Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

NonNonBâ de Shigeru Mizuki

Titre : NonNonBâ

Auteur : Shigeru Mizuki

Traduction : Patrick Honnoré & Yukari Maeda

Éditeur vf : Cornélius (Pierre)

Année de parution vf : 2006

Nombre de pages  : 424

Résumé : Nous sommes au début des années 1930, dans une petite ville de la côte ouest du Japon. NonNonBâ, une vieille dame mystique et superstitieuse, est accueillie dans la famille du jeune Shigeru. Encyclopédie vivante des croyances et légendes populaires de la région, elle abreuve l’imaginaire déja débordant du garçon d’histoires de monstres et de fantômes.

Mon avis :

J’avais à peine 20 ans quand NonNonBâ a débarqué en France et remporté le Prix du meilleur album au festival d’Angoulême l’année suivante. Je ne m’intéressais pas trop alors au folklore fantastique japonais traditionnel et le dessin très old school de Shigeru Mizuki me rebutait, ce qui fait que je n’avais pas investi dans ce riche pavé malgré des critiques unanimes. 15 ans plus tard, je répare cela et découvre un titre vraiment émouvant.

Shigeru Mizuki, c’est le spécialiste des yokai pour nous en France. Il est également connu pour son personnage Kitaro, dont j’avais essayé de lire les premières aventures sans trop de succès, malgré un univers folklorique riche et passionnant. Il m’avait manqué quelque chose et je crois que c’est dans NonNonBâ que j’ai trouvé ce qu’il me manquait, ce qui a fait de cette lecture une vraie réussite contrairement à la précédente.

Avec ce mélange de leçons de vie, d’imaginaire Yokai et d’histoires d’enfants dans le cadre historique du Japon des années 30 et le cadre géographique d’une bourgade de campagne, Mizuki m’a enchantée. J’ai l’impression d’avoir entre les mains à la fois un livre traditionnel pour enfant et l’ancienne d’Une sacrée mamiemanga dont j’adore faire la découverte grâce à sa réédition actuelle.

Avec un trait qui n’appartient qu’à lui où les personnages ont vraiment des têtes surdimensionnées et cartoonesques mais à la mode japonaise, Mizuki plante un décor rétro immersif, dans lequel le dessin des paysages et des intérieurs est particulièrement réussi. On a parfois l’impression d’être en présence de photo redessinées. Il fait également preuve d‘une riche et vive imagination pour dessiner l’ensemble des créatures issues des rêveries du héros et de ses proches, et notre offre parfois des pages aux compositions superbes quand un étrange nuage de fumée vient happer le lecteur au milieu de ce décor d’un autre temps. C’est particulier, mais superbe.

L’histoire, elle, dépayse également. Nous sommes dans un décor typiquement japonais avec un auteur qui glisse nombre de références sur l’époque à laquelle a grandi le mangaka : les années 30. Ainsi voit-on comment on vivait à la campagne alors, avec bien moins de modernité que maintenant, plus de misère, mais également plus d’entraide. On retrouve une cellule familiale typique avec le père qui travaille, souvent loin, comme de nos jours, et une mère qui s’occupe de l’éducation de ses enfants. On voit des enfants, en mode Guerre des boutons, qui joue à la guéguerre en singeant les adultes qui eux font véritablement la guerre en Chine. C’est vraiment intéressant de noter toutes les références.

Mais le coeur de l’histoire est dans la relation entre Gege, le héros ou plutôt le mangaka qui se dessine lui-même, et la vieille femme pauvre du coin qui lui raconte plein d’histoire sur les esprits du folklore traditionnel japonais. A leurs côtés, nous allons vivre leur quotidien rythmé par ces légendes qui vont sans cesse s’insérer dans leur train train quotidien, entre les études de Gege, ses histoires avec ses copains, ses balades dans le village, ses histoires de famille mais aussi celles d’une famille de nouveaux arrivants. Tout est prétexte à une histoire fantastique, à une créature car les deux mondes sont encore très intriqués l’un dans l’autre.

Il est amusant de voir ce mélange de peur et de plaisir que le narrateur – héros prend face à ces créatures, qui sont également le sujet des histoires qu’il aime tant dessiner. Il est touchant de voir combien cela le rend proche de cette mamie, qui n’est pas vraiment la sienne, mais qui est toujours là pour raconter des histoires aux enfants et ainsi s’occuper d’eux, ce que ne font pas vraiment leurs parents, plus pris dans leurs histoires d’adultes à eux. Ce sont vraiment ces dynamiques qui ont fait tout le succès du titre pour moi.

NonNonBâ est un titre qui a vraiment sa place dans le patrimoine du manga pour ce qu’il apprend de l’Histoire de ce pays et de sa culture. Cornelius lui offre en plus une édition de qualité avec un bel objet livre et surtout un appareil critique et des notes pertinentes et passionnantes pour enrichir encore nos connaissances. Je suis donc plus que ravie de cette découverte aussi bien du point de vue du plaisir que j’ai pris comme lectrice et de l’enrichissement historique et culturel que j’ai gagné en tant que personne. Un livre deux en un qui ne m’a nullement déçue, mais m’a plutôt touchée et passionnée.

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Noctambule, Chez Mo, Nebalia, Lecturissime, Une page lue, Sin City, Vous ?

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9 commentaires sur “NonNonBâ de Shigeru Mizuki

  1. Je connaissais de nom mais la couverture ne m’avait jamais incitée à aller plus loin, à tort ce que je comprends en lisant ton avis. J’aime beaucoup quand on a cette sorte de transmission/relation intergénérationnelle et le contexte historique a l’air particulièrement bien retranscrit…

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