Livres - Jeunesse / Young Adult

L’automne chez Little Urban : Mille milliards de trucs (et de moutons) / Les 9 vies extraordinaires de la princesse Gaya

Comme ses collègues éditeurs jeunesse, Little Urban nous offre un début d’automne sous les meilleurs auspices ! Divertissements pour les plus jeunesses, apport de connaissances historiques et fantastiques pour les curieux et même voyages au sein des classiques intemporels et modernes. Un vrai bonheur !

  

Titre : Mille milliards de trucs (et de moutons)

Auteurs : Loïc Clément et Anne Montel

Éditeur : Little Urban

Année de parution : 2023 *Sorti le 13 octobre*

Nombre de pages  : 24

Histoire : A chaque heure de la journée, il y a mille milliards de petits plaisirs à s’offrir. Le plus dur, c’est de choisir ! Un album drôle, exaltant et poétique, à la croisée de l’imagier bric-à-brac et du « cherche et trouve » géant.

Mon avis :

Depuis que je connais l’univers graphique du couple Anne Montel – Loïc Clément, je ne peux m’empêcher de succomber à toutes leurs propositions et il y en a ! Ça va de la bande dessinée, en passant pour les petits romans, mais aussi les drôles de livres de cuisine et même les cherche-trouve à thèmes !

Cette année, ils reviennent comme l’an passé avec un nouveau cherche-trouve, après le succès de celui autour de Noël, qui était génial ! Mais cette fois, ils partent d’un matériau existant, un ouvrage déjà paru en 2014 chez Belin, qu’ils dépoussièrent ici !

En suivant leur héroïne, Lutine, la fille des héros de Professeur Goupil, les auteurs nous invitent adultes et enfants à aller à la rencontre de la journée d’une petite renarde espiègle qui ne veut pas se coucher. Mais pourquoi fait-elle cela ?

J’ai trouvé vraiment savoureux de découvrir les raisons de Lutine et de remonter le temps, faisant défiler la journée à ses côtés à coup de petit déjeuner, bain, habillage, jardinage, déjeuné, jeux et autres activités l’occupant. On retrouve bien le trait des auteurs tels que rencontré avec Goupil justement mais j’ai moins aimé que sur leur album consacré à Noël et aux lutins du Père-Noël. J’ai trouvé celui d’aujourd’hui plus simple.

Il en va de même pour ce cherche et trouve, amusant certes, pouvant permettre de beaux échanges langagiers avec le jeune enfant, mais peu porteur de double sens contrairement à celui qu’ils nous ont offert pour Noël dernier où il y avait une histoire dans l’histoire dans les planches. Ici, ils se contentent de poser une tonne d’objets sous nos yeux et c’est tout. Alors les objets peuvent être savoureux, il y a plein de références à la pop culture et ce de tout âge, mais cela ne m’a pas mis d’étoiles dans les yeux. Je m’attendais à plus de leur part.

Divertissement amusant et nouvelle façon de travailler le langage et les échanges avec le jeune enfant, ce cherche et trouve invite à se plonger dans le quotidien d’un tout petit et met joliment en scène sa journée. On se plaît à se perdre dans ces pages en cherchant une boîte de céréales, des jouets dino ou une carotte croquée, mais j’ai connu les auteurs plus inspirés et plus drôles. Celui-ci est presque trop sage. Dommage.

(Merci à Little Urban pour ce moment des plus divertissants).

Titre : Les 9 vies extraordinaires de la princesse Gaya

Auteurs : Annie Agopian, Fred Bernard, Anne Cortey, Alex Cousseau, Anne Jonas, Henri Meunier, Ghislaine Roman, Cécile Roumiguière, Thomas Scotto et Régis Lejonc (aux dessins)

Éditeur : Little Urban

Année de parution : 2023 *Sort le 6 octobre*

Nombre de pages  : 120

Histoire : Victime d’un terrible sortilège, l’innocente enfant meurt, et ce bien trop tôt. De siècle en siècle, de la Bavière médiévale qui l’a vue naître aux confins du Mexique, de la Chine impériale aux forêts oubliées de la Grèce ottomane, Gaya va connaître, sous d’autres noms et à différents âges, neuf vies extraordinaires… car tel est le destin de la princesse qui sut attendrir la mort.

Mon avis :  

Projet éditorial singulier comme aime parfois en mener Little Urban, après une adaptation en grand format d’un classique avec Maroussia ou le détournement de nos chères fables avec Les fabuleuses fables du bois de Burrow, c’est au tour du roman picaresque et du roman initiatique d’être revisité pas moins de 20 petites mains !

Tel un jeu dans un atelier d’écriture, les 10 auteurs de ce recueil ont joint leur force pour nous conter le destin d’une princesse : Gaya, dans ses 9 incarnations, à 9 moments différents de l’histoire de notre planète et dans 9 styles différents, tous portés en images par Régis Lejonc. Sacrée aventure ! Il a dû falloir beaucoup de patience et d’abnégation pour le mener à bien, ainsi qu’une sacrée organisation, car toutes les pièces du puzzle s’agencent à merveille dans ce grand tout qui nous conte le désir de liberté de 9 femmes qu’on pense être différentes mais qui sont toujours la même.

Ainsi chaque auteur a pu choisir le style d’histoire et d’héroïne qui lui convenait, le lieu et l’époque aussi, afin de varier les plaisirs et de trouver son identité, après le défi que leur a lancé Régis Lejonc en confiant à chacun une illustration différente représentant son histoire qu’il allait devoir développer. Un sacré défi créatif relevé haut la main ! Ainsi, c’est Ghislaine Roman qui ouvre le bal dans un univers de conte de fée chevaleresque ; suivie par un Alex Cousseau qui nous emmène en Asie ; tandis qu’avec Thomas Scotto, on plonge au coeur d’une forêt de géants ; forêt primordiale reprise par Fred Bernard à la sauce Conquistador ; alors qu’Anne Jonas nous emmène plutôt voguer sur les mers à l’époque des découvertes ; qu’Annie Agopian reste dans les îles mais évoque avec force l’esclavage et les enfants métis ; avant de revenir plus près de nous dans des forêts à la Robert Morris avec Anne Cortey ; puis un étrange quotidien à la Lewis Carroll avec Cécile Roumiguière ; pour finir par une modernité ancestrale à la Coco chez Henri Meunier. Que de voyage, que de lieu, d’époque, de cultures, de références !

Ce fut une lecture totalement dépaysante mais comme chaque artiste a imprimé sa marque, je peux dire que j’ai été plus sensible à certains qu’à d’autres, l’univers aidant ou bloquant. Cependant, j’ai aimé l’unité du tout avec sa mise en page soignée où chaque chapitre s’ouvrage sur une note colorée et se referme sur un médaillon doux-amer, le tout accompagné des dessins splendides et saisissants de Régis Lejonc en grand format. Ce portraitiste de talent m’a régalé d’une histoire à l’autre. J’ai aimé également le fil rouge qui se déploie d’une histoire à l’autre : la liberté des femmes, la lutte contre toute forme d’oppression, le droit à l’imaginaire aussi. Ces femmes ont toutes été inspirantes peu importe leur parcours et elles retranscrivent ainsi très bien le mythe de la réincarnation dans leur désir perpétuel de sortir des carcans de leur monde.

Nous sommes ici avec un bel objet mais un objet destiné à un public déjà un peu grand car le destin de ces femmes n’a rien de facile. Sous couvert de fantastique, les auteurs abordent les questions telles que l’esclavage, le mariage forcé, le colonialisme, la maltraitance, la différence et j’en passe. C’est souvent dur. Les pointes d’espoir sont présentes mais rares. On célèbre plus la force et le courage que la réalisation, collant ainsi à la réalité et ne cherchant pas à enjoliver. Ayant un âme sensible et poétique, j’ai été plus emportée par les récits plus doux de Gaya (au début) et Gillian et Gayane (à la fin), mais j’ai également beaucoup apprécier les aventureuses Galla et Goia. Nulle doute que vous trouverez vous aussi vos chouchous au milieu de ces 9 portraits !

Objet singulier, objet surprenant, objet puissant, Les 9 vies extraordinaires de la princesse Gaya sont une proposition surprenante à l’heure où notre société est de plus en plus individuelle : une oeuvre collective, un défi créatif lancé à 9 auteurs de talent, dans le but commun de célébrer la liberté de la femme. J’ai parfois été hermétique à certaines histoires à la rédaction trop rigide mais je salue le projet et l’ambition. Le message m’a bien trouvé et l’évasion m’a emportée. Bravo pour cette riche aventure éditoriale !

(Merci à Little Urban pour cette expérience unique)

9 commentaires sur “L’automne chez Little Urban : Mille milliards de trucs (et de moutons) / Les 9 vies extraordinaires de la princesse Gaya

  1. Appréciant le duo Loïc Clément et Anne Montel, je tenterai ce cherche et trouve si je le trouve d’occasion, mais c’est surtout les 9 vies qui me fait de l’oeil. J’aime beaucoup le concept de départ et la manière dont les artistes arrivent quand même à suivre un fil conducteur et à aborder sous couvert de fiction d’importantes thématiques.

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