Livres - BD / Illustrations

Mattéo de Jean-Pierre Gibrat

Titre : Mattéo

Auteur : Jean-Pierre Gibrat

Editeur : Futuropolis

Années de parution : 2008-2019

Nombre de tomes : 5 (série terminée ?)

Histoire : Mattéo, d’origine espagnole, ne reçoit pas d’ordre d’engagement lorsque la guerre est déclarée. Mais, ses amis au front, il est pris de remords, et décide de franchir le pas. Sa mère tente bien de s’y opposer, mais que peut-elle face à l’Amour ? Il faut dire que Juliette, la belle fiancée, très patriotique, ne comprend pas le détachement de Mattéo, et elle le harcèle un peu. Guillaume, le fils du noble du coin, lui, est parti au combat, même s’il sert dans l’Aviation où les risques sont moindres. Alors, de l’Est de la France où les combats font rage à l’Amour de Juliette, il n’y a qu’un pas. Le tout est de ne pas le faire en territoire allemand…

Mon avis :

Tome 1 : Première époque (1914-1915)

Toujours dans ma quête de découverte de nouvel auteur et nouvelle lecture graphique, je me suis lancée dans la saga Mattéo, série terminée (?) en 5 tomes, écrite et mise en image par Jean-Pierre Gibrat qui est loin d’être un débutant.

Son récit se déroule dans un premier temps pendant les premières années de la Première Guerre Mondiale où on suit le destin d’un jeune Espagnol qui vit en France. Son père disparu était un pacifiste, c’est donc à reculons qu’il entre dans cette guerre, mais l’amour l’oblige à y prendre part à l’encontre de ses convictions. On découvre alors de l’intérieur la dure vie d’un soldat au front et tout ce que cela implique.

J’ai de suite beaucoup aimé le graphisme de Gibrat. Son héros a un visage taillé à la serpe. Ses décors sont soignés et détaillés rendant le récit encore plus immersif. Mais surtout sa colorisation qui a des airs de peinture à l’eau est à tomber ! Cela donne une dimension poétique et mélancolique à ce titre pourtant très dur. Je suis fan.

Je suis plus réservée pour ce qui est de l’histoire et des personnages. J’ai aimé le héros Mattéo que l’auteur caractérise très bien. On sent le jeune homme influençable en lui, influençable par sa famille et par la fille qu’il aime. Ce côté jeune chien fougueux m’a émue. Par contre, j’ai trouvé les personnages féminins forts peu aimables, que ce soit sa dulcinée qui se joue de lui, ou sa mère qui cherche à lui imposer sa façon de penser. Seules les dernières pages m’ont apprécier celle-ci, révélant tous les drames qui se jouent en elle. A l’inverse, j’ai trouvé les personnages masculins plutôt bien campés amis ou « ennemis ». L’auteur utilise certes de grosses ficelles pour les caractériser mais c’est très efficace, que ce soit pour son ami Paulin ou ses camarades du front. Le seul problème, c’est que dans l’ensemble on passe très (trop?) vite sur chacun et qu’on n’a pas bien le temps de s’y attacher. C’est dommage.

En effet, l’intérêt ne vient au final pas des personnages mais plus des aventures qu’ils vivent. D’habitude ça m’empêche d’entrer dans l’histoire mais étrangement ce ne fut pas le cas ici. Il faut dire que celle-ci est tellement âpre, tellement dure, mais tellement nécessaire que cela change tout. En effet, j’ai vraiment apprécié de suivre les brefs moments avant la guerre, puis l’annonce de celle-ci et de la mobilisation depuis un petit village de campagne. On y retrouve des éléments connus depuis longtemps comme ce départ « la fleur au fusil » dont on parle dans tous les manuels, mais on voit également la réaction des villageois face à ceux qui ne sont pas partis justement et leur tristesse de plus en plus palpable à l’annonce des disparitions. C’est simple mais efficace et plein d’émotion. Puis vient le temps de se rendre au front et alors la violence crue et barbare ainsi que l’injustice de certaines situations nous sautent aux yeux. On a vraiment le sentiment de les vivre de l’intérieur et c’est le gros plus du titre qui m’a donné envie de découvrir la suite, car il en faut du talent pour me faire aimer ça, à moi qui n’aime pas les récits de guerre.

Enfin dernier point que souhaitais saluer, l’auteur a une très belle plume. Il joue énormément sur les mots. Il aime placer la bonne petite phrase au bon moment. Il a un humour grinçant qui me parle et j’ai beaucoup ri alors que le sujet ne s’y prêtait pas. C’est vraiment savoureux. On y sent ainsi une critique appuyée de cette époque et du comportement de certains qu’il fait bon de continuer à dénoncer.

Ainsi, ma découverte de Jean-Pierre Gibrat fut une franche réussite alors que pourtant l’univers de Mattéo n’était pas forcément de ceux qui me parlaient le plus. J’ai beaucoup aimé sa verve et sa patte graphique ainsi que son talent de conteur. Je compte donc poursuivre ma découverte de ce titre et de son oeuvre en général.

Ma note : 15 / 20

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2 commentaires sur “Mattéo de Jean-Pierre Gibrat

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