Livres - Science-Fiction

Omale de Laurent Genefort

Titre : Omale Intégrales 1-2

Auteur : Laurent Genefort

Éditeur vf : Denoël (Lune d’encre) / Folio SF

Année de parution vf : 2012 / 2015

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Histoire : Dans un lointain futur… trois espèces cohabitent sur Omale les humains, les Chiles et les Hodgqins. Six individus se retrouvent en possession d’un bris d’œuf et décident d’en décrypter l’inscription. Ils s’embarquent sur une nef aérienne afin d’accomplir la quête pour laquelle ils ont été élus. C’est au cours d’un vol mouvementé qu’ils apprendront progressivement à se connaître grâce au Fejij, le jeu des relations Chile – subtil révélateur des caractères, des personnalités et des leçons du passé. Bravant les attaques de pirates, échappant de justesse au naufrage de leur dirigeable, le petit groupe se découvre dans un périple aux mille dangers. et l’aventure les rapproche chaque jour davantage des secrets d’Omale..

Mon avis :

Intégrale 1 :

D’après l’édito, voici LA saga de SF de Laurent Genefort. Ayant adoré le monsieur sur le très sympathique Temps ultramodernes et appâtée par cette pyramide en couverture, il me fallait donc le découvrir !

Première chose à noter, la saga Omale est à l’origine parue entre 2004 et 2014 et compte 4 romans et plusieurs nouvelles. Ici, nous avons une édition qui regroupe sous forme d’intégrales les trois premiers romans et les nouvelles se déroulant dans le même univers, la planète Omale, mais avec des intrigues et personnages indépendants. Ce que je ne savais pas avant de me lancer, moi qui lit rarement les 4e de couverture en entier… J’apprécierai donc quand c’est une intégrale que ce soit mentionné dans le titre. Petit voeu pieu du jour.

Mon avis va donc se scinder en deux pour parler de cette première rencontre avec le vaste et ambitieux univers imaginé par l’auteur. J’évoquerai d’abord le premier tome sobrement intitulé Omale et son puissant sense of wonder, puis le deuxième, plus classique, Les conquérants d’Omale qui nous plonge dans une immersive SF militaire.

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Pour démarrer l’oeuvre, un conseil, ne lisez pas le résumé de l’édition Folio, il gâche toute la surprise de la lecture et c’est fort dommage. Ce n’est donc pas ce résumé que vous aurez plus haut mais celui de sa première édition chez J’ai lu, car Omale est avant tout une histoire de découverte et s’en gâcher le plaisir serait perdre le principal attrait de l’oeuvre.

Dans ce premier tome, l’auteur, tel un fidèle de Dan Simmons, nous propose d’aller à la rencontre de six nouveau pèlerins des temps modernes, embarqués à bord d’un vaisseau pour un voyage singulier dont ils ne connaissent pas l’issue. Leur point commun : un bout de coquille et un billet qu’on leur a offert. Et nous dans tout ça ? Nous sommes spectateurs de leur voyage sur cette si vaste planète, des millions de fois plus grande que la Terre, où trois espèces extraterrestres se côtoient ou plutôt cohabitent, voire juste partage le même espace avec difficultés.

Laurent Genefort se la joue à la Hypérion, il ne dévoile rien des raisons du voyage de nos six compagnons et c’est au fil du récit de la vie de chacun d’eux que nous allons en savoir plus sur cet étrange destin qu’est le leur et surtout sur cette étrange planète où ils se situent. Car le vrai personnage principal de l’histoire, c’est Omale ! J’ai adoré plonger dans ses mystères sous la plume si riche de l’auteur. On sent qu’il a vraiment travaillé sa matière première. Il a imaginé toute la conception, la création, le peuplement de cette planète, son évolution, ses caractéristiques physiques mais également sa sociologie, l’occupation de son espace, les dynamiques qui l’animent ou encore la foi de ses habitants en elle. C’est extrêmement riche et fouillé mais amené avec finesse par les récits de chacun des voyageurs.

Dans l’ambiance à huis clos qu’il a imaginée, impossible de ne pas penser au devenir des pèlerins d’Hypérion puisque les personnages, tout comme eux, semblent se diriger vers un destin inéluctable. La différence ? C’est qu’eux ne l’ont pas choisi et ne savent pas vraiment ce qui les attend. Cependant tout comme chez Dan Simmons il y a une grande part de mystère et de mysticisme, ainsi que des chemins de vie très différents avec chacun leur petite part de drame. Et comme chez Dan Simmons, on sent également une référence à Agatha Christie, la reine des huis clos où il faut éliminer du monde. Savoureux !

Cependant, là où Dan Simmons a écrit un chef d’oeuvre grâce à des personnages qui avaient su nous toucher en plein coeur et une écriture pleine de virtuosité, Laurent Genefort propose quelque chose de différent. Il n’y a pas la même proximité vis-à-vis des personnages. Il n’y a pas du tout le rapport au body horror de Simmons. Et surtout sa plume reste tout le temps constante. Ça m’a un peu frustrée. Alors que pourtant, l’aventure est là, grâce aux récits de chacun et grâce à une dimension « pirate de l’air », rappelant un Galaxy Express des temps modernes ^^

En revanche, j’ai adoré le sense of wonder qui se dégage peu à peu, notamment dans le dernier tiers quand les révélations se font et qu’on réalise l’ampleur de ce que l’auteur a imaginé pour Omale. Il y a aussi une belle richesse dans les questionnements moraux, scientifiques et religieux imaginés par Genefort autour de ces trois espèces qui sont représentés ici : Humains, Chiles (êtres de plus de 2m à la mâchoire verticale avec tache oculaire sur les tempes) et Hodgqins (êtres faits d’écailles aux membres à l’articulation inverse de nous et à la petite tête). Les interactions entre ces peuples, les croisements qui se font parfois sociologiquement et non biologiquement, les échanges langagiers et de connaissances, tout cela est riche et fascinant, et ont fait de cette lecture quelque chose d’exceptionnel frôlant le coup de coeur. SPOILER : Et encore plus, lors des révélations finales autour de la nature d’Omale, de la rencontre d’un des Puissants et de la quête de leur Daddy long legs.

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Malheureusement pour moi, le soufflet est presque entièrement retombé dans le deuxième roman qui suit cette rencontre avec Omale : Les conquérants d’Omale.

Classique roman de SF militaire permettant de suivre une campagne à la surface d’Omale tandis que la guerre fait rage entre les trois espèces depuis des siècles, j’y ai vu des airs de Wombs ou encore d’Avatar 2, voire de Guerre japano-américaine dans le Pacifique, mais pas de saga ambitieuse et vertigineuse comme ce qui le précédait et j’en ai été fort marri.

Je pense cependant que le texte aura de quoi plaire aux amateurs de SF militaire, car en se collant dans les pattes de nouveaux personnages, dans une nouvelle chronologie et de nouveaux lieux, nous suivons une mission destinée à changer la face de la guerre. Les amateurs de catastrophes, eux, verrons une nappe d’obscurité frapper la planète, plongeant les terres traversées dans un hiver polaire invivable. Enfin les fans de complots pourront suivre les multiples tractations entre espèces dans le seul territoire dit neutre mais qui n’en a que l’aspect.

On pourrait croire qu’avec ces trois destins que l’auteur entrecroise pour tisser une toile dense et serrée dans ce moment agité, nous aurions quelque chose d’épique. J’ai trouvé l’ensemble plutôt longuet et mollasson pour ma part, cherchant les points de tension propres à dynamiser l’ensemble. Bref, je me suis ennuyée, alors que la plume même de l’auteur rend l’ensemble très simple et facile à suivre. C’est un page turner. J’aurais pu y trouver un intérêt s’il y avait eu de nouvelles révélations sur l’environnement ou le peuple d’Omale, mais les brèves spéculations sociologiques furent trop minces pour me rassasier, j’avais besoin de plus, plus de révélations, plus d’interactions et surtout plus de vertige. Avec un titre qui démarre comme un sense of wonder, dur dur de retomber aussi lourdement sur terre avec une guerre en mode guérillas des tranchées avec armements lourds à la clé.

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Cette première intégrale d’Omale fut donc très ambivalente. J’ai eu envie de souligner l’ambition de l’auteur dans un premier temps et sa puissance d’écriture pour avoir suscité un tel vertige en moi, dans une ambiance qui m’est si chère, lors de notre première rencontre. Mais les retrouvailles furent gâchées par une intrigue militaire plus bas de front et trop terre à terre alors qu’attendais à nouveau de ressentir le même chamboulement. Ce n’est pas sans appréhension que je lirai la seconde intégrale et pourtant l’auteur est un excellent conteur !

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Xapur, Gromovar, Mr. K, Herbefol, Le chien critique, Elise M (tome 1), Efelle, Dans ma bibliothèque, Vous ?

Intégrale 2

Petite déception à la lecture de cette seconde intégrale, qui contrairement à ce que je pensais au début ne regroupe qu’un des deux romans restants : La Muraille Sainte d’Omale et une série de nouvelles ayant lieu dans l’univers. Zut, ce n’est pas vraiment l’intégrale que j’attendais et surtout, il me tardait de décoller de la planète, ce qui n’aura lieu que dans le roman… que je n’ai pas pu lire ! T.T

L’ensemble, lui, est à l’image du premier volume : inégal. Laurent Genefort a imaginé un monde vaste et riche dont il n’exploite malheureusement que bien peu d’éléments, qui plus est de manière assez répétitive. Cela un sentiment de superficialité et de trop peu frustrant. On est souvent appâtés par les démarrages de ses histoires et très vite le soufflet retombe malheureusement. Ce fut le cas dans son troisième roman, c’est le cas dans ses nouvelles. Je ressors donc mi-figure mi-raisin.

Je ne peux pas nier que le monsieur a de l’imagination et qu’il sait raconter des histoires aussi bien en format long qu’en format court. Il a une plume simple et facile à suivre qui lui permet aussi bien d’être synthétique que de développer sur de longs passages. Omale, la planète qu’il a imaginé et les Rehs, les peuples, qui y vivent me fascinent. Chaque petit passage qui nous livre de nouvelles informations pour eux suscitent mon intérêt et me réveille tandis que le reste émet un doux ronronnement qui a tendance à me faire sommeiller. C’est dommage qu’il n’aille pas plus loin. On a l’impression que ce sont juste des décors aux aventures qu’il souhaite raconter mais celles-ci sont souvent un peu plates face au potentiel inexploité de son univers.

Son roman La Muraille Sainte d’Omale en est un très bel exemple. Démarrant comme un récit d’exploration, avec un groupe de héros partant enquêter sur ce lieu emblématique de leur monde qui semble avoir subi des dommages. Cela se transforme en cours de route en banale SF militaire, avec mercenaires à la clé et héros captifs. Bof. Heureusement, on finit par revenir à l’intérêt premier de cette histoire mais la résolution est tellement simple après le vertige qu’elle proposait que cela fait l’effet inverse et que j’ai été déçue par ce manque d’expertise de l’auteur, promettant une SF scientifique qui ne vient pas… Je suis clairement en manque de Hard SF et de son vertige ici.

En exprimant dans la préface le souhait de l’auteur de développer les différents du peuplement de cette planète à travers plusieurs nouvelles, mes espoirs furent à nouveau éveillés, mais rebelote, j’ai eu l’impression qu’Omale et les Rehs ne servaient pas à grand-chose au final dans la plupart des récits des Omaliens, le recueil de nouvelles de l’auteur. Seules peut-être Aparanta, relatant l’arrivée des premiers colons et L’Affaire du Rochile ainsi que Patchwork, qui mettent en scène des questionnements autour des relations entre les différents peuples ont su susciter mon intérêt et répondre à mes attentes. Aparanta malgré son classicisme offre la démesure d’un space opera qui dérape en planet opera. L’Affaire du Rochile a une belle ambiance de polar à l’ancienne. Patchwork emprunte au registre de l’horreur et du gothique avec sa morgue et son Dr Frankenstein. Les autres nouvelles, que je ne cite pas, m’ont semblé au mieux fades, au pire brouillonnes.

Après un premier roman aussi vertigineux, malin et fascinant qu’Omale, j’attendais vraiment énormément de l’univers imaginé par l’auteur. Je suis déçue qu’a aucun moment il n’ait développé celui-ci comme je l’aurais voulu et qu’il m’ait tant laissée sur ma faim. Il y a certes quelques pages sur la vie des différents peuples (Rehs) dans ses confins, sur leurs relations complexes, mais rien de vraiment approfondi et mis en valeur pour nous emporter, nous remuer. Et la promesse d’aller plus loin, vers les origines de ce monde, n’est pas tenue dans ces intégrales, alors qu’en bonne fan d’Asimov, c’était ce que j’attendais le plus ! Une saga dont la lecture est divertissante, facile, plein de promesses, mais qui me laisse terriblement sur ma faim.

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis deElise M (3e roman : La Muraille Sainte d’Omale), Vous ?

7 commentaires sur “Omale de Laurent Genefort

    1. Il y traînait aussi chez moi et j’ai profité des vacances pour m’obliger à l’en sortir car moi aussi la bête m’impressionnait.
      Après même si je suis tiède, je pense que la lecture du premier roman vaut éminemment le coup quitte à zapper le reste.

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  1. L’univers semble plus intéressant que l’intrigue en elle-même… Je ne pense pas me lancer, mais comme toi, une pyramide sur la couverture m’attirerait (l’effet Stargate? 😆 ).
    Je plussoie pour la mention de l’intégrale sur la couverture, mais quand je vois certaines de mes séries qui n’ont même pas de numéro de tomes…

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