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Josée, le tigre et les poissons de Nao Emoto et Seiko Tanabe

Titre : Josée, le tigre et les poissons

Auteurs : Nao Emoto et Seiko Tanabe

Traduction : Lilian Lebrun

Éditeur vf : Delcourt-Tonkam (Moonlight)

Année de parution vf : 2022

Nombre de tomes vf  : 2 (série terminée)

Résumé : Josée, jeune paraplégique, vit recluse. Pour s’évader, elle n’a que la lecture et son admiration pour la mer. Tsuneo, étudiant fasciné par les fonds marins, rêve d’aller plonger au Mexique. Quand ce dernier est embauché pour s’occuper de Josée, leur relation est pour le moins glaciale. Mais les coeurs des deux personnages battent au même rythme, celui que les vagues imposent à quiconque les admire.

Mon avis :

Tome 1

Étant confrontée au handicap au quotidien, ce n’est pas forcément un thème que j’aime retrouver dans mes lectures, tout comme la maladie. Cependant quand c’est porté par une histoire pleine de sensibilité, de pétillance et de volonté, je peux me laisser tenter. Ce fut le cas avec Josée le tigre et les poissons.

Il faut déjà dire que les couvertures des deux tomes de la version manga oui, car il y a un film d’animation aussisont sublimes et cela a fortement joué sur ma décision. J’ai de suite été frappée par le regard acéré et perdu à la fois de cette jeune femme qui pince également les lèvres pour se retenir, mais de quoi, on se demande, le tout dans une sorte de bulle aquatique traversée de poissons, tandis qu’un jeune homme la regarde mélancoliquement en 4e de couverture. Très poétique.

L’intérieur est à l’aune de cela. Dans une atmosphère un peu lente et mélancolique au début, on fait la rencontre d’un garçon, Tsuneo, qui vit en retenant sa respiration. Étudiant fasciné par les fonds marins, il rêve d’aller étudier au Mexique et économise pour cela. Il rencontre, Josée, une jeune femme qui, comme lui, vit en retenant son souffle, mais c’est parce qu’elle, elle est handicapée depuis la naissance et doit se déplacer en fauteuil. De leur rencontre va naître un nouvel air, un nouveau tempo, qui va peu à peu bouleverser leur vie.

J’ai beaucoup aimé la tendre mélancolie et poésie qui s’est dégagée à la fois du dessin et de l’histoire. Ce n’est pas une histoire misérabiliste. D’ailleurs, on ne sait pas de quoi souffre vraiment Josée et quel peut bien être véritablement son quotidien. Ce qui nous intéresse ici, c’est juste de la voir sortir de sa chrysalide et de sortir enfin découvrir le monde aux côtés de « son gardien » sous le regard attendri de sa grand-mère qui a toujours pris soin d’elle. Ainsi, nous allons avec eux découvrir la beauté d’une balade dans les rues, de la découverte d’un livre à la bibliothèque, la magie d’une plongée dans un aquarium ou encore juste le bonheur quotidien de pouvoir enfin faire certaines petites tâches grâce à une adaptation du mobilier. C’est charmant et tellement lumineux.

Si cela a aussi bien marché, c’est aussi parce que les personnages ont été très bien définis pour l’autrice. Très rapidement, ils ont une petite relation où Josée se montre assez piquante face au doux et patient Tsuneo, ce qui est assez amusant. Ça matche bien entre eux et on ne peut qu’être attendri face à leur rapprochement même si on voit les complications pointer le bout de leur nez et celles-ci ne viennent pas forcément de là où on l’attend. En effet, je pensais que ce serait le regard des autres sur le handicap de Josée le problème, mais pas du tout. Ce sont plutôt des contingences normales : jalousie, évolutions dans des directions différentes dans la vie, perte d’un être cher… La suite va être poignante.

L’émotion est donc au coeur de ce premier tome avec des dessins vraiment pétillants et lumineux qui nous font ressentir toute une palette d’émotions, de la moiteur des débuts à la fraîcheur amorcée par leur rencontre. C’est beau de voir ces deux solitudes se percuter et s’évaporer peu à peu au contact de l’autre sous le trait très rafraîchissant et charmant de Nao Emoto notamment grâce aux yeux limpides qu’elle donne à ses héros et son joli cadre urbain revisité qu’on découvre au fil de leurs sorties, tel un guide pour premiers rendez-vous amoureux.

Alors que je craignais, comme souvent avec les titres où l’un des héros est porteur d’un handicap, une histoire trop mélo pour moi, j’ai été ravie de découvrir une histoire fine et positive, pleine de lumière mais aussi de petites zones d’ombres où une rencontre peu changer une vie, ouvrir de nouveaux horizons et apprendre aux personnages, handicapés ou pas, à lutter pour leur indépendance. J’attendrais le second et dernier tome mais cela m’a donné furieusement envie de voir également le film où, je ne doute pas, la musique et l’animation ajouteront une dimension supplémentaire. Un quasi coup de coeur !

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Les Voyages de Ly, DragonLyre, Vous ?

Tome 2 – Fin

Je ne suis pas une fan de mélodrame, j’ai même plutôt tendance à les fuir et à ne pas aimer quand je tombe dessus. Je suis donc la première surprise d’avoir autant aimé cette courte saga pourtant remplie de clichés. La preuve que quand c’est bien écrit, même les clichés peuvent plaire aux plus réfractaire.

Dès leur rencontre Josée et son gardien, Tsuneo, ont eu le petit quelque chose en plus qui avait su me toucher. Josée dans sa maladresse criante quand elle interagit avec les autres me rappelait un peu moi-même. Tsuneo et son grand coeur un peu bourru ne pouvait que m’émouvoir. Alors j’étais impatiente de les retrouver dans ce second et dernier tome qui a tenu toutes ses promesses, ce qui n’était pas gagné.

Les premières pages me faisaient craindre le pire, l’autrice proposant l’un de ces retournement de situation dont je suis peu friande (un accident) ainsi que des échanges houleux entre les deux prétendantes au coeur de Tsuneo. Et malgré tout, ça passe. Pourquoi ? Parce que l’autrice parvient à contrebalancer cela. Quand la copine de Tsuneo vient lui tenir des propos très dur ou quand les gens des services sociaux critiquent sa façon de vivre, il y a toujours à un moment un discours qui vient casser cela, dénoncer leurs mots ou offrir un rayon de soleil.

Le titre est ainsi particulièrement lumineux. Alors que le sujet du handicap est bien trop souvent traité de manière misérabiliste. L’autrice ici nous montre au contraire, que même si on est parfois abattu, on se relève. Josée est un très bel exemple, dans l’adversité, il ne lui faut pas grand-chose pour reprendre courage et partager sa lumière avec les autres. C’est beau et ça met vraiment du baume au coeur. Ainsi même si sa relation avec Tsuneo est très fleur bleue, très clichée, l’émotion qui s’en dégage, leur façon de se soutenir dans les épreuves et d’ouvrir leurs horizons la rend très belle et touchante. J’aurais juste aimé peut-être encore un peu plus de pages pour la voir se développer, la fin est un peu rapide.

Avec ces thèmes sur le handicap, l’amitié et les passions pour le dessin et la vie sous-marine, Josée le tigre et les poissons fut une très belle lecture. J’ai aimé me perdre dans la poésie de ses planches. J’ai aimé l’ambiance bienveillante du titre et la force de caractère de ses personnages qui pour autant ne dénigre les faiblesses dont on peut faire part. Il y a également une jolie critique de ces gens obtus qui rejette les handicapés sous une forme x ou y et c’est asséné discrètement, tranquillement mais avec force.

J’aimerais que plus de titres sur le handicap sache en parler sans chercher à nous faire pleurer sur le sort de ceux qui le vivent. J’aime les titres positifs comme ici qui savent montrer qu’être handicapé ne signifie pas que notre vie est finie. Le duo Josée-Tsuneo qui part à la découverte du monde est plein de charme, d’amour et de positivité. Il a vraiment su me toucher, moi qui pourtant partais réfractaire au vu du côté un peu mélo du titre, mais l’autrice a parfait su le juguler et en jouer pour écrire une belle histoire, certes classique, certes anecdotiques, mais qui fait un bien fou au moral quand on la lit et véhicule de très belles valeurs !

(Merci à Delcourt-Tonkam et Sanctuary pour cette lecture)

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8 commentaires sur “Josée, le tigre et les poissons de Nao Emoto et Seiko Tanabe

  1. Je n’ai pas pu aller voir le film lors de sa sortie, mais j’espère pouvoir y remédier comme j’aimerais beaucoup lire ce manga qui a l’air beau et tendre bien que non épargné par les problèmes de la vie.
    À cet égard, je trouve intéressant que l’on parte dans cette direction, les livres ayant tendance, comme tu le mentionnes, à partir dans le mélo quand il s’agit de handicap quand les personnes en ayant un ont le droit à des histoires qui ne les résument pas à ça…
    Et le duo a l’air tout simplement adorable à suivre !

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