Livres - Fantasy / Fantastique

Le secret d’Avalon de Marion Zimmer Bradley

Titre : Le secret d’Avalon

Auteur : Marion Zimmer Bradley

Éditeur vf : Ed. de Fallois / Le Livre de Poche (Fantasy)

Année de parution vf : 1997-1998

Nombre de pages vf : 542

Histoire : L’inoubliable saga des Dames du Lac, prolongée dans Les Brumes d’Avalon, nous faisait revivre l’histoire du roi Arthur, depuis sa naissance sous l’égide de Merlin jusqu’à la mort du roi-héros et à sa mystérieuse translation dans l’île d’Avalon. A la fois finale et prologue de cette vaste épopée, ce volume nous ramène aux sources de la légende. En ce temps-là, les légions de Rome prennent pied sur le sol de Grande-Bretagne. Face à elles, un peuple farouche et désuni va se forger une âme commune dans une lutte de plusieurs siècles. Cependant, réfugiés sur l’île sacrée, invisible derrière sa ceinture de brumes, Druides et Prêtresses vont gouverner le cours de cette histoire sanglante. Comment Dierna, Viviane, Caillean vont préparer l’avènement du roi Arthur ; comment la Reine des fées va leur prêter son concours ; quelles paroles prophétiques Merlin prononcera-t-il aux frontières du Pays d’Eté : tels sont les secrets révélés dans cet envoûtant récit, enraciné aux confins de la Magie et de l’Histoire…
Mon avis :

– Cycle d’Avalon : Tome 4 (Tome 1 ; Tome 2 ; Tome 3) –

Je poursuis ma découverte + relecture, selon les tomes, du vaste cycle d’Avalon de Marion Zimmer Bradley. Après la Chute d’Atlantis et Les ancêtres d’Avalon qui prenaient place auprès de la mythique Atlantide et ses descendants, place depuis le tome dernier (La colline du dernier adieu) à l’époque où les Romains jouent les colonisateurs en Grande Bretagne face aux autochtones, pour faire peu à peu le lien avec l’époque d’Arthur, Merlin, Viviane, Morgane et les autres.

Jusqu’à présent Marion Zimmer Bradley avait toujours fait le choix de mettre en avant un couple, un duo de héros dans chacune de ses histoires et de nous faire les suivre tout le long de leur tragique destinée. Ici, changement de cap. Pour raconter cette longue période entre l’occupation romaine et le début d’un royaume aux mains des Anglais, l’autrice choisit de nos compter trois destins, sur trois périodes et avec trois histoires différentes et autant de personnages. L’avantage : on voit le développement de sa pensée sur le long terme. Le désavantage : toutes les histoires ne se valent pas.

Parus après Les Dames du Lac, ce volume se veut un peu sa genèse, il raconte donc surtout l’histoire d’Avalon et de celles qui ont contribué à en faire un lieu de légende. Adorant ce genre de mythologie, j’ai été particulièrement gâtée ici, même si c’est surtout dans la première et dernière histoire que celle-ci est développée, la seconde étant plus « historique » dans un sens. L’autrice nous fait faire la connaissance des prêtresses qui ont poursuivi l’action des héroïnes de ses romans précédents et de ce fait, elle fait un lien subtil mais puissant entre magie ancestrale, magie de la terre, magie familiale. C’est beau, c’est fort, c’est poétique. Le contexte celto-romain contribue à merveille à cette ambiance si particulière car on y voit se confronter deux modes de pensées, deux modes de vie différents avec des achoppements difficiles, que ce soit entre « anglais » et romains ou encore païens et chrétiens. Mais de cette altérité naîtra aussi une conscience de peuple et c’est ce que j’ai aimé voir immerger ici, avec le futur mythe du libérateur des Anglais qui commence à prendre racine.

Dans la première partie, La Sybille, nous nous situons entre 96 et 118 de notre ère et nous suivons Gawen, fils né de l’idylle complexe de la précédente histoire La colline du dernier adieu. Celui-ci est entre deux peuples, à la fois Anglais et Romains. Tiraillé, il va essayer de se fondre dans les deux et nous allons assister au résultat complexe de cela, avant de voir émerger en lui une première figure héroïque préfigurant Arthur. J’ai beaucoup aimé dans cette histoire assister aux premiers temps d’une Avalon encore visible de tous, qui tente d’aller vers l’autre pour peu qu’il ne soit pas fermé, mais qui subit bien des vexations. On sent monter la rancoeur malgré eux de ces premiers Anglais face à l’inéluctable envie de tout envahir des Romains. C’est très classique, très manichéen mais ça fonctionne plutôt bien dans ce type de récit, et cela permet de voir naître prophéties et artefacts magiques du bien contre le mal pour se libérer ainsi de l’envahisseur.

La deuxième histoire, L’Impératrice, qui prend place entre 285 et 293 de notre ère, prend d’ailleurs un virage plus politique et historique, avec fort peu de magie. Elle nous raconte le destin de Teleri, fille/soeur de prêtresse, sacrifiée et vendue en quelque sorte à un Romain afin d’asseoir le pouvoir de ce dernier et de faire d’Avalon, désormais caché et retiré, un lieu de pouvoir et conseil pouvant agir dans l’ombre sur les Romains, mais cela ne fonctionnera pas. Cette histoire est plus sombre, plus tragique, plus complexe aussi à suivre. Je l’ai trouvé moins poétique, moins puissante, plus terre à terre. Je comprends ce que l’autrice a voulu raconter et impulser avec cette tentative d’Avalon pour influer sur les destins des mortels mais la forme fut pleine de longueurs car nous étions essentiellement à suivre l’ambitieux mari de Teleri. Cependant, j’ai aimé retrouver ces tiraillements entre femmes qui s’admirent mais se repoussent, comme c’était le cas dans les premiers tomes avec les descendantes d’Atlantis, ici cela leur fait directement écho et il y a de puissants messages sur la place de la femme, le mariage, l’amour, etc.

La troisième et dernière histoire, ma préférée, met en scène des personnages que les fans du cycle arthurien connaissent bien : Viviane et Ygerne/Igraine. La fille d’Avalon se déroule en 440-452 de notre ère et cette fois Avalon y est totalement cachée désormais aux regards des hommes hors élu(e)s. On y suit le destin de deux femmes, mère et fille : Ana et Viviane. La première Grande prêtresse avait envoyé sa dernière fille au loin et la rappelle près d’elle après avoir perdu ses soeurs qui devaient lui succéder. En suivant le destin de la têtue Viviane, nous plongeons dans les secrets et les arcanes d’Avalon, nous y vivons même à ses côtés et c’est passionnant de voir comme les déchirements de ces femmes sont beaux, émouvants, puissants et significatifs pour ce que deviendra Avalon et l’Angleterre en train de naître. Dans cette histoire, comme dans la première, se mêlent à merveille magie prophétique avalonienne et constitution progression d’un âme commune anglaise autour du mythe du Grand libérateur. On voit apparaître le Saint-Graal, on reparle d’une certaine épée magique, on voit en action les brumes d’Avalon, tout y est pour avoir cette poétique et subtile ambiance propre au cycle arthurien qu’on connaît. On approche, on approche.

Avec ces trois histoires, Marion Zimmer Bradley aura peu à peu fait le lien entre les différentes parties de son cycle. Elle aura repris des thématiques féminines très fortes autour des relations mère-fille, du mariage, de l’amour, de l’enfantement et de la maternité. La magie d’Avalon n’est pas le seul atout et le seul charme de ce cycle tellement entêtant une fois qu’on a pénétré dedans.

Comme dans le tome précédent, j’ai donc pris un vif plaisir à découvrir comment Marion Zimmer Bradley tisse sa toile pour relier magie ancestrale atlante, magie celte devenue avalonienne et histoire des terres anglaises. Entre poésie, prophétie, magie, prêtresses et futurs élus, l’autrice nous charme et nous fait voyager dans ce lointain passé où la conscience nationale n’existe pas, mais l’attachement à ses terres et ses traditions oui. Elle a parfaitement su faire revivre, pour moi, les tensions existantes entre les deux cultures, leurs luttes, leurs victoires et défaites et les nouveaux adversaires qui ne manquent pas de surgir pour peu à peu arriver à la constitution d’un peuple uni derrière la même bannière et le même destin. Que j’ai hâte de faire la césure avec le cycle arthurien et ses Dames du lac ! 

-> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Tenseki, Mina, Davalian, Vous ?

10 commentaires sur “Le secret d’Avalon de Marion Zimmer Bradley

  1. Comme les trois quarts des autres commentateurs, cela me rappelle des souvenirs =)
    Cela fait longtemps que j’hésite à les relire, d’autant que j’ai vu sur Livraddict une suggestion d’ordre de lecture par ordre chronologique des évènements, avec des tomes que je ne connaissais pas du tout.
    Ravie de voir que tu as passé un bon moment, en tout cas.

    Aimé par 1 personne

    1. Je suis justement cette suggestion de Livraddict et je fais de belles découvertes comme ça même si ça me fait trépigner d’impatience à l’idée de retrouver bientôt ces chères Dames du Lac !
      Merci en tout cas et j’espère que tu oseras franchir le cap 😉

      J’aime

Laisser un commentaire