Titre : Les fleuristes du coin de la rue
Auteur : Fumiyo Kouno
Éditeur vf : Kana (Made In)
Année de parution vf : 2023
Nombre de pages vf : 174
Résumé : C’est pour réclamer un loyer impayé que Rin Shimizu, employée d’une agence immobilière, rend visite pour la première fois à Urara Hiwa, fleuriste indépendante.
Elle découvrira à ses dépens la personnalité un peu loufoque de cette jeune femme passionnée de fleurs. De plus, suite à un malheureux malentendu, Rin se fait virer de l’agence. Afin de nouer les deux bouts, elle décide de travailler chez la fleuriste. Ainsi, elle est amenée à découvrir le quotidien paisible et haut en couleur à la fois de ce petit fleuriste de quartier qui, malgré elle, a l’occasion d’entrer momentanément dans la vie intime de leurs clients à travers leurs achats. Ce travail l’amènera aussi à faire de nouvelles rencontres et à découvrir des aspects méconnus de la personnalité de ses anciennes connaissances.
Rin apprendra aussi petit à petit le langage des fleurs, car parfois, sa patronne se met à parler bizarrement en jonglant habilement avec le langage des fleurs…!
Mon avis :
Quel plaisir de retrouver le trait, l’humour et l’univers si familier de Fumiyo Kouno sur les étals des libraires et en plus de savoir que ce ne sera pas que pour un titre et que Kana nous promet à la fois inédits et rééditions dans les prochains mois. J’ai hâte !
Ces dernières semaines, j’avais entrepris de relire et découvrir également les titres que je ne connaissais pas encore de l’autrice et j’avais eu à nouveau un coup de foudre pour la simplicité de son trait, l’honnêteté de ses histoires et l’humour tendre de ses récits. Elle incarnait vraiment la phrase d’André Gide qu’elle aime tant et que l’éditeur se plaît à citer : « Je ne me suis jamais senti grand goût pour portraire les triomphants et les glorieux de ce monde, mais bien ceux dont la plus vraie gloire est cachée. »
Avec Les fleuristes du coin de la rue, l’éditeur nous propose de revenir aux premiers travaux de l’autrice afin de découvrir sur quel champ nu ont germé les beaux moments de vie qu’on connaît déjà. Ce n’est pas sans émotion que j’ai entrepris ce voyage, bien accompagnée qui plus est par la postface éclairante de l’autrice. Découpé en 3 partis, ce volume propose d’abord quelques récits dans ce format proche du yonkoma (récit en 4 cases) qu’on lui connaît où l’on suit deux fleuristes, puis pour scinder le tome en 2 avant de revenir vers elles plus tard sous un autre point de vue, ce sont des histoires courtes de jeunesse, sans lien entre elles, qui nous sont offertes. Un mélange réussi d’histoires qui peuvent sembler hétéroclites mais qui ont une belle unité de ton.
De quel ton il est question me direz-vous ? De celui du quotidien, mais un quotidien bon enfant, magnifié sous le tendre regard de l’autrice qui parvient toujours à trouver du positif dans chaque situation pour au moins le raconter avec cocasserie. C’est donc drôle et tendre de suivre chacun des moments croqués, que ce soit une employée de bureau trop charmante qui se fait renvoyer et trouve un petit job chez une fleuriste lunaire, que ce soit un employé de supérette banal n’osant déclarer sa flamme qui devient héros malgré lui lors d’un braquage, ou une chienne se transformant en humaine pour son maître qu’elle aime tant, même une employée de bureau peu souriante subissant une arnaque à la relation sentimentale et j’en passe. Fumiyo Kouno croque le quotidien avec humour et recul, le rendant vraiment savoureux.
Dans ces histoires de jeunesse, on retrouve donc déjà les qualités de ses futurs récits que seront Une longue route, Pour Sanpei, Dans un recoin de ce monde ou Le pays des cerisiers : un trait simple un peu enfantin, des personnages banals auxquels on peut s’identifier à qui il arrive des mésaventures mais qui se relèvent avec le sourire et une efficacité narrative imparable. Je l’ai lors d’autres chroniques, mais elle est un peu pour moi un Taniguchi au féminin, reprenant le côté contemplatif de ce dernier et sa simplicité, mais avec une touche encore plus sensible et rigolote. J’ai donc beaucoup aimé ces petites histoires qui semblent faites de rien. On y suit le quotidien parfois malheureux, souvent maladroit et toujours gentillet de nos héroïnes fleuristes. On y parle de fleurs et langage des fleurs, de leurs pouvoirs à nous faire nous sentir mieux, de main tendue, de chaleur humaine et d’amitié. Les deux parties : la version Hiwa et la version Akashi se complètent à merveille et donnent une teinte différente à chacune dans un commun sentiment de bienveillance lumineux et chaleureux. C’est le genre de scénettes qui met du baume au coeur.
Amateur de tranches de vie simples mais lumineux et bon enfant, n’hésitez pas à découvrir l’univers doux et sincère de Fumiyo Kouno qui parvient à sublimer chaque situation du quotidien même celles un peu morose. Avec elle, tout n’est que simplicité, calme et tendresse avec des personnages attachants où on peut se reconnaître. Ça ne peut que donner envie de plonger dans l’ensemble de sa bibliographie !
> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : L’Apprenti Otaku, Vous ?
La tendresse qui se dégage du manga se dévoile déjà dans sa couverture au charme presque suranné. Cela fait plaisir de voir des titres qui ne jouent pas sur l’extraordinaire mais mettent avec bienveillance et drôlerie en scène l’ordinaire ou du moins des personnages auxquels on peut s’identifier 🙂
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Oui j’aime de plus en plus les titres qui nous montrent aussi comment regarder positivement le quotidien. Ça fait beaucoup de bien ^-^
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Wesh ! Merci pour la mention.
Même si j’ai été plus mesuré que toi au final, je te rejoins quand même sur le fait que ça donne envie de lire les autres titres de la mangaka, ce qui est déjà une belle réussite en soi !
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Si on se rejoint sur ce point, je te pardonne ton enthousiasme plus mesuré comme tu me pardonneras mon manqué d’envie sur All out ><
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Je trouve toujours en moi le pardon, ne t’en fais pas !
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Ça c’est depuis que tu es père, ça t’a appris à pardonner 🤪
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Si tu savais… J’irai pas jusqu’à parler de « pardon » pour mes enfants, car ça me semble un peu fort, mais disons que ça t’apprends à prendre sur toi quand même !
Comme je dis souvent « c’est toujours à papa de faire contrition ! »
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Excellente devise et oui, les enfants apprennent la patience, tu as bien raison !
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Oh ça semble tout tendre et tout mignon rien que dans les lignes déjà, même si certaines saynètes sont un peu plus moroses, on sent une certaine subtilité dans ces cases. Merci pour cette jolie découverte. 🙂
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Avec grand plaisir. L’autrice a effectivement un univers très doux-amer où ses compositions un peu enfantines tranchent. C’est charmant.
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Les dessins sont toujours à part, un peu enfantin, mais ils dégagent quelque chose, même sans dialogues les dessins présents dans chaque case permettent de faire passer des émotions.
Une lecture douce amère de la vie, toujours mélancolique, avec son lot de problèmes ; mais un optimisme fou dans la vie et dans un avenir meilleur.
Un manga tranche de vie plaisant à lire qui ne verse pas dans le pathos mais dans la beauté de la vie malgré son lot de difficulté.
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Oui les personnages peuvent avoir 40 balais, ils ont toujours cette fraîcheur enfantine et j’adore ça chez elle !
C’est clairement du très beau tranche de vie, qui sait toucher et émouvoir avec trois fois rien.
Je vois que toi aussi ça t’a saisi et ça me fait plaisir ^-^
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