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Les étoiles au bout des doigts de Naka Nakaoka

Titre : Les étoiles au bout des doigts

Auteur :  Naka Nakaoka

Traduction : Julie Debelhoir

Éditeur vf : Akata (M)

Année de parution vf : 2022

Nombre de tomes vf  : 2 (série terminée)

Résumé : Minatobe est lycéen et, en tant que grand frère attentionné, il souhaite faire plaisir à sa petite sœur pour son anniversaire, en l’accompagnant au piano quand elle chantera sa chanson préférée. Aussi, il demande à Nari, prodige de cet instrument, de le lui enseigner… D’abord surpris, ce dernier finit par accepter. De leçon en leçon, les deux adolescents se rapprochent et dévoilent leurs doutes les plus intimes. Minatobe réalise alors que son camarade, choqué par un évènement du passé, ne souhaite plus se produire sur scène. Pourra-t-il lui venir en aide ?

Mon avis :

Tome 1

Avec Akata, j’ai en général une confiance aveugle dans les romances et autres titres tranche de vie qu’ils sortent, alors c’est presque les yeux fermés que j’ai acheté celui-ci, me rappelant juste que ça parlait aussi de musique, un sujet qui me plaît en général, par contre je ne savais pas du tout que ce serait une romance entre hommes, pensant en voyant la couverture qu’il y avait une femme… Est-ce que ça m’a gênée ? Loin de là, j’ai vraiment apprécié de lire cette romance MxM dans le catalogue général de l’auteur. Ça c’est de la vraie inclusion !

Certes, il est sympa d’avoir autant de yaoi qui sortent chez nous en France, mais j’avoue que faire la démarche de les mettre sur le même plan que n’importe quel autre titre me plaît assez. C’est montrer ainsi qu’une romance est une romance, point, peu importe que le couple soit composé de deux hommes, deux femmes, un homme et une femme, ou autre. Et j’aimerais beaucoup qu’on en vienne à ça pour faire entrer dans les moeurs qu’on aime point, peu importe l’objet de notre affection. Bref. Revenons à nos moutons.

J’ai beaucoup aimé le trait assez singulier de Naka Nakaoka que je découvre ici. Même s’il n’est pas fondamentalement beau comme chez d’autres, il dégage quelque chose dans sa fragilité, sa poésie. C’est un peu comme le titre français que je trouve magnifique et très révélateur. Encore un joli travail éditorial d’Akata.

L’histoire, elle, est peut-être un peu plus banale mais non moins touchante. Elle raconte la rencontre de deux adolescent autour de la musique, l’un étant passionné de piano et l’autre ayant besoin de l’apprendre pour faire plaisir à sa soeur. Ce que l’on découvre ensuite, bien sûr, c’est que chacun d’eux se cherche et que cette relation naissante va leur permettre de faire un bout de chemin dans cette voie.

La romance est très discrète dans ce premier tome, la musique et le piano prenant vraiment de la place. J’ai beaucoup aimé découvrir le sensible Nari, qui a peur de jouer en public après une mauvaise expérience. On sent à merveille sa passion et sa fragilité ainsi que la fascination qu’il va vite exercer sur Minatobe, qui vient lui demander de lui servir de professeur. Celui-ci est peut-être encore un peu mal dessiné, défini par l’autrice, c’est un personnage en construction, tout comme l’est le lycéen qu’il est. L’autrice est donc en accord avec son récit.

Celui-ci est très doux. Bien qu’il parle de mal être, de difficulté relationnelle, de solitude et de syndrome de l’imposteur, il est plus doux que sombre. L’autrice fait un très joli travail sur la psychologie de son héros et son rapport à la musique, celle-ci représentant à la fois le mal et son remède. Il est ainsi touchant de voir peu à peu Nari se sortir de la coquille dans laquelle il s’était réfugiée grâce à Minatobe qui le met en confiance. Leur relation très tendre est un vrai bonheur à suivre portée par la légèreté du trait de Naka Nakaoka qui sait toucher notre âme avec peu de choses.

C’est donc un récit adolescent maladroit et émouvant, qui n’a rien de flamboyant ou de remarquable en soi, mais qui émeut par la mise en scène faite sur les sentiments de ces adolescents en quête d’eux-même. Tout est encore à définir, du dessin à leurs choix, mais leur cheminement est touchant. Une jolie histoire de tristesse vaincue par la luminosité des rapports humains.

Tome 2

Suite et fin de ce diptyque, ce second volume fait vraiment prendre son envol à l’histoire en restant dans la douceur des débuts mais en enrichissant et complexifiant celle-ci.

Alors que la romance avait été assez discrète dans le premier tome, celui de la découverte et de la mise en confiance, elle s’épanouit ici avec un « couple » qui prend ses marques et apprend à être là l’un pour l’autre. Sauf que ce couple est encore une fois déséquilibré, ce que je regrette un peu. L’autrice a fait le choix de centrer son histoire sur Nari et sa passion pour le piano, elle en oublie ainsi Minatobe, qui a pourtant lui aussi des décisions à prendre. C’est dommage.

Cette suite est donc encore plus axée, peut-être, sur le piano et la passion de Nari pour celui-ci ainsi que les obstacles qu’il aura à surmonter. L’autrice nous parle beaucoup de ses choix de vie, mais également de ce qui l’a conduit là et notamment des relations passées avec sa famille. Cela regorge de petites intrigues qui auraient pu être intéressantes si elles avaient eu plus de place pour être développée, car là on survole un peu ce mal être de l’enfant unique dont les parents s’occupent peu à part pour en faire un faire valoir quand ils découvrent qu’il est doué. On survole également le mal être de sa cousine, frustrée de voir sa mère s’éloigner d’elle au profit de ce cousin plus doué qu’elle au piano. Il y avait vraiment matière à faire plus.

Mais ce qui est conté, l’est avec douceur et subtilité. J’ai aimé les interactions entre Nari et sa cousine, entre Nari et sa tante, entre Nari et son petit copain Minatobe, qui est toujours là pour lui. Ils sont charmants ensemble et j’ai trouvé bienvenue que l’autrice complexifie un brin leur histoire en incluant le mal être de Minatobe qui ne sait comment se comporter face au talent de Nari. Certes, c’est à nouveau un peu survolé mais intéressant et la conclusion entre eux et très émouvante, donnant de petits papillons dans le ventre. *Passage un peu superficiel, mais j’adore le Mitanobe aux cheveux noirs, ça lui va tellement mieux, le faisant paraître à la fois plus mature et plus sensible*

Pour les amateurs de romance comme moi, il fut vraiment plaisant tout au long de ses deux tomes de ne pas tomber dans les clichés de la romance gay avec ses problématiques, mais d’avoir une romance lambda avec des problèmes de couple lambda. J’aime cette simplicité parfois. Ici, les scènes romantiques sont semées avec parcimonie et charmantes. Même les scènes de sexe sont bien intégrées, honnêtes sans être vulgaires, avec un côté tactile pour ces corps osseux qui m’a bien plu, même s’il y a peut-être plus de sensualité dans le jeu de Nari que dans les moments où il fait l’amour car il est alors plus dans l’urgence du moment ^^!

En deux tomes, Naka Nakaoka m’a donné envie de découvrir son univers maintenant qu’elle a ouvert une porte sur celui-ci. Son dessin dégage vraiment quelque chose de même que les sujets qu’elle a choisis de mettre en scène. Cela reste encore un peu maladroit, encore un peu bancal et surtout survolé parfois, mais c’est très prometteur et cette histoire de deux adolescents cherchant à prendre confiance en eux pour qu’on les voit et qu’on les écoute était charmante.

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : …, Vous ?

4 commentaires sur “Les étoiles au bout des doigts de Naka Nakaoka

  1. Je t’avoue que la couverture du premier tome m’avait un peu rebutée parce que si elle est poétique, j’ai comme une impression de problème de proportion, mais l’histoire a l’air très touchante. Malgré le manque de développement de certains points, cela pourrait me plaire d’autant que j’aime beaucoup les récits où la musique, mais surtout le piano ont leur importance…

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