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La Tour fantôme de Taro Nogizaka

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Titre : La Tour fantôme

Auteur : Taro Nogizaka

Editeur vf : Glénat

Années de parution vf : Depuis 2014

Nb de tomes : 9 (série terminée)

Résumé du tome 1 : C’est dans un Japon moderniste où fleure une ambiance rétro, sensuelle et délicieusement morbide que l’action se situe. Dans cet univers familier aux amateurs de Ranpo Edogawa, les meurtres sanguinolents se succèdent et le héros, tout comme le lecteur, se retrouve rapidement pris au piège dans un déluge de faux-semblants. Qui croire dans ce monde où se confondent hommes et femmes, amis et ennemis, policiers et assassins, demoiselles en détresse et démons assoiffés de sang ?

Mes avis :

Tome 1

Un récit qui s’inspire clairement du roman A Woman in Grey d’Alice Muriel Williamson écrit en 1898, dont l’ambiance malsaine est très appréciée au Japon et qui a notamment déjà été adapté par le fameux Ranpo Edogawa. Ici Taro Nogizaka n’a rien à lui envier, le récit est malsain, inquiétant, perturbant et donc entraînant à souhait. Le manga est également d’un grand esthétisme avec un trait léché qui donne des frissons parfois face aux regards inquiétants de certains personnages et à la froideur presque médicale face à ces corps torturés. Le tout donne une ambiance qui fait vraiment froid dans le dos, mais en même temps cela a vraiment un côté très addictif. On souhaite vraiment découvrir ce qui se trame derrière, pourquoi le personnage central, Tetsuo, est aussi perturbé et perturbant ; quel est le mystère derrière l’horloge et qui est ce personnage qui y sévit. De même, le personnage introduit à mi-tome, le procureur, est vraiment inquiétant et tordu, et le présence de gens normaux comme les policiers ou Taïchi renforce encore plus ce sentiment de malaise qui né peu à peu. Donc un très bon début de série, entraînant, inquiétant et intriguant.

Tome 2

Dans la droite ligne du premier, avec toujours autant d’influences ero-guro bien digérées qui rendent le récit plus agréable que ceux de ce genre habituellement avec lesquels je n’accroche pas. On retrouve aussi toujours la même esthétique froide et saisissante allant très bien avec ce genre d’histoire. L’auteur a la bonne idée de complexifier son enquête pour l’enrichir en ajoutant la recherche du fiancée de la « meurtrière », du coup l’ambiance est moins pesante. Mais le nouveau personnage du policier qui les suit dans leurs recherches ne me plaît pas trop. Par contre, j’ai une petite idée sur l’identité de Tetsuo, je verrai si j’ai raison dans les prochains tomes et si c’est le cas, je serai un peu déçue par tant de facilité.

Tome 3

Dans ce tome, comme je le pensais, on en apprend plus sur le passé de Tetsuo. Mais je suis sûre qu’on est encore loin de tout savoir. L’histoire, elle, poursuit son petit bonhomme de chemin avec toujours autant de tours et de détours mais il faut bien ça pour la faire durer sinon elle serait bien vite terminée. Et pour l’instant, heureusement cela reste intéressant, l’auteur parvenant à mêler petites et grande histoires. Cette dernière repart d’ailleurs de plus belle avec les mystères de la maison mitoyenne de la tour de l’horloge et ses étranges habitants, ce qui donne un récit beaucoup plus nerveux et tonique que celui du tome précédent. Les pages se tournent à une vitesse vole, le suspense est à son comble parfois et on frissonne avec les personnages. La 2e partie de ce tome est probablement ce que l’auteur a fait de mieux pour le moment !

Tome 4

Je me suis un peu ennuyée dans ce tome qui s’éloigne de trop de l’histoire principale. Certes, il est intéressant de suivre les circonvolutions des deux héros surtout depuis que le secret de Tetsuo a été révélé mais ça ne suffit pas surtout après un tome de haute volée comme le 3. J’espère que le prochain va renouer avec le mystère de la Tour de l’horloge surtout après ce qu’annonce la découverte de cet écrivain qui décrit le labyrinthe sous la maison. Le procureur me semble toujours aussi suspect en tout cas, et je n’aime vraiment pas l’influence malsaine qu’il a sur sa fille. Côté ambiance la série reste donc égale à elle-même, mais il y a moins de frissons dans ce tome, dommage.

Tome 5

Comme prévu, on recolle à l’histoire principale ici, avec le grand retour du procureur et la découverte de la mère de Satoko. Le climat est toujours aussi malsain mais l’intrigue a le mérite d’avancer. Les séquences s’enchaînent toujours de façon très nerveuses même si moins que dans le tome 3 où la menace était plus présente. Celle-ci d’ailleurs est moins oppressante au fur et à mesure que le « meurtrier » se révèle et devient du coup plus humain. J’espère juste maintenant que l’auteur va arrêter de faire un tome très centré sur l’intrigue principale, puis un autre qui s’en éloigne et devient plus anecdotique. Plus de régularité serait la bienvenue !

Tome 6

Ah ! L’auteur m’a entendue. On continue à coller à l’intrigue principale dans ce tome malgré un début un peu faiblard. En effet, les passages montrant la folie et la perversité de Marube m’intéressent peu pour l’histoire et ne font pas forcément avancer l’histoire, sauf pour le questionnement des personnages sur leur sexualité et leur genre, ce qui change et est assez plaisant à retrouver dans un manga. La deuxième partie est plus riche et reprend l’enquête sur la Tour et la chasse au trésor. On y retrouve l’univers glauque, malsain et un brin effrayant de la série, et ça fait plaisir puisque c’est ce qui fait la qualité de la série. Les dessins et la composition des pages sont toujours aussi dynamiques et entraînant. Il y a toujours un effet de cliffhanger à la fin de chaque chapitre et comme on semble se rapprocher de la fin, le suspense est à son comble et donne très très envie de lire la suite. L’idée pour la chasse au trésor est originale et dans l’esprit de la série qui va toujours plus loin.

Tome 7

Encore un tome survitaminé où il se passe tout plein de choses. Le tandem Tetsuo-Marube est vraiment plein de surprises et c’est presque entièrement sur lui que repose ce tome. Marube se révèle et il est bien plus complexe que prévu. Il me tarde notamment de savoir qui est la femme en grise dont il parle. Les théories qu’il échafaude sont pertinentes et souvent justes, en plus l’auteur s’amuse bien avec nos nerfs quand il les présente, coupant régulièrement la scène en plein suspense pour basculer du côté de l’autre duo du tome : Taïchi-Yamashina. On a vraiment l’impression d’être devant un film de suspense. Du côté de la Tour, elle continue à révéler ses mystères. On en apprend plus sur le passé de Tetsuo également. Et la théorie sur l’identité de l’horloge de la mort est aussi très intéressante et se tient bien. Je me suis donc laissée facilement embarquer dans ce tome une fois de plus. L’auteur a un réel talent de conteur dans cette histoire, oscillant entre macabre et suspense, que je n’aurais jamais cru apprécier tant c’est loin de mes lectures habituelles. Un régal.

Tome 8

Une page se ferme ici avec la résolution du mystère de la Tour de l’horloge, et une nouvelle s’ouvre autour de Marube et Tetsuo. L’ambiance es toujours aussi glauque et malsaine, mais il y a un côté « freak show » qui rend le tout assez drôle en fait, comme dans une série B, et j’adore ça. Les personnages sont tous plus barrés les uns que les autres, mais cela ne les empêche pas d’être parfois attendrissant comme Yamashina. L’auteur a un vrai talent de conteur pour nous embarquer comme ça dans ses histoires et toujours nous surprendre. Il n’hésite pas à sacrifier des personnages qui étaient devenus importants pour dynamiser et relancer son récit, tout comme à en faire revenir certains qu’on avait presque oubliés pour lancer l’histoire dans une autre direction, bref c’est plein de rebondissements inattendus. J’aime l’évolution de Taichi qui grandit enfin et s’affirme dans ce tome. J’aime la douce folie de Marube qui rend l’histoire imprévisible. J’aime le mystère qui continue à entourer Tetsuo dont j’ai tant de mal à prévoir les prochaines actions. Et j’aime l’ambiance horrifico-malsaine et en même temps tellement exagérée de l’histoire. Vivement le dernier tome.

Tome 9

Enfin le dernier tome de cette série riche en surprise et en émotion. Avec le tournant qu’avait pris la fin du tome précédent, je pensais le côté « Horloge de la mort » enfin terminé, en fait pas du tout. L’auteur montre  tout son talent en concluant sa série de la meilleure des façons. Il démontre que rien, aucune partie, n’a été inutile. Tout avait été pensé et se rejoint ici dans cette vaste histoire aux multiples ramifications. Une histoire, qui se révèle très touchante par les drames qui entourent les différents personnages. Marube est d’ailleurs probablement le pire tellement il est fou et névrosé. En plus, l’auteur le dote d’une aura irréelle comme s’il ne disparaissait jamais et revenait toujours d’une façon ou d’une autre à un moment où on ne l’attend plus. Dans le même style, le docteur est vraiment très flippant même si ses objectifs sont bienveillants, pareil pour son assistante, même si celle-ci a déjà basculé dans la folie. A côté, on a le trait rationnel Taichi qui s’était laissé embarquer dans cette histoire un peu contre sa volonté, mais qui s’est révélé de plus en plus solide au fil des tomes et sur qui on peut vraiment compter ici. Ce décalage entre les deux aspects de la série : sérieux et complètement barré, est vraiment ce qui en fait tout le sel. On tremble pour leurs aventures et en même temps, on en rit tellement c’est absurde. Dans cette dernière partie, j’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur l’identité et la personnalité de Tetsuo et sur tous les hommes qu’elle a rencontrés. L’idée du lieu clôt pour ce dernier tome est excellente, cela concentre l’histoire et la rend plus prenante. Les dérives des uns et des autres se révèlent au grand jour et prennent tout leur sens.On a ainsi une vraie conclusion avec des réponses à la plupart de nos questions (voire toutes ?) et les derniers chapitres nous offrent même un petit clin d’oeil avec l’oeuvre littéraire originelle ^^ Je suis plus que ravie de cette lecture !

Ma note : 16 / 20

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