Livres - Romance

Les Worthington d’Ella Quinn

Titre : Les Worthington

Auteur : Ella Quinn

Éditeur : J’ai Lu – Pour elle (Aventures & Passions)

Années de parution : Depuis 2022

Nombre de tomes  : 2 (en cours)

Histoire : Contraint par une tempête, Mattheus, comte de Worthington, se réfugie dans une auberge de campagne. Il y passe une nuit d’ivresse avec une mystérieuse jeune femme blonde. Subjugué, il comprend qu’il a trouvé celle avec qui il veut passer le restant de ses jours. Mais, au petit matin, l’inconnue s’est volatilisée !
Mattheus la retrouve à Londres sous les traits de lady Grace Carpenter. Plus il cherche à la courtiser, plus elle s’obstine à le fuir. Il semblerait que la belle ait quelques soucis familiaux causés par ses sept frères et sœurs. Comme si cela pouvait dissuader un homme épris !

Mon avis :  

Tome 1 : Vingt et un jours pour se marier

On pourrait croire en voyant le nom de l’autrice et le titre de sa saga à une parodie des Bridgerton de Julia Quinn, tant les deux sont proches, et pourtant il n’en est rien. Si j’ai adoré le premier, j’ai trouvé celui-ci un peu décevant au vu des promesses faites et du résultat final, même si ce fut une jolie lecture divertissante.

L’éditeur français publie pour la première fois Ella Quinn avec cette saga, pourtant en lisant ce premier tome, on comprend vite que la dame a dû écrire d’autres romans dans le même univers car plusieurs couples cités semblent avoir eu eux aussi leur histoire rocambolesque. Il aurait peut-être été judicieux de commencer par eux ? L’autrice a d’ailleurs une bibliographie des plus fournie (voir son site : ici).

La saga des Worthington vaut-elle le coup ? Assurément oui, même si ce premier tome n’est pas dépourvu de faiblesses. Son gros point faible, c’est sa romance, qui est bien trop précipitée et manque ainsi de crédibilité, de piquant et de passion à mes yeux. Je l’ai trouvé trop facile, trop lisse et trop clichée. Pas de chance. Heureusement l’autrice a su combler les autres espaces de l’histoire avec quelque chose d’inattendu et bien plus passionnant : l’histoire de deux vastes familles qui vont se réunir, et moi, j’adore les histoires de famille.

Grace Carpenter, notre héroïne, est l’aînée de 8 enfants. Ils ont malheureusement perdu leurs parents trop tôt et personne dans leur famille ne voulait s’occuper d’eux tous. Grace, avec l’aide de son grand-père et d’un de ses oncles, s’est donc battue pour obtenir leur garde, chose fort rare pour une femme, en plus célibataire, à cette époque. Depuis elle a décidé de se consacrer à 100% à sa famille et de ne pas se marier. Mais comment résister au beau comte de Worthington, sur lequel elle avait craqué lors de sa première saison, quand elle le croise dans une auberge par hasard. Elle s’offre une unique nuit entre ses bras mais elle ne s’était pas attendue à ce qu’il est le coup de foudre pour elle et veuille l’épouser !

Si je n’ai pas adhéré au mythe du coup de foudre dans cette histoire et si j’ai trouvé la romance entre Grace et Matt bien trop facile de ce point de vue, avec des héros, qui tels des lapins, ne peuvent s’empêcher de forniquer à tout va, j’ai été touchée par les caractères de chacun. J’ai beaucoup aimé leur amour réciproque pour leur famille et les dynamiques qui vont en découler. C’était amusant et adorable de voir Matt craquer pour elle, la poursuivre et tout faire pour la convaincre de l’épouser et de réunir ainsi leur famille, ce qui amène le nombre d’enfants à s’occuper à 11 ! (+ 2 chiens, 1 belle-mère et 2 précepteurs, sans compter les domestiques et demeures de chacun…)

Ainsi plus que la romance qui n’a que peu d’intérêt, c’est la question de la réunion de ces familles, la question de la tutelle des frères et soeurs de Grace et l’attachement de chacun à eux, qui m’a plu. C’était fort cocasse de voir nos jeunes héros gérer toute cette marmaille, qui cause bien de l’agitation qu’ils soient à la maison ou en dehors. C’était amusant de fort ceux-ci faire des plans pour tenter d’aider leurs aînés avec plus ou moins de succès. L’autrice ne parvient pas à faire vivre chacun d’entre eux, ils sont 11 après tout, mais quand elle porte un éclairage sur l’un d’eux, elle le sait le rendre savoureux, c’est le cas des soeurs aînées et benjamines de chaque côté qui vont vite s’entendre comme larrons en foire, c’est le cas également des chiens de chacun de nos héros, qui sont deux belles bêtes. L’histoire sera alors rythmée des aventures de ces deux familles en cours de réunion.

Le récit cependant souffre peut-être d’un manque de tension narrative. Il avance assez simplement dans ce quotidien qui va se mettre peu à peu en place entre ces deux maisons. Il y a bien quelques petits rebondissements, à l’auberge, dans les rues de leur quartier et à la fin avec l’un des oncles de la jeune femme, mais c’est bien mince. Heureusement que ce quotidien était intéressant et les personnages savoureux et touchant, ce qui a permis à l’histoire de m’amuser en me mettant entre les pattes de tous ces enfants, mais j’aurais peut-être aimé avoir un peu plus.

Souffrant du syndrome du tome 1, la romance de Matt et Grace a disparu derrière une très jolie histoire de famille et quelle famille ! J’ai adoré entendre parler de la situation des femmes tutrices dans l’Angleterre du XIXe. Ella Quinn offre ici les débuts de ce qui se veut une belle fresque familiale et vu le nombre d’enfants à traiter, on devrait suivre cette famille encore un certain temps. J’ai hâte de voir leurs péripéties car les duos offerts à notre regard pour le moment sont truculents !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de :  Vous ?

Tome 2 : Le dandy au grand coeur

Dominic, marquis de Merton, a beau n’avoir que vingt-sept ans, il est, de l’avis de sa mère, ennuyeux comme la pluie. Et il n’est pas près de se marier vu ses exigences. Sa future épouse devra être discrète, docile, posée. En outre, il exclut du mariage tout sentiment. Un homme doit se garder des émotions. Telle est son opinion, jusqu’au jour où il fait la connaissance de Dorothea Sterne, qui est tout le contraire de la femme idéale selon ses critères. Mais quand un dandy guindé cède à la passion, cela ne va pas sans péripéties…

Après avoir découvert la fantasque famille Wothington dans 21 jours pour se marier, quoi de mieux que de les retrouver cette fois sous le prisme de leur cousin que les petits surnomment non sans humour : « Sa Marquiserie » ! Humour, émotion et cocasserie sont à nouveau au rendez-vous de cette tendre romance où le héros se retrouve à nouveau sous les feux d’un coup de foudre involontaire.

Pourtant, à la lecture, alors que tous les voyants étaient au vert, j’ai eu le même sentiment de maladresse et de trop peu que lors du tome 1. J’ai l’étrange impression d’être face à une novice qui reprend ce qui fonctionne ailleurs et le met en branle ici mais sans y insuffler toute l’âme qu’elle pourrait. C’est bizarre parce que sur le papier c’est parfait mais à la lecture, il manque quelque chose. Mais revenons à notre lecture.

J’ai été ravie que celle-ci soit consacrée à Dominic, le marquis de Merton, ce jeune homme tellement imbu de lui-même. L’autrice a su complètement nous retourner la tête pour faire de ce type insupportable un très sympathique et atypique héros de romance. Cela partait mal avec un garçon assez fat, et ce, des dires même de sa mère ! Mais grâce à sa rencontre avec une jeune fille bien plus piquante que ce dont il avait l’habitude il va joliment se réveiller et être introduit à la modernité. Grand bien lui fasse et nous fasse !

Ce fut amusant de démarrer l’histoire avec cet espèce d’anti-héros, de voir les gens autour de lui conscient de cela, et prêts à tout pour le changer. J’ai aimé ainsi retrouver cette ambiance familiale qui m’est chère, aussi bien avec les Worthington qui sont partie prenante de l’histoire, hébergeant celle pour qui Dom aura un coup de foudre : Dotty alias Théa pour lui, mais étant aussi ses cousins ; qu’avec la mère et le personnel de maison de Dom. Pourquoi souhaite-t-il aider un type qui est imbuvable sur le papier ? Parce qu’en fait il n’est pas véritablement comme ça mais l’est devenu à cause de l’horrible éducation qu’il a reçu de son tuteur, une fois son père mort. Le but de tout ces gens est donc de le faire redevenir lui-même !

C’est une jolie entreprise qui ne sera pas toujours simple à mener tellement il a été endoctriné. J’ai aimé d’ailleurs que l’autrice utilise ce prétexte pour évoquer les changements qui s’opèrent dans l’aristocratie anglaise au XIXe siècle, prenant plus pleinement conscience de leur rôle de protecteur vis-à-vis des pauvres gens et se mettant à voter, pour une frange de ceux-ci, des lois pour apporter leur aide à ceux dans le besoin. Le personnage libéral de Dotty / Thea était ainsi tout trouvé. Elle fait le lien entre le devoir d’aumône qu’exerçait déjà les nobles avant mais qui était un pis aller et la véritable aide aux nécessiteux par des actions réelles ! J’ai ainsi apprécié que ce ne soit pas une faible femme évaporée, mais une femme douce et forte à la fois avec des convictions chevillées au corps qu’elles mettaient en pratique.

Le coup de foudre entre elle et Dom m’a semblé bien moins intéressant en comparaison. Comme avec le tome précédent, ce n’est pas la romance qui fait la saveur de cette histoire. La romance est un peu trop légère, simpliste, facile, pour ne pas dire enfantine. Il y a peut-être un peu plus de tension qu’avec Matt et Grace car Thea prend le temps d’apprendre à le connaître et que Dom résiste à ses sentiments, mais arrivé à la moitié du tome c’est déjà plié. Les scènes romantiques sont très fleur bleue et n’apporte quand grand-chose, je dois dire. C’est bien plus les changements que leur rencontre va opérer en Dom qui sont intéressants à suivre. On s’amuse d’abord de le voir la courtiser contre sa volonté, ne pouvant s’en empêcher, cédant à toutes ses demandes comme de sauver des chattons ou de recueillir un jeune orphelin. Puis, on est touché par ses tiraillements entre l’éducation strictes de son oncle et ses envies bien naturelles, ainsi que ses convictions sur la vie qui vont bien changer au grand bonheur de ses proches retrouvant ainsi le jeune garçon qu’il était autrefois.

Pas super intéressant en terme de romance à proprement parler, Le dandy au grand coeur a cependant été une histoire charmante sur le sujet d’une rencontre qui change tout et nous fait voir la vie autrement. J’ai aimé assister à la transformation de cet anti-héros. J’ai aimé le voir retrouver sa famille. J’ai aimé retrouver l’humour et la cocasserie sans-gêne de celle-ci dans une atmosphère bon enfant qui n’a pas empêché de parler de sujets durs comme la prostitution, le travail et le trafic des enfants, et le besoin de voter des lois plus libérales par les pairs du royaume. C’était une histoire à la fois enjouée et profonde. Je suis curieuse de voir quel sera le prochain Worthington à l’honneur et de quel sujet la romance sera prétexte à discussion. Ella Quinn propose ainsi à chaque fois une autre façon d’écrire des romances historiques.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vie de fun, Vous ?

2 commentaires sur “Les Worthington d’Ella Quinn

  1. Le rapprochement avec Bridgerton semble inévitable rien qu’avec le scénario et j’avoue que ça me donne assez envie malgré les quelques faiblesses que tu soulèves. Cela dit, j’ai bien trop de romances historiques qui trainent dans ma PAL pour en entamer une nouvelle.
    Je la note cependant pour quand je serais à sec 😉

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    1. Oui et en plus avec un nom pareil, impossible de ne pas y penser !
      Je te comprends, je commence aussi à en avoir un certain nombre et il m’arrive même, ô miracle, de ne pas acheter en me disant mais non pas une de plus. Je suis fière de moi lol

      Aimé par 1 personne

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