Livres - BD / Illustrations

Goldorak de Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac

Titre : Goldorak

Auteurs : Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac

Éditeur : Kana

Année de parution : 2021

Nombre de pages : 168

Histoire : La guerre entre les forces de Véga et Goldorak est un lointain souvenir. Actarus et sa soeur sont repartis sur Euphor tandis qu’Alcor et Vénusia tentent de mener une vie normale. Mais, des confins de l’espace, surgit le plus puissant des golgoths : l’Hydragon. Alors que le monstre de l’ultime Division Ruine écrase les armées terriennes, les exigences des derniers représentants de Véga sidèrent la planète : sous peine d’annihilation totale, tous les habitants du Japon ont sept jours pour quitter leur pays et laisser les envahisseurs coloniser l’archipel. Face à cet ultimatum, il ne reste qu’un dernier espoir… Goldorak.

Mon avis :

Même si je fais partie de ceux qui ont grandi avec la japanimation et le Club Dorothée en connaissant les génériques par coeur, je ne me rappelle presque pas de Goldorak malgré les rediffusions dont il a fait l’objet. C’était cependant un univers assez marquant pour que certaines scènes et attaques me soient restées en tête sans que je ne me rappelle de l’intrigue globale. Alors quand j’ai entendu parler de ce projet, je me suis que ce serait l’occasion de mieux découvrir la bête. Ajoutez à ça plusieurs émissions de radios plutôt bien fichues autour du projet pour suffisamment me donner envie, vous comprendrez pourquoi j’ai été heureuse de le retrouver sous le sapin !

Après cette introduction, vous comprendrez qu’il est inutile de me demander si c’était fidèle ou non à l’oeuvre d’origine, je ne m’en rappelle pas assez. Je vais donc plutôt juger la BD sur pièce. Elle résulte du travail à 8 mains de 4 passionnés qui, eux, connaissaient bien mieux l’univers que moi et en étaient fans. Ils en ont repris tous les marqueurs et codes graphiques pour une nouvelle histoire se déroulant après l’anime, en mode fan hardcore qui se dit toujours : « et si l’auteur avait poursuivi pour… », un concept que forcément j’aime beaucoup pour l’avoir pratiqué ^^

Malgré une narration propre à la BD assez figée pour la fan de manga que je suis, je me suis très facilement plongée dans cette nouvelle histoire où les auteurs nous conduisent plutôt avec doigté vers les nouveaux enjeux qu’elle revêt. Ils nous présentent ainsi progressivement les anciens personnages et ce qu’ils sont devenus, le tout dans une nouvelle intrigue d’invasion de méchants originaires de Vega. Mais le tour de force des auteurs est de proposer quelque chose de sombre et intemporel avec des personnages qui ont baroudé et sont loin d’être lisses et des méchants qui ne sont pas aussi caricaturaux que d’habitude.

J’ai beaucoup aimé le travail sur les personnages comme vous aviez dû le pressentir. C’était très chouette de découvrir un Actarus encore plus sombre car vivant avec le regret de ses erreurs et des conséquences de celles-ci. Le discours antimilitariste et pacifique des auteurs est un bon contre-pied et jamais ils ne ménagent les erreurs de son héros. Face à lui, nous n’avons pas de simples envahisseurs, mais des extraterrestres sans terre à la recherche d’un nouvel endroit où s’implanter, qui s’y prennent juste maladroitement. Les autres personnages, seconds couteaux originels, sont tous présents et semblent avoir gagné en consistance. J’ai aimé voir des femmes aussi impliquées dans les combats, suivre des conversions entre scientifiques, voir des militaires nuancés et assister à la conclusion d’une jolie romance.

Les auteurs profitent en effet du cadre classique d’une aventure de Goldorak telle qu’on l’imagine pour également inclure un décor nous encrant dans la nostalgie des épisodes au Ranch du Bouleau Blanc. En racontant l’histoire du point de vue de la fille du propriétaire, il fait ainsi entrer le lecteur dans leur quotidien où des questions de choix de vie, de vieillissement de la famille, de distanciation des liens avec le temps sont posés. J’ai beaucoup aimé cette familiarité et cette proximité.

L’histoire et ses tenants et aboutissants m’ont donc beaucoup plu dans toutes leurs dimensions. Là où j’ai eu plus de mal, c’est dans l’interprétation graphique. Adapter un manga ou un anime en BD ne se fait pas sans mal. Ce n’est pas du tout le même rythme, le même découpage, la même narration et cela s’en ressent ici malheureusement. Malgré un trait rétro assez moderne rendant hommage à la série d’origine, malgré des scènes clés calquées sur celle-ci pour lui rendre hommage dont quand Actarus entre dans Goldorak et se transforme, je n’ai pu m’empêcher de trouver l’ensemble fort classique. Le découpage n’a rien à voir avec le dynamisme qu’on retrouve en manga. On est avec un format occidental qui comporte souvent trop de texte et de cases par planche, ce qui alourdit la narration. Ainsi, on est dans une BD fort copieuse où le rythme est parfois un peu trop lent.

Côté graphisme, je le disais, c’est du moderne qui revisite l’ancien. Si j’ai globalement apprécié le design des mecha ainsi que des antagonistes, je trouve les héros un peu trop dans la « bogossitude »… C’est lisse et parfois on a l’impression, notamment avec Alcor, Venusia et Phénicia, de se retrouver dans les Totally Spies, j’avoue que ce n’est pas ce que je préfère. Heureusement, les scènes de combats même si elles ont un côté un peu trop figées pour moi, ont également de très beaux plans. J’adore le design d’Hydragon et son inspiration mythologique.

L’objet livre, lui, j’ai l’édition normale, est copieux. Il est doté d’une introduction rappelant sa place dans la saga ainsi que l’intention des auteurs, que j’ai jugée pertinente. De même que j’ai apprécié le cahier de production présent à la fin, qui revient sur l’ensemble du projet, ses étapes de création et comment a fonctionné ce travail à 4. Ça respire vraiment le travail de fans et j’ai adoré ça !

Ainsi pour un premier essai avec ce type de projet, j’ai été globalement séduite malgré quelques bémols sur la forme du fait de mon peu d’appétence pour un certain type de BDs occidentales portées sur le numérique et restant un peu trop classiques, surtout quand elles réinterprètent un matériau d’origine aussi vivant que le manga. L’histoire, par contre, elle, m’a vraiment séduite par l’hommage qu’elle rend à la série d’origine et surtout son ton sombre et sans concession avec pourtant des personnages nuancés car fort bien écrits. C’est donc une jolie réussite et l’oeuvre d’hommes et femmes vraiment fan de cette série culte et rien que pour ça, je les en remercie ! Maintenant, c’est ballot, j’ai envie de voir la série d’origine !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Livre poche, 7BD, Cannibal Lecteur, Un K à part, Vous ?

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8 commentaires sur “Goldorak de Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac

  1. Je viens de le terminer. Marrant de comparer les avis de lecteurs de fb et de manga : j’ai trouvé moi le design plutot bien modernisé par rapport a un style de go nagai assez fruste. Je ne pense pas que ce soit colo en numerique, bajram et ses potes sont plutot des artisans. Sur le rythme je suis d’accord, c’est assez lent et on sent le profond respect qui empeche peut etre de se lacher vraiment. Globalement c’est assez baleze d’arriver a produite une histoire aussi dense sur un materiau qui, de memoire, enchaine les fight entre goldo et les golgoth. Pour moi c’est un sacré boulot qu fait le job meme s’il s’adresse clairement a la nostalgie et risque de laisser les nouveaux venus de cote.

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    1. C’est clair que notre rapport à l’oeuvre change complètement en fonctionne de notre profil de lecteur.
      Je suis d’accord pour dire que le dessin de ce Goldorak est plus moderne dans le trait. J’aurais pas mal à dire au niveau du découpage et de la dynamique en revanche.
      Je te rejoins pour dire aussi que c’est incroyable d’avoir réussi à pondre une telle histoire aussi intense.
      Après, je serais curieuse de savoir comment les auteurs auteurs ont colorisé celle-ci sans passer par le numérique car vraiment à mes yeux d’amatrice j’ai dû mal à voir un tel rendu avec une méthode traditionnelle. Alors si tu as des connaissances sur le sujet, je suis preneuse 😉

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