains personnages déjà bien vus et remettre sous les feux des projecteurs certains plus discrets qu’on avait un peu oubliés et dont la trame était bien en retard sur les autres. Ce ne fut donc pas un exercice facile, mais Sanderson s’en est très bien tiré. J’aime beaucoup ce que l’auteur fait depuis qu’il a pris la relève, je trouve les personnages bien plus vivants. Il a sacrifié les sempiternelles descriptions des tenues de chacun pour se concentrer sur la psychologie de l’ensemble des personnages de la saga et on y gagne vraiment. Ainsi certains qui étaient imbuvables ou inateignables ne le sont plus, ce qui rend la lecture bien meilleure et plus passionnante.

Dans ce 13e tome, il se passe donc beaucoup de choses.

  • On a d’abord Rand qui s’est retrouvé en fusionnant en quelque sorte avec Lews Therin, il est désormais apaisé et a trouvé ce qu’il devait faire. Il met donc les choses en ordre avant la dernière bataille. J’ai beaucoup aimé son évolution et je l’ai trouvé bien plus calme, posé et humain à la fois.
  • Egwene avec qui il partage la vedette est en prise avec des assassins qu’elle cherche à débusquer dans la Tour blanche, mais ses relations tendues avec Gawyn viennent tout compliquer. Ils m’ont énormément agacée tous les deux, mais je dois reconnaitre que l’affrontement final d’Egwene était très bien orchestré.
  • Ce qui m’amène à Perrin, celui qu’on voit le plus dans ce tome car celui qui avait été le plus oublié… Il apprend à voyager dans le monde des rêves et va avoir un rôle crutial aussi bien aux côtés de Rand que d’Egwene. En prime va se greffer autour de lui tout une intrigue militaire, non passionnante mais essentielle pour la suite, puisqu’il va entre autre rallier les Blancs manteaux, faire se retrouver une famille et faire se nouer de nouvelles alliances politiques.
  • Mat, de son côté, va enfin mener la quête que j’attendais tant. Ce fut mon moment fort du tome, quand il se rend dans la fameuse Tour aux côtés de Tom et Noal, mais bon sang comme j’ai dû attendre…

Dans les seconds couteaux, nous avons eu la chance de revoir Lan, Ituralde, Galad, Morgase, Elayne, Aviendha, certains Réprouvés, et j’en passe. C’était agréable de les voir même brièvement. J’ai été très frustrée par cette grande absence d’Aviendha, qui pour moi devrait être un personnage plus central, surtout au vu des visions qu’elle apporte. Elayne m’a peu manqué, par contre, tant je la trouve imbuvable. Ses intrigues de Reine cherchant à asseoir et développer son pouvoir m’importent peu ici. J’ai été plus touchée par la détresse de nos guerriers au front (Lan et Ituralde) ou par les choix de vie qu’on dû faire d’autres (Galad et Morgase). Enfin, j’ai eu droit à un très beau retour dans les dernières pages, et même avec sa romance sortie de nulle part, j’ai adoré retrouver ce personnage dont j’attends beaucoup.

Maintenant chacune de ces intrigues est là pour mettre les uns et les autres en ordre de marche pour aller affronter le grand boss final, mais le plan de Rand est encore bien flou. On sait juste qu’il compte détruire les sceaux pour mieux en replacer de nouveaux. Mais comment va-t-il faire ? Mystère. Surtout que la menace n’est pas seulement là, elle existe aussi avec les Seanchans dont les attaques portent de plus en plus et sont assez imprévisibles, et il a également le Tour Noire qui semble prendre l’eau. Comment va-t-il dont pouvoir agir sur tous les fronts ? Comment l’auteur va-t-il pouvoir répondre à toutes nos attentes en seulement un tome ? Je suis assez perplexe.

J’aime beaucoup La roue du temps qui est la saga phare de mon adolescence, mais je lui reconnais bien des failles et bien des longueurs que même l’arrivée de Sanderson n’ont pu combler. Ainsi le plus gros point noir est toujours là : les grands méchants de la saga restent encore et toujours bien trop dans l’ombre pour faire sensation. Du coup, je peine à imaginer cette grande bataille finale. Alors certes, on a de meilleurs combats, une magie de plus en plus visuelle et percutante, et des personnages plus creusés, mais toutes les promesses ne sont pas encore tenues et je frémis un peu à l’idée que le prochain sera le dernier tome.

Rendez-vous très bientôt pour cette ultime aventure, ma patience étant à bout, j’enchaine direct avec elle !

Ma note : 16,5 / 20

 

Tome 14 : A Memory of Light

Voici venue l’heure pour moi de quitter une saga qui me suit depuis plus de 20 ans. Commencée en poche en 1997, je termine donc en 2020 la lecture de cette série phare de la Fantasy et ce dernier tome a su quasiment répondre à toutes mes attentes avec un souffle épique au long terme comme j’en ai rarement lu ! C’est donc sans regret que je referme cette page de ma vie de lectrice.

Sur plus de 1000 pages, Brandon Sanderson qui a pris la relève de Robert Jordan, se livre à un exercice qui n’a rien de simple : conclure une énorme saga de 14 tomes avec une foultitude de personnages, de relations, de trames scénaristiques, et avec en prime une gageure immense : faire réellement vivre les grands absents de la série, les Réprouvés et leur chef le Ténébreux. Cela n’avait rien de simple. Je me demandais même avec une certaine appréhension si cela allait être possible. La réponse fut : Oui ! Et avec un certain panache en plus !

Ce tome fut une vraie épopée pour moi. Je l’ai lu en apnée car Sanderson avec la plume vive, dynamique et immersive qui le caractérise nous a réellement plongés pendant plus de 1000 pages en pleine guerre apocalyptique. Le grand final est là et comme dans les Deux Tours de Tolkien, le combat final est rude. L’astuce de Sanderson pour que le lecture supporte cette immersion quand même très intense dans un univers 100% guerrier et militaire, c’est de parsemer sa narration de petits moments qui semblent anecdotiques mais qui sont autant de moments pour dire au revoir aux personnages en les voyant agir avec courage et détermination. Ainsi, on n’est pas lassé, on n’est pas lésé et tout ce qu’on pouvait espérer et même plus arrive.

L’histoire reprend d’abord là où on l’a laissée avec les différents camps et personnages sur le pied de guerre mais pas encore prêts à s’unir pour combattre leur ennemi commun. Toute la première partie est donc plus politique puisqu’il s’agit de les convaincre de former une alliance. Avec les changements de points de vue fréquents, on se retrouve avec quelque chose d’assez dynamique à lire et en plus, ça a toujours été le fort de la saga de mettre en scène différents camps s’opposant sur la scène diplomatique, donc je me suis régalée ici.

Ensuite, on rentre dans le vif du sujet avec une suite de batailles, affrontements et échauffourées un peu partout dans lesquels les nombreux personnages que l’on a rencontrés au fil de la saga trouvent leur juste place, parfois de manière assez inattendue mais toujours avec une belle logique, l’auteur ne boudant pas son plaisir de mettre en avant des figures féminines fortes, ce fut un plaisir pour moi aussi ! Ainsi pendant les trois quarts de cet ultime volume, j’ai voltigé d’une scène à l’autre, d’un personnage à l’autre, toujours avec passion, effroi et sueur. Car les combats qui se livrent sont rudes et Sanderson, avec son talent habituel, les rend très vivants ! On est vraiment plongé en plein coeur de cette ultime guerre, cette ultime bataille entre les forces dites du bien et du mal, même si c’est plus complexe que cela. Plus complexe parce que des alliances se font entre ennemis d’autrefois et que les ennemis du jour que l’on découvre sont pour certains plus retords voire différent de ce que l’on croyait et l’auteur manie tout ça avec maestria. Je pense notamment à un chapitre au coeur du tome qui s’étale sur plus de 200 pages pour nous raconter et faire faire vibrer autour de cette dernière bataille.

Mais cet ultime volume n’est pas qu’un long combat sur le plan militaire, même si c’est ce qui est peut-être le plus visible. Derrière tout cela, c’est avant tout une très belle aventure humaine. On retrouve chaque personnage (encore en vie) que l’on a croisé et chacun s’accomplit dans ces potentiels derniers instants de l’humanité telle qu’on la connait. Ainsi, j’ai vécu de grands moments avec chacun d’eux. Sans spoiler, j’ai trouvé le rôle de Perrin majeur ici, j’ai adoré la destinée d’Egwene et des frères Damodred, Siuan et Bryne resteront toujours dans mon coeur, Lan m’a fait vibrer comme jamais avec Tam, le père de Rand, et que dire de Mat, personnage central qui a tellement grandi. J’ai seulement été déçue, une fois de plus malheureusement, par les femmes de la vie de Rand, que je trouve décidément trop enfermée dans ce rôle et qui n’ont pas brillé comme d’autres à mes yeux. Je ne cite ici que les principaux mais beaucoup beaucoup de personnages secondaires voire tertiaires ont eu leur moment de grâce à l’image du jeune Olver et c’est magistral quand on connait la complexité de l’univers.

La magie est également belle et bien au rendez-vous tout comme l’habileté militaire. Les passes d’armes ont lieu aussi bien sur le champ de bataille qu’en coulisses. Le royaume des rêves est à nouveau essentiel. Les Aes Sedai ainsi que les Seanchans ont des rôles clés, tout comme Mat et ses souvenirs de stratèges. Rand, lui, livre son ultime combat contre le Ténébreux avec les surprises que ce genre de moment réserve toujours. C’est peut-être tout de même l’élément qui m’a le moins séduite ici, car il était un peu hors du cadre par rapport au reste et moins épique. A l’inverse, j’ai été plus que séduite par les interventions enfin notables des Réprouvés, qui ont su jouer le rôle que j’attendais d’eux dans cet ultime moment. Ce n’est pas trop tôt.

Avec son souffle épique, son immersion totale dans les combats, ses moments beaux et tragiques, cet ultime volume de la saga a vraiment apporté une belle conclusion à cette fresque entamée il y a plus de 20 ans pour moi. Les auteurs ne nous ont rien épargné. Ils ont su montrer la noirceur de la guerre, les sacrifices qu’elle occasionne, la dureté de remporter une victoire finale avec toutes les défaites qui ont ponctué le chemin, mais ce ne sont pas des moments vains quand c’est pour un meilleur futur. Je regretterai sûrement longtemps la disparition de certains que j’aurais peut-être échangé avec d’autres mais tout a du sens ici, ils n’ont pas été choisi au hasard. La marque d’une grande saga est de rester dans les mémoires, celle-ci le restera pour moi.

Ma note : 18 / 20

SPOILERS sur la fin :

Quelle déception que toutes ces morts, à commencer par celle totalement stupide de Gawyn, celle épique mais tout aussi évitable d’Egwene. La tragédie de celles de Siuan est gâchée par le fait qu’on ne voit rien, de même pour Bryne qui l’accompagnait et m’était devenue si cher. J’ai eu espoir que l’auteur tue pour de vrai Elayne, là ça aurait eu de la gueule, mais non il a épargné cette petit pénible, quel dommage.

Quelle déception également avec les derniers instants de Rand face au Ténébreux, la solution était simple au final et ça fait un peu cheap après tous ces combats épiques et tragiques menés concrètement sur le terrain pour les autres. Est-ce qu’on parle aussi de la mascarade autour de la mort de Rand et de son choix de ne rien dire aux autres pour partir à l’aventure en plantant ses femmes et ses futurs enfants ? J’avoue que ça m’a pas mal déçue et agacée même si je comprends son souhait de voir le monde librement cette fois, maintenant qu’il est libéré de son fardeau. J’aurais quand même apprécié un épilogue un peu plus long sur l’ensemble des personnages plutôt que ces adieux bien brefs.

13 commentaires sur “La Roue du Temps de Robert Jordan

    1. C’est dommage mais les goûts et les couleurs. Je peux comprendre que ça ne tente pas tout le monde, c’est très classique dans son univers et sa construction et si tu cherches de la fantasy qui sort un peu de l’ordinaire, forcément ce titre ne t’attirera pas (en plus du fait que c’est sacrément long quand même ^^).
      Merci pour le compliment en tout cas 😀

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