Livres - Jeunesse / Young Adult

Les romans de l’Automne de L’Ecole des loisirs : Les étincelles invisibles / Londinium

Je vous parle souvent des albums de l’Ecole des loisirs parce que je suis une fan d’ouvrages graphiques, mais ces derniers sont aussi un joli pourvoyeur de romans poussant le lecteur à réfléchir. Je vous en avais déjà présenté quelques uns les mois passés, mais voici les deux qui m’ont marquée ces derniers mois, l’un parle d’autisme et l’autre de cohabitation entre espèces.

Titre : Les étincelles invisibles

Auteur : Elle McNicoll

Editeur : École des loisirs (Medium+)

Date de parution : 15 septembre 2021

Nombre de pages : 207

Résumé : Addie est autiste. Lorsqu’elle apprend en cours d’histoire que sa petite ville de Jupiner a persécuté, torturé et exécuté au Moyen Âge des dizaines de sorcières, elle est bouleversée. Ces femmes accusées de sorcelleries n’étaient-elles pas autistes ou neuroatypiques comme elle ? Victime de brimades en classe, Addie se sent particulièrement concernée par leur sort. Elle décide de mener campagne pour que la ville de Jupiner rende hommage à ces sorcières injustement traitées.

Mon avis :

L’autisme est un sujet qui m’a toujours intéressée. J’ai moi-même une soeur souffrant d’un handicap et certains ont souvent cru qu’elle était autiste sans que ce soit le cas, alors je me suis intéressée au sujet. Malheureusement, j’ai rarement trouvé mon compte dans la fiction. Mais ici, Elle McNicoll, autrice neurodivergente elle aussi, nous offre une histoire avec une héroïne autiste légère dont le réalisme m’a frappée.

Autrice écossaise, elle place naturellement son récit dans une petite ville de la banlieue lointaine d’Edimbourg, mais celle-ci pourrait tout aussi bien se dérouler chez nous. Nous y suivons Adeline, Addie, qui a était diagnostiquée autiste légère, tout comme sa soeur aînée Keddie, contrairement à la jumelle de celle-ci Nina. C’est donc une famille un peu atypique que nous suivons, du moins pour les gens normaux comme nous (=neurotypiques) et c’est justement ce que j’ai aimé.

L’autrice nous offre de plonger dans la tête d’Addie et de voir le monde à travers ses yeux, un monde absolument pas conçu pour les gens qui sont différents et qui au contraire les rejette et les maltraite. C’est très puissant et profondément dérangeant. Même sans être autiste, je pense qu’on est nombreux à avoir souffert d’une société, en fait plutôt d’un ensemble d’individus se faisant appeler société, qui étaient intolérants et ne faisaient rien pour s’adapter aux gens différents préférant rejeter et martyriser les plus fragiles plutôt que d’essayer de les comprendre et c’est révoltant.

Nous suivons Addie au collège où ça se passe mal à cause d’une professeur horrible avec elle, qui entraîne ainsi des élèves tout aussi méchants à être horribles avec elle, car se croyant tout permis avec la caution sous-entendue de leur prof. C’est ignoble mais j’ai trouvé juste et nécessaire que l’autrice ose le décrire et le dénoncer sans faillir, ni tomber dans la facilité du pardon. Non, elle accuse et condamne, ce que j’approuve totalement !

Nous suivons également Addie dans la quête qu’elle s’est mise en tête de mener : faire reconnaitre à sa ville les atrocités qu’ils ont commises envers des femmes différentes qu’ils ont accusé d’être des sorcières autrefois. Addie se reconnait en elles, comprend bien qu’elle aurait été jugée comme elles autrefois, et ne veut plus que ça se reproduise. Son combat est donc très beau et parfaitement légitime. Il la conduit en plus à faire la rencontre de gens sur qui elle peut vraiment compter comme sa nouvelle amie, qui elle cherche à la comprendre. C’est beau.

Enfin, nous suivons le quotidien « normal » d’Addie et nous découvrons à ses côtés et aux côtés de sa soeur aînée, ce que ça signifie d’être autiste, tout percevoir différemment, avoir des crises, essayer de se contrôler, porter un masque de normalité mais à quel prix, etc. C’est bouleversant. Nous voyons en plus cela à la fois à travers le regard d’une enfant à l’entrée de l’adolescence, mais aussi d’une jeune adulte qui a été la première à passer par là en quelques sortes dans sa famille, et aussi un petit peu à travers de la soeur neurotypique qui se sent mise à l’écart. Il m’a juste manqué le point de vue des parents, qui aurait été éclairant, je pense.

A travers tous ces aspects, j’ai vraiment trouvé le roman à la fois éclairant et bouleversant, honnête et réaliste, et c’est ce qui m’a le plus touchée. Le parallèle entre les « sorcières » d’autrefois et les autistes et autres handicapés d’aujourd’hui est tout à fait valable malheureusement, notre société n’est pas plus tolérante aujourd’hui qu’elle ne l’était autrefois et il y a encore beaucoup de travail à faire. On a donc besoin de textes comme celui-ci pour sensibiliser le plus de gens possible.

Merci à l’École des loisirs pour cet envoi et leur confiance !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Troian (avec une interview éclairante de l’autrice), Les lectures de Mylène, Marinette, Vous ?

Titre : Londinium, tome 1 : Un lapin sous le Dôme

Auteur : Agnès Mathieu-Daudé

Editeur : École des loisirs (Medium+)

Date de parution : 20 octobre 2021

Nombre de pages : 204

Résumé : Arsène était un enquêteur hors pair : retrouver une loutre disparue aurait dû être un jeu d’enfant pour lui. Des ministères du dôme climatisé aux faubourgs mal famés le long du fleuve, il connaissait tous les recoins de Londinium. Mais ces derniers temps, beaucoup de choses étranges, et même menaçantes, se produisaient en ville. Et son intuition lui disait qu’il y avait peut-être un lien entre cette affaire et les attaques de renards, ces vols bizarres, ces changements dans la loi, ces lézardes dans l’équilibre fragile qui permettait la cohabitation entre humains et animaux…

Mon avis :

Ce roman-ci se présente, quand on regarde sa belle couverture signée Emmanuel Polanco, plus comme un polar animalier comme on a pu en lire pas mal ces derniers temps depuis Zootopie, BlackSad et Beastars par exemple. Sauf que quand on creuse, on se retrouve avec une histoire plus profonde sur la difficile cohabitation de gens différents.

Agnès Mathieu-Daudé nous propose d’aller à la rencontre d’une ville inédite pour nous : Londinium, où les animaux et les humains cohabitent en toute bonne entente, du moins en apparence. Car pour y vivre, il faut que les animaux acceptent l’asservissement des humains qui en échange n’ont pas le droit de les manger ou de les mettre en cage. Sauf qu’un jour, Arsène, un lapin qui compte bien échapper à sa condition, se rend compte que des choses de plus en plus étranges voire menaçantes se produisent à Londinium. Il va donc mener l’enquête.

Dans le premier tome de cette saga, l’autrice passe énormément de temps à poser l’ambiance et le décor de son histoire. Aux côtés d’Arsène, nous allons parcourir Londinium en long en large et en travers, nous allons découvrir tout ce qui se met à clocher depuis quelques temps et nous allons aller de surprises et surprises. Cependant le brouillard qui recouvre la ville est aussi épais et impénétrable que le Dôme dans lequel la Reine s’est réfugiée, donc malgré un rythme soutenu on se retrouve au final avec une intrigue qui a à peine démarrée à la fin de ce premier tome.

Alors qu’il avait tout plein d’arguments pour me plaire, comme le flegme so british d’Arsène, l’ambiance brumeuse londienne, les thèmes des complots politiques, de la ségrégation ou de la révolte du petit peuple, le récit n’a pas fonctionné sur moi. Je pense que c’est parce que j’ai lu auparavant Les lapins de la couronne d’Angleterre et que du coup j’attendais une histoire aussi entraînante et légère. Or, j’ai été surprise par la noirceur et la lenteur des révélations de cette saga. L’humour était trop léger pour moi et l’intrigue pas encore assez développée. J’imagine que cela va plus se développer par la suite, mais je n’ai pas très envie de poursuivre.

Pour qui aime les lents polars brumeux où des complots politiques se mettent en placent pour saccager la vie de pauvres gens et où un héros va se dresser malgré lui contre cela, Un lapin sous le Dôme est probablement une belle introduction avec un univers original et travaillé, tout à fait dans l’air du temps de ce qui se fait. Je vous invite donc à découvrir ce court roman qui pourrait vous plaire.

Merci à l’École des loisirs pour cet envoi et leur confiance !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : , Vous ?

6 commentaires sur “Les romans de l’Automne de L’Ecole des loisirs : Les étincelles invisibles / Londinium

  1. Merci, j’avais lu ton avis déjà avec intérêt sur Babelio ! Je suis concernée aussi par ce sujet pour des raisons familiales, je vais peut-être rassembler mon courage et découvrir ce roman. À tout hasard: si tu as lu d’autres livres autour de l’autisme, je suis preneuse 😌

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  2. En flanant sur google, je suis tombée sur votre site que je trouve super. En parlant d’autisme, j’ai publié une trilogie fantasy mettant en avant un héros autiste. Mon fils ainé est autiste et j’ai eu envie à un moment donné de ma vie d’écrire une histoire avec un personnage principal autiste. Le faire évoluer dans un univers fantasy a été une décision facile puisque c’est le genre de littérature que j’adooooore ^^. Alor si jamais ça vous intéresse d’en savoir plus, n’hésitez pas à me suivre sur wordpress :D, je poste aussi mes avis lectures 🙂

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    1. Bonjour, merci pour le compliment.
      Vous me rendez curieuse, j’irai regarder votre site aussi. C’est un trouble qu’on a encore bien du mal à cerner et sur lequel commet bien des impairs en le faisant, alors chaque témoignage est intéressant, peu importe sa forme

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