Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Nomi & Shiba de Tohru Tagura

Titre : Nomi & Shiba

Auteur : Tohru Tagura

Éditeur vf : Akata (M)

Années de parution vf : Depuis 2021

Nombre de tomes : 4 (en cours)

Histoire : Nomiya rentre au lycée et intègre un internat pour garçons. Il tombe sous le charme de Shiba, son camarade de chambre, mais ne sait pas comment exprimer tout ce qu’il ressent.

Mon avis :

Tome 1

Aux côtés d’Old Fashion Cupcake, Akata nous a sorti également un petit yaoi tout léger, frais et charmant se déroulant dans dortoir pour garçons et quand c’est l’autrice de Maux mêlés aux manettes, cela donne une comédie romantique qui détonne complètement de sa première oeuvre !

Après un shojo plutôt mélancolique sur les difficultés à communiquer, la recherche de sa sexualité et les traumas familiaux, j’ai été surprise de tomber sur un titre alliant à ce point légèreté et humour. Nomi & Shiba, série toujours en cours en 2 tomes au Japon, est effectivement une sorte de Parmi Eux mais avec vraiment deux garçons et non une fille travestie en garçon. Mais l’un d’eux est tellement mignon que tout le monde croit que c’est en fait une fille ^^

Avec cette série à vocation courte, l’autrice nous offre d’emblée un titre drôle et léger, peut-être même un peu trop au début, mais on aime se laisser prendre aux jeux de nos héros adolescents tellement naïfs et maladroits dans cette école de garçon. C’est tendre et chaleureux, mignon et amusant, frais et sympathique. L’ambiance école et dortoir de garçons fonctionne super bien pour offrir pas mal de scènes décalées où Shiba se retrouve déguisé en fille ou harcelé par ses camarades, et où Nomiya, lui, tente de résister vaillamment et douloureusement à ses désirs. Le ton décalé de l’autrice y fait des merveilles.

Les deux héros vivent ensemble dans la même chambre et s’aiment sans oser se le dire mais tout le monde est au courant. Il y a ainsi plein de situations où leurs hormones grimpent en flèche sans que cela se concrétise, ce qui est très drôle pour le lecteur il faut l’avouer. Il y a également un « grand frère » gay assumé qui écoute leurs états d’âme et nous entendons ainsi grâce lui les plaintes des deux. Il y a aussi nombre de situations gentiment rocambolesques pour les pousser dans les bras l’un de l’autre avec un statu quo qui amuse tout le monde. Heureusement, petit à petit, ça évolue entre baiser volé et câlin inattendu, avec une accélération bienvenue à la fin juste avant le second tome. Du coup, j’ai hâte de voir leur cohabitation désormais que tout est posé, ça va être croustillant !

Le dessin, lui, est beau mais classique pour le genre. Je suis un peu déçue après avoir vu l’autrice officier sur Maux mêlés. Le découpage est agréable mais sans originalité. L’ensemble est un peu banal et lisse, avec même quelques cases où les proportions sont ratées ^^!

Nomi & Shiba est tout à fait le genre de titre léger sans prétention qui permet de passer un bon moment de détente avec humour et légèreté grâce à la naïveté confondante et drôlatique des deux héros.

 >N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les instants volés à la vie, Vous ?

Tome 2

Retrouvailles avec ce petit couple gay si sympathique dans un chaleureux cadre d’internat de garçon rappelant un Parmi eux tout aussi loufoque parfois.

J’ai pris plaisir à retrouver Shiba et Nomi ainsi que leurs camarades internes dans ces nouveaux chapitres toujours aussi légers et décalés. J’adore la façon dont l’autrice se réapproprie les classiques du genre en y insufflant son ton humoristique et grinçant mais sans en faire trop comme parfois. Ici, c’est drôle et léger mais sans en faire des caisses et c’est bien pour ça que ça fonctionne sur moi.

Les deux garçons étant désormais en couple, même de façon non officielle, la mangaka multiplie les occasions où ils se retrouvent mutuellement à stimuler la libido l’un de l’autre. C’est hyper cocasse et amusant car toujours fait avec humour et bienveillance. On n’est pas dans ces boys love qu’on a longtemps eu avec un dominant qui ne tient pas compte des désirs de l’autre. Non, ici, le désir est totalement partagé et le consentement régulièrement demandé ce que j’ai apprécié.

En plus, pour faire durer le plaisir, l’autrice invente des obstacles tous plus loufoques les uns que les autres pour retarder le moment de la grande déclaration. Nous avons ainsi un Nomi qui peine à contrôler les mécaniques de son corps, un surveillant chef de l’internat qui invente une nouvelle règle anti-couple, un voyage scolaire à Kyoto où Shiba tire une mauvaise fortune et j’en passe. On s’amuse beaucoup à leurs côtés que ce soit à l’internat ou lors de ce voyage scolaire où les rebondissements cocasses sont nombreux et souvent tendres ou graveleux mais toujours doux. L’autrice a un bon sens du rythme pour cela et a su créer une ambiance appropriée où on a confiance.

Ainsi les camarades d’internat des héros ne voient pas leur relation d’un mauvais oeil malgré leur passion amusante pour Shiba, au contraire, ils sont les premiers à comprendre ce qui se passe et à les pousser dans les bras l’un de l’autre, mais leurs maladresses retardent tout. C’est assez amusant à voir. Il y a une ambiance très bonne enfant ici, même dans la façon dont ils se chambrent. Reste le mystérieux Miyai que je peine à cerner et dont je me demande quel rôle il tiendra par la suite. Conservera-t-il cet aura de grand frère à qui on demande conseil ? Ou s’amourachera-t-il de l’un d’eux ? Pour le moment, l’autrice flirte très bien avec la limite, ce qui donne un côté un peu parodique à la série qui m’amuse beaucoup.

Émoustillant et amusant ses lecteurs, Tohru Tagura propose ici un boys love d’un nouveau genre, une réinterprétation moderne des classiques du genre dont elle s’empare et qu’elle détourne ou revisite avec humour et tendresse. On aime les situations cocasses où se mettent ces deux héros maladroits dont la relation évolue tout de même au fil des chapitres pour nous proposer une histoire touchante et amusant où leurs hormones en folies sont sur le point de se libérer après tant de frustration. Hâte de voir la forme que cela prendra car je suis sûre qu’humour et bienveillance seront présents.

Tome 3

Suite de cette sympathique romance MxM qui se présente vraiment comme quelque chose de moderne et dans l’air du temps, qui ose aborder avec franchise les préoccupations d’adolescents pensant au sexe. On adore !

C’est toujours aussi sympa, mignon et frais de retrouver Nomi et Shiba dans les aventures de leur quotidien, un quotidien rythmé par leur couple nouvellement installé et les questions qu’ils se posent. J’ai aimé la fraîcheur dont fait preuve l’autrice en parlant avec simplicité et humour des questions que ces jeunes gens se posent désormais sur l’évolution naturelle de leur relation, le tout dans un contexte d’internat de garçons. C’est rigolo de les voir aussi naturellement penser au sexe et s’interroger mais également aller voir leurs amis pour les aider à y voir plus clair sur la question. Cela se fait en toute simplicité car l’autrice nous fait bien comprendre qu’il n’y a pas de raison à ce que ce soit plus compliqué que pour un couple hétéro. C’est juste différent et il est normal de se demander comment s’y prendre.

Mais passer ces questions techniques, ce sont les sentiments qui l’emportent et c’est mignon tout plein, encore de les voir ensemble affronter leurs sentiments et désirs et prendre la décision d’y aller plus ou moins doucement en fonction de leurs envies mutuelles. On sent la force de leur relation et de leurs sentiments, l’importance que l’autre a pour chacun, ce qui donne une relation apaisante et harmonieuse. Chaque petit moment est très bien calculé par l’autrice pour nous faire pousser des « kya » tellement ils sont mignons par leur fraîcheur, leur tendresse et leur maladresse. J’ai aimé aussi bien les suivre à l’internat avec leurs potes, dans leur chambre, lorsqu’ils étudient ou quand ils se font une soirée camping.

Les petits plus dans ce tome du côté de l’intrigue viennent de la rencontre avec les parents de Nomiya, qui sont un modèle de parents parfait pour moi. Aucun souci à ce que leur fils ait un copain garçon, je pense qu’il en serait allé de même si ça avait été une fille, ils veulent juste voir leur fils heureux et j’adore ça. La soeur et la mère sont hyper fun d’ailleurs, et grâce à elles, on nous présente, certes en coup de vent, le style « Genderless » croisé dans le manga du même nom récemment chez Akata. Très sympa. Il y a également la rencontre avec l’ami d’enfance de Shiba, un jeune karatéka amoureux de lui en secret, qui va tenter de semer la zizanie pour tester leur couple. C’est gentiment mignon à nouveau car jamais fait dans le but d’être nocif, comme ce fut un temps à la mode avec les rivaux dans les mangas romantiques. C’était plutôt mignon de découvrir sa relation avec Shiba, même si en soi, ça n’apporte rien de plus à l’oeuvre de base. D’ailleurs l’autrice avoue qu’elle n’avait pas prévu une série aussi longue et improvise un peu. Ça se sent ^^!

Lecture sympathique et distrayante, Nomi & Shiba fait du bien car elle présente de manière décomplexée et naturelle une relation avec deux hommes, ce qui est encore trop rare, alors que ça devrait être la norme. Ainsi, même si l’histoire en elle-même, la narration et les dessins, sont on ne peut plus classique, l’intention, elle, fait chaud au coeur et rend la lecture diablement sympathique.

Tome 4

Alors que le début laissait à penser que nos héros allaient enfin laisser parler leurs hormones et que nous allions avoir un tome des plus caliente, l’autrice fait un pas de côté et nous offre en fait un tome centré sur leur ami Miyai. Pourquoi pas, mais ce n’était pas attendu.

Avec son emballage plastique et sa mention « contenu explicite », je m’attendais vraiment à un tournant dans la série avec ce tome. Les premières pages semblaient me donner raison avec une scène des plus épicées entre nos deux camarades de chambre qui découvrent le charme du plaisir solitaire à deux ! Ah cette fameuse « zone grise » xD C’était drôle, charmant et pétillant, plein de malice et mignon tout plein de part leur maladresse dans la découverte de la sexualité, révélant des personnalités un peu différente, notamment un Nomiya des plus entreprenants et astucieux pour arriver à ses fins. Mais on est bien vite arrêté dans notre élan, certes par des questions essentielles dont il est bon de parler (protections et lubrifiant) mais qui viennent gentiment casser le rythme.

Le fait que l’autrice en profite pour placer alors une longue, longue histoire qui revient sur le passé de Miyai m’a un peu déstabilisée. Ce n’était pas ce que j’attendais ici et je ne pensais pas que ça prendrait tout le tome. Si je dois replacer cette histoire dans le cadre de la série, je trouve son introduction maladroite à ce stade et de cette façon. Ça fait trop « bloc ». En plus, on ne reconnaît pas bien Miyai dans cette présentation de celui qu’il était adolescent, il y a de réelles maladresses dans l’écriture de ce dernier et son évolution. Ça ne colle pas…

Mais si je prends l’histoire juste pour elle, malgré à nouveau des maladresses sur lesquelles je reviendrai, je l’ai trouvé mignonne et touchante. Nous sommes ici dans le trope de l’amour interdit entre un prof et son élève. Miyai est un collégien blasé qui ne se donne pas à fond et s’ennuie à l’école. Il tombe sur un étudiant voulant devenir prof qui va le motiver et vite le fasciner, le faisant tomber amoureux de lui. Le Miyai collégien est mignon tout plein et j’ai aimé la relation d’abord amicale qui se noue entre les deux, chacun trouvant en l’autre quelque chose qu’il cherche : une motivation, un exemple de ses capacités. J’ai aimé lire la façon dont l’autrice envisageait le métier d’enseignant à travers ce personnage de Fujima. C’est assez juste.

En revanche, une fois de plus on se retrouve avec ce fantasme de la relation prof-élève que je n’aime pas du tout car je ne trouve pas sain pour un homme de 20 ans de s’intéresser à un enfant de 14 ans. Je sais que ce n’est pas un gros écart d’âge et on me dira que Miyai est mature pour son âge, mais pour moi, ça ne comble pas le fossé entre les deux. Plus tard, à l’âge adulte, une fois actif, l’écart ne me dérange pas comme ça, mais ici, non on est vraiment sur deux stades trop différents de la vie. En plus, l’autrice fantasme à nouveau sur le petit jeune hyper pro-actif et le grand / vieux soumis qui ne sait pas trop quoi faire pour repousser ses avances. Beurk ! On est encore dans ce schéma, c’est le jeune qui séduit, qui cherche, et le plus âge ne peut que succomber sans résister. Re beurk ! C’est vraiment problématique, surtout présenté comme ici comme quelque chose de positif qui fait potentiellement fait rêver…

Je suis donc mitigée concernant ce tome. Certes l’autrice m’a fait passer un bon moment et je me suis d’abord amusée des premières tentatives de relation sexuelle de nos ados, avant de m’attendrir devant le passé de Miyai et la rencontre qui a changé sa vie. Mais il y a quand même, sous couvert de mignonnerie, pas mal de choses problématiques et je ne suis pas sûre que l’introduction de ce fantasme de la relation prof-élève soit bénéfique…

Nomi x Shiba © 2018 by Tohru Tagura / © 2021 Editions Akata

 

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