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Wombs Cradle de Yumiko Shirai

Titre : Wombs Cradle

Auteurs : Yumiko Shirai

Traduction : Alexandre Goy

Éditeur vf : Akata (L)

Année de parution vf :  2023

Nombre de tomes vf : 2 (série terminée)

Résumé : Jasperia, république de Domus. Après de nombreuses années de conflits entre deux vagues de colons successives, un équilibre précaire semble s’être établi bien que le gouvernement d’occupation autoritaire auto-proclamé ne fasse pas l’unanimité. Afin qu’elles ne soient pas confondues avec des terroristes présumées, les femmes enceintes doivent porter un signe d’identification. En effet, plusieurs années auparavant, un scientifique a développé une « technologie » permettant à des femmes auxquelles un embryon alien a été implanté de se téléporter. Mais aujourd’hui, le gouvernement prétend que ces dernières, les « Wombs », sont des terroristes… Qu’en est-il réellement ? Almare fait partie de celles-là. Femme militaire devenue résistante, elle semble prête à tout pour défendre ses droits et ceux de son peuple !

Mon avis :

Tome 1

Depuis quelques années, j’associe un peu Akata aux titres de SF étranges et singuliers. Ainsi après avoir découvert, mais sans tout comprendre, l’univers de Wombs, j’ai été ravie d’apprendre que l’éditeur allait nous sortir les deux tomes précédents la série, pensant y trouver des éclaircissements. Je ne suis pas sûre au final que ce soit tant le cas ^^!

La saga originelle, Wombs fait dont 5 tomes et est parue entre 2021 et 2022 chez nous. Ce fut l’occasion pour moi de découvrir les dessins hyper crayonnés et marquants de Yumiko Shirai qui avait déjà été publiée, mais chez Komikku, avec Rafnas. Elle m’avait frappé avec un univers très âpre et immersif, qui collait bien avec une certaine forme de SF militaire, un peu hard et faisant découvrir des mondes, que j’affectionne tout particulièrement. Mais au bout d’un moment l’expérience m’avait aussi un peu laissée sur le carreau face au flou qu’elle véhiculait.

En plongeant dans Wombs Cradle, j’avais donc espoir de trouver des explications et éclaircissements. Je ressors partagée sur ce point là. J’ai aimé y découvrir vraiment les deux voire même trois sociétés occupants l’espace de cette planète. C’est bien plus clair que dans Wombs de ce point de vue et on a même des représentations physiques de leurs lieux de vie et pas seulement des abstractions. Premier bon point. On découvre également plus clairement leurs antagonismes et le rôle joué justement par ces mères-porteuses, héroïnes de la première série. Mais le hic, c’est qu’ici en nous les présentant comme les terroristes de ce petit monde tranquille, cela déstabilise pas mal. L’autrice tort complètement l’univers présenté précédemment et nous fait totalement revoir notre opinion sur lui. On découvre ainsi du côté des mères-porteuses, un gouvernement qui manipule ses femmes et exploitent ces grossesses dans un but kamikaze face à leurs ennemis : d’autres humains qui ne sont pas forcément les agresseurs, eux. Je n’avais pas entièrement perçu cela dans la première oeuvre.

J’ai ainsi été surprise de découvrir les circonstances d’arrivées de ces deux vagues humaines et le rôle joué par les I.A. dans tout cela et notamment dans la civilisation présente que l’on va aller rencontrer. C’était une bonne surprise car c’était extrêmement déviant et prenant. J’ai aimé ainsi cette dystopie tournant autour des femmes enceintes et de leurs bambins dans un univers bien différents, plus lisse et policé, que celui plus sauvage de l’autre groupe découvert dans Wombs. Souci, c’est un peu trop vite abandonné pour se recentrer à nouveau sur le volet déjà connu : les mères-porteuses et leur foetus de nimbas, créatures autochtones pouvant se télétransporter, particularité qu’on va essayer de s’approprier en portant leurs petits. Rien de neuf donc sous le soleil au final.

Certes, j’ai eu l’impression d’enjeux un brin plus clairs. J’ai eu des représentations surtout de la vie sur cette planète et même de la façon de voyager des mères-porteuses plus claires qu’auparavant. Mais il me manque encore beaucoup d’éclaircissements sur l’ensemble et surtout, je trouve dommage de trouver une redite avec ce qu’on sait déjà. Pour quelqu’un qui n’a pas lu l’oeuvre précédente, cela peut avoir du bon. Pour quelqu’un qui l’a lue, c’est un peu une perte de temps. C’est dommage. Cependant, c’est chouette de voir le lien entre les deux, notamment grâce aux personnages recroisés et les thématiques, elles, étant identiques sont toujours aussi fortes : embrigadements, exploitation humaine, condition de la femme, colonialisme, I.A., et j’en passe !

Yumiko Shirai continue donc d’avoir un univers bien à elle qui a de sacrés atouts pour me plaire avec ce mélange de planet opera, dystopie et SF militaire avec revendications féministes. Je regrette juste que ce ne soit pas encore aussi clair que je l’aurais souhaité et qu’elle se répète dans ce qu’elle montre, alors qu’elle proposait un autre point de vue original. Je suis contente que l’immersion soit toujours là et soit plus simple. Je suis contente de pouvoir enfin lire des images compréhensible. Mais j’aurais voulu décrypter en plus et mieux l’univers.

Tome 2 – Fin

L’intention est là, elle est belle, riche, complexe, personnelle et revendicatrice mais la forme est tellement brumeuse que je suis en grande partie passée à côté de ma lecture et de cette saga en général.

Malgré des thèmes qui me parlent totalement sur la dénonciation de la ventrification des femmes, considérées uniquement comme des poules pondeuses, faute m’en de reconnaître que je trouve la série assez absconse. En effet, à vouloir avoir un style original qui lui est propre, l’autrice rend surtout son propos et sa mise en scène très flous voire obscurs. Impossible de me dépatouiller de ce sentiment, j’ai vraiment eu l’impression de pédaler dans la semoule tout du long.

J’aime l’idée d’une autrice cherchant à rendre en imagine des concepts de SF originaux et très particulier avec ces différents plans d’existence, malheureusement au final cela m’a totalement perdue. J’ai eu l’impression de ne pas bien comprendre qui était qui, qui faisait quoi, qui était où. J’ai donc été au plus simple et retenue uniquement les éléments les plus basiques de l’oeuvre, ce qui lui a fait perdre son originalité à mes yeux. Il n’est plus resté au final que des affrontements idéologiques, de la SF militaire et un sous-texte féministe engagé. C’est déjà pas mal mais ce n’est pas suffisant pour moi. En SF j’aime me figurer les choses, laisser mon imaginaire faire le reste pour mettre en scène parfois des choses à la limite voire au-delà de l’entendable. Du coup, ici, ça m’a cruellement manqué.

Pour autant, cela ne retire rien à l’émotion ressentie aux côtés d’Almare tout au long de ce spin-off. Les tiraillements de celle-ci ont su me toucher, de même que son étrange relation à la maternité, même si je ne connais pas ce désir et cet accomplissement. C’est plus sa rage face à ce qu’on fait de son corps et ce en quoi on la transforme qui m’a parlé et bouleversée.

Les dessins ont aussi su me toucher alors qu’ils sont en grande partie à l’origine de mon incompréhension, mais en même temps ce côté très brumeux et paradoxalement très charnel était vraiment remarquable et les gravent dans ma mémoire.

Wombs et Wombs craddle furent de sacrées expériences. Je n’en ai pas retiré tout ce que je l’espérais et la série a plutôt eu tendance à me laisser sur le carreau, moi qui aime me figurer les choses. Mais je peux comprendre que cette SF militaire féministe et engagée parle à certains et certaines, moi il m’aurait fallu plus de clarté ou plus de cartes en main du moins, pour apprécier l’aventure. Décidément c’est dur de trouver de la bonne SF originale en manga car c’est dur d’en rendre compte en image…

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2 commentaires sur “Wombs Cradle de Yumiko Shirai

  1. Wombs m’avait mis une claque (j’ai adoré son ambiance et son scénario mais j’ai lu d’autres ressentis comme le tiens). J’attends la sortie du tome 2 de Wombs Cradle pour lire les 2 d’un coup mais j’espère que ce préquel va proposer quelque chose de nouveau car ton ressentis fait un peu peur^^

    Aimé par 1 personne

    1. Je peux comprendre car cela a quelque chose d’unique, de revendicateur et assez féministe.
      Je trouve en effet une certaine redondance ici mais en même l’univers est approfondi, ce qui a son charme.
      Je crains donc qu’il te faille juger sur pièce ^^

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