Livres - Jeunesse / Young Adult

Les albums du Printemps de Saltimbanque : Le Petit Monde de Nour / Rue du Bout du Monde

 

Petite maison d’édition qui continue de me surprendre avec ces jolis albums aux thèmes ou aux graphismes qui sortent du lot, les Éditions Saltimbanque reviennent ce printemps avec deux titres aux couleurs tranchées filles / garçons dans l’imaginaire mais qui portent un tout autre discours, l’un parlant de ce que la tristesse fait à un enfant, l’autre évoquant la découverte d’une ville à travers une expérience très graphique !

Titre : Le petit monde de Nour

Auteur : Jérôme Ruillier et Isabelle Carrier

Éditeur : Saltimbanque

Date de parution : 13 mai 2022

Nombre de pages : 56

RésuméComme presque tous les enfants, Nour va à l’école. Elle aime sauter dans des flaques, danse et rit sans cesse. Mais les autres disent qu’elle est un peu bizarre. A force de les écouter, elle sent naître au fond d’elle une petite tristesse… qui grossit tellement que Nour disparaît. Jusqu’au jour où un petit garçon la serre contre lui très fort. Nour reprend le chemin de l’école, son cœur battant très fort.

Mon avis :

Dès que j’ai vu cette couverture avec cette petite fille le nez au vent, j’ai été interpelée. Les éditions Saltimbanque ont le chic pour me faire découvrir des titres un peu atypiques, qui sortent un peu des sentiers battus et qui m’émeuvent ou me frappent artistiquement. Avec Le petit monde de Nour, c’est l’émotion qui a pris le pas.

Avec son format carré et son épaisse couverture cartonnée comme dans les premiers albums pour enfants, j’ai d’emblée saisi la cible : les tout petits. Mais ayant gardé mon âme d’enfants, je me suis aussi régalée du travail du duo Jérôme Ruillier et Isabelle Carrier que je découvrais ici avec grand plaisir alors qu’ils ont pourtant une carrière prolixe derrière eux.

Avec un dessin très simple, me rappelant un peu celui de Tove Jansson, avec ces visage au nez ou menton (?) avancé tout en rondeur, ils nous proposent une histoire pleine de charme et de douceur où l’enfant apprendra à parler de ses émotions et à les manifester.

On y suit une petite fille toujours pleine de vie et la tête un peu dans les nuages, qui va un jour être confrontée à la tristesse et alors tout va dérailler. Comment gérer ce sentiment ? Que provoque-t-il chez nous ? Comment le surmonter ?  Ou trouver de l’aide ? Chez les adultes ou un autre enfant ? Voilà une charmante façon d’aborder cette émotion centrale pour tous avec un enfant qui parfois à du mal à trouver les mots pour parler de ce qu’il ressent.

J’ai beaucoup aimé le rythme de ce petit album, sa simplicité avec ses pages contenant juste une courte phrase et un petit dessin, la place des couleurs et la manifestation graphique de cette tristesse. C’est simple mais très efficace. On ressent fortement chacune des émotions de l’héroïne et j’ai aimé qu’on se mette le plus souvent à sa hauteur tout en l’observant. C’était charmant.

Alors non l’album ne révolutionne pas le genre car parler des émotions des enfants avec eux est quelque chose qui se fait depuis longtemps mais c’est fait ici avec une poésie et un charme certain, où l’économie des mots ne rend pas ceux-ci moins forts et pertinents.

Merci aux éditions Saltimbanque pour cet envoi et leur confiance !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Un bouquin et un café, Littérature enfantine, Vous ?

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Titre : Rue du Bout du Monde

Auteurs : Stéphanie Demasse-Pottier et Pauline Kerleroux

Éditeur : Saltimbanque

Date de parution : 10 juin 2022

Nombre de pages : 48

Résumé : Une petite fille raconte son quotidien dans cette nouvelle rue qu’elle a appris à aimer, avec ses grands immeubles, ses couleurs, ses habitants, ses accents, son école, ses nouveaux copains et tout ce qui rend cette nouvelle vie si intrigante.Ecrit sous la forme d’un récit épistolaire d’une petite fille à sa grand-mère, cet album évoque la découverte de l’inconnu, la rencontre et la joie de repartir à zéro. Il dit combien il est enrichissant de quitter son quotidien pour faire de nouvelles rencontres, même si ce n’est pas toujours facile.

Mon avis :

 Autre duo que j’ai découvert ce printemps chez Saltimbanque, Stéphanie Demasse-Pottier et Pauline Kerleroux m’auront frappée par l’expérience graphique qu’elles m’auront fait vivre.

Je n’ai pas été surprise de découvrir après ma lecture que Pauline Kerleroux avait fait des études de graphisme et qu’elle était désormais directrice artistique, car on sent dans cet album une volonté franche d’interpeler le lecteur par des dessins francs et directs qui auront un impact fort. Cela a parfaitement fonctionné sur moi.

A l’aide seulement des 5 couleurs primaires : bleu, rouge, jaune, noir et blanc, l’illustratrice accompagne de manière magistrale l’histoire touchante de Stéphanie Demasse-Pottier qui nous raconte comment une petite fille découvre son quartier et le fait découvrir à sa grand-mère qui vit loin d’elle. On la suit donc arpentant les rues, faisant connaissance avec ses habitants et appréciant ses parcs et ses lieux de détente. Une pérégrination pleine de charme, de douceur et d’allant. Mais l’impact est ailleurs.

Un peu comme dans les films de Jacques Tati ou d’Hitchcock, on sent une vraie recherche de la forme et du cadrage dans la conception graphique de cet album, où le texte écrit d’une police un peu manuscrite, puisque étant celui d’une lettre, répond au côté très géométrique des dessins. Ceux-ci ont un côté très pop art. On suit une ligne un peu comme la linéa qui peu à peu dessine une ville. L’impact de cette colorimétrie limitée et aussi forte que celle de ce trait très simplifié. Ça impacte (regardez les illustrations de l’article). On est dans quelque chose de très pur et de très arty également où le rouge et le noir du héros se détache sur les autres couleurs très vives de l’album. On a l’impression souvent de suivre une silhouette humaine qui se surimpose à une silhouette urbaine, c’est frappante et j’ai adoré !

Ces couleurs rappellent en plus pour moi les vacances, avec le bleu du ciel et de la mer, le rouge et le jaune du soleil ou des fleurs, et le noir et blanc des ombres et de la lumière. On est dans une ambiance très estivale et festive, je trouve, où la ville se prête elle-même au jeu de cette découverte pour tenter d’attirer cette mamie si loin de sa petite fille qui aimerait beaucoup la voir.

Jeux de couleurs et de perspectives, jeux de mots et de dessins, Rue du Bout du Monde est un album dont on retient l’expérience de lecture. Sous des dehors très simple, il est particulièrement riche et bien pensé avec un travail très fort sur le graphisme urbain et les éléments nostalgiques à tirer d’une ville. C’est fort et j’ai adoré !

Merci aux éditions Saltimbanque pour cet envoi et leur confiance !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : , Vous ?

Ce diaporama nécessite JavaScript.

2 commentaires sur “Les albums du Printemps de Saltimbanque : Le Petit Monde de Nour / Rue du Bout du Monde

Laisser un commentaire