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Les Annales du Disque-Monde – Cycle de La Mort de Terry Pratchett

Titre : Les Annales du Disque-Monde – Cycle de La Mort

Auteur : Terry Pratchett

Traduction : Patrick Couton

Éditeur vf : L’Atalante / Pocket Imaginaire

Années de parution vf : 1994-2005

Nombre de tomes vf  : 5 (cycle terminé) // 35 tomes + 12 hors séries (pour la saga complète)

Histoire : Mortimer court à travers champs, agitant les bras et criant comme une truie qu’on égorge. Et non. Même les oiseaux n’y croient pas. « Il a du coeur », fait le père adossé contre un muret. « Dame,c’est le reste qui lui manque », répond l’oncle Hamesh. Mais à la foire à l’embauche, la Mort le remarque et l’emporte sur son cheval Bigadin. Il faut la comprendre : elle a décidé de faire sa vie. Avec un bon commis, elle pourrait partager le travail quotidien, ce qui lui laisserait des loisirs. Un grand destin attend donc Mortimer. Mais… est-ce bien raisonnable ?

Mon avis :  

Mortimer (Tome 4 des Annales du Disque-Monde)

Terry Pratchett est un monument de la fantasy qu’on m’a souvent cité et recommandé. Il faut dire qu’avec sa vaste saga des Annales du Disqu-Monde il est devenu culte et a inspiré bien des auteurs ensuite. Cependant quand j’avais essayé d’y entrer, il y a bien longtemps, par le tome 1, logique !, j’étais restée sur le pallier. C’était avant qu’une collègue, fan, me dise : « Attends, prends cette anthologie sur La Mort, c’est la meilleure ! ». Ni une, ni deux, j’ai écouté et quelle bonne idée !

Décédé en 2015, Pratchett a laissé derrière lui une oeuvre considérable avec ses 35 tomes et 12 hors séries parus entre 1983 et 2014 rien que pour l’univers du Disque-Monde. Il a ainsi laissé tout un public orphelin. Je le connaissais de nom, forcément, comment passer à côté quand on s’intéresse à la Fantasy depuis aussi longtemps que moi. Mais je pensais que son registre : l’humour et la light fantasy, ne me correspondraient et je suis bêtement passé à côté pendant des décennies. Erreur ! Si on s’attaque au Disque-Monde par la bonne porte, on peut en sortir comblé. C’est ce qui m’est arrivé ici.

En débutant autrefois avec la Huitième couleur, j’avais peut-être pris un texte trop aride pour moi. En reprenant avec La Mort, j’ai de suite été plus séduite par la plume légère et virevoltante de l’auteur qui m’a rappelé les ambiances ô combien sarcastiques, caustiques et amusantes de Princess Bride et Good Omens dont j’ai vu les adaptations depuis. C’est simple, Pratchett, et son traducteur que je salue haut la main !, sont hautement irrévérencieux, barrés et inarrêtables ! A chaque qu’on imagine qu’ils n’iront pas sur cette fois parce que non, c’est trop gros, ils y vont et qu’est-ce que c’est drôle !

Je me suis ainsi régalée à vitesse grand V tout au long de ces courtes 240 pages à suivre le jeune Morty, embauché comme apprenti après de La Mort, oui oui La Mort, La Faucheuse, qui souhaite prendre des vacances parce qu’IL en a un peu marre quand même, ce qu’il ne dit à personne et qui cause bien des dérèglements. Suivre Morty, c’est comme suivre cet archétype du jeune héros de fantasy, bouseux à décrotter au début et prince ou quasi à la fin. Et Pratchett appuie justement et avec malice là-dessus, il brode un récit détonnant et dépolissant sur tous ces codes de la high fantasy qu’on connaît si bien pour en faire un récit tordant à base de princesse à sauver, mais ou bien sûr rien ne se passe comme prévu. Il suffit d’ailleurs pour ça de voir le personnage de La Mort sorte de portrait, à la Pratchett, de l’employé de bureau londonien qui un jour pète une durite à force d’en faire trop. Cette allégorie qu’il porte autour de la valeur travail, on ne s’y attend clairement pas, et qu’est-ce qu’elle nous amuse en étant aussi décapante !

Tout l’art de l’auteur est dans sa science du rebondissement incessant et de la petite phrase qui fait toujours mouche. C’est pour cela que je salue le traducteur qui a dû vaillamment suivre l’auteur dans ses délires. Chapeau l’artiste ! Je me suis régalée avec cette verve, cet humour simple et partout si efficace. Pratchett en rajoute en plus en s’adressant directement à nous avec des notes en bas de pages, elles aussi fort amusantes où il tort et décortique tout ce qui fait la physique et la métaphysique de son univers. Jay Kristoff, Jenn Lyons et consoeurs qui aiment bien jouer de ce procédé, n’ont qu’à bien se tenir face au maître, qui est bien plus efficace et moins lourd qu’eux !

Alors tant pis si l’histoire est prévisible à souhait, limite on s’en moque, on se plaît surtout à suivre les échanges savoureux entre les personnages, à les voir tomber dans des pièges plus gros qu’eux, à voir bourdes sur bourdes. Juste ça, c’est tordant, prenant et savoureux. On ne se lasse pas de la plume si habile et virevoltante de l’auteur dans chaque situation avec des personnages tellement improbables derrière leur masque d’archétypes.

Alors vraiment aucun, aucun regret d’avoir écouté cette collègue et de lui avoir emprunté son anthologie sur La Mort pour enfin plonger et me régaler avec l’univers et surtout la plume folle de Terry Pratchett. Cette science de la langue, du calembours, de la calembredaine, qu’est-ce que c’est jouissif. Je ne pensais pas aimer la light fantasy, je découvre que ça me divertit incroyablement et que je savoure encore plus la plume de l’auteur, sa science de la mise en scène comique et de la petite phrase, grâce à cette histoire pauvre en enjeu. Je ne suis pas prête de lâcher Pratchett !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Yoda Bor, Cyan, Syndrome Quickson, Pages pluvieuses, Tasse de thé, Walpurgis, Vous ?

Le Faucheur (Tome 11 des Annales du Disque-Monde)

Fantômes, vampires, zombis, banshees, croque-mitaines… Les morts vivants se multiplient. Car une catastrophe frappe le Disque-Monde : la Mort est porté disparu (oui, la Mort est un mâle, un mâle nécessaire). Plus moyen de défunter correctement. Fini le repos éternel et bien mérité ! Il s’ensuit un chaos général tel qu’en provoque toujours la déficience d’un service public essentiel. Et pendant ce temps-là, dans les champs d’une ferme lointaine, un étrange et squelettique ouvrier agricole manie la faux avec une rare dextérité. La moisson n’attend pas…

Mon avis sera cette fois assez court, car après avoir adoré ma précédente découverte, cette lecture s’est soldée par un quasi abandon tant je n’arrivais à rentrer dans l’histoire. Exit l’ambiance d’héroïc fantasy, place à de l’urban fantasy et c’est de suite bien moins ma came. Même si ça reste barré, je n’ai pas trouvé la folie de l’auteur à la hauteur de la fois précédente. Le personnage de La Mort reste truculent à suivre, surtout ici où il veut arrêter son travail, mais ça ne suffit pas à faire une histoire avec un vrai scénario. J’ai plus eu l’impression d’une juxtaposition de scènes amusantes où l’auteur cherchait à placer une petite phrase à chaque fois que la réelle construction d’un récit. Résultat, je me suis amusée des portraits des créatures de la nuit, j’ai aimé « la chute » avec La Mort aux rats, mais je me suis plutôt ennuyée sur tout le reste et j’ai lu pas mal de passage en diagonale… Je ne suis plus si sûre d’être faite pour lire Pratchett xD Décidément, nous avons une relation des plus ambivalente, lui et moi.

24 commentaires sur “Les Annales du Disque-Monde – Cycle de La Mort de Terry Pratchett

      1. C’est un cycle qui est en effet souvent recommandé. Il faut que je me lance dans les romans de Pratchett mais j’appréhende toujours car il y a apparemment du bon, du très bon et, comme tu l’as constaté par toi-même, du mauvais. En tout cas, c’est prévu pour cette année – il faut bien commencer à un moment donné !

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      2. Je me revois encore à ta place et sans une collègue qui m’a mis le livre entre les mains j’y serais encore ^^
        Après comme tu l’as compris il semble y avoir de tout en il faut savoir trouver les tomes qui nous conviennent 😉

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  1. C’est vrai que c’est un auteur incontournable et je me dis souvent que je me prive d’une belle découverte en ne le lisant pas, mais j’avoue que l’ampleur de l’oeuvre m’intimide. J’ai été très intéressée de lire ton billet qui m’apprend qu’elle ne se lit pas forcément dans l’ordre et que les différents tomes peuvent donner des impressions très contrastées. J’en conclus qu’il faut bien cibler avec lequel commencer, peut-être le ferai-je avec Mortimer, vu ce que tu en dis. L’histoire tient-elle toute seule ? À quel point ces « cycles » sont-ils intégrés ?

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    1. Pour le peu que je peux en dire en tant que novice, on voit bien qu’il y a des références (brèves heureusement) à des personnages venant des autres romans mais on peut parfaitement lire et comprendre les tomes en solo, je trouve. J’ai eu une histoire parfaitement complète avec Mortimer.
      Et en tout cas, je ne recommande vraiment pas de commencer par le tome 1. Je n’ai pas aimé du tout. Et plusieurs ont souligné mon erreur de commencer par celui-ci quand je leur ai dit ^^!

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  2. C’est vrai que ça peut être un peu difficile d’entrer dans la série par les 2ers tomes, mais j’avais déjà lu De bons présages et Le grand livre des gnomes avant de me lancer dans le Disque-Monde et du coup c’était très bien passé pour moi.
    Le Cycle de La Mort est le préféré de pas mal de lecteur-ice-s, personnellement je préfère les inénarrables aventures des Soeurcières ou le Cycle du Guet. Vu ce que tu dis de ton manque d’intérêt pour l’urban fantasy, je te conseillerais plutôt les Soeurcières 😉
    PS: merci de m’avoir citée 😉

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      1. C’est clair que ça peut faire peur vu le nombre de tomes…
        C’est difficile de décrire les Soeurcières, pour être franche ^^ Commence par La 8e fille, c’est le 1er tome du cycle, même s’il n’y a qu’une des soeurcières. ça ressemble à un roman initiatique de fantasy classique, mais à la sauce Pratchett, c’est-à-dire drôle et féministe. (je crois avoir parlé de ce tome-là sur mon blog si tu veux en savoir plus)
        Le Guet, ce sont des enquêtes policières avec des créatures type vampire/nain/loup-garou/golem, etc, donc urban fantasy, mais toujours dans l’univers fantasy du Disque-Monde.

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      2. J’irai lire sur ton site si je trouve quelque chose merci.
        Effectivement, la 8e fille pourrait me plaire dit comme ça. Je suis moins sûre pour le Guet même si le côté enquête m’attire.

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      3. Les histoires du Guet sont simples d’accès et vraiment drôles, ça vaut la peine d’en tenter une et de voir si ça te plaît 😉 Au pire, tu n’aimeras pas et tu laisseras tomber.

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  3. Pour ma part c’est Mortimer dans lequel j’avais eu plus de mal à entrer, j’ai largement préféré le Faucheur ^^. L’oeuvre de Pratchett étant très diversifiée c’est tout à fait possible que certaines séries te plaisent plus que d’autres. J’ai adoré à peu près tout le Disque-Monde mais n’ai pas du tout réussi à entrer dans ses petits tomes Strate-à-gemmes et l’autre dont je ne me souviens même plus du titre qui je crois se voulait être du space-opera.

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    1. C’est sa faiblesse comme sa richesse, je trouve cette diversité. Dur de tout aimer et en même temps, il y en a pour tous les goûts et si on n’a pas aimé un titre, il semble possible d’en trouver un autre qui y colle plus. Le plus dur est de les identifier ^^!

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  4. J’adore les Annales du Disque-Monde, mais certains tomes sont des coups de cœur, d’autres me laissent davantage indifférente. C’est assez normal de ne pas forcément accrocher à tous les tomes tant ils sont divers, je pense^^

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      1. Oui, surtout que d’une personne à l’autre, on n’a pas forcément les mêmes « préférés » (en général, beaucoup de personnes aiment le cycle du Guet, Les Petits Dieux et Le Régiment Monstrueux, si un jour tu voulais réessayer ^^).

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