Old Fashion Cupcake With Cappuccino de Sagan Sagan

Titre : Old Fashion Cupcake with Cappuccino

Auteur : Sagan Sagan

Éditeur vf : Akata (L)

Année de parution vf : 2023

Nombre de pages : 211

Histoire : Sanae Nozue vit sur un petit nuage depuis qu’il est en couple avec Minoru Togawa. Ce dernier passe d’ailleurs de plus en plus souvent la nuit chez lui. Mais tandis que leur amour semble se consolider, le quadragénaire commence à douter : est-il bien prudent de passer autant de temps ensemble ? Et leur relation, si elle venait à s’ébruiter, ne risque-t-elle pas de nuire à la carrière de l’homme qu’il aime ? Quand un collègue remarque que Togawa porte la cravate de son supérieur, les choses se compliquent…

– Suite de Old Fashion Cupcake –

Mon avis :

Il y a deux ans, je découvrais avec bonheur la romance entre Nozue et son subordonné Togawa. Je fondais en les voyant faire leurs premiers pas et je me régalais des problématiques plus adultes que bien des BL que j’avais eu l’occasion de lire : la différence d’âge, la vie en entreprise, le rapport de hiérarchie / lien de subordination. Avec sa nouvelle couverture encore plus intime, j’avais hâte de voir ce que le couple était devenu.

Un an après sa première histoire, Sagan Sagan a donc récidivé et retrouvé ces personnages qui semblent chers à son coeur et le sont devenus aux nôtres. Elle nous propose donc de les retrouver maintenant qu’ils sont ensemble depuis 6 mois pour voir où en est leur relation, car bien des questions étaient restées en suspens dans cet instantané qu’on avait eu de leur vie. Je m’attendais au vu de la couverture à un nouveau slow burn tout doux où j’aurais vu leur quotidien à deux en dehors du boulot. Raté ! L’autrice reprend les mêmes thématiques que précédemment et les prolonge. Et une fois de plus, c’est le boulot ou plutôt le regard des autres qui sera au coeur de la réflexion.

J‘ai pris beaucoup de plaisir à retrouver Nozue et les incertitudes qui le rongent et Togawa et sa force plus tranquille. Chacun me touche à sa façon. Le premier pourrait agacer car l’autrice le présente comme en boucle sur sa peur d’être le plus vieux, sa peur d’être découvert, sa peur qu’on lui reproche d’avoir dévoyé un subordonné. Togawa est donc narrativement moins pénible, il faut dire aussi qu’on le voit moins, il laisse plus poser les choses, semble prendre plus de recul et de distance, être moins dans la peur panique. Du coup, cela fait un bon équilibre entre les deux et la façon dont l’autrice présente le couple le rend réaliste.

J’ai beaucoup aimé ses réflexions sur le regard que la société porte sur bien des choses de notre vie intime et la façon dont ça nous pèse ensuite. Nozue a intégrer des codes de ce qu’on attend de quelqu’un de son âge et veut s’y conformer par peur qu’on lui fasse des reproches, alors que concrètement personne ne lui dit rien, c’est juste dans sa tête. Il a aussi peur de ce que ça relation pourrait provoquer au travail, entre le fait qu’il soit son supérieur hiérarchique et qu’ils soient deux hommes, cela reflète bien, encore, où en est la société japonaise par rapport à la question de l’homosexualité malheureusement. Ses peurs sont donc totalement justifiées et très parlantes dans une société où le poids du groupe est si forte. La scène où il en parle à ses meilleurs amis et collègues et poignantes.

Le revers, c’est qu’on passe le tome à suivre le couple en crise. Non pas qu’il y ait de grosses disputes avec des mots plus hauts l’un que l’autre, non, c’est juste une tension larvée permanente qui les empêche d’avancer, et c’est assez triste. On n’a pas comme je le pensais un petit cocon doux où on les verrait évoluer au quotidien, tranquille chez eux, à se câliner et chiller. A la place, on a un couple qui s’interroge sur son avenir, sa place, son existence même. Ce n’est pas désagréable, surtout avec d’aussi beaux personnages, mais c’est plus dur.

Heureusement, on a aussi quelques respirations au milieu de tous ces questionnements et l’autrice sait y faire pour découper ses planches en une multitudes de cases, afin de tout nous raconter dans le détail. J’ai adoré les scènes 100% quotidien où on voit combien ils sont fait l’un pour l’autre et seront parfait à vieillir ensemble côte à côte. Je suis fan des planches où l’autrice n’a narrativement pas grand-chose à raconter, où justement elle laisse un quotidien banal se déployer, c’est là qu’elle est la plus forte, à saisir les émotions du moment, de moments simples mais lumineux et doux.

En ajoutant du cappuccino à sa recette, Sagan Sagan, nous offre une suite douce amère à son beau Old Fashion Cupcake. C’est toujours aussi poignant et émouvant de suivre comment ces hommes vont réussir à vivre et s’épanouir dans leur relation alors que les codes de leur société pèsent sur eux. Slow burn moderne et mature, je ne serais pas contre une troisième rencontre avec eux quelques années plus tard.

 >N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Kiriiti, Vous ?