Vampyria de Victor Dixen

Titre : Vampyria

Auteur : Victor Dixen

Édition : Robert Laffont (Grand format) / Pocket (Fantasy) et Pocket (PKJ) pour le poche

Année de parution : Depuis 2020

Nombre de tomes : Grand format  : Saison 1 – 3 tomes / Saison 2 – 2 tomes sur 3 (en cours)

                                Poche : 1 tome (en cours)

Histoire : « Tu vas t’épanouir à Versailles telle une fleur exotique. Les vampyres du palais raffolent de tout ce qui sort de l’ordinaire. Mais attention : la Cour des Ténèbres a ses codes, ses pièges mortels, et le moindre faux pas s’y paye au prix du sang…

EN L’AN DE GRÂCE 1715, le Roy-Soleil s’est transmuté en vampyre pour devenir le Roy des Ténèbres. Depuis, il règne en despote absolu sur la Vampyria : une vaste coalition à jamais figée dans un âge sombre, rassemblant la France et ses royaumes vassaux. Un joug de fer est imposé au peuple, maintenu dans la terreur et littéralement saigné pour nourrir l’aristocratie vampyrique.

TROIS SIÈCLES PLUS TARD, Jeanne est arrachée à sa famille de roturiers et catapultée à l’école formant les jeunes nobles avant leur entrée à la Cour. Entre les intrigues des morts-vivants du palais, les trahisons des autres élèves et les abominations grouillant sous les ors de Versailles, combien de temps Jeanne survivra-t-elle ?

Mon avis :  

Tome 1 : La Cour des Ténèbres

Découvert il y a quelques années avec Phobos, Victor Dixen m’avait agréablement surpris par la simplicité et l’addiction de sa plume mais déçue par l’exploitation de l’univers pourtant intéressant qu’il avait imaginé. Fan de romans historiques et d’uchronie, j’avoue avoir été curieuse de ce qu’allait donner sa revisite de l’état louis-quatorzien à la sauce vampire avec Vampyria. Me voilà donc aujourd’hui à vous en parler.

~ Parlons tout d’abord de l’édition ~ La saga existe depuis 2020 et arrive tout juste en poche. A cette occasion, l’éditeur cherchant à toucher le maximum de public a sorti à la fois une version jeunesse dans sa collection « PKJ », qui reprend la couverture du grand format normal, et une version dans sa collection « Fantasy » adulte qui reprend la couverture de l’édition collector du grand format. Là-dessus pas de souci. Là, où j’ai quand même tiqué, c’est qu’entre les deux, il y a 80 centimes de différence au détriment de l’édition adulte. Pourquoi un tel choix pour des éditions similaires ? Je trouve ça culotté quand même ! Passons. La saga existe donc depuis 2020 et se décline en deux séries : la première est celle que nous découvrons, elle aura 3 tomes ; la seconde, elle, se passe après, aux Etats-Unis et est encore en cours, ce qui laisse augurer de beaux jours pour le lecteur qui accrochera à l’univers.

Et pour accrocher à l’univers, j’ai accroché. Même si dans ce premier tome, l’auteur esquisse à peine ce que doit être le royaume vampirique qu’il a imaginé, le peu qu’il a dit me fascine. J’ai beaucoup aimé l’idée d’un royaume français totalement transformé sous le prisme d’un Louis XIV qui, une fois âgé, ne voulant pas mourir, a trouvé le moyen de se faire transformer en vampire, transformant totalement son royaume et son peuple à l’occasion. L’auteur nous propose une nouvelle société où la hiérarchie est similaire mais différente de celle qu’on connaît en trois états. A l’aide de pages de préambule fort intéressantes, nous découvrons au sommet le roi et la haute noblesse vampires, puis en-dessous les mortels avec d’abord les docteurs et hobereaux de la basse noblesse et tout en bas comme on a connu, le quart état avec les roturiers. Quelle riche idée de reprendre ce qu’on connaît déjà pour le réinterpréter à la sauce vampire du Grand siècle. Ce décor m’a fait rêver avec son Roi portant un masque doré de soleil en permanence ne révélant jamais son visage, avec sa ville de Versailles entourée d’une muraille qui se referme le jour et s’ouvre la nuit pour permettre la chasse des nobles assoiffés de sang. C’était doucement mais assurément frissonnant. Une uchronie bien réussie dans le peu qui se dessine ici.

Et c’est un peu mon reproche, j’ai été fort appâtée par ce décor parfaitement dosé pour venir nous amener aux portes de l’horreur, mais je suis restée à quais en quelque sorte. Conduite par une héroïne un peu trop archétypale, qui reprend bien des stéréotypes de la jeune femme des dystopies, dont la famille a été tuée et qui souhaite la venger, cela a manqué d’originalité, de profondeur et de noirceur paradoxalement pour moi. Pourtant, les débuts étaient prometteurs. J’ai beaucoup aimé le premier chapitre avec l’assassinat de la famille de Jeanne, sa rencontre avec le ténébreux Alexandre et son départ pour Versailles. J’ai vite déchanté en revanche quand elle s’est retrouvée dans une sorte d’Académie avec pour but de se faire sélectionner pour travailler auprès du roi et ainsi accomplir sa vengeance. Tous les clichés y sont avec les gentilles camarades de chambre cachant un secret (et quel secret !), les méchantes rivales, le coup de coeur pour le BG du coin avec son secret également, la méchante directrice, etc. J’ai eu beaucoup de mal à ne pas lever les yeux au ciel, j’avoue et j’ai un peu subi toute cette partie qui occupe les trois quarts du roman malheureusement.

Il y a eu cependant des petits moments qui ont su susciter mon intérêt et ce sera pour eux et pour l’univers dont j’adore la revisite que je continuerai. Il faut dire que l’auteur a toujours cette plume addictive et très facile à suivre que je lui connais. Il pêche juste de trop, pour moi, à vouloir insérer son récit dans les codes des titres jeunesse actuels, c’est dommage. Dès qu’il s’en éloigne, qu’il ose pousser le gore et l’horrifique, c’est super bon ! Dès qu’il part aussi dans la revisite de cette société de classes et qu’il creuse les divergences mais aussi les convergences que l’arrivée des vampires a pu créer, c’est passionnant aussi. J’ai beaucoup aimé les derniers revirements de ce tome, à défaut d’aimer l’héroïne et son parcours, j’ai trouvé les interrogations qui émaillent son parcours sur la place des privilégiés, fort intéressantes. J’aurais peut-être juste préféré être du côté des méchants que des gentils. Un peu marre d’avoir toujours ce schéma de révolte des gentils contre les méchants avec quelques nuances, qui n’en sont plus à force tellement elles sont grosses et évidentes…

Une nouvelle fois avec Victor Dixen, il me régale avec sa capacité à imaginer des univers uchroniques crédibles et bien construits, mais me déçoit par ce qu’il en fait ensuite en restant trop timidement cantonné dans les codes connus des romans jeunesses. Il faut vraiment qu’il casse cela car ses pointes d’horreurs filent bien les chocottes et il a très intelligemment repris les codes de la société du Grand Siècle, ce qui est excellent. Je croise les doigts pour la suite, car vraiment, je ne suis pas sûre de supporter l’héroïne ainsi pendant 3 tomes ^^!

(Merci Pocket de m’avoir à nouveau permis de découvrir l’auteur !)

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