Livres - Jeunesse / Young Adult

La Ville sans Vent d’Eleonore Devillepoix

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Titre : La Ville sans Vent

Auteurs : Eleonore Devillepoix

Editeur : Hachette (Jeunesse)

Année de parution : 2020

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Histoire : À dix-neuf ans, Lastyanax termine sa formation de mage et s’attend à devoir gravir un à un les échelons du pouvoir, quand le mystérieux meurtre de son mentor le propulse au plus haut niveau d’Hyperborée.
Son chemin, semé d’embûches politiques, va croiser celui d ‘Arka, une jeune guerrière à peine arrivée en ville et dotée d’un certain talent pour se sortir de situations périlleuses. Ca tombe bien, elle a tendance à les déclencher…
Lui recherche l’assassin de son maître, elle le père qu’elle n’a jamais connu. Lui a un avenir. Elle un passé.
Pour déjouer les complots qui menacent la ville sans vent, ils vont devoir s’apprivoiser.

Mon avis :

Tome 1

Avec Light and smell, nous avions décidément beaucoup de titres en commun dans notre PAL de juillet et nos lectures communes furent l’occasion parfaite de les en sortir !

Découvert grâce à des amis blogueurs, La ville sans vent m’a de suite attirée avec sa superbe couverture où l’on voit une ville sous cloche dans un climat hivernal et une architecture un peu orthodoxe. J’étais intriguée. En apprenant, en plus que son autrice, Eleonore Devillepoix, était députée européenne, je me demandais bien de quoi ce roman à destination de la jeunesse allait bien pouvoir nous parler.

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Dès les premières lignes, j’ai été séduite par la plume très riche de l’autrice. Souvent en littérature jeunesse, je suis un peu frustrée par une écriture assez simple pour résumer. Ici, c’est tout le contraire. L’autrice nous gâte en descriptions et développe richement son univers tout du long sans pour autant que le style soit ampoulé ou que les informations tombent toutes d’un coup. Non, elle a une narration vive et dynamique et parsème ses chapitres d’informations utiles à la compréhension de l’histoire mais au fur et à mesure avec parcimonie, ce qui nous fait plonger dedans très progressivement mais sûrement. Ses chapitres sont très bien découpés. Son choix de les partager entre les voix de plusieurs personnages rend leur lecture très fluide et pleine d’allant.

L’univers inventé est clairement le gros atout du titre. Nous sommes dans une ambiance antique, proche de la mythologie, avec des références au peuple Amazone, au vin d’Hypocras, avec une course de chevaux et un Basileus qui commande cette drôle de ville. Nous vivons dans un monde très hiérarchisé, où la ville s’étale sur 7 niveaux pour lesquels il faut payer un péage important si on veut passer de l’un à l’autre, ce qui oblige les plus pauvres à vivre tout en bas, tandis que l’élite est au sommet, et les échanges entre eux sont assez rares, mais ils existent ! La ville en elle-même est fascinante dans sa construction avec ses canaux sur lesquels on vogue à dos de tortue et ce dôme qui la recouvre pour la couper du froid environnant.

L’intrigue, elle, se découpe en deux parties toutes aussi riches l’une que l’autre et qui viendront très astucieusement se mêler pour une aventure passionnante et palpitante jusqu’à la dernière page. Cela démarre dès le premier chapitre qui pose très bien les ingrédients pour la suite, mais après l’autrice ralentit le rythme le temps de nous laisser découvrir son univers et avant de repartir de plus belle petit à petit sans qu’on s’en rendent compte avant l’accélération finale. J’ai beaucoup aimé cette plongée progressive et immersive dans les mystères d’Hyperborée et ses habitants.

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Notre héroïne, Arka, débarque un jour à Hyperborée, le nom de cette ville. Elle dit arriver de Napoca, mais elle est en fait originaire de la forêt des Amazones, peuple auquel elle appartient, mais seulement à moitié. En effet, elle est là à la recherche de son père qui serait un mage d’Hyperborée, mais le chef de cette ville voue une haine farouche au peuple des Amazones et elle doit donc taire cette ascendance. Elle va donc tenter de mener son enquête en cachant ses origines mais ce n’est pas si simple quand on part de tout en bas…

En parallèle, nous suivons le jeune mage Lastyanax, qui à peine diplômé vient de perdre son mentor lâchement assassiné. Poussé à prendre sa place comme Ministre et conseiller auprès du Basileus, il compte en profiter pour mener l’enquête, mais pas mal de choses vont venir l’entraver.

Ces deux personnages dont rien ne présageait la rencontre vont pourtant mener ensemble l’enquête pour révéler ce qui se cache derrière cet assassinat, qui ne sera pas le seul, et les mystères de l’éternelle jeunesse du Basileus ainsi que de sa haine des Amazones.

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J’ai beaucoup aimé l’ensemble des aventures qui vont parsemer ce premier volume, qui se conclura dans un second déjà sorti. Nous découvrons aux côtés d’Arka la vie dans les plus bas niveaux et aux côtés de Lastyanax, la vie dans les hautes sphères. Ils vivent chacun de nombreuses aventures venant rythmer notre lecture. Rien que pour se rencontrer, Arka va participer à une course de chevaux, puis à un concours de magie pour se voir attribuer un mentor et ensuite prendre des cours auprès de lui et de l’élite magique.

Le roman est très riche en intrigues. Il y a d’abord la double enquête qu’ils mènent tous les deux, à l’origine sur le père d’Arka et le meurtre du mentor de Lastyanax, à laquelle va se greffer d’autres meurtres et d’autres rebondissements, qui vont les faire naviguer de leur tour, à la bibliothèque, en passant par l’école des mages, le palais et bien sûr les plus bas niveaux. On ne s’ennuie pas un instant. Tout s’enchaîne, s’imbrique et avance à un bon rythme, au point que ce fut très dur de lâcher le volume pour faire des pauses.

L’univers est proprement fascinant avec ce mélange de politique à la romaine, on sent ici l’influence du métier de l’autrice, et de mythologie avec le peuple des Amazones et la magie. Cette magie à base de sceaux m’a beaucoup plu, même si j’aurais aimé qu’elle soit encore un peu plus détaillée. Elle m’a rappelé l’Atelier des sorciers avec sa façon de fonctionner, ses contrecoups, mais aussi sa relation maître-élève. La ville est l’élément le plus fort de l’univers, c’est LE personnage le plus fascinant. L’histoire entre le Basileus et les Amazones l’est presque autant avec son déroulé tragique à souhait et l’enquête s’y insère à merveille.

Cependant, autant la ville et l’intrigue happent et fascinent, autant je suis restée un peu sur ma faim en ce qui concerne les personnages dont l’écriture est largement en-dessous. Ils font le job et c’est tout. Je n’ai pas ressenti d’attachement envers l’un d’eux. Chacun est trop dans l’archétype que l’autrice a voulu suivre et aucun ne nous pousse à de profonds sentiments, d’ailleurs ceux qu’ils ressentent sont bien léger. Arka est juste une gosse déracinée qui cherche une famille et est en colère. Lastyanax est à peine sorti de l’adolescence et cherche à s’affirmer comme l’adulte qu’il n’est pas encore. Leurs amis et famille sont présents pour les aider dans leurs aventures et enquêtes mais ils ne sont pas vraiment approfondis, à part un peu Pyrrha, une mage brillante qui milite pour le droit des femmes. Mais ça fait tellement dans l’air du temps… Et je ne parle pas des petits soupçons de romance que l’autrice a voulu glisser et qui tombent totalement à plat tellement ils sont maladroits et inutiles ici. Bref, il y a du boulot à faire sur les personnages pour qu’ils rattrapent l’univers.

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Ainsi, j’ai passé un excellent moment de lecture, très happant et immersif, grâce à la belle plume riche en détails de l’autrice et à sa composition d’un univers fascinant. J’ai adoré suivre les différentes enquêtes et révélations sur cet univers inspiré de l’Antiquité qui s’appuie aussi sur son travail de député. J’ai vécu une belle aventure. Je regrette juste de ne pas avoir été touchée par les personnages comme j’aime l’être, ceux-ci sont restés trop archétypaux pour moi et j’ai trouvé certains éléments les concernant assez maladroit. Cependant, je n’ai qu’une hâte m’attaquer à la suite et fin !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Light and Smell, Les Fantasy d’Amanda, Les Voyages de Ly, YodaBor, Vous ?

TB lecture

Tome 2 – Fin

J’ai mis du temps mais me voilà revenu à l’univers si dépaysant d’Eléonor Devillepoix, une autrice qui a su imaginer ici un monde aux inspirations antiques et mythologiques passionnant.

Nous avions quitté notre héroïne en pleine déroute après une sorte de coup d’état raté pour elle, mais réussi pour ses adversaires, nous la retrouvons pour un tome pétri d’actions et de rebondissements qui se lit sans faim. J’ai beaucoup aimé retrouver la plume toujours aussi fournie de l’autrice. Celle-ci est riche et offre de belles descriptions, de belles métaphores voire juste des phrases riches et complexes qu’il est agréable de retrouver ici, ce qui n’est pas toujours le cas. La couverture est d’ailleurs à l’aune de cela, je trouve, avec ce superbe paysage en miroir qui dit tout.

Cependant, j’ai trouvé ce second volume peut-être un peu moins abouti que le premier. J’ai trouvé que l’autrice manquait de finesse en nous offrant un univers tout en noir et blanc et des personnages soit gentils soit méchants. Je n’ai pas trop senti de nuances malheureusement. Tout était dit et tout était prévisible du coup, un peu comme dans une tragédie grecque qu’on lirait en connaissant le dénouement tragique.

J’ai également trouvé le décor moins séduisant. Le premier tome était celui de la découverte de cette ville sous dôme qui m’avait fascinée lors de plusieurs descriptions. Ici, nous allons d’abord à la rencontre de la forêt des Amazones dont l’autrice livre peu de descriptions, puis à la reconquête d’une ville martyre qui n’a donc plus le charme des débuts. C’est plus terre à terre, plus guerrier aussi.

Le tome se concentre uniquement sur le renversement de celui qui a pris le pouvoir à Hyperborée : Alcandre, et tout le reste n’est que prétexte pour conduire à cet événement. On enchaîne donc les péripéties, certes avec plaisir car elles sont écrites avec plein d’allant, mais on sent bien que ce sont des étapes obligées. Le charme opère moins sur moi, je vois plus les ficelles derrière.

Cependant, l’autrice m’a fait plaisir en alternant à ce point les points de vue, rendant son récit très vivant et j’ai aimé entendre la voix de chacun, voir le caractère de chacun car ils sont tous très différents. Cela m’a permis de ne pas avoir qu’Arka comme héroïne à suivre, mais également son mentor Lasyanax, son rival Alcandre et parfois d’autres comme Phréton, Pyrrha ou Python, qui prennent part eux aussi à l’aventure. J’ai aimé cela car Arka était un peu trop l’archétype de la jeune héroïne tête brûlée et que je lui préférais ses aînés.

L’aventure fut également au rendez-vous avec de belles scènes d’action écrites par l’autrice qui rendait celle-ci bien vive et percutante, que ce soit pour s’enfuir, voler au secours de quelqu’un ou se battre. L’aide de tous ces artefacts et de la magie sont un gros plus dans l’écriture de ces scènes bien sûr et la teinte steampunk de l’oeuvre rappelant La Passe Miroir ou Le château des étoiles, m’a vraiment fait voyager dans ces moments-là quand je m’imaginais ces scènes.

L’histoire néanmoins est classique et prévisible du début à la fois. Je n’ai pas forcément été touchée par le destin d’Arka. J’ai préféré la lutte de ses aînés pour l’indépendance de leur ville, cela faisait plus sens pour moi. Les voir chercher à renverser la situation par la politique et la voix du peuple m’a plu. Les voir tenter une mission de sauvetage vis-à-vis de leurs confrères prisonniers m’a plu. C’était intense. A l’inverse, j’ai trouvé le final un peu trop rapide et facile. Il ne me restera pas en mémoire, j’en suis sûre et navrée à la fois. L’autrice a voulu aller trop vite et cela a manqué d’impact, on ne retiendra qu’un facile retour à la normale avec désormais une nécessité de mieux intégrer tout le monde et de dialoguer. Bof bof, c’est un peu léger et cliché.

J’ai mis du temps mais j’ai pris plaisir à revenir dans l’univers de la Ville sans vent. Ce fut une bonne lecture fort divertissante où j’ai aimé le décor antique et mythologique choisi par l’autrice avec ses amazones et ses artefacts. Malgré une plume riche, j’ai juste le regret que l’histoire, elle, soit restée fort simple et manichéenne dans l’ensemble. Je m’attendais à plus que cette résolution bien trop rapide et un peu fade. Je retiendrai donc plus le plaisir pris à la lecture et l’immersion dans ce monde dépaysant.

28 commentaires sur “La Ville sans Vent d’Eleonore Devillepoix

  1. J’avais été surprise moi même par ce roman, c’avait été une belle découverte dans l’ensemble ! Par contre en lisant le tome 2 j’ai été frustrée qu’il ait été coupé, c’était plus vite un one shot qu’une duologie mais bon. J’espère que tu apprécieras la suite aussi !

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  2. Encore un très bon avis et cela malgré te légère déception concernant les personnages et je suis certain que ce premier volet à tout les atouts pour me séduire. Il me reste plus qu’à dégager du temps pour le sortir de ma PAL.

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    1. Oui, en plus tu es plus féru du genre que moi, donc je pense que tu vas te régaler parce que vraiment il se lit tout seul !
      Mon addiction à l’univers m’a même fait penser à celui que j’avais ressenti pour les Arches de la Passe-Miroir, c’est dire !

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  3. Comme tu le sais, je partage globalement ton avis sur ce très bon roman, et notamment sur cet univers complètement incroyable imaginé par l’autrice 🙂 Pour les personnages secondaires, je serais un peu plus clémente, mais j’aurais en effet un travail plus approfondi sur certains d’entre eux…

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    1. Je sais que tu as raison, c’est moi qui suis difficile avec les oeuvres jeunesses qui prennent souvent moins le temps d’approfondir que les adultes auxquelles je suis habituée ><
      Mais clairement, on est dans le très haut du panier des oeuvres jeunesse ici !

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      1. On va dire que j’essaie d’adapter mes critères, mais je reste persuadée qu’un livre jeunesse peut être aussi profond qu’un livre adulte. C’est probablement l’une des choses ce qui différencie un roman jeunesse qui traversera le temps d’un autre…
        Entièrement d’accord !

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      1. Je l’ai pas vraiment noté dans le 1er tome parce que ce n’est pas ce sur quoi je me concentrais. Mais c’est plus présent dans le tome 2. Mais pareil je m’en foutais un peu donc je ne sais pas trop si je vais être fiable pour toi lol

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  4. Je l’ai lu presque en même temps que « Sœurs de sang » de Nicky Pau Preto et si j’ai une préférence pour le second, ce titre était tout de même très bon ! Les descriptions sont souvent parfaites ce qui compense aisément les caractères d’abrutis de certains personnages 😉

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      1. Oui c’est le problème des traductions :/ D’autant qu’il faut espérer que cette dernière ait eu suffisamment de succès, sinon certaines maisons d’édition ne vont pas au bout de la traduction de la série et là c’est l’enfer !

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