Livres - Science-Fiction

C’est l’Inuit qui gardera le souvenir du Blanc de Lilian Bathelot

Titre : C’est l’Inuit qui gardera le souvenir du Blanc

Auteur : Lilian Bathelot

Editeur : Le navire en pleine ville (Sous le vent) / Pocket (SF)

Année de parution : 2006 / 2020

Nombre de pages : 256

Histoire : Dans une société hyper technologique, tous les habitants de la planète dont reliés au réseau de surveillance de leur zone gouvernementale. Les territoires Inuits, pourtant, ne suivent pas la règle commune ; là, pas de surveillance, une certaine liberté et de grands espaces sauvages où l’on peut échapper au reste du monde, soit pour le plaisir de retrouver la nature et des gestes ataviques, soit pour des raisons plus complexes et plus secrètes. Les gouvernements planétaires tentent désespérément trouver une parade à cette indépendance, et d’en comprendre le pourquoi et le comment. Cela a, semble-t-il, fort à voir avec les narvals, ces mammifères marins à longue dent de licornes, et avec leur sonar si particulier…

Mon avis :

Je tiens d’abord à remercier Pocket Imaginaire pour cet envoi et leur confiance.

Je suis toujours curieuse de récits qui sortent un peu des sentiers battus. C’est ce que j’ai eu l’impression de lire avec ce court texte de Lilian Bathelot, auteur que je découvre ici et je remercie Pocket imaginaire pour cela.

Lilian Bathelot est un homme aux passions variées, il est ou a été tour à tour réalisateur, prof de philo, champion de tir, spécialiste d’escalade et de golf, et est l’auteur d’une quinzaine de romans qui s’adressent aussi bien aux adultes qu’aux jeunes, aussi bien aux amateurs de littérature blanche, de polar ou d’imaginaire.

Dans le texte ici présent, il s’intéresse au futur de notre planète qu’il a imaginé dans des décennies fort proches de nous et qui est diablement crédible. La planète semble désormais partagée en deux, entre ceux qui se sont fait implanter une puce et qui sont contrôlés à tout va, et ceux, rebelles, qui ont voulu garder leur liberté en restant indépendant. L’aventure qu’il va nous conter va faire se confronter ces deux factions autour d’un mystère dans les terres gelées de l’Arctique.

J’ai d’emblée été séduite par le cadre géographique de l’histoire. Se replonger dans le Grand Nord, aux côtés d’une Inuit qui plus est, fut un réel plaisir pour moi. Par contre, heureusement que je connaissais un peu leur culture car aucune traduction des termes locaux employés n’est proposé… Mais l’auteur nous fait parfaitement ressentir la rudesse de ce climat à travers plusieurs scènes de survie magnifiquement écrites au point qu’on aurait cru y être. Et j’ai trouvé très judicieux de sa part de donner le sentiment que ça pourrait presque se passer de nos jours à quelques détails près.

La science-fiction est donc amenée par petites touches, surtout scientifiques et géopolitiques, parfaitement bienvenue et bien vue. L’évolution de notre monde que propose Lilian Bathelot est malheureusement crédible, faite d’évolutions techniques liberticides et de ségrégation trop facilement acceptées. On découvre celle-ci notamment à travers le regard des Implantés, grâce à une double narration judicieuse qui alterne entre chez eux et chez notre jeune Inuit.

La plongée dans l’univers est graduelle et intrigante, mais l’aventure est au premier plan d’un tout autre ordre, ce qui le récit encore plus passionnant à lire. En effet, dans un premier temps, le lecteur est surtout confrontée à une intrigue digne des meilleurs polars avec une héroïne, Kisimiipunga, qui lors de sa première chasse tombe sur un homme qui n’est pas du coin et qui gît à moitié mort sous la neige. Elle décide alors de lui porter secours et met le doigt dans un engrenage qu’elle ne maîtrise pas.

Ce qui est fascinant dans la narration de Lilian Bathelot, c’est qu’à partir d’une intrigue classique de polar, il glisse peu à peu vers un pur récit d’anticipation géopolitique et écologique passionnant où il concerne le mystère et le stresse issu du polar. Une parfaite alliance des deux !

J’ai adoré le rythme du récit, ses développements, ses interrogations, son univers. Mon seul regret fut de m’arrêter si tôt en si bon chemin. Le monsieur est connu également pour ses nouvelles. J’ai eu l’impression de lire une novella ici et j’aurais bien aimé prolongée cela avec d’autres dans le même univers tant celui-ci m’a semblé solide et prometteur avec les interrogations qu’il pose sur notre rapport à la nature et à la technologie ainsi qu’à la restriction de nos libertés et à l’utilisation de nos recherches. Un titre donc très prometteur mais trop court. Il m’en faut plus !

(Encore merci à Pocket Imaginaire)

12 commentaires sur “C’est l’Inuit qui gardera le souvenir du Blanc de Lilian Bathelot

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