Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Kase-san &… de Hiromi Takashima

Titre : Kase-san &…

Auteur : Hiromi Takashima

Éditeur vf : Taifu (Yuri)

Année de parution vf : Depuis 2019

Nombre de tomes vf : 3 (en cours)

Histoire : Yamada peut être timide et assez maladroite, mais le jardin et les fleurs de son école l’ont toujours rendue heureuse. Un jour, une autre forme de beauté capte son regard : l’exubérante star du club d’athlétisme, Kase-san. Bien que les deux filles ne semblent pas avoir grand chose en commun, une histoire d’amour naît rapidement entre elles. Est-ce que les deux filles, si différentes l’une de l’autre, réussiront à faire fleurir leur premier amour ?

Mon avis :

Tome 1

Je suis une grande amatrice de romances en tout genre, et pourtant, j’ai très peu de yuri (manga avec une romance entre filles) dans mes étagères. Cependant à force d’entendre parler en bien de Kase-san, j’ai eu envie de tester cette série publiée chez Taifu dont les couvertures respirent la joie de vivre.

On y découvre Yamada, une jeune fille qui s’occupe tous les jours d’arroser un parterre de fleurs au lycée. Un matin, elle tombe sur Kase de la classe d’à côté qui est au club d’athlétisme. Elle tombe immédiatement sous son charme. Le hic, Kase est une fille !

Dans ce petit yuri, Hiromu Takashima, l’autrice utilise tous les éléments connus des romances lycéennes qu’on peut lire dans les magazines de shojo. La seule différence est que les deux héros sont des héroïnes. Le souci, c’est qu’elle utilise non seulement tous les ingrédients connus mais surtout les plus clichés. On se retrouve donc dans ce premier tome avec une histoire comme on a pu en lire des centaines quand on est fan de shojo comme moi. Et du coup, moi qui m’attendais à trouver quelque chose de différent ici, je suis un brin déçue…

Les héroïnes sont la personnification même des clichés des romances lycéennes. On retrouve Yamada, celle qui possède les caractéristiques dites « féminines » : elle s’occupe des fleurs, rêve d’amour comme on en voit dans les films, elle est petite, fragile, maladroite, nulle en sport et naïve. J’ai eu beaucoup de mal à l’apprécier tant l’autrice l’a affublée de caractéristiques qui me dérangent. Comme si être une fille se limitait à ça V.V En face d’elle, nous avons Kase, celle qui dans le couple a les caractéristiques dites « masculines » : elle est bravache, parle fort, se moque de sa tenue, est très bonne en sport, est directe, et a même des mimiques de garçon… A nouveau bonjour les clichés du « garçon manqué » et je dis ça avec toutes les précautions d’usage. C’est juste que là, les intentions de l’autrice sont flagrantes. Oui, elle veut nous proposer une romance entre filles, mais elle ne veut s’empêcher de reprendre et véhiculer les clichés du genre qu’on voit dans les romances hétérosexuelles ! *lève les yeux au ciel*

J’en veux pour preuve qu’à part l’interrogation de Yamada sur la possibilité d’une relation avec Kase parce qu’elle est une fille, on retrouve aussi dans le déroulé de l’histoire toutes les étapes clichées du genre : la rencontre dans un coin du lycée, le coup de foudre, l’admiration de loin, les regards échangés, le rapprochement, les balades à vélo, la sortie en ville pour faire les boutiques, la jalousie vis-à-vis d’un ex, les effleurements et rougissement habituels également, etc. Encore une fois, où est la nouveauté ? J’ai même été particulièrement gênée par l’insistance de l’autrice sur les sous-vêtements des héroïnes que l’une et l’autre ne peuvent s’empêcher de reluquer…

Pour ce qui est de la construction de l’histoire, nous suivons des chapitres qui se lisent rapidement et sans déplaisir une fois qu’on a évacué tous les clichés cités plus haut. Seul le début un brin répétitif de chacun peut un peu agacer. Pour le reste, ça se lit très facilement, notamment grâce à un découpage clair, des dessins simples – dont la qualité peut être aléatoire d’une case ou d’un chapitre à l’autre – et des cases aérées. On suit pendant tout ce tome le point de vue de Yamada, il serait d’ailleurs peut-être bien d’en changer parfois pour ne pas trop lasser le lecteur.

En conclusion, je suis loin du coup de coeur promis. Ce n’est pas une mauvaise lecture mais c’est très banal. Je m’attendais à quelque chose d’autre, comme une vraie réflexion sur ce que ça veut dire d’avoir une relation amoureuse avec une fille au Japon. Peut-être que cela viendra dans les prochains tomes, en tout cas, je l’espère !

Tome 2

J’ai essayé de prendre ce tome pour ce qu’il est en évacuant tous les clichés qui m’avaient tant agacé dans le premier tome et il faut avouer que ceux-ci, quoique présents, s’estompent un peu ici, maintenant que les deux filles sont en couple et sont en terminale.

Alors oui, ça reste très cliché pour une romance mais au moins ça veut montrer que le fonctionnement ainsi que les insécurités des couples homosexuels sont les mêmes que ceux des couples hétérosexuels, avec toutes les premières fois, la question des ex, du regard des autres, du corps à dévoiler à l’autre… Et j’ai apprécié cette volonté-là de l’autrice.

De la même façon, je persiste à trouver agaçant que Yamada soit la narratrice principale car elle est trop innocente, trop immature et trop sautillante à mon goût. Mais on entend plus (+) Kase et ça fait du bien. On apprend plus de choses sur son club et comme j’ai toujours aimé les manga sportifs, ça m’a plu.

Bref, leur relation se développe naturellement avec les maladresses habituelles à cet âge là et la lecture fut moins crispante que lors du tome 1 même si je reste encore beaucoup sur la réserve parce que je m’attendais à autre chose : moins de classicisme, plus de sentiments, et que pour le moment ça ne fonctionne pas avec moi V.V

Tome 3

Tout comme avec le précédent, j’ai essayé d’évacuer un maximum ce qui me gênait dans le titre pour juste voir la romance qui se déroulait sous mes yeux. Cependant l’autrice n’y va pas avec le dos de la cuillère ici. Elle fait d’un coup vachement avancer son histoire, les mois défilants et le couple avançant à grand pas sans passer par les étapes intermédiaires.

On se retrouve avec une double voire triple problématique dans ce tome : les héroïnes qui veulent approfondir leur relation et la question de leur devenir après le lycée (+ la jalousie non résolue de Yamada encore et toujours…). Pour la première question, c’est assez amusant de découvrir une Kase aussi empressée face à une Yamada complètement néophyte. Il en faut quand même pour être autant ignorant à la matière à cet âge-là à notre époque. Ça créé tout de même un savoureux décalage pour le lecteur qui s’en retrouve amusé. Par contre, je ne sais pas si c’est de mon fait, mais je me suis souvent retrouvée mal à l’aise face à l’expression physique de leur désir que je trouvais un peu trop libidineux à mon goût, version fan service trop appuyé… Pour la seconde question, c’est un peu le marronnier de bien des shojo manga que l’on retrouve ici, et je ne suis pas forcément fan de la réponse apportée… Comme si on ne pouvait pas vivre sans l’être aimé, comme s’il fallait absolument s’accrocher et tout faire ensemble. Cette dépendance n’est pas ma vision préféré de ce qu’est un couple…

Autre point négatif, c’est clairement les dessins. Il y a de vrais ratés dans ce tome en ce qui concerne les proportions des corps des personnages et en particulier Kase qui passe tour à tour d’anorexique à garçon aux tablettes de chocolat avec des seins. C’est assez gênant et troublant. Vraiment l’autrice est capable de bien mieux.

Ainsi dans l’ensemble, même si le titre se lit plutôt bien, que la romance peut plaire à ceux qui cherchent une histoire entre deux filles, je ne peux m’empêcher de continuer à penser qu’il manque quelque chose au titre. Le développement de l’histoire est beaucoup trop classique et l’expression du désir trop maladroite, pour vraiment me convaincre et me toucher. J’ai lu bien mieux dans la catégorie shojo et cela n’a rien à voir avec l’hétérosexualité des couples…

(Merci à Sanctuary et Taifu pour la lecture de ce tome)

Ma note : 13 / 20

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