Livres - Fantasy / Fantastique

La Cité Diaphane d’Anouck Faure

Titre : La Cité Diaphane

Auteur : Anouck Faure

Éditeur : Argyll

Année de parution : 2023

Nombre de pages : 258

Histoire : Merveille architecturale élancée vers le ciel, Roche-Étoile a connu la splendeur et la chute. La cité sainte de la déesse sans visage est maudite, réduite à l’état de nécropole brumeuse depuis que les eaux de son lac et de ses puits se sont changées en poison mortel.
Sept ans après le drame, l’archiviste d’un royaume voisin se rend dans la cité défunte avec pour mission de reconstituer le récit de ses derniers jours. Mais il s’avère bientôt que Roche-Étoile abrite encore quelques âmes, en proie à la souffrance ou à la folie, et celles-ci ne semblent guère disposées à livrer leur témoignage.
Un jeu de dupe commence alors entre l’archiviste et ces esprits égarés, dans les dédales d’une cité où la vérité ne se dessine qu’en clair-obscur, où dénouer la toile du passé peut devenir un piège cruel.

Mon avis :

Avec sa couverture fine et pleine de mystère, ses eaux fortes envoûtante et son aura, La Cité Diaphane a fait parler d’elle dès sa sortie. Mais moi, j’attendais le bon moment pour en emprunter les allées. Il me fallait cette période de l’année où le fantastique s’immisce partout et je l’ai trouvé !

Avec sa plume et ses pinceaux terriblement oniriques, Anouck Faure m’a fait vivre une bien belle expérience entre conte de fée de la Renaissance et conte courtois du Moyen Âge. Elle m’a aussi donné l’impression d’arpenter les rues interdites de la maudite Shadar Logoth de la Roue du Temps. Ce fut donc un voyage des plus étranges dans lequel je me suis immergée le temps d’une belle soirée pluvieuse et froide.

Comme je le pressentais, La Cité Diaphane est avant tout un titre d’ambiance. Il a donc tout pour cliver les lecteurs. Soit on se laisse embarquer par la plume poétique de l’autrice et le voyage singulier qu’elle propose, soit on trouve cela artificiel et vain. Aimant les belles plumes, aimant les voyages étranges, aimant les plongées dans l’inconnu et les méandres des pensées des personnages figurés en cheminements réels, j’ai adoré, mais je pense que cela peu en rebuter plus d’un. L’autrice nous invite en effet à revisiter le merveilleux dont sont faits les contes mais avec sa touche d’artiste plasticienne. Ainsi la Cité de Roche-Etoile, lieu de l’histoire, en est également le personnage principal et sa matérialité prend beaucoup de place. J’ai aimé déambuler dans ce lieu perdu, abandonné, nécropole brumeuse et étrange dont personne ne comprend ce qui lui est arrivé. C’est un peu comme visiter le château de la Belle au bois dormant pendant le maléfice. 

Cependant l’autrice ne s’arrête pas là. Elle propose une vraie aventure, une aventure tragique qui vient gratouiller avec noirceur l’âme de ses personnages. Elle plonge ainsi dans les racines de la cité et dans les racines du mal. Elle nous propose pour cela de suivre un personnage tout aussi retors que le lieu où on se trouve : sorcier, archiviste, père – mère des anciens souverains, il est tout et rien à la fois, mais encore là dans ces allées. Étrange personnage, il fera revivre l’âme de la Cité et des habitants le temps de sa quête, accompagné d’un forgeron anti-héros et d’un prince pas plus héroïque que le premier, des personnages qui ont tous une fibre qui n’aurait pas dû les placer sur notre chemin, mais ils sont là. Cependant, l’autrice crée une sorte de barrière entre eux et nous qui rend compliqué le transfert d’émotions entre nous, sauf à de trop rares moments.

Le rythme de l’histoire est lent, retors, étrange souvent, perturbant parfois. L’autrice fait démarrer son histoire dans une brume épaisse, qu’on croit voire se dissiper lors des premières déambulations dans la Cité mais qui ne se referme qui mieux sur nous ensuite. La quête de notre archiviste prend ensuite la relève et nous emmène dans le passé de ce lieu, avant qu’un autre protagoniste prenne la relève pour nous entraîner dans les racines et origines de celle-ci. J’ai aimé cette lenteur onirique et envoûtante qui a participé à mon immersion dans ce sombre univers poétique, un brin macabre et glauque aussi parfois, par touches.

Le ton général de l’oeuvre est d’ailleurs bien sombre derrière la joliesse et la finesse de cette Cité enchantée de Roche-Etoile. On pourrait se croire dans un joli conte de fée, mais ce sont dans ses sombres coulisses dérangeantes que nous entraîne l’autrice, à l’aide de roi fou, de mère absente, de géniteur/trice des plus dérangeants et de personnages à qui on donne un rôle dont ils ne souhaitent pas. Cela n’a donc rien de lumineux. C’est une quête plutôt sombre qui se dessine, dont les réponses le seront encore plus, car c’est un conte macabre, gothique que nous propose Anouck Faure, avec une dimension incarnée qui va aux racines de ce mot grâce aux monstruosités qu’elle travaille dans leurs chairs. Je n’étais pas prête mais j’ai adoré ce décalage avec la finesse première de la cité qui la rendait aussi fine et pure que de la dentelle, alors qu’elle renfermait un secret bien plus sale et poisseux.

Aussi vertigineux que sa couverture, le premier roman d’Anouck Faure nous entraîne dans les entrailles d’une Cité aussi belle en apparence que sombre dans ses racines. Ce fut un voyage sensible aussi onirique que poisseux, à l’image des sentiments tourmentés des personnages qui l’animent et nous y entraînent. Parfois un peu lointain, rappelant les personnages parfaits des romans courtois, avant que la chute de la Connaissance ne les incarne, ils terrassent le lecteur dans les dernières pages, pour une expérience tout à la fois sublime, vicieuse et viscérale. Je ne suis pas prête de lâcher l’autrice dans ses douces folies macabres.

-> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Sometimes a Book, Yuyine, Le Chroniqueur, CelineDanae, Bibliocosme, Fourbis et Têtologie, Lullaby, Léna, Vous ?

 

14 commentaires sur “La Cité Diaphane d’Anouck Faure

  1. Mais quel vendeur avis ! Clairement, je sens que cette œuvre est pour moi rien qu’avec son ambiance semblant des plus immersive et envoûtante. Tu connais ma sensibilité pour ce genre d’histoire ou j’aime me laisser porter. Je ne peux donc que me noter ce roman que j’avais vu passer s’en trop m’attarder.

    Merci à toi 😉

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  2. Oh tiens, j’ai justement lu une chronique à son sujet chez Zoé prend la plume tout à l’heure. 😊 Le contraste entre cet écriture poétique et la noirceur poisseuse du récit m’intrigue beaucoup. Et il faut dire que les illustrations ont l’air impressionnantes de détails. Zoé était un peu plus sur la réserve concernant la dernière partie du roman, qui lui ont apporté un sentiment de longueurs et de répétitions. J’avoue que son bémol me fait un peu peur, n’étant déjà pas habitué à cet environnement littéraire. Merci pour ta belle chronique Tachan, je garde l’idée en tête, pas pour maintenant mais on ne sait jamais. 🙂

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    1. J’ai tout lu d’une traite donc j’avoue que je n’ai pas eu le même sentiment que Zoé, j’étais totalement immergée dans cette aventure aux côtés des héros, dans ce monde étrange et singulier.
      Ravie en tout cas d’avoir suscité ton intérêt ^-^

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