Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Touch (Théo ou la batte de la victoire) de Mitsuru Adachi

Titre : Touch (Théo ou la batte de la victoire)

Auteur : Mitsuru Adachi

Éditeur vf : Glénat (shonen)

Année de parution vf : 2005-2010

Nombre de tomes vf : 26 (série terminée)

Histoire : Kazuya est l’archétype du garçon parfait : beau, intelligent, généreux et doué en sport. Son frère Tatsuya est son opposé direct : fainéant, au sale caractère, et loin d’égaler les talents de Kazuya. Tous deux éprouvent des sentiments forts pour Minami Asakura, leur amie d’enfance, mais Tatsuya, persuadée que celle-ci préfère Kazuya, décide de s’effacer pour laisser le champ libre à son frère. Pourtant, alors que le championnat de base ball du lycée doit battre son plein prochainement, un drame épouvantable va bouleverser le destin de ces trois personnages.

Mon avis :

Tome 1

Comme l’année dernière, cette année j’ai décidé de relire les classiques de ma bibliothèque et pour commencer, j’avais envie d’un titre léger et touchant. Quoi de mieux que Touch de Mitsuru Adachi pour répondre à cette attente ?!

Mitsuru Adachi, c’est un peu le pape de la comédie romantique sportive pour moi. Avec un trait extrêmement simple mais une narration parfaitement calibrée, il sait faire mouche à tous les coups. Sa grande passion, c’est le sport et en particulier le base-ball à qui il a consacré au moins 6 séries dont deux sont mes préférées de son oeuvre : Touch ici présente et H2. Mais il a aussi écrit sur la natation avec Rough, Niji-iro Tohgarashi sur les anciens pompiers historiques du Japon ou encore Short Program un ensemble de nouvelles tranches de vie où le base-ball revient souvent. Mais Touch a une saveur toute particulière pour moi car c’est avec elle et surtout son adaptation animée, Théo ou la batte de la victoire, que je l’ai découvert et que j’ai commencé à apprécier les comédie romantique sportive.

Touch, c’est 26 tomes consacrés à l’histoire d’un trio d’amis d’enfance : deux jumeaux Katsuya et Tatsuya, dont le surnom Tat-chan a donné le nom à ce blog, et Minami leur voisine. Le mangaka nous raconte avec tendresse leur histoire du collège au lycée à travers les drames et tragédies de l’adolescence, pour un triangle amoureux vraiment singulier qui apparaîtra au fil des tomes.

Dans cette introduction, on retrouve déjà un peu ce qui fera le sel de la série : un sens du découpage inné, un sens de la petite phrase et de la chute très drôle et un regard tendre sur notre héros looser. Forcément, je suis partiale, car malgré un dessin rétro et une impression pas au top (je soupçonne la qualité du matériel de base pour cela…), il y a un charme qui opère d’emblée chez moi. Le mangaka a l’art et la manière de capturer l’adolescence à la japonaise, avec ce grand frère débonnaire, un peu looser et libidineux sur les bords qui contraste avec son petit frère sérieux, bosseur et doué au baseball que toutes les filles adores. La seule à voir le potentiel de l’aîné, c’est Minami leur amie d’enfance, mais ils s’entendent comme chien et chat. Alors avec un regard empli de douceur Adachi va entreprendre de nous raconter des petits moments de leur belle jeunesse.

Les chapitres sont courts mais parfaitement rythmés. On y suit souvent les déboires et déceptions de Tat-chan mais toujours sur un ton léger. Son côté looser est très vite compensé à la fois par son humeur, ses échanges sarcastiques avec Minami et surtout le potentiel caché que l’on perçoit en lui. Son petit frère comme sa voisine sont conscients qu’il se laisse surtout vivre. Ils rient donc de ses pitreries mais sont toujours là pour lui, comme il est là pour eux dans l’ombre, et c’est une belle relation que l’autre nous fait découvrir entre eux.

Il se dégage du titre beaucoup de douceur et de chaleur humaine, à l’image de chaque personnage croisé que l’auteur croque avec bonhommie. Les parents des jumeaux sont encore fous amoureux comme des ados. Les camarades de classes des héros s’amusent de leurs différences. Et une belle amitié lient le trio de tête. Cependant, l’auteur qui a l’air de la petite phrase et de la mise en scène va très vite nous faire comprendre que l’histoire est plus profonde que ça et qu’il cache de joli trésor derrière cette comédie romantique toute tranquille. Ainsi, la fille d’à côté ne s’intéresse pas au beau gosse contrairement à ce que tout le monde croit, mais plutôt au looser comme de brefs moments nous le font comprendre. Adachi met ainsi subtilement en place un joli vaudeville avec un trio inédit : deux jumeaux et leur voisine/amie d’enfance.

Ce premier tome n’apparaît cependant pour le moment que comme une douce mise en bouche, une introduction tout en humour et légèreté de cet univers autour du baseball et de la romance adolescente. Nous n’avons que peu vu jouer Katsuya, les sentiments sont à peine effleurés et surtout le lecteur est loin de se douter des surprises que lui réserve l’auteur. Mais c’est une belle introduction, pleine de charme, dans un cadre chaleureux, avec un trait old school simple que personnellement j’adore – si on oublie que l’auteur a le même sur toutes ses séries >< – car on y sent toute l’affection d’Adachi pour la période des années 80 et son sens déjà excellent du découpage de la mise en scène. Alors certes, ce tome n’atteint pas encore les sommets que la série aura plus tard, mais c’est déjà un excellent début, plein de promesses avec une très très belle narration évasive.

Tome 2

Adachi réalise encore un excellent tome avec une construction magistrale du personnage de looser de son héros Tat-chan en contrepoids de la figure de héros représentée par son frère, c’est excellent.

Avec sa narration toute en non-dits et petites phrases assassines, l’auteur font monter et monter au fil des chapitres cette image de remplaçant qu’il veut donner à son héros. C’est tout proprement extrêmement bien fait. On s’attache de plus en plus à lui. On voit de plus en plus son potentiel bafoué, qu’il cache peut-être, mais qu’il lui est impossible d’afficher vu la situation. C’est super triste.

On ne peut qu’être touchée par la situation qui se déploie sous nos yeux où sous prétexte d’un comique de répétition générale, tous les personnages à l’exception de la voisine Minami s’emploient à rabaisser ce pauvre Tat-chan. Oui, c’est drôle de le voir faire bourde sur bourde, d’avoir zéro chance, etc, mais c’est triste aussi de le voir toujours relégué au second plan par tous. On développement ainsi un profond attachement pour lui.

Autre axe développé avec subtilité et tendresse, la relation triangulaire des jumeaux avec Minami. Comme je le disais, on assiste à un vrai vaudeville avec, si on lit entre les lignes, un Katsuya amoureux de Minami, qui est amoureuse de Tatsuya, ce que le premier a bien remarqué mais pas le second qui est persuadé que Minami aime son aîné et pas lui et donc il ne s’autorise pas à l’aimer et préfère faire le pitre. Toutes les petites scènes mettant en jeu ces tendres sentiments sont tellement mignonnes et émouvantes que j’adore !

Il se dégage vraiment une ambiance à part avec d’abord cette nostalgie rétro des années 80 pour le lecteur actuel, mais aussi avec cette impression de temps suspendu que donne sans cesse l’auteur, préparant ainsi le lecteur rétrospectivement à ce qu’il va se produire. C’est saisissant. Il retient son trait comme il retient l’histoire, il fige le temps et les sentiments, mais le regard du lecteur spectateur est bien vivant lui et perçoit toutes les implications de chaque moment, chaque parole à l’aune DU grand bouleversement qui aura lieu, c’est magique.

Adachi porte au sommet l’art du non-dit dans le développement de cette comédie romantique où le sport n’a encore qu’une très faible part au profit de la construction des personnages et de leurs relations complexes. Cette bluette adolescente hors du temps m’émeut avant même d’entrer dans le vif du sujet, c’est dire !

Tome 3

Avec deux tomes à installer doucement le décor, l’oiseau déploie ses ailes maintenant.

Adachi découpe ce volume en deux parties distinctes autour du même thème : le baseball et la rivalité entre les deux frères. Des moments jouissifs en perspectives et une dynamique plus positive où bien que l’humour soit au rendez-vous celui-ci se fait un brin plus discret au profit d’autres enjeux.

Il est vraiment plaisant de voir enfin le baseball occuper la place qu’il mérite dans cette série. J’ai ainsi beaucoup aimé la première partie du tome mettant en scène Tatsuya appelé en remplacement dans un match de baseball amateur. Tout est là en germe au cours de ce match : le mauvais rôle qu’on veut lui faire jouer, son manque de confiance en lui malgré ses possibilités, et la conviction que son jeune frère a qu’il a les capacités pour réussir. C’est magique ! La confrontation est alors parfaite.

Puis ce sommet atteint, l’auteur recule pour mieux repartir. Il nous embarque à nouveau dans les petites histoires des héros au collège. On découvre un nouveau personnage qui sera clé dans l’histoire : Harada, le voyou au grand coeur, ami de Tatsuya. On s’amuse de toutes les nouvelles mésaventures qui arrivent au héros à cause de lui mais c’est sympa de lui voir enfin un ami avec qui traîner et puis Harada est un peu comme lui à se traîner une réputation non justifiée. L’auteur s’amuse d’ailleurs à faire des parallèles entre les deux, même sentimentalement parlant.

Adachi revient donc aux sources avec ce tome. Il nous offre une douce comédie romantique pour nous amuser avec quelques moments banals de la vie de tout lycéen japonais. Mais à côté, il commence enfin à rendre plus consistante l’intrigue sportive autour de la passion de Katsuya pour le baseball, sa future intégration à l’équipe de Meisei et le groupe qui va se constituer autour de lui pour tenter d’aller au Koshien, ce tournoi lycéen dont ils rêvent tous. J’ai tellement hâte de le voir plus jouer !

Tome 4

Qu’ajouter de plus à mes précédentes critiques ? Je vais encore vous combien ce fut magique d’assister à la narration silencieuse mais tellement puissante de ce mangaka de génie pour capturer les sentiments amoureux adolescents complexes de notre trio de héros.

L’émotion est toujours là au bord des lèvres alors que je ne fais que suivre le quotidien banal de nos trois ados au lycée et chez eux. Mais le malaise de Tatsuya qui tente de sortir la tête de l’eau est palpable. Il est bouffé par ses sentiments. Il y a son amour pour Minami d’un côté qu’il semble enfin réaliser mais il y a surtout de l’autre sa quasi adoration pour son petit frère dont il a également envie de prendre soin mais qu’il jalouse. Dur dur pour lui alors d’y voir clair et d’avancer.

Adachi a fait le choix pour nous raconter cela d’une narration faite de beaucoup de silences et de non-dits qui rend les sentiments encore plus âpres et criants. Le lecteur est alors à fleur de peau comme ses héros. Ça le démange d’aider Tatsuya, de le prendre par la main et de le tirer pour enfin oser montrer son talent. Ça le démange aussi de dire ses quatre vérités à Minami, ce que Tat-chan fait maladroitement au bout d’un moment. Alors merci à Harada, ce nouveau personnage introduit dans le tome précédent, qui est là pour aider le héros et le prendre sous son aile.

La fan de sport en moi, au-delà de la valse des sentiments adolescents compliqués du trio, est contente de voir enfin Tatsuya montrer des prédispositions également pour le lancer. J’ai été ravie de le voir se reprendre en main et hésiter à entrer dans le club de son frère malgré ses appréhensions et son désir de ne pas mal faire. Mais c’était amusant de le voir bifurquer vers la boxe où il va peu à peu exprimer ses sentiments chaotiques à travers elle. Le sport comme exutoire, reflet des sentiments du héros, c’est aussi une belle image.

Mais vraiment, ce sont ces planches muettes, qui semblent souvent anodines, qui me frappent. On y voit toute l’excellence de l’auteur pour dévoiler les sentiments compliqués de ses héros et en particulier de Tat-chan, à travers des scènes banales qui pourraient sembler sans conséquence. Pourtant, elles le sont et le mangaka démontre que le dessin peut-être aussi si ce n’est plus puissant que les mots. C’est magique !

Tome 5

Que c’est trop trop bien ! Je me régale vraiment avec cette relecture riche en émotion où l’auteur capte si bien la relation triangulaire de ces jumeaux et de leur amie d’enfance.

Tome sous le signe des amours inavoués mais sur le point de l’être, une fois de plus avec une subtilité toute évidente, Mitsuru Adachi nous raconte la tendre rivalité amoureuse de ces jumeaux amoureux de leur belle voisine. C’est touchant de voir l’aîné commencer à briller et à s’affirmer. De la même façon, on aime voir le petit frère devenir moins lisse et se donner à fond. C’est une saine rivalité sur le papier.

Cette valse est parfaitement retranscrite une nouvelle fois par la narration muette de l’auteur qui en dit long en fait sur les sentiments cachés de chacun. On aime ces planches où l’auteur joue à fond sur des petits riens pour tout dire, où ses cadrages sont plus parlant que des mots. Ceci couplé à une ambiance ultra rétro et bon enfant où ça fleure bon la compétition sportive source d’émulation, cela rend la lecture vraiment agréable. Ça donne le sourire et la pêche malgré un héros looser et une ambiance un peu mélancolique. Pourquoi parce qu’il y a une belle évolution et que c’est touchant.

On aime en effet voir Tatsuya s’épanouir dans la boxe. On aime le voir s’affirmer et oser se confronter à son frère à sa façon, ne le protégeant pas toujours comme il a l’habitude de le faire. Minami n’est pas en reste, l’encourageant discrètement et sachant reconnaître ses talents, ce qui le pousse à tout donner. Mais c’est dans l’acceptation de ses faiblesses et de ses échecs qu’elle montre la profondeur de ses sentiments et c’est extrêmement beau et touchant.

Adachi fait ainsi avancer ses héros dans leur chemin de vie. Tatsuya apprend à oser être lui-même, à s’affirmer, tandis que Katsuya se montre moins parfait qu’on ne le croit mais donne tout pour réaliser le rêve de celle qu’il aime. Des scènes sportives et romantiques parfaitement mises en scène par un auteur au sommet de son art qui a un talent certain pour le découpage cinématographique des pages rendant son titre superbement impactant.

Tome 6

Quel travail magnifique sur les personnages encore une fois. Adachi nous gâte vraiment et en ajoutant une bonne dose de baseball cela devient encore plus passionnant !

J’avais vraiment beaucoup aimé la double thématique de ce tome, avec d’un côté le triangle amoureux des jumeaux avec Minami et de l’autre le rêve d’aller au Koshien que Kazuya est en passe de réaliser.

Du côté de la romance, la narration toute en sous-texte de l’auteur est géniale ! On se régale de tous ces non-dits et aveux à demi-mots. Cela progresse avec une Minami plus offensive et un Tatchan qui entend ce qu’elle dit même s’il se refuse encore à bouger. Quel superbe personnage d’ailleurs imaginé par Adachi, un garçon qui aime tellement son petit frère qu’il est prêt à tout pour lui. Heureusement cette abnégation est sue et comprise par son entourage, ce que l’auteur nous montre avec humour et tendresse.

Du côté du baseball, nous avons enfin droit à un extrait de match bien plus long que précédemment avec de vraies phases de jeu où le résultat est critique pour l’équipe de Meisei. Adorant ce match, j’adore la manière drôle et dynamique dont l’auteur découpe ce match y insérant les enjeux fraternels et sentimentaux qu’on connaît, cela rythme et séquence tout le match de manière pertinente et originale. En plus, le jeu est vraiment bien rendu grâce à un dessin montrant bien l’impact des points et la stratégie des lanceurs et des équipes. Certes, un petit glossaire final ou un guide sur les règles du baseball n’aurait pas été de trop mais on prend déjà beaucoup de plaisir à suivre cela.

Avec un bel équilibre entre romance et sport, Adachi écrit une oeuvre qui a fait date et ce n’est pas pour rien. C’est fou de voir l’écriture incroyable qu’il a des personnages, la mise en scène drôle, rythmée et impactante qu’il sait créer et tous les jalons pour la suite qu’il pose déjà. Je suis et reste fan.

Tome 7

Savoir qu’on va avoir mal ne suffit pas à résister. Le drame que j’attendais a eu lieu dans ce tome et même en le sachant, j’ai fini en larmes.

Adachi est vraiment un maître dans le drame. Depuis le début de sa série, il avait tout préparé, posé chaque jalon, fait plein de petites allusions à ce qui allait arriver mais ça n’en a pas diminué l’intensité et j’ai terminé le coeur en miettes.

Il avait parfaitement orchestré cela, avec à la fois un triangle amoureux qui arrivait à son paroxysme et un enjeu sportif qui arrivait aussi à son comble. Les deux jumeaux avaient accepté leurs sentiments et leur rivalité, ils s’étaient déclarés à Minami qui avait accepté la chose et se préparait elle aussi. On était arrivé à un moment où enfin c’était apaisé et où Tatchan reconnaissait ses forces et ses faiblesses. Le drame n’a dont eu que plus d’impact.

Il a été malheureusement parfaitement mis en scène par l’auteur qui montre la banalité de ce genre d’accident. Tous les indices qu’on récolte nous serrent le coeur, tout comme le fait que ce soit Tatsuya qui soit aux premières loges. C’est juste terrible d’assembler tout ça pour arriver à la conclusion logique qui est si dure à assimiler. La grande pudeur dont fait preuve le mangaka est magnifique. Il montre toute la profondeur de ce moment fondateur pour l’oeuvre, de l’instant où on ne voit pas Katsuya arriver, à celui où chacun s’effondre. Ce sont des pages qui me restent à vie en mémoire, la case où on voit les parents qui viennent de l’apprendre et celles où Minami et Tatchan craquent chacun de leur côté.

Mais la force de l’auteur et de l’oeuvre est de ne pas en rester là, de montrer que malgré tout, bien que ce soit dur, la vie continue. Il nous montre alors un Tatsuya et une Minami qui avancent vaille que vaille en restant eux-mêmes et en enfouissant leur terrible peine, ce qui est déchirant.

C’est le coeur serré que je referme ce tome mais aussi le coeur plein d’espoir tant j’ai hâte de suivre l’évolution du nouveau Tatsuya et de la nouvelle dynamique de l’oeuvre passée de 3 à 2 héros.

Tome 8

Le tome d’après, un virage qu’Adachi maîtrise parfaitement avec beaucoup d’émotion et de justesse sans en faire trop, en gardant le tendre humour et la gentille légèreté de la série mais avec une pointe de tristesse poignante.

Nous suivons donc le rétablissement ou plutôt la vie qui continue pour Minami et Tatsuya après le drame de la perte de Katsuya. On aurait pu d’attendre à beaucoup de pathos mais ce n’est pas la marque de fabrique de l’auteur, ainsi à la place nous voyons comment chacun d’eux fait face à gardant tout en lui.

Tatsuya tente de reprendre en quelque sorte le flambeau en faisant rêver sa douce voisine mais il ne se transforme pas pour autant. Il reste lui-même ce gentil cabotin qui aime faire des farces, mais on sent bien combien c’est lourd pour lui derrière ses pitreries. Il prend sur lui pour donner le change et aider les autres. Minami fait de même en se montrant forte et sérieuse, aidant toujours les autres, mais la mélancolie et la tristesse ne sont jamais bien loin.

Cependant, ça fait plaisir de voir combien le sport vient au coeur de l’histoire, que ce soit avec Minami se tournant peu à peu vers la GRS, étant désormais libérée du poids qu’était tout de même Katsuya, ou Tatchan qui se donne plus dans la boxe, le sport qu’il a choisi. Mais on s’amuse du renversement de situation attendu avec un héros qui va rejoindre le club de son frère pour prendre la relève. C’est évident, c’est classique et pourtant ici cela prend un sens que ça n’a pas ailleurs. Pourquoi ? Parce que depuis le début il se réfrénait et qu’enfin il ose se montre. Parce que aussi ce n’est pas un long fleuve tranquille et que malgré ses capacités, il va avoir besoin d’un sérieux entraînement.

En tout cas, cela relance l’histoire pour notre plus grand bonheur et on voit combien il est important pour Adachi de travailler ses personnages, leur caractères, leurs failles et leurs aspirations, mais aussi les relations qui se nouent entre eux. On apprécie ainsi l’ami boxeur de Tatchan (Harada) qui est toujours là pour l’encourager. On sourit de la ténacité du capitaine de l’équipe de baseball (Kuroki) qui fait tout pour le recruter. On est émue par la tristesse de Kotaro, le receveur et ami de Katsuya que Tatchan essaie de distraire de sa tristesse en l’embêtant. Tout ça commence à créer une jolie atmosphère qu’il me tarde de voir fructifier.

Après un tome clé, l’auteur rebondit avec majesté dans un tome qui peut sembler banal dans sa construction et ses aspirations mais qui en dit long sur ce que l’auteur cherche à nous transmettre comme valeurs et émotions. Moi, je suis touchée, la balle a atteint mon coeur.

Tome 9

La nouvelle vie de nos deux héros marqués par la tragédie se poursuit sur le ton doux et tendre d’une comédie sportive pour adolescents.

Il est frappant de voir comme Adachi semble nous avoir fait passer à autre chose. Le triangle amoureux qui était à la base de tout dans les premiers tomes semble totalement oublié et l’amour aussi, on n’en entend plus parler. Les héros préfèrent se consacrer au sport qu’ils ont choisi tel un dérivatif pour faire croire qu’ils ont plus important à penser, mais cela ne dupe personne.

Néanmoins, on aime voir Tatsuya faire vraiment de son mieux pour progresser encore et encore, lui qui part de rien. On aime le voir s’entraîner en douce, avoir des fulgurances lors des matchs, commencer à tisser quelque chose avec Kotaro, son receveur. C’est touchant et en même temps, l’auteur le garde fidèle à lui-même tel qu’il a toujours été, cabotin et farceur, un peu looser sur les bords mais avec un grand coeur.

Pour Minami, c’est la GRS où elle montre un talent inattendu. Nous sommes donc partager entre le plaisir de voir la jeune femme s’épanouir dans un rôle autre que celui de femme supportant son homme, et le fait de la voir un peu abandonner le club de baseball qu’elle soutenait tant avant. Elle a en plus une relation assez particulière avec Tatchan. Je ne sais pas si j’aime ou déteste la façon dont elle le pousse sans tenir compte de ce qu’il veut vraiment ou de ce qu’il peut. Quant à Tatsuya, il est lui aussi bien embêté, partagé entre le plaisir de la voir réussir et l’envie de la garder pour lui. Adachi nous offre vraiment une relation complexe entre les deux.

Le lecteur, lui, prend plaisir à alterner scènes au lycée avec baseball, GRS et nouveaux « amis » dont un jeune fan de Tatchan assez perturbant, avec les scènes de leur vie quotidienne à deux chez eux où là leurs sentiments enfouis repointent le bout de leur nez sous le regard attendris de leurs parents. Une ambiance douce et chaleureuse qui me fait chaud au coeur.

Touch est donc aussi bien une comédie romantique séduisante et amusante, qu’un titre sportif où on se plaît à assister à la naissance de star de leur sport respectif. Passionnant et émouvant !

Tome 10

Baseball, baseball, baseball à fond ! L’auteur passe la seconde pour faire basculer son shonen en récit sportif mais sans en oublier pour autant son très beau développement des personnages.

Ainsi on se retrouve avec un tome définitivement sous le signe du sport. Pour cela, petit bond en avant avec des héros qui avancent d’une année au lycée. Minami continue à être populaire grâce à ces belles performances en GRS. Tatsuya est définitivement le lanceur star de son club alors que c’est encore un débutant. Un face à face intéressant.

On aime voir le héros plongé dans le grand bain, ce qui l’oblige à se remuer. On rit cependant de son caractère cloonesque et gaffeur qu’il conserve, faisant des farces et voyant le sort s’acharner contre lui parfois. Mais quand il est sérieux, c’est beau de le voir se mettre vraiment à jouer et c’est touchant de voir ses talents inexploités commencer à poindre aux yeux de tous.

Pour souligner cette évolution de Tatsuya, l’auteur lui met enfin en face des rivaux d’une toute nouvelle carrure par rapport à précédemment. En effet, les grands clubs arrivent avec leurs stars : Nitta et Nishimura, que l’on suivra pendant toute la série. Il est amusant de voir la manière cocasse dont l’auteur les introduits, l’un perdant un chifumi contre Tatsuya, l’autre craquant pour une Minami qui ne le calcule pas. Cela en dira long sur la suite mais surtout ce seront de bons éléments pour motiver un héros qui a besoin de cela pour se bouger et ne pas stagner.

On aime ainsi voir Tatsuya tour à tour obéir au coach et se contenir ou tout donner sur le monticule. On aime voir les stratégies de son équipe et assister à des bouts de matchs. On aime voir ses rivaux arriver et voir des joueurs plus forts au lancer et à la batte. Cela promet de beaux matchs avec plus de tension et d’enjeux.

Ce virage parfaitement négocié par l’auteur permet à la série de gagner en consistance, gardant son intérêt pour le couple/non-couple des héros qui se tourne autour, mais ajoutant plus d’enjeux sportifs pour l’accompagner. On aime ça !

Tome 11

Je suis toujours fan, fan, fan et avec l’arrivée en masse du baseball dans les tomes, je me régale !

Adachi entre pleinement dans la seconde partie de son histoire ici. Avec un Tat-chan désormais lanceur star de son équipe, il permet à celle-ci d’affronter les meilleures du coin dans différents tournois et cela donne lieu à des pages passionnantes sur fond de sueur, d’effort et de stratégie mais aussi de chance. Ici, nous avons eu droit à un long match passionnant face à Seinan dont j’ai adoré la mise en scène.

Pour un premier match aussi long et important, ce fut un vrai régal. L’auteur a tour à tour montré le talent et le génie de Tatsuya, mais aussi ses liens qui se resserrent avec l’ensemble de l’équipe et en particulier Kotaro, ainsi que ses pensées encore forts présentes envers son frère disparu, et cerise sur le gâteau l’arrivée de rivaux aussi bien sur le terrain de baseball que le terrain du coeur. Passionnant !

Adachi rend à merveille dans ses dessins ces différents enjeux. On ressent toute l’intensité du match, des frappes, la tension des points et toute la stratégie qu’il y a derrière. Même un novice dans ce sport se sent vite happé par ce qui se passe et suit avec enthousiasme et fébrilité les échanges. Il se dégage aussi beaucoup d’humour avec souvent des petits phrases cocasses qui font mouche mais aussi des enchaînements de situation à la chute toujours bien pensée dans un humour très bateau et pince sans rire qui me parle, comme quand Harada dit être un bon repoussoir lol

Du coup, j’ai vibré pendant tout le match. Je me suis délectée de l’affrontement entre Tatchan et le lanceur de Seinan. J’ai adoré voir notre héros prendre confiance. J’ai trouvé la mise en scène de l’auteur parfaite avec un bon suspense jusqu’au bout et un final qui m’a séchée comme les personnages me laissant quelques instants figée devant la page. J’ai vraiment beaucoup aimé ce focus et cette amorce de la nouvelle trajectoire de vie du héros qui a ainsi un nouveau but vers lequel travailler ardemment.

Adachi se révèle encore une fois un excellent conteur, que ce soit en matière sportive ou amoureuse. Il a l’art des non-dit, des planches muettes, des enchaînements de dessins impactants et des sentiments à fleur de peau. Il m’a passionnée avec son match ici mais également avec le nouveau vaudeville amoureux qu’il introduit non plus entre Minami et ses voisins, mais entre Minami, Tatchan et les stars de baseball du coin. Une excellente relance !

Tome 12

Cet auteur est un génie ! Après un tome archi intense plein de baseball, il repasse avec une facilité folle dans de la comédie romantique adolescente pure avec un humour plein de bonhommie qui donne un grand sourire, mais sans oublier pour autant une petite dose de stress avec un nouveau rival, plus près du héros qu’il ne le croyait !

Je me suis à nouveau régalée avec ce douzième tome. C’était tellement agréable de retrouver le récit de si belle mais compliquée relation entre Tatchan et Minami. J’ai adoré le chapitre d’ouverture où le héros se livre sur ce qu’il a sur le coeur avec tellement d’honnêteté, allant jusqu’à admettre qu’il ne sait pas trop comment nommer leur relation. Terriblement émouvant.

Puis la comédie prend le pas dans le restant du tome. On alterne entre petite pique pour se pousser à avancer, jolie valse amoureuse avec un tantinet de jalousie quand des rivaux et surtout UN rival se pointe près de Minami. Alors il ne veut peut-être pas reconnaître ses sentiments mais ils sont bels et bien là, et c’est mignon tout plein de le voir réagir ainsi. Il va juste falloir voir jusqu’à quel point Minami va être capable de l’attendre, mais après leur trauma originel dû à la mort de Katsuya, on peut comprendre.

Reste qu’Adachi dépeint comme personne la vie des lycéens japonais entre temps passé à la maison, ici avec de drôles de parents irresponsables, temps passé au lycée, où les corvées sont présentes et mêmes les reportages pour les magazines – quelles stars ! –  et le temps passé dans les clubs sportifs. Cela m’a enchantée de voir le changement qui s’opère chez le second lanceur de l’équipe qui va tenter de venir titiller Tatsuya pour lui prendre sa place de leader même si celui-ci n’en a que faire car il se bat contre bien plus fort au fond de lui : son frère disparu.

L’émotion est d’ailleurs palpable partout, que ce soit dans la nouvelle relation qu’il entretient avec Kotaro car ce dernier est conscient de ses efforts, ou dans cet entraînement qu’il s’impose et qui est le même que celui que suivait Katsuya. Quant à son nouveau rival : Nitta, qu’on voit de plus en plus, lui aussi a été attiré par son côté « frère de… » avant de réaliser qu’il était différent.

Adachi avec brio une nouvelle fois nous fait repartir dans les délices de la vie lycéenne fait de compétition et de rivalité sur tous les plans, sportifs et amoureux. C’est tendre, c’est drôle, c’est mignon et c’est passionnant. J’adore l’ambiance de cette série !

Tome 13

Encore tellement de belles choses dans ce tome où l’on repart à fond sur le baseball mais avec tellement d’humour et de cocasserie que c’en est hyper rafraîchissant.

Dans ce tome, ce sont toutes les petites touches instillés d’humour, de sarcasme et de tendresse qui en ont fait tout le charme. J’ai adoré ce focus sur la « rivalité » entre Tatsuya et son second lanceur, Yoshida. La mise en scène choisie par l’auteur pour raconter cela change tellement de ce qu’on peut lire habituellement dans les shonen. On voit un Tatsuya qui semble s’en moquer totalement et c’est normal parce que son seul rival sera toujours son frère. Pourtant, ça le gêne car ça l’empêche d’exprimer pleinement ses nouvelles envies. Du coup, on se retrouve avec un héros bien revêche et c’est super drôle.

S’ajoute à cela, une rivalité qui va devenir bien réelle, elle, celle entre Tatchan et Nitta. Ce dernier a bien compris que le héros est le seul à pouvoir surpasser celui qu’il considérait comme son seul rival : son frère jumeau décédé. Il veut donc l’affronter pour le faire grandir. En ressort, un match excellent où tout est parfaitement bien dosé : sport, rivalité, tension et humour, car ce n’est pas le casting prévu qui sort. J’ai adoré cet humour vache qu’il y a pendant tout le match. Yoshida est détestable d’arrogance mais on a aussi pitié de lui car on comprend son souhait de se faire enfin remarquer là où il a un peu de talent. Le duo Tatsuya – Minami est super drôle aussi dans le rôle des râleurs et la rivalité entre les coachs des deux équipes en rajoute dans l’humour cocasse. C’est excellent !

Pour autant, l’auteur n’oublie pas le sport. Le match est vraiment intéressant à suivre. On voit ce que ça donne quand on fait preuve de stratégie pour contenir une équipe plus forte. Le rôle de l’entraîneur est bien mis en avant ici. C’est plaisant aussi de voir la façon dont la défense intervient de manière essentielle dans un match ou encore la relation entre le receveur et son lanceur. C’est un match vraiment dynamique où l’auteur fait tourner sa caméra du monticule au champ arrière jusqu’au banc de touche et aux observateurs sur le côté. Je suis fan.

Comme chaque tome où il y a un match, je me suis régalée. J’adore la mise en scène de l’auteur. J’adore son humour. J’adore ses thèmes. Et surtout, j’adore ses personnages et leur écriture !

Tome 14

Encore un tome tellement pétillant, plus d’humour et de tendresse. C’est si bon de relire Touch !

Comme après chaque gros match, nous avons un tome un peu plus calme permettant de développer avec un tendre humour plein de bonhommie de cocasserie les relations entre les personnages. Adachi n’en finit pas de développer son héros, de montrer la complexité de son caractère et en même temps son côté très humain. Non, Tatsuya n’est pas un héros parfait et ne le sera jamais. Il est maladroit, un peu idiot, un brin flemmard et aime toujours regarder sous les jupes des filles. Mais quand il a un but et veut rendre heureuse celle qu’il aime, il est près à faire des efforts et tout donner. C’est ce qui le rend si attachant.

Ainsi le tome s’ouvre sur les dernières minutes capitales du match contre Sumi où la rivalité Nitta-Tatchan prendra toute sa signification, sous le regard un peu poussif d’une Minami qui me met mal à l’aise en voulant que Tatsuya remplace son frère décédé. C’est à la fois jouissif de le voir se réaliser en tant que joueur et malaisant de comprendre tout ce qu’il y a derrière avec la question du deuil non fait de son frère. Puissant et émouvant.

Puis la vie reprend son cours et comme sait si bien le faire Adachi, il nous conte des petits moments savoureux de leur vie de lycéens. C’est amusant d’assister à la brutale montée en popularité de Tatchan alors qu’il reste l’idiot gaffeur amateur de petites culottes qu’on connaît. L’auteur s’amuse encore de sa rivalité avec Yoshida et la conclut de manière fort rigolote.

Puis la fratrie Nitta se mêle de plus en plus à l’histoire des héros qu’on connait. Avec cocasserie, une fois de plus, l’auteur met en scène les rivalités amoureuses qui vont lier tout ce petit monde, avec Minami-Nitta-Tatsuya d’un côté et Tatsuya, la petite soeur de Nitta et Minami de l’autre. C’est toujours hyper savoureux grâce à un sens de la gaffe et de du gag éculé parfaitement maîtrisé. Mais Adachi en dit long sur la relation des deux héros derrière tout ça et Nitta l’exprime à merveille dans une scène magique avec un Tatsuya venant le voir tandis qu’une Minami joue les curieuses, cachée derrière un paravent. Le mangaka maîtrise vraiment à la perfection l’art du vaudeville.

Ainsi, tout tranquillement l’histoire nous amène vers l’arrivée d’un personnage plus que clé dans la future évolution de Tatchan. Entre souvenir émouvant et prégnant, deuil mal fait, relation ambiguë, multiples triangles amoureux et humour toujours plein de bonhommie, Touch est et reste l’un des meilleurs shonen romantico-sportif que j’ai pu lire, et ce sentiment ne va faire que grandir avec l’arrivée du nouveau coach ! 

Tome 15

Tome consacré à l’arrivée du nouveau coach, il a un ton résolument plus sérieux et sombre que les précédents même si bien sûr l’auteur continue à faire de l’humour et à jouer sur les non-dits entourant ses personnages pour les faire grandir.

L’arrivée du coach Eijiro, c’est vraiment quelque chose ! L’auteur nous offre direct un chapitre ultra percutant où il arrive tambours battants et s’impose de manière fort rude. Encore bagarre avec Tatsuya, maltraitance des autres joueurs, entraînements à la dure et Minami qu’il vire, on se demande vraiment sur qui on est tombé. Le tome se partage donc entre les souffrances des joueurs et le mystère qui règne sur cet homme. Une excellente dynamique.

Bien sûr avec Adachi, cela referme un secret lourd de sens qu’on va découvrir peu à peu et que va faire écho avec la situation de Tatsuya. L’auteur met donc face à lui l’image de celui qu’il aurait pu devenir s’il avait fini aigri à cause du succès de son frère. Mais derrière cette carapace très rude pour ne pas dire brutale du coach semble se cache un homme plus sensible comme le montre ce petit chien qui le suit et qu’il protège. Ainsi, cela annonce de rudes moments mais de beaux progrès de l’équipe qui va arrêter de jouer les dilettantes, ce qui lui reprochait le regard expert de la soeur de Nitta.

Moins porté par l’humour, moins léger et moins émotionnel que les précédents, ce tome annonce pourtant un tournant majeur dans la série avec l’arrivée du coach Eijiro sorte de fantôme du futur (cf Un chant de Noël de Dickens) de Tatsuya, qui va beaucoup lui apporter en tant qu’homme et joueur. J’ai hâte de suivre leurs relations houleuses et les progrès accomplis.

Tome 16

Avec l’arrivée du nouveau coach nous entrons vraiment dans une nouvelle ère qu’Adachi matérialise par un héros de plus en plus solide et passionné. C’est beau à voir !

Pour autant le maître n’oublie pas de faire de l’humour. Avec ce tome qui alterne rudes entraînements et moments cocasses de la vie d’un lycéen, l’auteur met en image la substantifique moelle de sa série. Je me suis beaucoup amusée des petits moments plus détendus où l’auteur fait de l’humour avec nous en nous interpellant, ou encore quand il tourne un peu son héros en ridicule dans ses relations avec les filles. Tout ça est parfait pour alléger l’atmosphère et montrer également la gentillesse profonde de Tatchan ainsi que sa relation si particulière avec Minami. J’aime beaucoup ce que l’auteur dit d’elle et de sa relation vraiment pleine de confiance avec Tatchan, tout comme j’aime les grains de sable que tente d’introduire entre eux la soeur de Nitta même si ça ne fonctionne pas. Cela continuer de donner une atmosphère drôle et tendre à la série.

Ce qui est bien nécessaire quand on voit la façon dont cela se durcit côté baseball. Grâce à Harada, nous avons le fin mot sur le passé du coach et comme on s’y attendait le drame y tient une grande place. Cependant, l’auteur a décidé de ne pas s’y appesantir. Il compte au contraire en faire une force pour faire avancer tout le monde, ce que j’ai apprécié. Nous allons donc suivre les rudes entraînements qu’il va faire suivre à l’ensemble des éléments de l’équipe de Meisei. On pourrait se dire que c’est horrible, injuste, inhumain, trop dur, mais Adachi replace tout bien en perspective en montrant avec Nitta, que les champions eux-mêmes se font peut-être subir des entraînements encore plus rudes. Cela change la donne. Ainsi, on va certes souffrir avec les joueurs mais se dire aussi au fond de nous que ce n’est que pour les endurcir et les pousser à donner leur max. Une doctrine bien japonaise sur le goût de l’effort parcours donc ce tome.

Ayant en mémoire tout ce que leur apportera le coach, j’avoue que je n’ai pas un regard neutre sur ce qui se passe. Malgré la forme de maltraitance qu’il exerce sur eux à travers ses entraînements bien trop violents dans la forme et surtout les paroles qu’ils prennent, je suis partagée sur cet homme que son passé a forgé ainsi, et j’aime ce que cela va dire ensuite sur celui qu’il deviendra à leur contact, tout comme ce que l’équipe de Meisei deviendra grâce à lui. C’est donc une relation vache à laquelle on assiste mais qui je sais portera ses fruits.

Tome 17

Après un focus sur le nouveau coach de l’équipe, l’auteur revient à ses amours, les relations entre les personnages et c’est une leçon magistrale qu’il nous offre.

Le tome s’ouvre sur un duel au sommet entre l’ancienne et la nouvelle manager de l’équipe. L’occasion de découvrir un peu plus la soeur de Nitta afin qu’elle ne soit pas juste la petite peste qu’on voit depuis les débuts, ni seulement la rivale amoureuse de Minami pour le coeur de Tatchan. C’est touchant de la voir tenter de tout donner pour ce club et le parallèle fait avec Minami, à qui tout sembler réussir facilement, est judicieux. Ça permet de faire le lien avec la suite du tome qui est consacrée, une nouvelle fois, à la relation Minami-Tatsuya.

J’ai à nouveau beaucoup aimé le développement des sentiments complexes de nos héros passés au crible du regard d’Harada. Vraiment heureusement que celui-ci est là. Il pointe à Tatchan les failles de sa relation avec Minami, le fait qu’à la fois à se comporter comme un gamin il l’empêche de déployer ses ailes, et que celle-ci est tellement attachée à lui que ce n’est qu’en sa présence qu’elle peut tout donner. Il plaide donc pour un équilibre difficile à trouver, celui qui mène à la vraie indépendance dans un couple : le fait de savoir se débrouiller seul mais aussi d’être là pour encourager celui/celle qu’on aime pour qu’il/elle se dépasse. J’ai adoré ! La mise en scène est en plus une nouvelle fois hyper percutante avec des chutes justes tendres et hilarantes à la fois, montrant la grande tendresse et le grand humour de l’auteur.

Mais ce tome n’est pas que ça, c’est aussi un amoncellement de petits détails qui préparent la suite. Il y a par exemple l’arrivée sur le devant de la scène, de manière assez discrète, un nouveau personnage près de Yuka, un jeune homme effacé mais très sérieux et opiniâtre qui m’a beaucoup plu. Et il y a surtout ces indices que l’auteur expose de plus en plus sur le coach et un trouble dont il souffre. Ils sont dépeint la plupart du temps de manière muette, Adachi les glissant à l’intérieur de sa narration l’air de rien, mais leur répétitivité doit interpeler le lecteur et le faire se questionner.

En tout cas, nos héros de l’équipe de baseball poursuivent leur rude entraînement. S’étant fait à la rudesse de leur coach, c’est leur appétit qui était en danger cette fois. Après un affrontement au sommet, très drôle et bon enfant mais fort symbolique, entre les deux managers, ils en ressortiront rassasié et en bonne voie pour la suite, tout comme leur lanceur vedette assimile de plus en plus de choses sur les relations de couple grâce aux conseils de son bon ami Harada. Quelle douce comédie sportive et romantique.

Tome 18

On passe aux choses sérieuses, entre premiers matchs et confrontations plus personnelles, Adachi passe encore à la vitesse supérieur et c’est un vrai bonheur de le lire.

Comme le disent les joueurs eux-mêmes, ce n’est pas tant leurs adversaires qui les inquiètent dans les débuts de ce tournoi en vu de se qualifier pour le Koshien, mais plutôt l’imprévisibilité de leur coach. On ne parvient toujours pas à cerner celui-ci. Cherche-t-il à les faire perdre ou à les endurcir ? En tout cas, il leur met de sacrés bâtons dans les roues mais les matchs en deviennent passionnants pour nous par la même occasion tant on ne sait pas comment ça va se terminer et qui va gagner de lui ou de ses joueurs.

C’est vraiment une personnalité atypique et probablement mon personnage préféré après le duo phare de la série et Harada. L’auteur prend son temps pour dévoiler qui il est, tout ce qu’il cache, et le parallèle à faire entre lui et Tatchan est poignant. D’ailleurs leur confrontation dans ce tome où ils commencent à mettre cartes sur table est poignant. Tous deux ont eu un frère hyper populaire mais l’un l’a admiré tandis que l’autre en a été la victime, ce qui chance tout. Cependant, on sent bien chez les deux un profond amour pour le baseball et un grand coeur.

Derrière cette aura un peu dramatique entre matchs intenses et imprévisibles et confrontations tendues, mangaka continue de s’amuser avec nous. Il montre avec tendresse le vrai caractère du coach à travers son lien avec son chien. Il se joue des sentiments de Yuka envers Tatchan avec des situations rocambolesques et un peu puériles pleines d’humour et il en va de même avec le prétendant non déclaré de celle-ci. C’est ultra attachant et amusant à voir.

C’est pour ce mélange entre sport, amour et humour que Touch est connu et plus les tomes passent, plus on comprend pourquoi, quand on voit combien c’est parfaitement huilé. L’histoire avance, les marqueurs sont toujours bel et bien là, et l’émotion aussi. On pourrait se lasser mais c’est l’inverse qui se produit tant on s’attache aux personnages et à leur trajectoire. Une grande série !

Tome 19

Juste avant d’entrer dans le dernier carré, place à un joli tome sur le courage des loosers. Il n’y avait qu’Adachi pour faire ça !

Avec son mélange de sport et de romance lycéenne, il nous offre encore une très jolie leçon de style. Il débute son tome de manière un peu anecdotique par un énième tour de Yuka visant à piéger Tatsuya et lui faire partager ses sentiments, mais débouche en fait sur une jolie mise en avant du personnage de Sasaki, le prétendant de Yuka, qui la sauve. C’est ainsi l’amorce du coeur de ce nouveau tome : saluer le courage de héros ordinaires. J’ai beaucoup aimé cet esprit.

Depuis les débuts de la série, Adachi a fait le choix d’un héros looser qui gagne en sérieux et maturité avec les épreuves tout en restant le grand enfant débonnaire qu’il est au fond de lui. C’est l’un des plus grands atouts charmes de la série, alors je suis ravie qu’il poursuive sur cette lignée. Ainsi, après Sasaki, c’est au tour de Yoshida, cet ancien joueur de Meisei qui avait pris Tatsuya comme modèle pour compenser son manque de confiance en lui. On le retrouve de manière inattendue au cours d’un match. Et alors qu’on avait tous fini par le trouver détestable, le mangaka retourne la situation montrant sa grande fragilité due aux brimades qu’il a subi. On en ressort tout attendri envers ce personnage mal aimé.

Il a de plus été comme un exhausteur de goût pour Meisei, révélant le nouveau jeu de l’équipe et les nouvelles qualités de ses membres. L’entraînement du coach a été rude mais a porté ses fruits et il est beau de voir enfin dans le tournoi une équipe qui ne repose pas uniquement sur l’individualité d’une star mais sur un vrai travail de groupe. C’est la force de Meisei et c’est pour ça que j’aime tant cette équipe ! Et puis, il y a bien sûr les petits moments bonus autour de Tatsuya entre retour sur ses futurs rivaux et bien sûr évocation de sa propre évolution en miroir avec les souvenirs de son passé avec Katsuya et Minami. C’est beau de le voir aussi passionné par ce sport et aussi sérieux dans son désir non pas de réaliser le rêve de Minami, ça c’était le rêve de Katsuya, mais désireux de rejoindre son frère disparu en foulant les terres du Koshien. Que d’émotion !

Mon coeur palpite à nouveau à la lecture de ce tome qui a tout ce que j’aime : des situations drôles et cocasses, des moments de vie lycéens et surtout du sport avec toutes les valeurs que ça englobe. Le joli portrait de ces héros ordinaires qu’on prend souvent pour des loosers mais qui sont en fait très courageux m’a énormément plu !

Tome 20

Que dire si ce n’est que même lors des tomes qui semblent être juste de transition, Adachi est un vrai maître de l’émotion et de la mise en scène qui fait mouche. J’ai encore vécu un grand moment dans ce tome qui annonce l’entrée de Meisei dans le quart final avant le Koshien.

Après une ouverture un peu étrange avec deux chapitres que j’ai eu du mal à comprendre sur Harada, on revient à fond sur l’équipe de Meisei, ses matchs, sa star et son coach. Les indices concernant ce derniers sont de plus en plus mis en avant, tout comme sa haine explosive envers l’ancien club et ses membres. Mais il a beau avoir cette figure d’antagoniste détestable, ça ne prend pas avec moi. Toute la rage et la colère dont il fait preuve envers ses anciens coéquipiers est justifiée et on sent bien que l’exutoire qu’il trouve dans la nouvelle génération n’est pas aussi cruel qu’il voudrait le faire croire. C’est donc assez douloureux de le voir ainsi sur le banc de touche, ne rien faire pour les aider et juste au détour d’une case, bam sortir la petite phrase qui fait mouche, alors qu’on ne s’y attend pas. Quelle tension !

Ce même sentiment, nous le retrouvons avec Tatsuya, notre héros si imprévisible et pourtant pas tellement. L’auteur nous offre un moment magique avec lui où il dit tout haut qui il est vraiment avec ses forces et ses craintes. L’analyse qu’il fait de la situation, de la façon dont les autres le considère, comme une sorte de doublure de son frère, et dont lui se considère, juste le Tatsuya qu’on connaît depuis toujours, est déchirante. J’ai été très touchée comme Minami, on dirait.

Puis vient l’heure des matchs et je dois reconnaître que bien que j’adore ceux-ci, je ne leur trouve pas cette fois tout à fait le même impacte que dans le dessin animé. Celui-ci avait eu le loisir de développer bien plus les phases de jeu et en dehors donc on ressentait encore plus de stress et d’émotion autour de leurs enjeux et surtout des personnages qui gravitent autour. Ici, par exemple, j’ai trouvé que Nishimura, le lanceur de Seinan, n’avait fait figure que de figurant et qu’on n’avait pas bien ressenti son rôle de rival de Tatsuya contrairement à l’animé. Du coup, quand il va le voir après sa défaite, ça tombe un peu à plat, tout comme le parallèle qu’il fait entre leurs amies d’enfance et manager, puisqu’on n’a presque pas vu la sienne… Il manque un petit quelque chose quand on compare les deux oeuvres.

Cependant, je ne peux pas dire que ce n’est pas excellent. L’art de l’auteur de malaxer et mélanger tout ça pour donner une oeuvre aussi riche et émouvante est incroyable. Il a vraiment l’art de la petite phrase qui tombe à pic, de la mise en scène banale mais qui fait mouche, de la chute qui touche ou fait rire. C’est une bouffée d’émotion à chaque fois et quand on prend le recul pour voir l’évolution de Tatsuya, de son jeu, de ses relations aux autres et celle de son équipe, on est soufflé !

A 7 tomes de la fin, quelle grande série encore !

Tome 21

Émotion, émotion, émotion ! Décidément, je ne m’attendais pas à ce que ça me tombe comme ça dessus dans un tome qui était pour moi une transition avant la grande finale contre Sumi. Mais non, l’auteur ne nous lâche pas et continue de nous surprendre.

Après tant de pages consacrées au baseball, et ce sera encore le cas dans le futur, il revient cependant à la complexe relation entre les deux frères : Tatsuya et Kazuya. L’un d’eux a beau être mort, cela n’a rien réglé et on se retrouve encore et toujours avec Tatsuya extrêmement fragile de ce point de vue là. On pourrait croire avec toute l’assurance qu’il semble avoir gagné sur le terrain et avec Minami qui ça va mieux mais loin de là, il doute de plus en plus. Et ce sont Harada et le père de Minami qui le notent le mieux pour en faire part à cette dernière. Pourquoi à elle ? Parce qu’elle sera peut-être la seule qu’il pourra écouter à ce sujet tant il lui fait confiance à elle et pas à lui-même. Quelle émotion !

Sur le terrain, nous assistons à une demi-finale très vite expédiée où le coach met à nouveau la pression à son champion. Mais comme les précédentes fois, cela se retourne malicieusement contre lui, motivant à font Tatchan et ses coéquipiers. C’est très amusant de voir la dynamique qui s’est instaurée entre eux. Loin d’être le prof qui terrorise tout le monde, il est devenu celui en qui ils ont confiance, celui qui les a fait progresser comme jamais et celui envers qui ils sont reconnaissant, tout l’inverse de ce qu’il souhaitait. J’adore ! Ainsi la demi-finale parait presque facile en les regardant jouer.

Mais sous ces phases de baseball parfaitement esquissées pour susciter notre passion pour ce sport, se cachent aussi deux hommes à fleur de peau. Il y a bien sûr Tatsuya sur lequel je ne reviendrai que pour parler du costume de Katsuya qu’il s’est senti obligé d’endosser ce qui m’a vraiment fait de la peine. Mais il y a aussi le coach qui sous ses dehors rugueux s’est en fait vraiment amouracher de cette équipe et de ses joueurs, et qui reçoit enfin la reconnaissance qui lui a tant manquée. Ce sont deux très belles trajectoires particulièrement émouvantes qu’on suit avec eux.

Émotion et mélancolie sont donc au rendez-vous de ce tome amorçant le dernier acte de la série : la finale tant attendue. On espère y voir des héros enfin épanouis et enfin eux-même après ce si joli parcours qui nous aura saisie aux tripes !

Tome 22

Quel magicien cet Adachi ! Ça y est, il lance les hostilités avec l’ultime match tant attendu, mais l’histoire raconte tellement plus que cela.

Arrivé dans cet ultime arc qu’on attendait tous, Adachi continue de nous surprendre avec un titre tout autant tranche de vie que sport. En effet, il continue de revenir longuement sur le rapport de Tatsuya à son frère décédé, sur la place qu’il occupe désormais et celle que lui autre pense voir pour lui. En effet, tout le monde lui endosse le costume de son frère et c’est assez terrible. On le sent donc étouffer à la veille de ce match et c’est poignant.

Mais il n’est pas le seul pour qui Adachi imagine des derniers instants compliqués avant le grand moment. Même Nitta son rival n’est pas tranquille et évoque une dernière fois le rôle qu’il aurait aimé joué mais dont il est exclu. Même Minami n’est pas sereine tant elle perçoit que Tatchan s’éloigne et qu’elle a du mal à cerner le nouveau lui. Même son coach et ses coéquipiers ne sont pas si à l’aise que ça, en particulier le premier dont la maladie évolue mais surtout qui est mal à l’aise car tiraillé entre ses sentiments passés et présents envers Meisei. Tout cela nous achemine de manière assez tendue vers la finale.

Quand celle-ci arrive, c’est baseball à fond et j’en suis ravie ! Adachi s’amuse à nouveau à découper le match avec le dynamisme qu’on lui connaît, offrant ellipses et mises en scène originales grâce aux points de vue qu’il choisit. Il nous fait directement entrer dans le vif du sujet, confrontant le talent de Sumi aux doutes du lanceur de Meisei et à l’absence de conseil de leur coach. Quand je vous disais que c’est tendu. Mais cela reste passionnant à lire car très humain et truffé de petits échanges qui font mouches, qu’ils soient verbaux ou non, qu’ils soient drôles ou dramatiques. C’est l’une des forces du titre.

Ainsi, alors qu’on s’achemine vers un match à rallonge cette fois avec un auteur qui prendra le temps de détailler ce qui se passe sur le terrain et dans la tête des joueurs, ces prémices sont très bons en soi et ne demandent pas grand-chose pour être excellents. Le héros est déjà sur les rails, lui, pour nous broyer le coeur.

Tome 23

Un intensité à couper au couteau, voilà ce que nous réservait Mitsuru Adachi qui comme son héros passe définitivement la seconde dans cette finale au sommet !

Le duo Tatsuya – Eijiro est vraiment l’âme de ce match. Leurs souffrances et faiblesses mutuelles se répondent pour leur permettre de se transcender et c’est magique. Ça a l’air totalement banal mais il suffit d’une petite conversation pour faire mouche et révéler la vraie nature de chacun, ce qui permettra à Meisei de changement totalement la physionomie du match. Chapeau monsieur Adachi ! Cela pourrait paraitre forcé mais c’est au contraire parfaitement naturel grâce à une construction toute en douceur et humour depuis des tomes et des tomes. L’auteur nous préparait se renversement mais il n’en est pas moins émouvant quand il arrive.

C’est un vrai bonheur de voir peu à peu le vrai Tatsuya lancer et non plus la pâle copie de son jumeau. Ça fait un bien fou de le voir s’épanouir et oser être lui-même. On retrouve par la même occasion sa nonchalance, son grain de folie et son humour, ce qui change totalement l’atmosphère, elle qui était pensante avant, devient pleine d’espoir. Tellement pleine d’espoir qu’on en vient aussi à espérer voir leur coach changer et ça se produit, bien plus lentement, mais sûrement. Et c’est encore avec son humour légendaire et ses piques sarcastiques qu’Adachi bouscule tout ce petit monde. Un génie, je vous dis !

Le match contre Sumi qui était certes palpitant car bourré de tension, le devient encore plus grâce à la fraîcheur apportée par ces changements. C’est un vrai bonheur de suivre les manches qui se suivent avec un Tatsuya dont le jeu se libère et qui élimine les batteurs les uns après les autres avec son jeu entre folie et puissance. Un vrai duel s’installe entre lui et Nitta, et non plus entre Katsuya et Nitta ou Meisei et Sumi. C’est hyper prenant. On est comme les spectateurs hyper concentrés sur le match depuis le banc et on serre les dents et les fesses à chaque lancer !

Touch n’en finit pas de monter en puissance dans ce long final réellement savoureux où sport et développements personnels gagnent de plus en plus en intensité comme les balles lancées par le héros. C’est passionnant et fascinant mais surtout très beau et émouvant.

Tome 24

J’avais trouvé le tome précédent intense, mais ce n’est rien comparé à celui-ci, son évolution et son final. Je suis scotchée !

Adachi nous régale vraiment avec cet ultime match entre Sumi et Meisei. Tatsuya et leur coach qui se sont enfin trouvés font des merveilles. C’est un vrai bonheur de voir enfin Meisei à son meilleur niveau avec un coach donnant de vraies instructions et un lanceur / 3e batteur qui s’affirme et démontre tout son talent. Grâce à cela, on enchaîne les belles phases de jeu pleines de tension et de promesses. Je me régale vraiment à suivre ce match avec souvent le souffle coupé par la surprise des actions engagées. Je n’ai plus de manches plan plan avec une copie sur le monticule mais un match rude et intense avec un lanceur honnête avec lui-même qui montre son propre jeu bien plus original et imprévisible. J’adore !

C’est un vrai bonheur de voir Tatsuya se dépenser autant sur le terrain et sur le banc. Face à Sumi, il donne tout. Il réfléchit enfin en membre d’une équipe et ne pense pas qu’à la promesse de son frère. Il est totalement focus sur le match et nous offre des points magnifiques, notamment grâce à son superbe duel avec Nitta, qui le pousse à révéler encore plus tout son talent. Sur le banc, sa relation chien-chat avec le coach porte aussi ses fruits puisque grâce à lui, Eiijiro communique enfin avec l’équipe et la guide. On sent désormais une vraie relation de confiance entre eux et une compréhension mutuelle obtenues à la dure et donc d’autant plus significative.

Même les spectateurs, qu’ils soient sur le banc ou chez eux, suivent le match avec intensité. Je regrette un peu que Minami soit autant spectatrice et qu’on n’ait pas ses pensées sur ce qui se déroule sous ses yeux et qui a tellement d’importance, elle qui a vu grandir Tatchan. En revanche, j’aime les brefs moments où on aperçoit ses parents qui regardent enfin leur fils, eux qui semblaient tellement pas y prêter attention… C’est une véritable métamorphose à laquelle on assiste.

Et tout cela est mis en scène de manière parfaite avec des pages dédiées au baseball juste parfaitement découpées pour nous ressentir toute l’intensité de ce qui se joue. On n’a cependant pas l’impression d’avoir un match à rallonge car la mise en scène est palpitante et variée. L’auteur sait nous tenir en haleine comme il sait nous distraire et nous amuser. Il joue à merveille entre les différents registres. Mais là, il nous laisse sur une dernière page intenable qui va m’obliger à me jeter sur le prochain tome au lieu d’aller me coucher ><

Comme dans mes souvenirs, Mitsuru Adachi se livre à une course sans pitié dans ces derniers volumes et chapitres de son histoire, nous offrant l’évolution tant attendue de son héros enfin épanouit et honnête envers lui-même, ce qui le métamorphose sur le monticule et avec les autres. C’est un pur bonheur !

Tome 25

Paroxysme et contrechamps du paroxysme, voilà le rendez-vous que nous propose Adachi dans cet avant-dernier volume hautement symbolique qui démarre fort puis semble se dégonfler.

Débutant pour l’ultime point face à Sumi qui conclut le match de manière sublime, le volume montre ensuite l’après victoire et mon dieu que c’est fort. Adachi enchaîne les pages semblant légères mais racontant encore et toujours l’évolution de Tatchan, jumeau solitaire, vainqueur malgré lui, populaire malgré, héros malgré lui, qui ne souhaite qu’une chose rester le Tatsuya qu’il a toujours été mais qui doit assumer ses nouvelles responsabilités et enfin accepter qu’il a changé. C’est beau, tendre et puissant.

L’ultime geste face à Sumi montre enfin Tatsuya sur le monticule, un Tatsuya capable de battre Nitta, l’ultime rival de Katsuya, cela en dit long et c’est magnifiquement mis en scène. La fameuse narration silencieuse de l’auteur se déploie encore ici pour montrer l’impact de chacun de ses moments, celui où il se trouve et se libère, celui où il gagne, celui où la liesse s’empare de tous. La tonalité dramatique est toujours là car cependant rien n’est réglé ou du moins pas l’essentiel et c’est un travail de longue haleine, très intime. Aussi intime, que le cas du coach, sorte de miroir de ce qu’aurait pu devenir Tatchan, et avec lequel Minami et lui nouent une relation très particulière en l’accompagnant dans des instants difficiles.

Après le match, le calme reprend en apparence, mais ce n’est qu’une pose avant la prochaine étape. Cependant, on enchaine les moments de vie, avec tous ces quasi anonymes de l’histoire célébrant la victoire et célébrant Tatchan. C’est très émouvant de le voir enfin dans cette position et Adachi nous raconte cela avec beaucoup de tendresse, montrant le décalage entre la joie et le ressenti des autres, et une certaine sobriété de la part de Tatsuya qui peine à réaliser. C’est touchant mais la vie semble reprendre son cours avec le retour de l’ancien coach, la préparation de la suite, Minami qui reprend la GRS et les sentiments entre eux toujours en germe et à éclaircir. Cela peut sembler anecdotique, mais c’est du beau anecdotique qui fait du bien après tant d’émotion.

Ainsi, Adachi a tenu sa promesse jusqu’au bout d’un match et duel épique entre Meisei et Sumi, entre Tatsuya et Nitta. La conclusion a été largement à la hauteur et ce tome qui nos achemine tranquillement vers l’ultime volume de l’histoire revient aux sources de l’histoire : le tranche de vie sentimentalo-lycéen avec une touche de drame humain. C’est simple mais puissant et émouvant.

Tome 26 – Fin

Quel drôle de volume final nous écrit Adachi. On a l’impression d’être un peu à côté pendant tous les chapitres et pourtant le dernier nous fait comprendre qu’on est en plein dedans. C’est très étrange comme sensation.

Après avoir accompagné Tatchan et ses coéquipiers jusqu’à la finale pour se qualifier pour le Koshien, on a l’impression que tout notre énergie nous a quittés et la leur aussi. Le mangaka nous propose donc des chapitres où tout le monde se relâche enfin surtout le héros, mais cette relâche cache bien des choses. Tandis que Tatsuya semble s’amuser avec la nouvelle fille qu’il a rencontré, qu’il joue les dilettantes en séchant les entraînements contrairement aux autres qui sont surmotivés et qu’il fait de mauvaises blagues à son attrapeur, en fait on a la boule à la gorge et un gros sentiment de mélancolie. Pourquoi ? Parce sous ses airs de glandeur Tatchan est en fait en train de réaliser plein de choses sur lui et c’est terriblement émouvant.

Adachi est donc un grand farceur avec nous dans ce tome. Il nous prend à contre-pied tout comme son héros. Il donne l’impression que tout le monde se relâche après la victoire et qu’au final le Koshien a bien peu d’importance, mais au final c’est tout le contraire. Avec des petites touches parfaitement dosées, il montre très l’évolution de chacun et des relations des uns avec les autres. Cela va bien sûr du couple phare qui a une superbe scène éclaircissant tout, jusqu’aux parents de chacun, mais aussi les coachs et coéquipiers de Tatsuya, Kotaro en tête et même ses rivaux comme Nitta. C’est topissime de voir un tel niveau de maîtrise dans l’écriture des personnages et dans l’art de montrer les évolutions l’air de rien.

Le Koshien qui était le but ultime en devient secondaire et on le comprend face au poids du deuil qui accable Tatsuya depuis 2 ans. Il a eu le nez dans le guidon depuis et peut enfin le relever d’où le choc encore plus rude. Heureusement il a grandi, mûri et est capable de s’assumer désormais. Adachi a vraiment écrit, sous couvert de comédie et de sport, un drame humain magnifique autour de la perte d’un être aussi cher que son jumeau. La série met en lumière un personnage atypique lumineux qui m’aura touchée et émue de bout en bout.

Je peux donc affirmer après cette relecture que, oui, Touch est l’un des indispensables de ma mangathèque. Sa dimension humaine est incontestable et trouve écho en moi, tout comme l’humour simple de l’auteur et la grosse nostalgie des années 80 qui accompagne cette aventure sportive. Le héros m’a énormément touché. Je regrette juste que son pendant féminin ait parfois été écrit dans ce qui pourrait sembler être un rôle de femme faible et fragile soutenant son cher et tendre. Heureusement il a su s’en tirer avec plus de finesse et Minami aussi, cette spectatrice silencieuse, a su m’émouvoir dans sa relation complexe avec Tatchan, l’accompagnant dans son deuil. Touch est une grand série qui fera date pour moi.

 >N’hésitez pas à lire aussi le Dossier de Manganews et les avis de : Vous ?

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©1981 by Mitsuru Adachi / © 2005 Editions Glénat

 

 

14 commentaires sur “Touch (Théo ou la batte de la victoire) de Mitsuru Adachi

  1. Ah ben en lisant ton introduction et surtout ce que tu dis sur le premier tome, je me rends compte que je l’avais lu. Glenat l’avait proposé gratuitement en ligne pendant le premier confinement… et j’ai souvenir de ne pas avoir trop accroché.
    Mais une mediatheque à H2, si je repaye mon abonnement là-bas, je pense que je testerai car je reste quand même vachement curieux de découvrir ce mangaka.

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    1. Zut ! Mais H2 étant encore plus orienté sport, j’ai espoir que tu y accroches si tu te lances.
      Moi, j’ai une préférence pour Touch mais pas mal de lecteurs ont préféré H2 pour ce que j’en ai lu ><

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  2. Un grand merci pour ce bel article ! J’ai découvert le travail du maître Adachi fin des années 90 avec ‘Short program’, et pourtant je débute seulement maintenant la lecture de ‘Touch’, sa série sous doute la plus célèbre. 🙂 Merci de continuer à faire briller ses œuvres à travers votre article et votre qualité d’écriture. On sent la passion de l’écris à chacune de vos lignes. 🙂

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    1. Merci beaucoup, c’est trop gentil !
      Peu importe le moment, tant qu’on prend plaisir à découvrir Adachi. Short PRogram était une fort jolie porte d’entrée mais Touch devrait encore plus vous emporter tant c’est un chef d’oeuvre ❤
      Bonne découverte !

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  3. Je suis fan de Adachi depuis longtemps, j’ai tout ce qui est sorti de lui, que j’ai acheté et lu à sa sortie.
    Sauf Touch. Son dessin plus Old School m’a toujours fait peur.
    J’ai acheté l’intégrale il y a 3 ans, et c’est resté dans ma bibliothèque.
    En lisant le dernier tome sorti de Mix, qui fait référence tout le temps à Touch, je me suis dit que je devrais quand même essayer.
    Passer de son dernier à un de ses premiers manga a été un peu rude… 3-4 chapitres, et après c’est vite devenu un régal.
    Touch est la quintessence de tout son art.
    Tout est déjà, son sens du découpage et de la mise en scène, sa narration si fine et intelligente.
    Ses personnages sont si attachants, on les aime instantanément.
    Et tout est super bien équilibré entre romance, base-bal.. les derniers tomes, mon dieu, tout ce build up de 23-24 tomes où tout se conclu en même temps.
    Quel maîtrise, sens du suspense…
    Et c’est le premier manga où j’ai pu lire tous les tomes d’une traite (en moins d’une semaine) et apprécier encore plus les talents de conteurs du Maitre Adachi.
    Un régal

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    1. J’adore ce genre de commentaires où des lecteurs découvrent le génie d’Adachi dans Touch pour la première fois. Pour moi, c’est son chef d’oeuvre car comme tu dis, tout y est, graphiquement, narrativement et émotionnellement. Il n’a jamais fait mieux ! ❤️
      Merci pour ce beau retour

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      1. C’est tellement rare de trouver un/une fan d’Adachi en France (et cause de ses mauvaises ventes, ses autres séries ne sortiront peut-être jamais chez nous), que lire quelqu’un qui le ressens les mêmes choses pour lui fait tellement plaisir.

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  4. Slow Step j’ai déjà hésité à acheter les éditions italiennes en me disant que je comprendrais en gros l’histoire.
    Mais comprendre en gros Adachi n’a aucun intérêt quand tout réside dans sa finesse de narration et de sentiments, de non-dits.
    Mais avec la réédition de Katsu, je me dis on sait jamais, sur un malentendu, on peut avoir un manga inédit chez nous qui va sortir

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    1. J’aimerais tellement l’avoir chez nous.
      Je ne connaissais pas cette version italienne et je suis tentée maintenant même si je ne parle pas non plus italien. Mais quand je vois tout ce qu’ils ont chez eux, ça me donnerait presque envie de m’y mettre !

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