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Gone with the Wind de Pierre Alary

Titre : Gone with the Wind

Auteur : Pierre Alary

Éditeur : Rue de Sèvres

Année de parution : 2023

Nombre de tomes : 1 / 2

Histoire : Scarlett O’Hara, jeune fille d’une riche famille d’Atlanta au sud des Etats-Unis, connait une vie douce et confortable, menée au rythme de son caractère déterminé et audacieux. Lorsque la Guerre de Sécession débute en 1861, ses repères s’écroulent, et de lourdes responsabilités s’imposent à elle. Au milieu de la destruction et de la mort, Scarlett rêve pourtant d’amour : celui pour Ashley Wilkes, pourtant promis à une autre, et qu’elle porte secrètement depuis toujours. L’arrivée de Rhett Butler, homme sans foi ni loi, aussi immoral que séduisant, rebattra de nouveau les cartes dont la jeune fille dispose pour atteindre le bonheur. Avec son adaptation du célèbre roman de Margaret Mitchell et la formidable mise en images de ses personnages cultes, Pierre Alary signe une œuvre prenante et magnifie ce récit intemporel.

Mon avis :

Comme beaucoup de lecteurs, je pense que j’ai une relation d’amour-haine assez singulière avec Autant en emporte le vent. Découvert quand j’étais au lycée, j’ai de suite été immergée dans l’Amérique des sombres années de la Guerre de Sécession en lisant ce roman, mais son héroïne des plus crispantes m’a aussi fait vivre parfois un calvaire tant elle était détestable, et ce fut dur de faire la part des choses. Mais j’en garde un vif souvenir et c’est ce qui m’a conduit à la lecture de cette très séduisante adaptation en BD signée Pierre Alary.

Prévue pour être en deux tomes, ce classique se voit offrir un très bel écrin avec cette édition riche et sobre où la couverture sublime rappelle que ce n’est pas que l’histoire d’une héroïne affreusement pénible et romantique mais aussi celle d’une époque dramatique pour les Etats-Unis. J’ai beaucoup aimé l’objet livre avec son dos toilé rouge, rouge comme la couleur du sang versé, et son écriture tout en dorure sur les première et quatrième de couverture. L’intérieur reprend également l’habillage des livres reliés de l’époque, il n’en manque que la texture, c’est magnifique et presque émouvant.

Quant à l’auteur, Pierre Alary, il est le maître architecte de cette adaptation d’ampleur, le roman étant quand même un beau pavé, deux tomes ne seront donc pas de trop pour l’adapter. Je le découvre ici mais il a une solide réputation, étant l’auteur d’autres adaptations comme celle de Moby Dick et d’autres récits d’aventure comme Belladone ou avec des décors historiques comme Don Vega. Et le sérieux dont il fait preuve ici est complet. Il m’a permis de retrouver dans cette adaptation le souffle romanesque et historique que j’avais tant aimé autrefois avec en prime son propre imaginaire représenté dans des planches qui rendent hommage à la plume de Margaret Mitchell.

Dans un premier tome fort riche, il nous entraîne à la couverte de Tara, la terre natale de Scarlett, une jeune fille oisive de 16 ans amoureuse de l’amour et qui raffole de tous ces hommes tournant autour d’elle, jouant sans cesse les coquettes. Dans une Amérique sudiste des années 1860, l’auteur nous plonge dans l’atmosphère de cette guerre qui gronde avec le nord à cause de cette utilisation intensive des esclaves noirs qui est notamment faite dans les champs de coton des grands propriétaires d’alors. Tara en est un peu le symbole et Scarlett, on le découvrira, l’aime avec passion et est prête à bien des choses pour elle.

Mais pour l’instant, c’est une héroïne encore bien jeune et capricieuse que l’on rencontre et qui va user pas mal de notre patience. Il est dur d’aimer une fille aussi frivole, malhonnête et capricieuse. Pourtant l’auteur, tout comme l’autrice originelle, parvient à nous la faire apprécier malgré tout dans la passion qu’elle met en tout. Elle aimera passionnément, elle défendra passionnément et dans ce contexte de guerre, c’est essentiel. J’ai donc aimé détester la jeune Scarlett oisive, tout comme la briseuse de ménage, mais j’ai surtout aimé la Scarlett maladroite en amour, emportée, passionnée et très humaine, au final bien attachée aux gens et terres qu’elle dit ne pas aimer. C’est un personnage plus complexe que sa frivolité première le laisse entendre.

Face à elle, les hommes semblent tous fade, tous sauf Rhett Butler qu’elle va rencontrer à Atlanta. Si j’ai encore beaucoup de mal avec le concept, normal à l’époque, d’homme aussi mur attiré par des jeunes filles en herbe, je dois reconnaître que lui ne se fait pas manipuler par elle. Et Pierre Alary rend très bien tout le charme, la gouaille et la force de caractère de l’homme dans ses planches. Il s’est pour cela beaucoup inspiré du film de Victor Fleming, cela se sent, mais qu’importe tant il rend bien le côté fort canaille et viril de l’anti-héros. J’ai beaucoup aimé la façon dont il tient tête à Scarlett et devient sa némésis.

Mais plus que ces relations humaines déjà magnifiquement rendues ici, c’est vraiment la peinture du décor historique qui m’a séduite et emportée. Tout y est, de l’engouement des jeunes gens avant la proclamation de la guerre, aux difficultés rencontrées, l’enlisement, la peur pour ceux restés à l’arrière, les ravages humains, les exactions commises, les villes et les champs ravagés, etc. Peintre d’atmosphère, Pierre Alary capture chaque changement de tonalité de celle-ci au fil de l’évolution de ce grand moment historique et il nous transporte en accompagnant son héroïne ballottée au gré des mouvements de l’Histoire. C’est splendide, tour à tour enjoué, morose, effrayant, passionné. J’ai adoré la peinture de chacun de ces moments immortalisés par les décors changeant de l’histoire, du Tara plein de vie des débuts, en passant par la ville assiégée, l’Atlanta sous le feu des canons, jusqu’aux champs ravagés et au Tara qui se reconstruit peu à peu avec difficulté. C’est vraiment très fidèle à l’image que je m’en faisais.

On peut parfaitement avoir quelques craintes quand des classiques aussi conséquent et chargé d’histoire qu’Autant en emporte le vent sont adaptés au format BD, mais ici, faites confiance à Pierre Alary. Il a su redonner vie avec fureur et passion à cette Amérique agitée des années 1860 et à son héroïne capricieuse et courageuse qu’on se plaît à détester mais qu’on ne peut s’empêcher de suivre et soutenir. Un monument littéraire parfaitement adapté en BD ici.

(Merci Rue de Sèvres pour ce grand moment de romanesque)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : My Coton, Bande originale pour BD, Vous ?

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8 commentaires sur “Gone with the Wind de Pierre Alary

  1. J’ai la chance immense de l’avoir déjà dans ma PAL MAIS j’enchaîne les déplacements depuis 10 jours (aujourd’hui samedi je ne suis toujours pas rentrée chez moi…) et il est un peu volumineux à transporter 🙂 Mais je brûle de m’y plonger, encore plus après avoir lu ton billet !

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      1. Je viens de finir de prendre mes notes (je n’ai pas été rapide) et je suis revenue lire ton billet. Il me plaît et me parle énormément. J’aime beaucoup ce que tu dis de la tectonique des relations entre les personnages et de l’arrière-plan historique ! Ça m’épate toujours que tu arrives à poster autant de billets et qu’ils soient d’une telle qualité.

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      2. Merci beaucoup pour le compliment, j’en suis flattée. Ça me fait très plaisir car j’aime chercher le petit truc à mettre en relief dans chaque titre lors de mes lectures. Ce n’est pas toujours simple alors c’est super chouette quand ça fait mouche.
        Et ravie de voir que ce titre t’a convaincue toi aussi !

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