Lys en Val de Loire de Jocelyne Godard

Titre : Lys en Val de Loire

Auteur : Jocelyne Godard

Éditeur : Le Livre de poche

Années de parution : 2005-2007

Nombre de tomes  : 6 (série terminée)

Histoire : 1400. L’enluminure est à son apogée. Clarisse, fille de lissier qui a autrefois travaillé à la confection de l’éblouissante et gigantesque tapisserie L’Apocalypse de saint Jean, cherche à sauvegarder les acquis de ses ancêtres. En ces temps troublés où Bourguignons et Armagnacs s’entre-tuent sous les yeux ravis des Anglais, deux femmes s’affrontent. Lune, la reine Isabeau de Bavière, s’attache à ruiner la France ; l’autre, Yolande d’Aragon, s’active avec un courage exemplaire à sauver le royaume. Plongée dans ce chaos qu’elle affronte avec audace, Clarisse, décidée à conquérir sa place parmi les lissiers de son époque, découvre Angers, Saumur, Bourges, le château de Mehun-sur-Yèvre où s’est enfui le dauphin et toute la beauté du Val de Loire. Sa rencontre avec Marie d’Anjou, la dauphine, fille de Yolande d’Aragon, marquera son destin.

Mon avis :  

Tome 1 : La Nuit des démons

Il y a quelques mois, je découvrais l’univers des lissiers, ces ouvriers des tapisseries de nos châteaux historiques, avec La dame à la licorne magnifiquement écrit par Tracy Chevalier. C’est donc avec bonheur que j’ai découvert dans les reliques de ma PAL une nouvelle saga de romans historiques où les héroïnes faisaient également ce métier. Et cette fois, c’est en prime le contexte des dernières années de la Guerre de Cent Ans qui allait servir de décor. Parfait !

J’avais découvert la plume de Jocelyne Godard sur sa saga égyptienne des Thébaines, qui m’avait fait plonger dans le quotidien de ces femmes de la XVIIIe dynastie, avec une richesse historique importante. Je savais donc que j’allais avoir ici le décor historique riche que j’aime et ce fut le cas. Cerise sur le gâteau, certes je connais les grandes grandes lignes de la Guerre de Cent Ans mais absolument pas ses détails ou la façon dont on pouvait bien vivre concrètement à l’époque, j’étais donc sûre de faire des découvertes et ce fut le cas. J’ai ainsi pris un réel plaisir à découvrir l’introduction des cartes dans les distractions de ces dames au XVe, ou encore à voir la place des femmes dans les ateliers de lissiers, mais aussi d’enluminures, sans parler du contexte politique riche et complexe. C’est un sans faute.

C’est donc avec un grand bonheur que je me suis laissée embarquer dans les aventures de Clarisse, fille du lissier qui a autrefois réalisé la célèbre tapisserie L’Apocalypse de saint Jean et qui est elle-même dans le métier. A ses côtés, j’ai réellement vécu les années mouvementées de ce début XVe tandis que la France est en guerre contre l’Angleterre et que celle-ci occupe des pans non négligeable de notre territoire. Avec les liens que Clarisse va tisser avec les puissants, le lecteur est introduit au plus près des mouvements qui se produisent et c’est une belle complexité politique qui s’offre à nous. Nous suivons les menées du groupe entourant celui qui devrait être roi de France, Charles VII mais dont la mère elle-même ne veut reconnaître la légitimité et pousse plutôt les Anglais au pouvoir avec sa fille qu’elle marie à leur roi. Nous subissons les exactions des Bourguignons toujours prompt à trahir pour amener les Anglais au pouvoir. Nous gravitons avec passion au milieu de toute cette agitation tandis que Clarisse tente de mener son projet à bien : sauvegarder la tradition familiale et assouvir sa passion. Et avec elle, nous bougeons, gravitons, apprenons.

L’écriture de Jocelyne Godard est cependant assez datée et pourtant la série ne date que d’il y a 20 ans, mais j’avais l’impression de me retrouver dans ces sagas télévisuelles historiques des années 80. Elle fait preuve dans sa plume d’une grandiloquence plus trop d’actualité et fait subir à ses personnages des drames également passés de mode désormais et heureusement. En gros, elle a une plume un poussiéreuse et une manière de mener les histoires tambours battants en faisant avancer très très vite les démêlés politiques, intimes et personnels qui peut surprendre. Au début, j’ai cru que je n’allais jamais adhéré, jamais me passionner pour ces héros qui passent et avancent si vite en se posant si rarement, et pourtant cela a parfaitement fonctionné. Au contraire, j’ai aimé être prise dans ce tourbillon. J’ai aimé que ça ne traîne pas. J’ai parfaitement visualisé ainsi toute la rage et la fureur d’alors, toutes les trahisons et les déceptions, toute l’agitation et ce besoin de bouger sans cesse, croisant et recroisant les personnages, les perdant de vue et les retrouvant. C’était très vivant. Alors oui, c’est daté, oui ça sent la poussière, mais en même temps, ça se passe au Moyen Âge alors pourquoi pas !

Comme avec les Thébaines et peut-être encore plus, j’ai aimé retrouver la plume riche en détails du quotidien de Jocelyne Godard qui m’a transporté un temps au XVe en cette époque si agitée où la souveraineté sur le royaume de France était très trouble. C’était passionnant de découvrir cette grande Histoire aux côtés d’une femme presque du commun, Clarisse la lissière, qui a fait revivre le temps d’un volume cette passion pour l’art et les tapisseries, mais qui a aussi défendu le droit des femmes à être reconnue quand elles travaillent aussi bien que les hommes, car oui, les femmes travaillaient aussi au Moyen Âge dans les ateliers, on en parle trop peu. Alors je suis ravie de partir à la découverte de cette saga, de mettre en avant l’ouvrage des lissiers hommes et femmes, de découvrir le quotidien de ces habitants du XVe et de vivre les agitations politiques de ce royaume en quête de lui-même. Rendez-vous prochainement pour la suite de leurs aventures !

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