Livres - Science-Fiction

La Prophétie de l’Arbre de Christophe Misraki

Titre : La Prophétie de l’Arbre

Auteur : Christophe Misraki

Editeur : Outrefleuve

Année de parution vf : Depuis 2021

Nombre de tomes : 1 (en cours)

Histoire : Il y a 1 400 ans, le Conflit Originel opposa Malévolents et Forces du Bien, éparpillant les lieux et les populations. Que les Forces du Bien l’aient emporté n’est finalement qu’anecdotique.
Nous sommes en 1422 de l’Ère de la Reconstruction, dans l’une des Sept Provinces, le Comté d’Erceph. Un artefact aux étranges et importants pouvoirs, l’Entité, est à l’œuvre dans le cœur de chacun des Sept Suzerains et se transmet naturellement de père en fils le jour des vingt-trois ans de celui-ci.
Le Comte Portor, Suzerain d’Erceph, a deux filles : Layah et surtout Sarah qui approche de son vingt-troisième anniversaire. De nombreuses forces politiques ont espéré en vain un événement qui éviterait de faire face à cette échéance funeste : la Transmission de l’Entité à une femme. Nombreux sont ceux en effet qui interprètent les Prophéties d’Arkharon dans le sens d’un présage funeste pour toute l’humanité si une Entité venait à habiter le cœur d’une femme.

Mon avis :

Tome 1

Malgré un résumé fort classique par essence, j’attendais avec une certaine impatience de découvrir celui qu’on annonçait comme la nouvelle voix de la Fantasy française, un genre que j’affectionne particulièrement. Outrefleuve a en plus bien fait les choses en offrant à ses lecteurs des services presse superbes agrémentés de tote-bags à l’effigie de l’arbre emblématique de la couverture, de marque-pages et de dédicaces nominatives, et je les en remercie. Malheureusement mettre les petits plats dans les grands n’a pas suffit à me faire vibrer comme je l’espérais avec cette lecture.

L’histoire démarrait plutôt bien. On m’avait dit que les débuts seraient difficiles car assez denses en noms et informations, pour autant, moi je suis directement rentrée dans l’histoire. J’ai été séduite par cette histoire de décès de l’héritière d’un Royaume mais également d’une Entité qui habite le coeur de chaque souverain humain d’un univers où ils côtoient aussi des créatures diverses et variées à leurs portes. On plongeait directement dans une ambiance sombre, un peu morose où les personnages étaient tous en pleine déprime face à ce deuil inattendu et arrivé au pire moment, avec des conséquences dramatiques en plus, puisqu’il met en danger tout leur univers.

J’ai aimé ce côté intrigue de cour en huis clos dans un univers très urbain. J’ai aimé découvrir les différents « clans » humains du royaume d’Erceph, qui mélangent croyances et politiques. La découverte des personnages clés de ce pan de l’histoire s’est fait suffisamment progressivement pour moi pour que j’en vienne à apprécier ce père, le Roi, qui ne parvient pas à faire son deuil, tout comme le fiancé de la défunte. On leur accole une galerie de personnages très variée, de la seconde fille un peu rebelle, à la conseillère ex-candidate au mariage, à la femme de petite vie. C’est classique mais éclectique.

Il y a en plus un mystère croissant autour de ce qui est vraiment advenu de la princesse héritière et de son coeur, élément clé dans la passation de pouvoir, puisque c’est lui qui doit accueillir l’Entité qui donne la force et la légitimité aux souverains humains de ce coin du monde. On se demande aussi comment cela a pu arriver, si ce n’était pas fait exprès et qui serait à l’origine de tout ça. On s’interroge également sur la suite. On met tout ça en parallèle avec une prophétie disant qu’une femme avec une Entité serait la fin de tout. Et enfin, on fait de la recherche de ce coeur une quête bien légitime pendant que les hordes étrangères et maléfiques se lancent à l’assaut des royaumes humains.

Ce début était donc vraiment prometteur pour moi même s’il a fallu lutter pour en arriver là. Cela avait beau reposer sur des ressorts ultra classique en héroïc fantasy, ça ne me dérangeait pas car je suis bon public du moment qu’il y a de l’aventure. Malheureusement tout s’est gâté ensuite…

L’intérêt que j’avais pour cette quête en devenir et la peur qui montait progressivement autour de ce coeur perdu et des autres dangers qui menaçaient a été noyé sous une narration mal maîtrisée. Le problème vient du fait que l’auteur passe plus de temps à installer son univers qu’à poser son histoire, développer ses personnages et son intrigue. L’ensemble manque de caractère et de corps, et pour un récit d’aventure ce n’est pas assez percutant ni visuel. Du coup, à partir de la moitié (et peut-être même avant pour certains lecteurs), cela devient très / trop dense à lire, avec trop de noms, trop de lieux, trop d’intrigues en parallèle avec presque aucune qui sort vraiment du lot. Tout cela occupe tellement l’espace qu’on a l’impression que rien n’avance vraiment. La lecture devient même alors un peu floue par moment surtout si on fait des pauses plus ou moins longues entre la lecture de deux chapitres…

L’intrigue pourrait avoir une belle ampleur grâce au groupe autour de Kern mais ils sont étouffés par le reste et rien ne prend l’ampleur que ça pourrait avoir. On a plutôt l’impression d’être dans une introduction qui n’en finit jamais, surtout que le rythme est trop lent et pas assez percutant. Il aurait fallu introduire les éléments du décor, de l’univers au fur et à mesure, mais sans oublier de bien lancer la quête de façon plus dynamique. Ici, les choix narratifs plombent la lecture.

En plus, l’ensemble est vraiment très très manichéen avec les « méchants » qui comme par hasard sont les créatures qui font face aux humains. L’auteur se plaît à mettre en scène beaucoup de créatures et de peuples divers avec des caractérisations un peu éculées. Je m’attendais à plus d’originalité, mais je cherche encore. Pourtant j’aimais vraiment bien les éléments de départ avec cette Entité qui se niche dans le coeur des souverains, mais c’est à vouloir développer tout plein d’antagonistes non-humains que l’auteur s’est perdu, alors qu’il y avait déjà de quoi faire avec le premier pan de l’histoire qu’il avait introduit à Erceph. Resserrer le nombre de personnages et de clans qui s’opposent au début aurait été bénéfique.

Je ressors de cette lecture assez mitigée. Alors que j’étais assez enthousiaste au début malgré son classicisme, l’absence de rythme a eu raison de moi. Je ne voulais pas lire une vaste introduction, je voulais découvrir une quête qui démarrait de façon plus percutante pour m’embarquer dès le tome 1 dans ce nouvel univers. Là, je suis restée un peu sur carreau passé le premier tiers et j’ai vainement attendu de me sentir impliquée par l’histoire ou attachée aux personnages. Ce premier titre pour Christophe Misraki est à mes yeux très perfectible car trop classique, trop dense dans son approche de l’univers qu’il veut déployer, trop maladroit dans sa présentation et manquant surtout de punch. Je ne lirai probablement pas la suite ayant peur que la direction ne me convienne pas au vu du choix fait pour l’intrigue dans les derniers chapitres. Cela conviendra peut-être à d’autres lecteurs mais ça ne correspondait pas à mes attentes et envies.

Je remercie tout de même Outrefleuve pour leur confiance et pour cet envoi !

12 commentaires sur “La Prophétie de l’Arbre de Christophe Misraki

  1. Un nouvel avis assez mitigé sur ce roman qui semblait pourtant prometteur. Si la pluralité de noms ne me dérange pas outre mesure, l’auteur semble s’être éparpillé pour au final ne rien faire avancer, ce qui, pour le coup, me rebute beaucoup plus.

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    1. La pluralité ne m’aurait pas gênée non plus si elle avait été amenée en douceur et gérée à la G.R.R. Martin mais là c’est n’est pas du tout le cas… Et il y a tellement d’excellents titres à découvrir dans le genre que j’aurai du mal à recommander celui-ci ^^!

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  2. J’ai bien fait de vite m’arrêter, je commençais déjà en avoir marre de la narration qui me semblait parfois pompeuse mais c’est surtout, comme tu l’écris, que l’auteur donne trop d’informations sur son univers sans faire de même avec ses personnages et son intrigue. Comme je n’étais intriguée par aucun des personnages, j’abandonne définitivement cette lecture sans aucun regret. Et pourtant j’aimais bien l’idée de l’Entité.

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    1. Et oui, on a eu des attentes différentes de ce que l’auteur voulait nous proposer lui d’où notre déception. Et avec tous ces jolis titres qui nous attendent, tu as eu raison d’être plus rapide que moi, tu as gagné du temps lol

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