Livres - Jeunesse / Young Adult

Anatomy de Dana Schwartz

Titre : Anatomy

Auteur : Dana Schwartz

Traduction : Julie Lopez

Éditeur vf : Albin Michel

Année de parution vf : 2022

Nombre de pages vf  : 399

Histoire : Édimbourg, 1817.
Hazel est une jeune aristocrate à l’avenir tout tracé. Promise à un cousin, son rôle est de se préparer à devenir une épouse dévouée et soumise. Pourtant, Hazel rejette cette fatalité. Passionnée de médecine et aspirante chirurgienne, elle décide de braver les interdits liés à son sexe et à sa classe sociale pour suivre en secret des cours d’anatomie.
C’est alors qu’elle fait la rencontre de Jack, un voleur de cadavres travaillant pour le compte de l’université où elle étudie. À ses côtés, elle se sent plus libre et audacieuse que jamais. Et quand elle découvre que certains grands chirurgiens et membres de l’aristocratie réalisent d’étranges expériences sur les cadavres, elle décide de mener l’enquête…

Mon avis :  

J’avais lu l’an passé, en charmante compagnie, le percutant et stressant Corpse Queen qui m’avait beaucoup plus pour son mélange de thriller et de revendication d’une place égale pour les femmes dans un décor historique XIXe. J’étais donc enthousiaste à l’idée de retrouver le même genre d’ambiance avec AnatomyLove Story de Dana Schwartz, qui fut une lecture plaisant mais un peu plus lisse.

Jeune autrice, la duologie Love Story : Anatomy – Imortality est le titre qui a fait connaître Dana Schwartz. On peut dire que la demoiselle a déjà un certain talent pour mettre en scène une histoire fluide et prenante, pleine d’aventure dans un joli décor saupoudré d’histoire. Ce n’est pas une plume marquante, elle est plutôt simple, mais c’est justement sa force car ça rend la lecture facilement immersive. Elle sait également quoi prendre dans les romans historiques pour doter son histoire du vernis juste nécessaire pour la rendre crédible. C’est bien fait.

Bien sûr, elle ne révolutionne pas le genre. Anatomy offre le désormais classique schéma de la fille de notable qui au XIXe ne veut pas rester coincée dans sa condition et souhaite s’échapper de la cage dorée où elle est. C’est quelque chose qu’on a beaucoup lu dans les romances historiques victorienne et pré-victorienne. Mais ici, le petit plus, c’est que notre héroïne, Hazel, est férue d’anatomie et de médecine, et se rêve en chirurgienne. La voilà donc qui va se grimer en garçon pour aller suivre des cours auprès du fils/petit-fils du grand professeur dont elle dévore le livre depuis toujours.

Cela vous rappellera assurément The Corpse Queen paru un an plus tôt… mais des petites différences sont heureusement venues se glisser rendant l’histoire différente. Nous ne sommes pas vraiment ici dans un thriller haletant comme chez son prédécesseur. Il y a certes un mystère qui va poindre mais assez tardivement sur la même question des corps qui subissent des disparitions, mais également de pauvres hères qui subissent des mutilations. La réponse donnée est sensiblement la même d’ailleurs avec juste l’ajout d’une pointe de fantastique qui peut être prometteur pour qui lira la suite. J’avoue que ce premier volet me suffit en soi. Non, le récit est bien plus simple. On est vraiment sur un récit d’émancipation classique.

J’ai ainsi aimé y faire la rencontre d’Hazel, jeune adolescente bientôt femme adulte, qui se passionne pour ses études tandis que sa mère ne voit que son jeune frère après qu’elle ait perdu son aîné. Hazel est donc bien seule et l’autrice nous en fait quand même le portrait d’une fille soumise qui obéit un peu trop à ses parents et à la société et peine à se rebeller, ce qui peut être agaçant à lire, mais se comprend. C’est sa passion pour la médecine qui va lui offrir une voie d’émancipation et le courage de relever la tête. L’autrice va nous le montrer assez progressivement, au fil des rencontres et des actions de l’héroïne qui va se frotter aux médecins de son milieu ou encore au concours de l’Académie royale pour prouver sa valeur aux hommes de sa vie. Il faudra être patient. J’ai aimé ce cadre légèrement historique donné par l’autrice, notamment à travers la ville d’Edimbourg et surtout le chemin pour s’y rendre depuis le manoir d’Hazel. On sent vraiment qu’on est au XIXe alors.

Dans la même veine, j’ai aimé la peinture faite de la médecine et des connaissances médicales d’alors. Comme dans Corpse Queen, on revient sur la façon d’exercer celle-ci par expérience, tâtonnement et exploration, notamment à l’aide de ces fameux cadavres déterrés et fournis aux étudiants. Mais ici, j’ai eu l’impression d’assister à des scènes plus pointues sur le sujet, notamment lorsqu’elle s’est s’agit une fois d’en disséqué un ou de couper un membre à un autre. C’était bien plus concret, ce qui m’a beaucoup plu. J’ai aimé aussi voir Hazel exercer ses connaissances en soignant des gens du commun. Il y avait quelque chose de concret qui avait manqué à son prédécesseur. En plus, cela s’est fait dans un cadre qui m’a plu, certes un peu « facile », avec ces domestiques qui lui ont apporté leur soutien ou cet ami « résurectionniste » qu’elle s’est fait, mais c’était chaleureux de les voir opérer ensemble du coup.

Alors pourquoi ai-je moins aimé que The Corpse Queen ? Parce que comme j’avais déjà lu ce dernier, tout m’était prévisible. Je connaissais déjà le décor historique, les mécanismes autour de la médecine et du portrait de cette femme ayant envie d’émancipation. La romance est venue aussi s’ajouter sans surprise entre ceux que j’attendais. Les gentils étaient gentils. Les méchants étaient méchants. Tout était assez lisse et totalement prévisible, sans réelle aspérité en dehors des une ou deux scènes un peu détaillées sur la pratique de la chirurgie alors. Ça fait peu…

Sans surprise, voici une fiction à l’habillage historique et « féministe » qui se lit très bien et plaira à son public. La plume est accessible, le décor bien exploité, l’aventure bien ficelée. On passe donc un bon moment à suivre Hazel dans son désir de devenir médecin et sa lutte pour se faire reconnaître comme individu et non simplement comme femme. Mais c’est extrêmement lisse, prévisible, déjà vu et presque calqué sur The Corpse Queen, ce qui interroge quand même. Il lui manque en plus cette petite originalité, ce petit twist, en dehors du final qui est, quand même, bien tiré par les cheveux malgré les indices disséminés ^^!

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Steven, Lady Livre, Bianca, Marinette, Anouk, Vous ?

17 commentaires sur “Anatomy de Dana Schwartz

  1. J’ai trouvé que l’ensemble manquait de substance et que la liberté dont dispose l’héroïne est totalement anachronique (et la justification cousue de fil blanc). Du coup, ça m’a sorti de l’histoire, même si je reconnais qu’elle est facile à lire et ne manque pas de points positifs par ailleurs. J’en garde au final un sentiment de déception et ne lirai pas le deuxième tome.

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    1. Je te comprends très bien; Elle entre pour moi dans ces archétypes d’héroïnes qu’on cherche à nous imposer avec ces figures de « femmes fortes » parce qu’actuellement on veut vendre cela. Mais il faut comprendre que selon les époques, ça ne marche pas forcément, ou en tout cas pas de la façon dont on voudrait, c’est plus complexe, plus subtile. Je préfère le portrait des femmes comme Conrag dont on parlait hier, là, j’y croyais ❤

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  2. J’avais trouvé ce tome sympa (le 2ème presque décevant), mais clairement, il lui manque quelque chose qui le rendrait remarquable ou du moins, pas aussi facilement oubliable. J’ai eu l’impression que l’autrice cochait les cases du genre sans y mettre sa patte, et c’est une impression que je retrouve dans ton avis quand tu évoques le côté lisse et prévisible de l’ensemble…

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  3. C’est drôle car de mon côté c’est tout l’inverse mais il faut dire que j’ai déjà lu ce roman avant TCQ. Cela prouve que la première lecture reste souvent la plus marquante et sert surtout de point de repères quant à nos attentes dans le genre.

    Un peu comme LCdD et L’Arcane que je comparais souvent en cours de lecture et dont je vais découvrir ton avis final.

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    1. Oui, je ne suis pas du tout surprise que ça joue et tant mieux si ça permet ainsi d’avoir des avis différents, chacun pourra y trouver son bonheur.
      Alors moi, c’était plutôt avec la Roue du temps que j’avais découvert en même temps à l’époque que je faisais des parallèles dans ma tête lol

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  4. A chaque fois que je vois cette couverture je le dis mais elle m’intrigue toujours ! J’aime beaucoup cette mise en scène, qui s’accorde bien au titre je trouve. J’aime bien l’idée de la femme qui se bat contre les moeurs de l’époque pour devenir chirurgienne, pour avoir le droit d’apprendre et d’accéder à ce milieu médical. Alors ta comparaison me donne encore plus envie de lire The Corpse Queen, qui lui m’attend déjà dans ma liseuse. 😄 Du coup pour Anatomy, je verrais plus tard, surtout si tu dis que la lecture t’a parue plus lisse comparé à Thé Corpse Queen et surtout, que tu avais un sentiment de déjà vu.

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