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La fille de la plage d’Inio Asano

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Titre : La fille de la plage

Auteur : Inio Asano

Editeur vf : IMHO

Années de parution vf : Depuis 2015

Nb de tomes : 2 (série terminée)

Mes avis :

Tome 1 :

On retrouve dans ce titre toute la richesse et l’originalité graphique et scénaristique de l’auteur : un graphisme entre dessin et photographie tellement il est réaliste notamment pour les décors, et une histoire toute simple mais qui fait cruellement écho à des choses qu’on a ou aurait pu vivre dans notre adolescence. Ce n’est rien de très gai et enjoué, mais la vie dans toute son amertume et son âpreté, le récit d’une adolescence vraie et non superficielle, qu’on ne cherche pas forcément à rendre la plus intéressante, avec des personnages simples et banals. On entre de plein pied dans son propos avec cette jeunesse perdue et on les suit à travers un temps aléatoire, dont on a parfois du mal à juger de la durée. Les personnages ne sont absolument pas attachants, ils sont pétris de défauts, chacun se servant des autres dans son propre intérêt pour combler ses lacunes. Mais on ne peut s’empêcher de souhaiter savoir ce qu’il va leur arriver et s’ils vont arriver à sortir de tout ce marasme. Les personnages secondaires sont du même acabit, fermant les yeux sur tout ce qui pourrait perturber leur routine. Les décors sont à l’aune de cette histoire, un peu tristes et figés. C’est l’image d’une ville côtière à l’abandon avec peu d’habitants et où presque rien ne se passe. La vie poursuit son court tranquillement pour les héros comme pour la ville, et on est vite pris par ce quotidien. Le côté un peu sulfureux de cette histoire sur deux sex-friends est contrebalancé par la sobriété de la mise en page et des décors qu’on dirait tout trop sortis d’un appareil photo. Ils m’ont vraiment subjuguée parfois, bien plus que les personnages, qui bien que très expressifs ne sont pas forcément passionnants à suivre. L’histoire de ce drôle de couple est banale et un peu répétitive, chacun étant on ne peut plus blasé sur la vie. Heureusement, l’auteur amène un événement qui bouscule un peu ce quotidien à la fin du tome 1, et il me tarde de voir comment il sera traité. En attendant, voici le début d’une belle satire de notre société, avec un regard très affuté et attentif, le tout soutenu par un dessin au diapason. Une réussite !

Tome 2

Une suite peut-être encore meilleure ! L’histoire reprend juste après l’événement choc qui conclut le premier. Koume et Kosuke sont de plus en plus perdus. La première parce qu’elle réalise que ce qu’elle veut vraiment n’est peut-être plus la même chose qu’autrefois et qu’elle ne sait pas comment gérer cela. Le premier parce qu’il n’arrive toujours pas à tourner la page après la mort de son frère et qu’il est de plus en plus inadapté au monde dans lequel il vit. Sous leur détachement à tous deux se cache un profond malaise et un vrai problème à s’accepter. Ces affres de l’adolescence et ce malaise perpétuel qu’ils ressentent sont retranscrits avec un grande force. L’auteur n’hésite pas à se montrer extrêmement cru dans ce qu’il dénonce : l’amour sans lendemain, les faux sentiments, les faux amis, l’hypocrisie de la société et des adultes, … C’est beau et tragique à la fois de suivre leur parcours, voire sa descente en enfer pour Kosuke, qui décide d’aller jusqu’au bout pour défendre ce qu’il croit juste. Mais en même temps, j’ai l’impression qu’il se suicide socialement en faisant cela, puisqu’il n’arrive pas à aller jusqu’à vraiment s’ôter la vie. Et le pire, c’est comment l’auteur montre à la fin que la vie a suivi son cours après comme si de rien n’était. Koume grandit tout en restant bien dans la norme et devient aussi banale que le disait Kosuke, même si on sent qu’il suffirait d’un rien pour qu’elle bascule à nouveau. C’est donc bien cette adolescence où l’on marche sur un fil qui est dépeinte dans cette courte mais marquante série.

En ce qui concerne le graphisme, celui-ci est toujours aussi sublime, que ce soit dans les expressions des visages, les jeux de cadrage, le découpage des pages ou les décors mélancoliques à souhait. Ils collent parfaitement à la narration à la fois cru et poétique d’Asano, comme l’illustre la scène où Koume cherche Kosuke sous la pluie, sûrement l’une des scènes les plus marquantes !

A lire et relire sans retenue ^^

Ma note : 17 / 20

Umibe no Onna no ko 2

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