Livres - Romance

Les Pembrook de Lorraine Heath

Titre : Les Pembrook

Auteur : Lorraine Heath

Traduction : Catherine Berthet

Éditeur : J’ai Lu – Pour elle (Aventures & Passions)

Années de parution : 2021-2022

Nombre de tomes  : 3 (série terminée)

Histoire : Adolescents, les trois frères Easton ont brutalement disparu. Tout le monde les croyait morts, sans doute dévorés par les loups. Coup de théâtre, ils surgissent en plein bal à Londres, alors que leur oncle s’apprête à réclamer leur héritage ! Sebastian, l’aîné, revendique son titre de duc de Keswick. Défiguré, endurci par l’adversité, il n’est plus ce garçon charmant qui a ravi le cœur de lady Mary douze ans plus tôt, mais un homme tourmenté et implacable, aveuglé par son désir de vengeance. Un homme qui ne peut plus se contenter de doux serments et d’innocents baisers…

Mon avis :  

Tome 1 : Le doux souvenir d’une promesse

Après avoir découvert sa saga sur trois vauriens, je me devais de découvrir celle sur trois frères ayant disparu pendant des années et réapparaissant du coup, Lorraine Heath étant devenue pour moi une valeur sûre ! Et comme, comme moi, elle aime les fratries, les personnages cabossés et les aventures piquantes, je savais que le plaisir serait au rendez-vous.

Dans ce premier tome forcément d’introduction, elle plante le décor de ce qui sera sa saga : trois jeunes fils de Duc (deux jumeaux et un plus jeune) qui fuient un oncle perfide voulant se débarrasser d’eux pour hériter à leur place, reviennent 12 ans plus tard pour reprendre leur place et se venger, mais la vie ne les a pas épargnés. L’un est défiguré après avoir fait la guerre, un autre joue les jolis coeurs mais est devenu un vrai pirate, et le dernier connaît ce qu’il y a de plus sombre dans l’ombre. Leur vengeance va être terrible.

J’ai de suite adoré le cadre de cette histoire avec ces trois frères qui ont souffert de bien des façons et reviennent prendre leur place. Chacun d’eux a une aura mystérieuse attirante et sulfureuse que l’autrice ne cache pas. Il va donc falloir des compagnes à la hauteur. La première à entrer dans la danse va tenir toutes ses promesses. Il s’agit de Mary, celle qui jouait avec eux autrefois et qui les a aidés à s’enfuir. Cette belle rousse, qui était autrefois très proche de l’aîné, Sebastian, a refait sa vie et est sur le point de se marier, mais tout va changer quand les frères vont revenir.

J’ai beaucoup aimé la grande fidélité de Mary envers ses anciens amis. Elle va tout faire pour les aider à prouver leurs dires et à retrouver leur place dans la société, faisant preuve d’un fort caractère. Elle va se moquer du costume qu’ils vont porter pour cacher ce qu’ils ont vécu entre temps, pour se concentrer sur ce qu’ils sont vraiment au fond, en particulier Sebastian, qui est très complexé par ses blessures qui l’ont défigurée. Mary est vraiment une très belle personne.

Sebastian, lui, bien que plus dur à aimer, va me toucher quand il va laisser tomber les barrières. C’est quelqu’un de froid et sérieux au premier abord qui va devoir apprendre à accepter ses actes et sa culpabilité pour avancer. J’ai apprécié que l’autrice face quand même dans la nuance avec lui, n’en faisant pas trop un vieux bougon, un vieil ermite, mais juste un homme blessé qui doit réapprendre à s’ouvrir aux autres. Elle y va par petites touches avec beaucoup de doigté et d’émotion, sans jamais trop forcer le trait et ce n’était pas simple. Ainsi son entreprise de vengeance ne prendra-t-elle jamais le pas sur le reste au final et sera-t-elle tenue en marge de l’histoire.

Le coeur de l’histoire sera plutôt sa romance avec Mary, une romance où deux amis d’enfance vont réapprendre à se connaître et se découvrir de profonds sentiments. J’ai aimé que l’autrice s’attarde longuement sur leur amitié et n’y adjoigne qu’ensuite la passion qui sera nécessaire à leur couple. J’ai aimé qu’elle prenne le temps de bâtir celui-ci après que le scandale ait éclaté, prenant le temps aussi de faire changer ses personnages pour se redécouvrir. C’était très beau et très doux, mais totalement évident et j’ai ainsi aimé retrouver l’ancienne Mary, pleine de fougue et l’ancien Sebastian au grand coeur. C’était émouvant.

Premier tome d’une trilogie qui promet beaucoup d’émotion, Le doux souvenir d’une promesse est une charmante romance un brin gothique où le cadre imaginé par l’autrice qui repose sur une belle et ancienne amitié m’a totalement charmée. Je suis prête également à adorer les histoires de Tristan et Rafe.

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Tome 2 : Juste un baiser…

Plongée dans la mélancolie depuis la mort de son fiancé, lady Anne Hayworth sait qu’elle ne pourra pas tourner la page tant qu’elle ne se sera pas recueillie sur sa tombe en Crimée. Elle demande donc au capitaine Tristan Easton, alias Jack le Rouge, de l’y conduire. Contre rétribution, bien sûr. Mais une canaille est une canaille et, en guise de paiement, Tristan exige un baiser… qu’il prendra lorsqu’il l’aura décidé, précise-t-il.
Alors que La Revanche cingle vers la Méditerranée, face à cet homme qui ne fait pas mystère du désir qu’elle lui inspire, Anne se surprend à souhaiter qu’il réclame enfin son dû… et bien plus encore.

Ce deuxième volume des aventures des frères disparus et retrouvés avait de solides arguments pour me plaire étant consacré à celui qui était devenu un pirate et le plaisir fut au rendez-vous !

J’avouerai qu’en lisant le premier tome et en voyant les garçons évoluer dans cette société autour de Mary, je m’attendais à ce que les frères cadets de Sebastian trouvent leurs compagnes parmi ses connaissances. Ce n’est absolument pas le cas et j’ai aimé être surprise ainsi. L’histoire démarre sur les chapeaux de roues avec une jeune fille de bonne famille cherchant un capitaine de navire pour l’emmener là où est son fiancé, capitaine qui sera bien sûr notre fringuant Rafe, le joli coeur de la bande, qui exigera d’elle un baiser comme prix de son passage.

J’ai beaucoup aimé la première partie de l’histoire qui se passe à bord du navire où Anne a embarqué avec sa femme de chambre et occupe la chambre de Tristan. Celui-ci fait monter la tension entre eux tout du long, la privant de ce baiser pour se faire encore plus désirer. C’est donc électrique entre eux mais il se retrouve pris à son propre piège en commençant à s’intéresser à cette fille atypique et courageuse qui va l’émouvoir quand il découvrira le but de sa quête. Ce fut donc à la fois piquant et tendre entre eux, un mélange que j’adore, et Tristan s’est révélé assez différent de ce que j’imaginais : capitaine au grand coeur, ayant par exemple à son bord, recueilli un garçon estropié.

Mais c’est dans la seconde partie que l’histoire a pris toute sa dimension lorsqu’ils vont revenir à Londres, alors qu’ils sont devenus amants entre temps. J’ai adoré l’écriture de leur couple par l’autrice. Elle en a fait deux jeunes gens qui ne peuvent se passer l’un de l’autre et brûlent de passion, Tristan allant jusqu’à se rendre dans sa chambre et elle sur son bateau. J’ai aimé que la pension les emporte au-delà de toute réserve mais qu’aucun d’eux ne cherche pour autant à emprisonner l’autre et à le changer. Ainsi se pose la question d’être une femme de marin et d’être une femme désirant un mari à terre et des enfants.

L’évolution des personnages est donc superbe, poignante et exaltante. On découvre une Anne encore plus courageuse qu’on le croyait, capable d’affronter son père, ses frères et la société. J’ai beaucoup aimé l’homme qui la courtisait et l’a soutenue jusqu’au bout dans son aventure. On découvre également un tout nouveau Tristan, loin de celui qu’aucune femme ne parvient à toucher. Il va déployer d’immenses efforts pour conquérir et garder Anne, allant à des fêtes qu’il déteste, se faisant passer pour le gentleman qu’il dit ne pas être, renonçant à ce qu’il pensait être sa vie, affrontant en fait son passé. C’est superbe !

L’autrice a vraiment imaginé de très belles trajectoires de vie pour chacun des frères jusqu’à présent et j’ai apprécié de recroiser Sebastian et Mary, pour venir en aide à Tristan quand il en a eu besoin mais sans trop s’imposer. Mon seul regret, comme dans le premier tome, mais j’avais oublié d’en parler, c’est qu’à chaque l’autre petite histoire d’amour très très annexe à la principale, ici celle concernant le frère d’Anne, soit bien bien trop peu développée, voire à peine esquissée. Ça ne lui donne aucun intérêt et on voit peu à quoi elle peut bien servir du coup. C’était le cas aussi avec la cousine de Mary.

Démarrant comme une aventure à bord d’un bateau pirate, schéma narratif que j’adore, l’histoire a évolué en romance bien plus puissante que je lui croyais nous faisant découvrir un capitaine passionné et passionnant rempli de nuances, face à une héroïne forte qui sait tenir tête aux hommes de sa famille. C’était éclairant.

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Tome 3 : Le dernier fils du duc

Bien qu’enfant illégitime, Evelyn est choyée par son père, le comte de Wortham. Mais à sa mort, elle se retrouve à la merci de son frère aîné, Geoffrey, qui la déteste. Décidé à se débarrasser d’elle au plus vite, il n’hésite pas à proposer sa virginité à l’un de ses créanciers ! Evelyn est expédiée chez lord Rafe Easton, un homme solitaire, cynique et insensible, qui n’attend d’elle que les faveurs qu’une maîtresse offre à son amant. Et cet homme au cœur meurtri ne laissera personne l’émouvoir… à moins d’un miracle.

 Cet ultime opus consacré à Rafe était clairement celui que j’appréhendais et en même temps attendais le plus tant la sombre aura entourant ce personnage titillait ma curiosité. Après un démarrage assez malaisant, j’ai vécu un très beau moment poignant à ses côtés.

Rafe, c’est le dernier des trois lords disparus, le plus jeune, celui qui a été laissé dans un orphelinat et revient 12 ans plus tard comme patron d’un célèbre club de jeu. Il est sombre, austère, avare en parole et en sentiment, pas l’homme le plus aisé à cerner et apprécier. Il fuit littéralement la compagnie de ses frères et refuse tout contact. C’est donc un héros à gros potentiel pour nous lecteur.

Cependant son histoire a très mal débuté pour moi avec un schéma narratif que je déteste dans les romances, celui des maîtresses. Je n’aime pas du tout quand on suit des hommes qui prennent une femme pour maîtresse et s’en amourache, ça ne me fait pas du tout rêver, bien au contraire. Ainsi quand il achète la demi-soeur bâtarde de l’un de ses débiteurs, c’était mal parti. Quand il l’a installé chez lui, lui a énoncé ce qu’il attendait d’elle avec froideur et pragmatisme, lui interdisant de l’enlacer, je me suis dit que ça n’allait pas me plaire et j’ai grincer des dents, mais connaissant l’autrice j’ai voulu lui faire confiance.

J’étais vraiment pleine d’appréhension au début face à la naïveté d’Evie, qui avait tout d’une oie blanche tant elle avait été couvée. Je n’aimais pas qu’elle ne se rebiffe pas et soit tant maltraitée par la vie. Mais petit à petit, je l’ai vu s’éveiller et j’ai pris espoir, espoir qu’elle réveille aussi Rafe, ce qui s’est produit et ce que j’ai adoré !

Entre eux, ce n’est pas une petite romance classique, malgré une jolie douceur qui va naître peu à peu, c’est assez âpre. J’ai aimé avec Evie voir le thème de la fille d’une maîtresse, sa mère étant elle-même la « seconde femme » de son père. Il y avait une belle mélancolie derrière cette drôle d’enfance qu’elle a eu à voir ça sans le comprendre. J’ai aimé avec Rafe voir le thème de l’enfant délaissé, livré à lui-même et aux pires maltraitance, qui va devoir apprendre à se défendre et à survivre par lui-même. La rencontre des deux ne peut être que dévastatrice. Pourtant, ce n’est pas le feu qui va brûler ici. Nous ne sommes pas dans une romance – passion, mais plutôt dans quelque chose de beaucoup plus doux qui va peu à peu guérir les plaies de chacun, enfin surtout celles de Rafe.

Dans ce huis clos qu’est la maison où il l’a installée, Rafe au contact d’Evie va peu à peu réapprendre à vivre. J’ai adoré découvrir ses traumas, voir comment ils se manifestaient au quotidien dans une relation de couple, apprendre leur origine et voir comment il allait s’en sortir. C’était très émouvant. Cependant, ce fut long à venir. L’histoire met du temps à s’installer, l’autrice s’attardant trop à mon goût sur les termes de leur contrat et l’attente pour faire monter un pseudo désir, que j’ai trouvé très malaisant, entre eux, sachant qu’Evie est vierge et ne sait rien de Rafe. Ça eu du mal à passer. Heureusement que peu à peu, à travers elle il s’est vu et qu’ainsi, sans s’en rendre compte, il s’est mis à vraiment prendre soin d’elle et à vouloir partager sa vie comme un vrai couple. Cela m’a aidé à oublier le côté sordide de leur histoire.

Mais surtout, j’ai apprécié que l’autrice n’oublie pas qu’elle était dans une trilogie et que son héros avait donc des choses à régler avec ses frères et ce qui leur est arrivé mais aussi ce qu’ils sont désormais. La présence de ceux-ci à chaque étape de l’histoire fut importante pour moi. Rafe a beau être solitaire, il est encore un enfant blessé au fond et il avait besoin de cette famille. J’ai donc apprécié les efforts répétés de ses frères, leur grande ouverture vis-à-vis de sa relation avec Evie, qui était alors sa maîtresse, pour ainsi les inclure dans leur cercle et leurs activités et former une vraie famille. C’était émouvant.

Ultime tome de cette saga familiale, malgré des débuts difficiles et malaisants, Le dernier fils du duc a tenu toutes ses promesses avec une très belle histoire de libération autour de ce jeune garçon trop longtemps coincé dans les chaînes que la vie lui avait apposé. Peut-être que face à lui, sa compagne a fait un peu pâle figure, mais quelle émouvante histoire que la sienne, j’ai été conquise. Décidément, il n’y a pas à dire, j’adore les sagas familiales et Lorraine Heath en écrit des très belles que les héros soient frères de sang ou de coeur.

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