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La Forêt aux lapins d’Enjo

Titre : La Forêt aux lapins

Auteur : Enjo

Editeur vf : IDP – Boys Love (Hana)

Année de parution vf : Depuis 2020

Nombre de tomes vf : 2 (en cours)

Histoire : Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu m’aimes comme je t’aime ?
Tamaki Yuminaga et Shunta Shii sont tous les deux amis depuis l’école primaire. Ils ont beau avoir un an d’écart et n’être jamais dans la même classe, parfois même dans des établissements différents au cours de leur scolarité, ils sont inséparables. Mais petit à petit, du primaire au collège, du collège au lycée, les sentiments de Shii envers Tamaki commencent à changer. Effrayé par ce qu’il ressent, Shii commence par s’éloigner de Tamaki, jusqu’au jour où il décide soudainement de lui déclarer sa flamme…
Une très belle histoire d’amour entre deux amis d’enfance, pleine de tendresse et de délicatesse.

Mon avis :

Tome 1

En 2018, j’ai eu le plaisir de découvrir la triste poésie d’Enjo dans son diptyque Depth of field où j’avais décelé un vrai potentiel chez l’autrice pour les histoires douces mais âpres malgré quelques maladresses. J’ai donc été ravie de voir l’éditeur sortir sa nouvelle série cette année.

La Forêt aux lapins, commencé en 2018, ne compte à ce jour que 2 tomes au Japon et nous conte la lente évolution de la relation entre deux amis d’enfance passionnés d’athlétisme mais pour qui les aléas de la vie vont faire bien du mal.

Shii et Tamaki se connaissent depuis tout petits. Avec un an de moins, Shii est très attaché à Tamaki qui est le centre de son univers. Mais au fil des ans, il va en venir à questionner leur relation et les sentiments qu’il éprouve pour lui. Ce dernier, de son côté, ne se rend compte de rien. Il est trop pris par ses propres problèmes, c’est-à-dire une jeune mère célibataire qui aimerait continuer à vivre sa vie de femme comme s’il n’était pas là. Mais à l’aube de l’âge adulte, Shii n’arrive plus à taire ce qu’il ressent.

Ce premier tome, qui est une vaste introduction, m’a plu parce qu’il permettait de bien retracer le parcours des deux garçons à travers des chapitres où ils sont enfants, peu jeunes ados et enfin lycéens. Cette lente et douce évolution permet de mieux comprendre comment ont pu prendre racines leurs sentiments à l’un et l’autre, et leur confère aussi une aura très attachante. C’est comme suivre deux de nos propres amis à travers les âges.

Pourtant les héros n’ont pas forcément un caractère facile. L’autrice n’a pas choisi de nous facilité les choses, comme dans Depth of field ses personnages sont complexes et torturés malgré la jovialité qu’ils peuvent communiquer aux autres. J’ai été frappée par la triste vie de Tamaki et ce qu’il a dû subir à cause de sa mère qui était trop immature pour l’élever. Ce que l’autrice pointe du doigt ici est une situation malheureusement bien trop crédible pour qu’on y reste insensible et les conséquences font peine à voir. Shii, lui, est plus banal mais le fait de montrer peu à peu la naissance de son désir et de ses sentiments pour Tamaki nous le rende attachant, alors que parfois c’est vraiment juste la figure du sale gosse ^^!

L’autrice a vraiment frappé fort pour moi en mêlant cette critique sociale et le récit de sentiments et de désirs homosexuels chez un garçon de son plus jeune âge à l’aube de l’âge adulte. J’ai trouvé son récit réaliste et âpre. Les questions que se pose Shii quand il s’aperçoit des réactions de son corps sont tout à fait crédible. La mise en scène est pleine de bon sens et sans le moindre jugement. J’ai beaucoup aimé.

Cependant, il ressort aussi une certaine morosité qui pèse sur la lecture. Tamaki peut nous mettre mal à l’aise, tout comme la mère de Shii et le profond mal être de ce dernier fait mal. Ce n’est donc pas une lecture facile ou détente comme la couverture aurait pu y faire penser. Je l’avoue, je m’attendais juste à une tendre romance au début, et non à quelque chose d’aussi âpre.

Les dessins, eux, ont gagné en finesse et en précision. Ils sont bien moins maladroits que dans Depth of field. Au contraire, ils sont tantôt réalistes, tantôt poétiques, soutenant bien le récit de vie auquel on assiste. Ils m’ont régulièrement enchantée.

La Forêt aux lapins est donc un premier tome réussi qui met en bouche le lecteur et propose un récit plus profond que la simple évolution de la relation de deux amis d’enfance. C’est un bon début pour Enjo, maintenant je reste quand même pas mal sur ma faim et j’attends avec impatience le deuxième tome pour approfondir mon avis.

Tome 2

Cette suite m’a autant plu que mise mal à l’aise. Certains discours me parlent vraiment mais d’autres beaucoup moins et plusieurs scènes m’ont franchement mise mal à l’aise sur la question du consentement.

L’autrice a fait le choix de traiter d’un sujet complexe et elle le fait assez bien à sa façon. Elle a en effet choisi de présenter un héros qui a grandi dans un foyer malsain et qui risque à tout moment d’être victime d’abus. Il a ainsi développé des peurs compréhensibles et sincères envers le sexe, les sentiments et les contacts physiques. Difficile alors pour lui d’être en relation de couple. D’ailleurs le désire-t-il vraiment et est-ce indispensable pour qu’il soit heureux ?

Ces questions sont posées de manières assez adroites, avec des discours de tolérance et de recherche de compréhension du mécanisme assez intéressants. Le problème, c’est qu’il y a aussi beaucoup de maladresse chez l’autrice, qui décide d’opposer au héros son ami d’enfance, amoureux de lui depuis toujours, et qui sous prétexte de le comprendre, va un peu trop forcer les choses. J’entends que Tamaki s’est mis lui-même d’énormes barrières qu’il aimerait franchir sans oser, mais est-ce que pour autant Shii doit sans cesse s’asseoir sur le consentement et prétendre qu’un non = un oui. Je suis très mal à l’aise et perplexe.

Leur relation avance donc difficilement à coup de moment où l’un se confie et l’autre le force à avancer vers une voie dont on n’est pas 100% qu’il veut. Cependant, de cette façon on parle aussi de la difficulté à vivre dans un environnement sexuellement malsain comme celui de Tamaki et des traumas que ça occasionne. On parle des interrogations des adolescents sur leur sexualité : hétéro, bi, homo, asexuelle… On aborde aussi la question de la mécanique du désir, du fait d’en avoir sans le désirer, de la peur du contact, etc. C’est très riche et très ouvert car on sent une grande bienveillance chez l’autrice.

S’il n’y avait pas ces trop nombreux moments pour moi où Shii force consciemment son ami de toujours avec un discours glissant sur le consentement, j’aimerais beaucoup l’histoire, qui prend le temps de réfléchir avant d’avancer et qui offre une relation atypique. Mais c’est vraiment trop problématique encore à l’heure actuelle de lire un titre où on veut nous faire croire qu’un non = un oui. Je ne peux pas l’accepter. Dommage.

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9 commentaires sur “La Forêt aux lapins d’Enjo

      1. J’aimais ça ado (j’ai commencé avec Gravitation et j’ai tellement aimé que j’ai acheté le dvd et plusieurs goodies). Puis, je me suis lassée des mangas à acheter. Ca revenait trop cher.
        Les yaoi/yuri/hentai étant peu présents dans les bibliothèques (dommage !), j’ai cessé d’en lire. Mais cela ne me dérange pas d’en découvrir à l’occasion en allant en librairie.^^

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      2. Oh, ça date Gravitation, c’est vrai que c’est l’un de premiers Boys Love qu’on a dû avoir chez nous.
        Je peux comprendre que la quantité t’ait lassée à force. Dommage que les bibliothèques ne soient pas mieux fournies en BL, y en a plein des softs et mignons en plus qui ne dépareilleraient pas ><

        Aimé par 1 personne

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