Livres - BD / Illustrations

The Midnight Order de Mathieu Bablet et Collectif

Titre : The Midnight Order

Auteurs : Mathieu Bablet et Allanva x Isabelle Bauthian x Rours x Sumi x Thomas Rouzière x Claire Fauvel x Titouan Beaulin x Daphné Collignon x Quentin Rigaud

Éditeur : Rue de Sèvres (Label 619)

Année de parution : 2022

Nombre de tomes  : 1 intégrale

Résumé : Johnson et Sheridan, deux membres de l’Ordre de Minuit, ont pour mission de traquer à travers le globe les sorcières trop puissantes, celles qui sont un danger pour le monde et pour elles-mêmes. À chaque capture c’est la même chose : les mains des femmes sont invariablement tranchées, afin de tarir la source de leurs pouvoirs. A mesure que Sheridan se questionne sur la légitimité de ses actions au sein de l’ordre, Johnson va faire face à une problématique cruelle : la prochaine sorcière surpuissante à traquer est sa propre soeur. Entre indéfectible fidélité à l’Ordre et remise à plat de cette organisation séculaire, les aventures de ces deux sorcières vont les mener à une confrontation inévitable.

Mon avis :

Fin 2022, Rue de Sèvres lançait le label 619, un label avec des projets BD qui sortent un peu du lot. Ce fut le cas de la Véritable Histoire du Dahlia Noir  avec un dossier sur l’affaire. C’est encore plus le cas avec The Midnight Order, un projet assez fou regroupant 10 artistes pour construire la même histoire. Une sacrée expérience !

Celui qui chapeaute le projet, c’est Mathieu Bablet, l’auteur du désormais célèbre Carbone et Silicium et ici, il s’est entouré d’une belle flopée de jeunes artistes prometteurs pour bâtir cette histoire de femmes et de société secrète. Chaque artiste a réalisé un chapitre de l’histoire en conservant son propre style mais en participant quand même au tout, tandis que Mathieu, lui, fait le lien avec de courts incipit et à l’aide d’un rédactionnel sur les mythes et légendes autour des sorcières ou des appendices confiés à Claire Barbe. Vraiment un gros projet.

L’objet est également magnifique, pour regrouper l’ensemble de ces travaux et histoires, Rue de Sèvres propose une très belle BD reliée avec dos plat et dorures sur tous les côtés + papier épais presque façon canson à l’intérieur. C’est très qualitatif et cela rend à merveille le côté ésotérique et merveilleusement sombre du projet.

Ce dernier est vraiment intéressant. Il propose d’entrer dans un monde où une société secrète a été créée pour accompagner les sorcières et maîtriser celles qui déraillent à cause d’un trop grand pouvoir et qui pourraient ainsi tenter le diable. On suit deux membres de cette organisation Johnson et Sheridan qui font partie de l’élite et accomplissent mission sur mission, malheureusement au détriment de leur humanité, ce dont l’une d’elle sa se rendre compte. Elle va donc essayer d’enrayer la chose.

En partant d’une base classique (sorcières et sorcellerie), les auteurs ont imaginé un bel univers flirtant entre SF et fantastique. Le fait que chaque artiste apporte sa touche rend chaque chapitre différent. Ainsi on se retrouve avec une magie africaine tribale, ou avec une américaine très « bronx », ou encore avec une plus asiatique, une australienne, etc. On voyage et on rencontre beaucoup de portraits, légendes et rapports différents à cet art. Cependant très vite, un fil rouge va se dessiner : celui du destin de Johnson et en découvrant son histoire, c’est celle de l’organisation et de sa façon d’utiliser les faiblesses des femmes qui va naître. Le récit se veut alors à la fois poignant et percutant, dénonçant comme toujours ce stéréotype de la femme « sorcière » même dans un monde plus libéré que le nôtre a priori.

J’ai aimé plonger dans ce décor qui malgré ses variations est très américain, une Amérique profonde et tribale à sa façon, rappelant les bayous et les grands espaces désertiques. Cependant à varier les auteurs, on varie aussi les styles et si l’intrigue a su m’accrocher avec cette histoire de famille qui a fini par se dessiner, j’ai cependant eu des hauts et de bas dans mon appréciation du projet. En effet, certains styles graphiques ne furent pas du tout à mon goût et avaient plutôt tendance à me sortir du récit, alors que d’autres m’ont totalement charmé. C’est le jeu. Cela m’a au moins permis de découvrir de nouveaux artistes et de voir que malgré un patchwork de style on pouvait créer une histoire cohérente au message fort de bout en bout.

Je tiens cependant à saluer en particulier les chapitres de Daphné Collignon qui m’a émerveillé par son style rond et délicat ; de Claire Fauvel où j’ai beaucoup aimé le travail sur la couleur et le côté un peu « manga » de son trait ; de Sumi avec son trait vif et presque polar à l’ancienne ; d’Allanva qui avait un côté un peu « scooby gang » plus moderne et de Thomas Rouzière pour côté très ethnique et limite futuriste malgré tout dans la décomposition du trait. Ce sont les artistes que j’ai préférés !

Aboutissement d’un projet finement ciselé, cet album du Midnight Order offre une histoire complète riche du rassemblement d’auteurs qu’elle a suscité. C’est une lecture puissante dans son propos, singulière dans sa forme, intéressante dans ses interstices et émouvante dans son message final plein de nuances. Il en dit long encore sur notre vision de l’histoire des femmes et Rue de Sèvres a décidément le chic pour mettre en avant cette thématique dans les oeuvres qu’ils décident de publier. Merci à eux !

(Merci à Rue de Sèvres pour cette expérience !)

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Les voyages de Ly, Vous ?

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9 commentaires sur “The Midnight Order de Mathieu Bablet et Collectif

  1. Il est dans ma wish list trouvant le livre magnifique et appréciant toujours les histoires de sorcières et de société secrète ! Je trouve le concept original et le projet ambitieux, parce que pas facile de faire coexister tant de styles différents tout en tentant d’en dégager une cohérence. Même si tous les styles ne parleront pas à tout le monde de la même manière, cet aspect me plaît beaucoup 🙂

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